Quatre mois après la sortie de la version Mac de Steam, les cadres de Valve ont accordé un entretien au site professionnel GamesIndustry (abonnement gratuit obligatoire) pour tirer les premières conclusions de cette expérience.
Naturellement les propos sont à prendre avec des pincettes, aucun chiffre indépendant n'étant disponible, Valve tenant avec plus ou moins de fermeté le secret sur différents aspects stratégiques, et le satisfécit affiché étant de mise pour la promotion de sa propre solution.
Le Mac, nouvelle manne pour le jeu ?
Néanmoins les éléments rapportés ne manquent pas d'intérêt : selon Valve, les ventes de jeux proposés en version Mac OS X comme Windows sur Steam ont enregistré une augmentation de 15 à 20 %. Le chiffre peut sembler particulièrement optimiste sachant que la part de marché du Mac représente environ 10 % des ventes sur le territoire américain, mais n'oublions pas qu'Apple s'investit beaucoup plus sur le marché grand public que dans l'entreprise, la proportion de joueurs sur Mac est donc probablement plus importante que sur Windows.
Valve se fait cependant plus discrète concernant la proportion de joueurs qui utilisent exclusivement le Mac par opposition à ceux qui utilisent les deux plateformes (la plupart des titres vendus sur Steam incluent aussi bien la version Windows que Mac OS X), ou encore sur le pourcentage d'utilisateurs qui ont un Mac. Jason Holtman, responsable du développement commercial chez Valve, donne, pour toute statistique empirique, le nombre apparemment important d'oreillettes blanches dont les personnages de Team Fortress 2 sont affublés et qu'on peut trouver dans les parties en ligne (les joueurs sur Mac ont bénéficié de ce bonus exclusif à la sortie du jeu, en clin d'œil à l'iPod).
Sur les prouesses des joueurs sur Mac dans les jeux en réseaux, Valve nie sobrement avoir pu constater une différence de compétence avec les joueurs sur Windows, mais on se prend à douter de sa bonne foi : pour certains, ces derniers ont eu des années d'entrainement et n'ont pu faire qu'une bouchée des nouveaux arrivants, mettant en péril le plaisir de jouer pour tous les joueurs. Valve a d'ailleurs intégré un mode d'entrainement à Team Fortress 2 pour tenter d'équilibrer les forces en jeu lors de la sortie de la version Mac du titre, quoi qu'il en soit l'écart, quel qu'il soit, ne pourra que tendre à s'effacer avec le temps, à mesure que les joueurs gagneront en expérience. N'oublions pas également qu'un nombre indéterminé de joueurs sur Mac auront pu se faire la main sur Windows précédemment. Il reste que Steam ne propose pas de système permettant de n'affronter que des joueurs d'un niveau approchant, à l'image de ce que propose par exemple Microsoft sur la Xbox 360, ou encore Blizzard sur Battle.net.
Naturellement Valve souligne la satisfaction générale qu'a suscitée la sortie de Steam sur Mac, aussi bien pour les consommateurs, que les développeurs et les éditeurs. Ces derniers, maintenant rompus à l'usage de Steam après une longue période d'adaptation, auraient vu l'arrivée du Mac d'un œil intéressé : « Dès le lancement, ils ont vu les chiffres de certains jeux qu'ils ont portés, et se sont dit "Oh, c'est vrai, il y a tous ces gens là." Un des avantages de Steam c'est qu'on peut avoir un retour instantané — vous pouvez effectivement voir quelque chose qui n'existait pas jusque là. Il est très facile de lancer les chiffres et de dire "oh, et pourquoi pas ça ?"».
Dans le creux de la vague
Si Steam a effectivement apporté un nombre significatif de nouveaux titres sur Mac OS X, le rythme s'est ralenti depuis l'ouverture du magasin : depuis notre dernier état des lieux le mois dernier (lire Trois jeux de plus sur Steam), seuls Power of Defense et Tidalis ont été ajoutés au catalogue Mac. Valve explique ce creux de la vague par les prévisions des éditeurs, qui n'ont pas pu intégrer cette nouvelle donne lors de l'établissement de leurs agendas de sorties pour l'année en cours. Le rythme des sorties va vraisemblablement trouver un second souffle avec le catalogue 2011. Pour ce qu'on en sait, Red Orchestra a été annoncé sur Mac mais n'est toujours pas disponible (lire Killing Floor et Red Orchestra sur Steam/Mac). Un portage sur Mac de League of Legends a également été annoncé pour le courant de l'été. Enfin, Runic Games a annoncé la sortie de TorchLight II, sans toutefois préciser si le Mac sera concerné, ce pour quoi on peut avoir bon espoir sachant que le premier volet a été porté récemment.
