Après l'App Store pour iPhone, un Mac Store pour le Mac ? Au vu du succès rencontré par la plateforme de téléchargement d'Apple, est-ce que les développeurs Mac ne trouveraient pas avantage à l'arrivée d'un petit frère ? A l'idée d'un tel service géré par Apple (démentie par un mail attribué à Steve Jobs), un peu moins de 25% de nos lecteurs sondés sur le sujet jugeaient l'idée séduisante. Le feuilleton de la validation sur l'App Store a laissé des traces. Nous avons interrogé quatre éditeurs de logiciels Mac. Un Mac Store ne serait pas dénué d'intérêt selon eux, mais la tutelle d'Apple et ses conditions à géométrie variable réfrènent singulièrement leurs ardeurs.
William Shipley de Delicious Monster, éditeur de Library
WS : "D'un côté, l'App Store a généré des tonnes de ventes de logiciels, et une tonne de publicité pour les logiciels situés sur le haut de la pile, toutes choses qu'il serait génial de reproduire sur Mac OS X. Mais j'ai de grosses réserves à l'idée de voir Apple le faire, tant ils ont été capricieux vis-à-vis ce qu'ils ont autorisé dans l'App Store. Dans certains cas évidemment c'était pour des raisons de sécurité, mais ailleurs il s'agissait juste de politique ou de marketing, sans règles clairement définies."
"On a vu des applications refusées parce qu'elles faisaient doublon avec des fonctionnalités de logiciels Apple, d'autres parce qu'elles avaient un "intérêt limité", quelques une du fait d'un contenu à caractère sexuel alors que celles de Playboy et de Sports Illustrated étaient autorisées, et encore récemment une application pour iPad rejetée parce qu'elle reprenait le système de zoom par pincement utilisé dans l'application Photos, et qu'Apple estime qu'elle a une exclusivité sur cette interaction utilisateur."
"On a des sociétés qui passent des années à travailler sur des applications en pensant qu'Apple sera contente de les vendre, et qui au final, littéralement à la dernière minute (voire même après une mise en ligne), voient leurs efforts réduits à néant."
"Ce genre d'abus va continuer tant qu'Apple exerce un contrôle des applications à l'entrée d'une plateforme. Et ce ne serait pas compliqué pour Apple d'exiger une signature numérique sur n'importe qu'elle application Mac, de la même manière qu'elle le fait pour les iPhone, iPad et iPod touch."
"J'ai fait part de mes réserves à plusieurs personnes au sein d'Apple, avec généralement comme réponses "Eh bien, va développer sur Android si ça ne te plaît pas" et "Il n'y a que toi qui se préoccupe de ces choses-là, et ce n'est pas grave si tu arrêtes de développer pour nous, on a 50 000 développeurs maintenant."
David Chartier, d'Agile Web Solutions, éditeur sur Mac et iPhone de 1Password.
DC : "Oui parce qu'il y a le fait que l'App Store est un succès indéniable auprès des utilisateurs. Si toutes les conditions sont réunies, votre application peut y marcher extrêmement fort. Cela pourrait susciter un regain d'attention très fort à l'égard du marché des développeurs Mac où, depuis plusieurs décennies, il y a déjà "une application pour ça".…
Et non - et cet avis est le plus important - car je redouterais qu'Apple n'exerce le même contrôle (et partage des revenus) que sur l'App Store. Si Apple ouvrait un Mac Store je ne serai pas surpris qu'elle y refuse des plug-ins de tierces parties et d'autres d'applications, comme Quicksilver, ou des utilitaires intégrés à un navigateur comme 1Password, des modules d'extension du type de Chax pour iChat et qui participent tous à faire du Mac une plateforme formidable. Tant qu'Apple ne verrouillerait pas Mac OS X et permettrait l'installation de ces logiciels, à la limite ça irait encore. Mais plutôt qu'un App Store, je pense que des services comme Bodega ou MacUpdate remplissent très bien cette fonction.
Bodega
MacG : Quel intérêt particulier y trouveriez-vous ?
On monterait à bord d'un Mac Store si les applications décrites précédemment étaient acceptées, sous condition par exemple de l'ajout d'une précision dans leur descriptif, comme quoi ils modifient le comportement du logiciel qui les utilise. À la rigueur ce serait même assez intéressant, en particulier si l'équipe d'Apple, par ses examens, contribuait à améliorer la stabilité et les performances de l'application, comme c'est le cas avec l'App Store.
