Une nouvelle fois, Phil Schiller s'est expliqué sur le système de validation de l'App Store dans une interview accordée à BusinessWeek. Concernant celui-ci, Il y a deux écoles qui s'opposent fondamentalement : ceux qui voudraient son abolition totale, et ceux qui le voient comme un mal nécessaire. Chaque point de vue s'est radicalisé au fil des mois, les opposants à la validation devenant de plus en plus bruyants. Comme souvent en cas d'extrêmes qui s'opposent, le juste milieu est peut-être ailleurs…
Apple seule face à sa responsabilité
L'enjeu fondamental au cœur de ce débat houleux se résume en un seul mot : responsabilité. En effet, sachant que non seulement Apple touche 30 % des ventes, mais qu'en plus elle distribue elle-même les logiciels, sa responsabilité est engagée de facto. On se souvient par exemple de la polémique qui a entouré des applications comme Baby Shaker (voir Apple s'excuse d'avoir laissé passer Baby Shaker) ou I am rich (voir Apple n'aime pas les riches) : à chaque fois qu'une application douteuse passe entre les mailles du filet, c'est vers Apple que se tournent les reproches. Et Apple ne peut pas même se réfugier derrière le statut légal d'hébergeur, dans la mesure où elle fait une sélection éditoriale du contenu de son magasin : elle est passible de poursuites (et de lourdes condamnations) dès l'instant où une application hors-la-loi se voit vendue, à l'inverse des hébergeurs qui ont une immunité s'ils retirent le contenu litigieux dans un bref délai après avoir été alertés.
Des cas épineux à trancher
Et ça n'est pas les occasions de fauter qui manquent : la loi de chaque pays où l'App Store est proposé doit être respectée… on imagine sans mal le casse-tête légal qu'un tel magasin implique. Phil Schiller décrit les différents cas qui se présentent à la sagacité des validateurs : sur toutes les applications rejetées, 90 % le sont à cause de bugs, que les développeurs sont généralement heureux de pouvoir corriger avant la publication. Les 10 % restants concernent du contenu "inapproprié" : violation de propriété intellectuelle (d'Apple ou d'autres détenteurs de droits), voire comportement "malfaisant" (vol de données, etc). Il y a malgré tout 1 % d'applications qui se trouve dans une zone floue : Phil Schiller donne l'exemple des logiciels qui permettent de tricher au casino. Il a fallu que l'équipe juridique se renseigne sur la législation internationale, afin de déterminer si la responsabilité de la firme de Cupertino et de ses utilisateurs pourrait être engagée, pour trancher : si les logiciels peuvent vous apprendre à jouer, hors de question en revanche de valider ceux qui permettent de tricher.
Sans conteste, les applications qui posent le plus de problèmes sont celles qui violent le copyright : du simple puzzle faisant figurer une image de Bob l'Eponge sans la moindre licence à celles qui permettent de pirater du contenu, les occasions sont nombreuses et il est tout bonnement impossible à Apple de remonter la chaîne des droits de chaque application. On a ainsi vu nombre de logiciels être retirés de l'App Store pour tel motif, après qu'Apple ait été alertée par les véritables détenteurs des droits (voir par exemple App Store : Nintendo fait retirer une application).
D'autres cas sont plus délicats encore : ainsi, à l'heure où nous écrivons ces lignes, on peut trouver sur l'App Store des applications , gratuites comme payantes, permettant de télécharger illégalement des centaines de manga (traduits en anglais par des amateurs). Officiellement, ces logiciels ne sont que des "navigateurs" spécialisés : les images ne sont pas incluses dans les applications, qui ne sont que des versions spécialisées de Safari permettant de charger le contenu de sites web pirates, en listant leur contenu de manière organisée, alertes de mises à jour y compris. Cependant la législation indique que faciliter la copie illégale d'une œuvre en publiant les moyens d'y parvenir est tout autant illégal que la copie en question… A tout le moins, si Safari était distribué en incluant des signets par défaut pointant vers pareils sites, Apple serait passible de poursuites, tout comme MacGeneration le serait si nous vous donnions l'adresse des sites en question. Et il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres, qui illustre bien la problématique.