Une chose est sûre, depuis la sortie de Steam sur Mac, les annonces de sorties, qu'elles concernent le magasin de Valve ou non, se sont multipliées pour notre plateforme. Mieux encore, les éditeurs originaux des versions Windows ont pris en main eux-mêmes le portage sur Mac, au lieu d'en confier la charge à un éditeur tiers tel qu'Aspyr ou encore Feral Software. En effet, ces derniers ont eu pour coutume d'attendre des mois avant de faire l'acquisition d'une licence afin de profiter d'un meilleur tarif, ce qui a valu au Mac sa figure de parent pauvre du jeu : non seulement le catalogue était plus limité que sur Windows, mais en outre il était obsolète. Les choses s'améliorent avec de plus en plus de sorties simultanées sur toutes les plateformes. Outre Valve elle-même, on peut compter bien sûr Blizzard et Id Software, mais également TellTale Games, Electronic Arts ou encore Ubisoft qui ont proposé des sorties simultanées ou fait des annonces dans ce sens.
De nouveaux modèles économiques
Il faut dire que le décalage des sorties était problématique à plus d'un titre, la version Mac arrivant bien après que les derniers effets des grosses campagnes commerciales des blockbusters sur Windows aient fini de se faire sentir. Un effet pervers qui a plutôt bénéficié sur Mac aux petits éditeurs indépendants, comme le souligne Jeffrey Rosen sur le blog du studio Wolfire. Doug Lombardi, vice président de Valve en charge du marketing, insiste précisément sur ce point, en soulignant que les éditeurs ont compris, avec l'expérience du marché des consoles, qu'ils avaient tout intérêt à concentrer leurs efforts sur des titres, et non les diluer par des sorties décalées par plateformes.
Reste que Steam doit faire face à quelque cas contractuels épineux, notamment tous les jeux précédemment portés sous licence par les sus-nommés Feral et Aspyr. Ce dernier dispose d'un magasin en ligne concurrent de Steam, GameAgent, et n'ira donc pas grossir le catalogue de Valve, quand bien même les titres originaux sur Windows y seraient-ils déjà disponibles. En outre, le système de double licence Mac + Windows pour un seul achat ne fait pas non plus les affaires de ces éditeurs tiers. Enfin, d'autres plateformes de distribution auront pu s'assurer l'exclusivité des versions Mac, même parmi celles portées par les éditeurs originaux. On ne trouve ainsi aucune version Mac du catalogue d'Ubisoft sur Steam, alors que les versions Windows y figurent en bonne place.
Valve assure que son arrivée sur Mac n'a pour autre objectif que d'offrir plus d'opportunités commerciales aux éditeurs qu'elle distribue, mais il faut également replacer les choses dans leur contexte : en tant que distributeur, Steam est auprès des éditeurs en concurrence plus ou moins directe avec d'autres modes de distribution, comme le PlayStation Network ou l'App Store, mais également d'autres très prometteurs comme OnLive, qui suscite beaucoup d'intérêt et qui est perçu comme représentant l'avenir de l'industrie du jeu vidéo. Ce système de Cloud Computing permet effectivement, en calculant les images des jeux côté serveur pour les diffuser en direct par internet, de s'affranchir des contraintes matérielles côté client, proposant ainsi des portages de jeux en "plus natif que natif" sur toutes les plateformes supportées. Il n'est sans doute pas anodin que Steam ait intégré des fonctionnalités proposées par OnLive, telles que la possibilité de commencer une partie sur une machine pour la poursuivre sur une autre (lire Onlive apporte de nombreux jeux "pretium" sur Mac). Pour Valve, il ne s'agit pas tant d'atteindre le public d'Apple que d'offrir ce service à ses utilisateurs existants, qui peuvent ainsi continuer à utiliser Steam lorsqu'ils sont loin de leur PC et qu'un Mac se trouve à portée de main.
En attendant Valve compte mettre toutes ses chances de son côté, en proposant récemment ses librairies graphiques permettant de faciliter le portage d'un jeu sur Mac OS X (lire Valve va aider au développement de jeux sur Mac). Reste à voir si l'expérience aura convaincu les éditeurs et si effectivement de plus nombreux titres seront proposés sur Mac la saison prochaine comme Valve l'espère.