Je me dis aussi qu'Apple serait obligée d'en faire beaucoup plus pour promouvoir les petits comme nous, qui font d'excellents utilitaires, mais qui n'ont pas les moyens en marketing d'un Electronic Arts ou d'un Gameloft. Elle le fait déjà un peu avec Apple Downloads où certains logiciels sont mis en avant par leur équipe, et il y a aussi les Apple Developer Awards lors de la conférence des développeurs (interview réalisée avant cet article "Apple Downloads" prend la poussière).
C'est quelque chose qui serait sans aucun doute utile pour les utilisateurs Mac en général, et en particulier pour les nouveaux switchers. Cela pourrait générer, pour le logiciel Mac, la même ruée vers l'or que celle pour les smartphones. Un App Store version Mac serait extraordinaire - si Apple respectait l'ouverture du Mac et son extensibilité qui en ont fait une super plateforme.
Brent Simmons auteur du lecteur RSS NetNewsWire sur Mac et iPhone
BS : Je n'aimerai pas un Mac Store géré de la même manière que l'App Store. Pour mon application Mac, j'ai la possibilité de sortir une mise à jour à la seconde où elle est prête. Je n'aimerai pas du tout être obligé de patienter du fait d'un processus de validation. Même chose sur cette pression visant à baisser les prix et le fait qu'il est impossible de proposer une version démo complète.
J'aime bien l'App Store, mais j'ai aussi pris la mesure de ses imperfections. Avoir au moins un produit qui n'a pas à passer par les fourches caudines de l'App Store est indispensable pour garder sa santé.
Oliver Breidenbach de l'éditeur Allemand Boinx
OB : Avant même que n'arrive l'App Store, je militais pour un Mac Store, pré installé sur chaque Mac sortant des usines. Cela rendrait les choses beaucoup plus faciles pour s'adresser aux millions de clients Apple qui ne sont pas constamment sur Internet en train de chercher de nouvelles applications.
Cependant, comme on l'a vu avec l'App Store, tout cela a un prix. D'abord, on observe une spirale déflationniste dans les tarifs, ce qui n'irait pas pour des développeurs dont les applications sont plus complexes. Ensuite, Apple prélève une part beaucoup trop importante. 30% peut sembler un rabais assez normal pour un revendeur, mais on attend de lui qu'il trouve des clients et qu'il les conseille. Chose que ne fait pas l'App Store.
Le vrai problème est que le succès des développeurs est entre les mains d'Apple. Si vous êtes mis en avant dans les pubs ou même sur l'App Store, vous touchez le gros lot. Sinon, le retour sur investissement devient très difficile.
Bien sûr, si Apple lançait un App Store pour les logiciels ce serait déraisonnable de ne pas y participer. Cependant, il signerait la fin de beaucoup de développeurs si, comme pour l'iPhone, il était obligatoire d'y figurer.
William Shipley de Delicious Monster, éditeur de Library
WS : "D'un côté, l'App Store a généré des tonnes de ventes de logiciels, et une tonne de publicité pour les logiciels situés sur le haut de la pile, toutes choses qu'il serait génial de reproduire sur Mac OS X. Mais j'ai de grosses réserves à l'idée de voir Apple le faire, tant ils ont été capricieux vis-à-vis ce qu'ils ont autorisé dans l'App Store. Dans certains cas évidemment c'était pour des raisons de sécurité, mais ailleurs il s'agissait juste de politique ou de marketing, sans règles clairement définies."
"On a vu des applications refusées parce qu'elles faisaient doublon avec des fonctionnalités de logiciels Apple, d'autres parce qu'elles avaient un "intérêt limité", quelques une du fait d'un contenu à caractère sexuel alors que celles de Playboy et de Sports Illustrated étaient autorisées, et encore récemment une application pour iPad rejetée parce qu'elle reprenait le système de zoom par pincement utilisé dans l'application Photos, et qu'Apple estime qu'elle a une exclusivité sur cette interaction utilisateur."
"On a des sociétés qui passent des années à travailler sur des applications en pensant qu'Apple sera contente de les vendre, et qui au final, littéralement à la dernière minute (voire même après une mise en ligne), voient leurs efforts réduits à néant."
"Ce genre d'abus va continuer tant qu'Apple exerce un contrôle des applications à l'entrée d'une plateforme. Et ce ne serait pas compliqué pour Apple d'exiger une signature numérique sur n'importe qu'elle application Mac, de la même manière qu'elle le fait pour les iPhone, iPad et iPod touch."
"J'ai fait part de mes réserves à plusieurs personnes au sein d'Apple, avec généralement comme réponses "Eh bien, va développer sur Android si ça ne te plaît pas" et "Il n'y a que toi qui se préoccupe de ces choses-là, et ce n'est pas grave si tu arrêtes de développer pour nous, on a 50 000 développeurs maintenant."