La sélection éditoriale assumée
Concernant la question du contenu en lui-même, Apple a un droit de regard sur ce qu'elle publie en termes qualitatifs. Si les applications étaient toutes publiées telles qu'elles, nombre d'entre elles comporteraient des bugs, ce qui rejaillirait sur l'appréciation que l'utilisateur final a de l'iPhone en tant que machine. Sans parler bien sûr des applications "malignes" qui volent les données privées de leurs utilisateurs, ou pire, peuvent lui vider son compte en banque. Apple offre à l'utilisateur final une garantie de sécurité, qui participe grandement au succès de l'App Store : les utilisateurs savent qu'ils peuvent acheter en confiance, et la confiance est la pierre angulaire de toute économie, comme on le constate amèrement en temps de crise. Enfin, Apple a le droit de choisir ce qu'elle offre dans ses rayonnages, comme tout responsable de magasin : certains produits ne correspondent pas à l'image qu'elle souhaite donner de ses services, ou au public auquel elle souhaite s'adresser.
Toutes ces contraintes existent depuis bien longtemps avec la notion de plateforme : les constructeurs de consoles ont de tout temps agi de la sorte. Avec parfois des jeux qui ont coûté des millions à produire et qui à la dernière minute se voient refusés la patente du constructeur pour être publiés, l'histoire du jeu vidéo ne manque pas d'exemples. Ainsi, Nintendo est connue pour avoir exigé des jeux destinés à un public familial et de jeunes enfants, nombre de titres plus "gores" ont été priés d'aller voir la concurrence. Sans oublier les bugs qui sont d'autant plus gênants que les jeux sur cartouche ou CD-Rom ne peuvent être mis à jour… Bref, comme on le voit cette problématique n'a rien de nouveau, et sans surprise on ne voit aucun des éditeurs historiques du jeu vidéo se plaindre de la validation d'Apple, rompus qu'ils sont à pareil exercice. En revanche, les développeurs qui se plaignent le plus bruyamment d'Apple ont un profil bien différent : certains viennent du développement web, d'autres sont indépendants, bref, ils ne partagent pas cette culture et le choc est quelque peu brutal (voir notre article Le développeur de Facebook rend son tablier).
Pour toutes ces raisons, il semble difficile de contester la légitimité d'Apple à vouloir conserver le contrôle de ce qu'elle publie : chaque commerçant est libre de vendre ou non ce que bon lui semble dans le respect de la légalité, et on ne saurait faire les mêmes reproches aux sociétés correspondantes dans le monde "brick and mortar". Nombre d'arguments avancés par les développeurs mécontents ne pèsent donc guère lourd, d'autant qu'ils ne peuvent prétendre qu'ils ignoraient que leur application était susceptible d'être refusée : ils ont créé leur logiciel en pleine connaissance de cause.
Des règles encore trop floues
Cependant il y a malgré tout quelques arguments qui ne sont pas dénués de sens : certaines zones de flou dans les règles d'Apple, ou dans sa manière de les appliquer, posent tout de même question. Il semble y avoir parfois deux poids, deux mesure, lorsqu'Apple valide Google Mobile qui emploie des API privées, ou quand Sega publie Sonic the Hedgehog imbriqué dans un émulateur : ces cas violent la licence de l'App Store de manière patentée. Nombre de situations donnent le sentiment aux développeurs qu'ils sont soumis à un arbitraire qui rend leur situation délicate : on a parfois l'impression que nul n'est à l'abri de se voir refoulé. Pour plus de justice, et couper court à toute critique, il faudrait qu'Apple fasse montre de plus de rigueur et de transparence dans son processus de sélection, et surtout qu'elle éclaircisse certaines zones d'ombre dans sa réglementation, celle-ci menant invariablement à des mécontentements.
Phil Schiller reconnaît que le système évolue et qu'il reste des progrès à faire, en soulignant qu'Apple fait preuve d'adaptation et qu'elle œuvre à simplifier les choses. Ainsi, concernant le cas de Rogue Amoeba (voir notre article Rogue Amoeba : nouveau fiasco sur l'App Store), Phill Schiller concède qu'Apple doit mieux délimiter ce qui est susceptible d'induire le client en erreur et ce qui peut tout simplement faire référence à un produit par égard pour la compatibilité. « Nous essayons d'apprendre et d'étendre les règles afin de les rendre justes pour tout le monde » indique-t-il. Paul Kafasis, le gérant de Rogue Amoeba, déclare que sa société va prochainement soumettre une nouvelle version d'Airfoil Speakers contenant à nouveau les images d'Apple, espérons que l'affaire trouvera un épilogue heureux. [MAJ] : la mise à jour a déjà été publiée (voir notre article Airfoil Speakers Touch retrouve l'icône du Mac).
