A l'image d'iLife aujourd'hui, les premiers Macintosh étaient livrés en 1984 avec MacPaint de Bill Atkinson, un logiciel de dessin bitmap dont aujourd'hui encore on utilise certaines trouvailles en matière d'interface. Ce logiciel devait participer à faire du Macintosh une machine dédiée aux arts graphiques, et bientôt d'autres logiciels du genre ont vu le jour : SuperPaint, Studio 8/32, PixelPaint, etc…
L'histoire de Photoshop commence en 1987. Thomas Knoll, alors étudiant en reconnaissance visuelle, écrit pour se changer les idées de son doctorat un petit logiciel, nommé Display, qui permet d'afficher des images en niveaux de gris sur l'écran monochrome du Macintosh. Il montre sa réalisation à son frère, John Knoll, qui travaille à Industrial Light and Magic, le mythique studio d'effets spéciaux de George Lucas. Celui-ci s'avère séduit et décide de pousser son frère à en faire un logiciel commercial. Il l'aidera en développant les plugins (dont certains portent aujourd'hui encore son nom, voir Du "lens flare" en 3D pour After Effects), et en présentant le logiciel, depuis renommé PhotoShop (il ne perdra sa seconde majuscule que plus tard), à qui se montrait intéressé.
Après un accord de distribution avec un fabricant de scanner, John Knoll a rendez-vous avec Apple et Adobe. Les premiers se montrent séduits et les ingénieurs de Cupertino montrent un peu trop de zèle à faire connaître le logiciel autour d'eux, lançant par là même la première salve de piratage de Photoshop. Le rendez-vous avec Adobe donne le résultat qu'on sait : le directeur artistique d'Adobe, Russell Brown, a été littéralement séduit par le logiciel. Un contrat est signé, mais les frères Knoll signent uniquement un accord de distribution, Adobe ne finira par racheter intégralement le logiciel que bien des années plus tard, une fois que le succès de Photoshop a été largement confirmé et que les frères Knoll ont empoché de confortables royalties. Photoshop 1.0 sortira le 19 février 1990, et devait changer à jamais les arts graphiques.
De nombreux concurrents ont bien tenté de ravir à Photoshop sa couronne dans le monde professionnel, mais nul n'y est jamais parvenu. Qui se souvient encore de Live Picture, un "Photoshop Killer" qui permettait d'éditer les images en basse définition pour appliquer les effets sur la version haute définition en tâche de fond, permettant ainsi plus de réactivité ? Tout au plus les logiciels complémentaires ont pu se faire une place au soleil, comme par exemple Painter.
Depuis son avènement, Photoshop a indiscutablement eu une influence sur le design et la conception graphique. Certains plugins, comme Kai's Power Tools devaient même dicter le bon goût (le plugin "Page Curl" était quasi-omniprésent à une certaine époque). Certains artistes ont embrassé l'outil et réalisé des œuvres tirant parti de ses capacités, qui auraient été autrefois impossibles, d'autres encore font le choix de proscrire Photoshop de leur palette pour plus d'authenticité, ce qui peut parfois passer pour une contrainte digne de l'Oulipo.
Les images retouchées deviennent un phénomène commercial, qui soulève une controverse : à force d'asséner des visages trop parfaits qui n'existent pas, ne fait on rien de mieux que de générer dans le public des complexes physiques qui n'ont pas lieu d'être? A tel point qu'en France une proposition de loi, encore en attente d'être mise à l'ordre du jour de l'Assemblée, suggère qu'une mention soit ajoutée pour préciser la modification des images. Mais même cette controverse finit par être récupérée, avec une campagne de publicité pour Dove qui prône un retour au naturel, avec notamment cette vidéo très percutante :
Le trucage de photo remonte aux origines de la photographie, mais si le photomontage "manuel" était autrefois difficile d'accès, Photoshop l'a mis à la portée de tous, avec parfois de bien pervers effets. On se souvient par exemple de la polémique des photos truquées d'Adnan Hajj diffusées par Reuters en 2006 (voir à ce sujet la magistrale démonstration d'Alain Korkos sur @SI), ou plus récemment les fameux missiles iraniens diffusés par l'AFP. Adobe a diversifié son offre, proposant au grand public une version allégée autant en fonctionnalité qu'en tarif, mettant ses capacités à la portée du plus grand nombre.
Au fil des versions, Photoshop s'est vu adjoindre différentes fonctionnalités qui l'ont rendu de plus en plus efficace, et qui ont simplifié plus encore la retouche photo. Il peut être si difficile de repérer les trucages qu'il a fallu mettre au point différents algorithmes pour détecter les images modifiées. Bref, l'influence de Photoshop dans notre société de l'image est omniprésente, pour le meilleur comme pour le pire.
Tout comme pour Google, les américains ont adopté le nom pour en faire un verbe, et depuis 1999 Photoshop a même les honneurs d'une "image macro", un mème graphique récurrent sur le net. "This looks shopped" est justement le nom d'un site qui se voue à répertorier tous les montages grossiers, de même que Photoshop Disasters, histoire de se dérider et d'échapper de peu à la paranoïa.
Ce vingtième anniversaire a été l'occasion pour la National Association of Photoshop Professionals (NAPP) de se rassembler pour célébrer l'événement avec notamment Thomas Knoll et Russel Brown. Ce dernier a fait la démonstration d'un "simulateur" de Photoshop 1.0 pour iPhone, qui reprend l'interface de la toute première version et ses fonctions d'ajustement de niveaux colorimétriques. L'application, développée en un temps record à l'aide de Corona (voir Apple aurait voulu Flash sur iPhone), n'est pas disponible sur l'App Store mais a été distribuée aux "happy fews" qui assistaient à la soirée. Comme quoi, quand on aime, on a toujours vingt ans.