David Chartier, d'Agile Web Solutions, éditeur sur Mac et iPhone de 1Password.
DC : "Oui parce qu'il y a le fait que l'App Store est un succès indéniable auprès des utilisateurs. Si toutes les conditions sont réunies, votre application peut y marcher extrêmement fort. Cela pourrait susciter un regain d'attention très fort à l'égard du marché des développeurs Mac où, depuis plusieurs décennies, il y a déjà "une application pour ça".…
Et non - et cet avis est le plus important - car je redouterais qu'Apple n'exerce le même contrôle (et partage des revenus) que sur l'App Store. Si Apple ouvrait un Mac Store je ne serai pas surpris qu'elle y refuse des plug-ins de tierces parties et d'autres d'applications, comme Quicksilver, ou des utilitaires intégrés à un navigateur comme 1Password, des modules d'extension du type de Chax pour iChat et qui participent tous à faire du Mac une plateforme formidable. Tant qu'Apple ne verrouillerait pas Mac OS X et permettrait l'installation de ces logiciels, à la limite ça irait encore. Mais plutôt qu'un App Store, je pense que des services comme Bodega ou MacUpdate remplissent très bien cette fonction.
Bodega
MacG : Quel intérêt particulier y trouveriez-vous ?
On monterait à bord d'un Mac Store si les applications décrites précédemment étaient acceptées, sous condition par exemple de l'ajout d'une précision dans leur descriptif, comme quoi ils modifient le comportement du logiciel qui les utilise. À la rigueur ce serait même assez intéressant, en particulier si l'équipe d'Apple, par ses examens, contribuait à améliorer la stabilité et les performances de l'application, comme c'est le cas avec l'App Store.
Je me dis aussi qu'Apple serait obligée d'en faire beaucoup plus pour promouvoir les petits comme nous, qui font d'excellents utilitaires, mais qui n'ont pas les moyens en marketing d'un Electronic Arts ou d'un Gameloft. Elle le fait déjà un peu avec Apple Downloads où certains logiciels sont mis en avant par leur équipe, et il y a aussi les Apple Developer Awards lors de la conférence des développeurs (interview réalisée avant cet article "Apple Downloads" prend la poussière).
C'est quelque chose qui serait sans aucun doute utile pour les utilisateurs Mac en général, et en particulier pour les nouveaux switchers. Cela pourrait générer, pour le logiciel Mac, la même ruée vers l'or que celle pour les smartphones. Un App Store version Mac serait extraordinaire - si Apple respectait l'ouverture du Mac et son extensibilité qui en ont fait une super plateforme.
Brent Simmons auteur du lecteur RSS NetNewsWire sur Mac et iPhone
BS : Je n'aimerai pas un Mac Store géré de la même manière que l'App Store. Pour mon application Mac, j'ai la possibilité de sortir une mise à jour à la seconde où elle est prête. Je n'aimerai pas du tout être obligé de patienter du fait d'un processus de validation. Même chose sur cette pression visant à baisser les prix et le fait qu'il est impossible de proposer une version démo complète.
J'aime bien l'App Store, mais j'ai aussi pris la mesure de ses imperfections. Avoir au moins un produit qui n'a pas à passer par les fourches caudines de l'App Store est indispensable pour garder sa santé.
Oliver Breidenbach de l'éditeur Allemand Boinx
OB : Avant même que n'arrive l'App Store, je militais pour un Mac Store, pré installé sur chaque Mac sortant des usines. Cela rendrait les choses beaucoup plus faciles pour s'adresser aux millions de clients Apple qui ne sont pas constamment sur Internet en train de chercher de nouvelles applications.
Cependant, comme on l'a vu avec l'App Store, tout cela a un prix. D'abord, on observe une spirale déflationniste dans les tarifs, ce qui n'irait pas pour des développeurs dont les applications sont plus complexes. Ensuite, Apple prélève une part beaucoup trop importante. 30% peut sembler un rabais assez normal pour un revendeur, mais on attend de lui qu'il trouve des clients et qu'il les conseille. Chose que ne fait pas l'App Store.
Le vrai problème est que le succès des développeurs est entre les mains d'Apple. Si vous êtes mis en avant dans les pubs ou même sur l'App Store, vous touchez le gros lot. Sinon, le retour sur investissement devient très difficile.
Bien sûr, si Apple lançait un App Store pour les logiciels ce serait déraisonnable de ne pas y participer. Cependant, il signerait la fin de beaucoup de développeurs si, comme pour l'iPhone, il était obligatoire d'y figurer.