50.000 applications en juin, 100.000 en novembre…
Cependant, n'oublions pas qu'avec les plaintes récurrentes des développeurs en pareils cas, on ne peut pas dire qu'ils soient inconscients des risques inhérents à la validation de l'App Store, et donc de son arbitraire : ils font le choix, assumé ou non, de le courir. Et on ne peut pas dire que ce risque semble détourner les candidats, les équipes d'Apple ne recevant pas moins de 10.000 applications à valider par semaine. La validation peut parfois faire figure de loterie, mais comme le dit le slogan : "100 % des gagnants ont tenté leur chance". Il reste toujours la concurrence d'Apple vers laquelle se tourner, avec parfois moins de règles et de contraintes, mais également avec un marché potentiel moins intéressant (voir notre article Gameloft tire le frein sur Android).
Apple trop paternaliste avec ses utilisateurs ?
L'argument qui a sans doute le plus de poids se place du point de vue de l'utilisateur final : Apple n'a pas le droit de décider pour vous ce que vous pouvez utiliser ou non avec le matériel que vous avez dûment acheté. Certaines dispositions légales garantissent d'ailleurs votre droit à cet égard : le "fair use" aux USA, ou la clause d'intéropérabilité en France. Vous pouvez d'ailleurs installer des logiciels qui n'entrent pas dans les balises de l'App Store en "jailbreakant" votre appareil, mais vous le faites au prix de la garantie de votre appareil. On peut d'ailleurs trouver la disposition contestable : on imagine mal qu'Apple puisse refuser de réparer un Mac à l'aune des logiciels qui ont été installés dessus, et il est probable qu'une telle mesure finisse par être remise en question en justice, à moins qu'il soit démontré qu'on peut physiquement endommager l'appareil en le jailbreakant. En revanche, il est naturel qu'Apple soit dégagée de certaines obligations concernant ce qui peut vous arriver si vous faites sauter la protection de votre appareil. Quoi qu'il en soit, Apple se doit vis-à-vis des développeurs de l'App Store de décourager le jailbreak au maximum, dans la mesure ou d'une part il permet le piratage des applications, et d'autre part il affaiblit sa plateforme.
Une politique efficace
Cependant, Apple a malgré tout un problème à régler avec la grogne de certains développeurs, quelle que soit la validité de leurs arguments : on ne parle que des trains qui arrivent en retard, et les quelques couacs de la validation font bien plus parler d'eux que les milliers de cas qui se passent sans encombre. Apple a fait le choix de proposer un ticket d'entrée sur l'App Store extrêmement abordable : il suffit d'un Mac, d'un iPhone ou d'un iPod touch, et de $100 pour avoir une chance d'être publié. Ce choix a permis l'explosion de l'App Store, et offre à l'iPhone et l'iPod touch un vivier d'applications indépendantes très enviable. A l'inverse, monter le tarif pour le réserver à une élite limiterait très certainement les plaintes, mais appauvrirait le contenu. Apple a pris le parti de s'adapter au fur et à mesure afin de rendre la sélection plus souple, quitte à envoyer Phil Schiller jouer les pompiers de service lorsqu'un rouage se grippe. Jusqu'ici, les résultats leur donnent entièrement raison, à la plus grande satisfaction de bien des développeurs, et il sera toujours temps de revoir la politique de la maison si la tendance venait un jour à s'inverser.
Apple seule face à sa responsabilité
L'enjeu fondamental au cœur de ce débat houleux se résume en un seul mot : responsabilité. En effet, sachant que non seulement Apple touche 30 % des ventes, mais qu'en plus elle distribue elle-même les logiciels, sa responsabilité est engagée de facto. On se souvient par exemple de la polémique qui a entouré des applications comme Baby Shaker (voir Apple s'excuse d'avoir laissé passer Baby Shaker) ou I am rich (voir Apple n'aime pas les riches) : à chaque fois qu'une application douteuse passe entre les mailles du filet, c'est vers Apple que se tournent les reproches. Et Apple ne peut pas même se réfugier derrière le statut légal d'hébergeur, dans la mesure où elle fait une sélection éditoriale du contenu de son magasin : elle est passible de poursuites (et de lourdes condamnations) dès l'instant où une application hors-la-loi se voit vendue, à l'inverse des hébergeurs qui ont une immunité s'ils retirent le contenu litigieux dans un bref délai après avoir été alertés.