L'histoire de Photoshop commence en 1987. Thomas Knoll, alors étudiant en reconnaissance visuelle, écrit pour se changer les idées de son doctorat un petit logiciel, nommé Display, qui permet d'afficher des images en niveaux de gris sur l'écran monochrome du Macintosh. Il montre sa réalisation à son frère, John Knoll, qui travaille à Industrial Light and Magic, le mythique studio d'effets spéciaux de George Lucas. Celui-ci s'avère séduit et décide de pousser son frère à en faire un logiciel commercial. Il l'aidera en développant les plugins (dont certains portent aujourd'hui encore son nom, voir Du "lens flare" en 3D pour After Effects), et en présentant le logiciel, depuis renommé PhotoShop (il ne perdra sa seconde majuscule que plus tard), à qui se montrait intéressé.
Après un accord de distribution avec un fabricant de scanner, John Knoll a rendez-vous avec Apple et Adobe. Les premiers se montrent séduits et les ingénieurs de Cupertino montrent un peu trop de zèle à faire connaître le logiciel autour d'eux, lançant par là même la première salve de piratage de Photoshop. Le rendez-vous avec Adobe donne le résultat qu'on sait : le directeur artistique d'Adobe, Russell Brown, a été littéralement séduit par le logiciel. Un contrat est signé, mais les frères Knoll signent uniquement un accord de distribution, Adobe ne finira par racheter intégralement le logiciel que bien des années plus tard, une fois que le succès de Photoshop a été largement confirmé et que les frères Knoll ont empoché de confortables royalties. Photoshop 1.0 sortira le 19 février 1990, et devait changer à jamais les arts graphiques.
De nombreux concurrents ont bien tenté de ravir à Photoshop sa couronne dans le monde professionnel, mais nul n'y est jamais parvenu. Qui se souvient encore de Live Picture, un "Photoshop Killer" qui permettait d'éditer les images en basse définition pour appliquer les effets sur la version haute définition en tâche de fond, permettant ainsi plus de réactivité ? Tout au plus les logiciels complémentaires ont pu se faire une place au soleil, comme par exemple Painter.
Depuis son avènement, Photoshop a indiscutablement eu une influence sur le design et la conception graphique. Certains plugins, comme Kai's Power Tools devaient même dicter le bon goût (le plugin "Page Curl" était quasi-omniprésent à une certaine époque). Certains artistes ont embrassé l'outil et réalisé des œuvres tirant parti de ses capacités, qui auraient été autrefois impossibles, d'autres encore font le choix de proscrire Photoshop de leur palette pour plus d'authenticité, ce qui peut parfois passer pour une contrainte digne de l'Oulipo.
Les images retouchées deviennent un phénomène commercial, qui soulève une controverse : à force d'asséner des visages trop parfaits qui n'existent pas, ne fait on rien de mieux que de générer dans le public des complexes physiques qui n'ont pas lieu d'être? A tel point qu'en France une proposition de loi, encore en attente d'être mise à l'ordre du jour de l'Assemblée, suggère qu'une mention soit ajoutée pour préciser la modification des images. Mais même cette controverse finit par être récupérée, avec une campagne de publicité pour Dove qui prône un retour au naturel, avec notamment cette vidéo très percutante :
Le trucage de photo remonte aux origines de la photographie, mais si le photomontage "manuel" était autrefois difficile d'accès, Photoshop l'a mis à la portée de tous, avec parfois de bien pervers effets. On se souvient par exemple de la polémique des photos truquées d'Adnan Hajj diffusées par Reuters en 2006 (voir à ce sujet la magistrale démonstration d'Alain Korkos sur @SI), ou plus récemment les fameux missiles iraniens diffusés par l'AFP. Adobe a diversifié son offre, proposant au grand public une version allégée autant en fonctionnalité qu'en tarif, mettant ses capacités à la portée du plus grand nombre.
Au fil des versions, Photoshop s'est vu adjoindre différentes fonctionnalités qui l'ont rendu de plus en plus efficace, et qui ont simplifié plus encore la retouche photo. Il peut être si difficile de repérer les trucages qu'il a fallu mettre au point différents algorithmes pour détecter les images modifiées. Bref, l'influence de Photoshop dans notre société de l'image est omniprésente, pour le meilleur comme pour le pire.
Tout comme pour Google, les américains ont adopté le nom pour en faire un verbe, et depuis 1999 Photoshop a même les honneurs d'une "image macro", un mème graphique récurrent sur le net. "This looks shopped" est justement le nom d'un site qui se voue à répertorier tous les montages grossiers, de même que Photoshop Disasters, histoire de se dérider et d'échapper de peu à la paranoïa.
Ce vingtième anniversaire a été l'occasion pour la National Association of Photoshop Professionals (NAPP) de se rassembler pour célébrer l'événement avec notamment Thomas Knoll et Russel Brown. Ce dernier a fait la démonstration d'un "simulateur" de Photoshop 1.0 pour iPhone, qui reprend l'interface de la toute première version et ses fonctions d'ajustement de niveaux colorimétriques. L'application, développée en un temps record à l'aide de Corona (voir Apple aurait voulu Flash sur iPhone), n'est pas disponible sur l'App Store mais a été distribuée aux "happy fews" qui assistaient à la soirée. Comme quoi, quand on aime, on a toujours vingt ans.