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Valve se fait cependant plus discrète concernant la proportion de joueurs qui utilisent exclusivement le Mac par opposition à ceux qui utilisent les deux plateformes (la plupart des titres vendus sur Steam incluent aussi bien la version Windows que Mac OS X), ou encore sur le pourcentage d'utilisateurs qui ont un Mac. Jason Holtman, responsable du développement commercial chez Valve, donne, pour toute statistique empirique, le nombre apparemment important d'oreillettes blanches dont les personnages de Team Fortress 2 sont affublés et qu'on peut trouver dans les parties en ligne (les joueurs sur Mac ont bénéficié de ce bonus exclusif à la sortie du jeu, en clin d'œil à l'iPod).
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Naturellement Valve souligne la satisfaction générale qu'a suscitée la sortie de Steam sur Mac, aussi bien pour les consommateurs, que les développeurs et les éditeurs. Ces derniers, maintenant rompus à l'usage de Steam après une longue période d'adaptation, auraient vu l'arrivée du Mac d'un œil intéressé : « Dès le lancement, ils ont vu les chiffres de certains jeux qu'ils ont portés, et se sont dit "Oh, c'est vrai, il y a tous ces gens là." Un des avantages de Steam c'est qu'on peut avoir un retour instantané — vous pouvez effectivement voir quelque chose qui n'existait pas jusque là. Il est très facile de lancer les chiffres et de dire "oh, et pourquoi pas ça ?"».
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Une chose est sûre, depuis la sortie de Steam sur Mac, les annonces de sorties, qu'elles concernent le magasin de Valve ou non, se sont multipliées pour notre plateforme. Mieux encore, les éditeurs originaux des versions Windows ont pris en main eux-mêmes le portage sur Mac, au lieu d'en confier la charge à un éditeur tiers tel qu'Aspyr ou encore Feral Software. En effet, ces derniers ont eu pour coutume d'attendre des mois avant de faire l'acquisition d'une licence afin de profiter d'un meilleur tarif, ce qui a valu au Mac sa figure de parent pauvre du jeu : non seulement le catalogue était plus limité que sur Windows, mais en outre il était obsolète. Les choses s'améliorent avec de plus en plus de sorties simultanées sur toutes les plateformes. Outre Valve elle-même, on peut compter bien sûr Blizzard et Id Software, mais également TellTale Games, Electronic Arts ou encore Ubisoft qui ont proposé des sorties simultanées ou fait des annonces dans ce sens.
De nouveaux modèles économiques
Il faut dire que le décalage des sorties était problématique à plus d'un titre, la version Mac arrivant bien après que les derniers effets des grosses campagnes commerciales des blockbusters sur Windows aient fini de se faire sentir. Un effet pervers qui a plutôt bénéficié sur Mac aux petits éditeurs indépendants, comme le souligne Jeffrey Rosen sur le blog du studio Wolfire. Doug Lombardi, vice président de Valve en charge du marketing, insiste précisément sur ce point, en soulignant que les éditeurs ont compris, avec l'expérience du marché des consoles, qu'ils avaient tout intérêt à concentrer leurs efforts sur des titres, et non les diluer par des sorties décalées par plateformes.
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Valve assure que son arrivée sur Mac n'a pour autre objectif que d'offrir plus d'opportunités commerciales aux éditeurs qu'elle distribue, mais il faut également replacer les choses dans leur contexte : en tant que distributeur, Steam est auprès des éditeurs en concurrence plus ou moins directe avec d'autres modes de distribution, comme le PlayStation Network ou l'App Store, mais également d'autres très prometteurs comme OnLive, qui suscite beaucoup d'intérêt et qui est perçu comme représentant l'avenir de l'industrie du jeu vidéo. Ce système de Cloud Computing permet effectivement, en calculant les images des jeux côté serveur pour les diffuser en direct par internet, de s'affranchir des contraintes matérielles côté client, proposant ainsi des portages de jeux en "plus natif que natif" sur toutes les plateformes supportées. Il n'est sans doute pas anodin que Steam ait intégré des fonctionnalités proposées par OnLive, telles que la possibilité de commencer une partie sur une machine pour la poursuivre sur une autre (lire Onlive apporte de nombreux jeux "pretium" sur Mac). Pour Valve, il ne s'agit pas tant d'atteindre le public d'Apple que d'offrir ce service à ses utilisateurs existants, qui peuvent ainsi continuer à utiliser Steam lorsqu'ils sont loin de leur PC et qu'un Mac se trouve à portée de main.
En attendant Valve compte mettre toutes ses chances de son côté, en proposant récemment ses librairies graphiques permettant de faciliter le portage d'un jeu sur Mac OS X (lire Valve va aider au développement de jeux sur Mac). Reste à voir si l'expérience aura convaincu les éditeurs et si effectivement de plus nombreux titres seront proposés sur Mac la saison prochaine comme Valve l'espère.
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