Des cas épineux à trancher
Et ça n'est pas les occasions de fauter qui manquent : la loi de chaque pays où l'App Store est proposé doit être respectée… on imagine sans mal le casse-tête légal qu'un tel magasin implique. Phil Schiller décrit les différents cas qui se présentent à la sagacité des validateurs : sur toutes les applications rejetées, 90 % le sont à cause de bugs, que les développeurs sont généralement heureux de pouvoir corriger avant la publication. Les 10 % restants concernent du contenu "inapproprié" : violation de propriété intellectuelle (d'Apple ou d'autres détenteurs de droits), voire comportement "malfaisant" (vol de données, etc). Il y a malgré tout 1 % d'applications qui se trouve dans une zone floue : Phil Schiller donne l'exemple des logiciels qui permettent de tricher au casino. Il a fallu que l'équipe juridique se renseigne sur la législation internationale, afin de déterminer si la responsabilité de la firme de Cupertino et de ses utilisateurs pourrait être engagée, pour trancher : si les logiciels peuvent vous apprendre à jouer, hors de question en revanche de valider ceux qui permettent de tricher.
Sans conteste, les applications qui posent le plus de problèmes sont celles qui violent le copyright : du simple puzzle faisant figurer une image de Bob l'Eponge sans la moindre licence à celles qui permettent de pirater du contenu, les occasions sont nombreuses et il est tout bonnement impossible à Apple de remonter la chaîne des droits de chaque application. On a ainsi vu nombre de logiciels être retirés de l'App Store pour tel motif, après qu'Apple ait été alertée par les véritables détenteurs des droits (voir par exemple App Store : Nintendo fait retirer une application).
D'autres cas sont plus délicats encore : ainsi, à l'heure où nous écrivons ces lignes, on peut trouver sur l'App Store des applications , gratuites comme payantes, permettant de télécharger illégalement des centaines de manga (traduits en anglais par des amateurs). Officiellement, ces logiciels ne sont que des "navigateurs" spécialisés : les images ne sont pas incluses dans les applications, qui ne sont que des versions spécialisées de Safari permettant de charger le contenu de sites web pirates, en listant leur contenu de manière organisée, alertes de mises à jour y compris. Cependant la législation indique que faciliter la copie illégale d'une œuvre en publiant les moyens d'y parvenir est tout autant illégal que la copie en question… A tout le moins, si Safari était distribué en incluant des signets par défaut pointant vers pareils sites, Apple serait passible de poursuites, tout comme MacGeneration le serait si nous vous donnions l'adresse des sites en question. Et il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres, qui illustre bien la problématique.
La sélection éditoriale assumée
Concernant la question du contenu en lui-même, Apple a un droit de regard sur ce qu'elle publie en termes qualitatifs. Si les applications étaient toutes publiées telles qu'elles, nombre d'entre elles comporteraient des bugs, ce qui rejaillirait sur l'appréciation que l'utilisateur final a de l'iPhone en tant que machine. Sans parler bien sûr des applications "malignes" qui volent les données privées de leurs utilisateurs, ou pire, peuvent lui vider son compte en banque. Apple offre à l'utilisateur final une garantie de sécurité, qui participe grandement au succès de l'App Store : les utilisateurs savent qu'ils peuvent acheter en confiance, et la confiance est la pierre angulaire de toute économie, comme on le constate amèrement en temps de crise. Enfin, Apple a le droit de choisir ce qu'elle offre dans ses rayonnages, comme tout responsable de magasin : certains produits ne correspondent pas à l'image qu'elle souhaite donner de ses services, ou au public auquel elle souhaite s'adresser.
Toutes ces contraintes existent depuis bien longtemps avec la notion de plateforme : les constructeurs de consoles ont de tout temps agi de la sorte. Avec parfois des jeux qui ont coûté des millions à produire et qui à la dernière minute se voient refusés la patente du constructeur pour être publiés, l'histoire du jeu vidéo ne manque pas d'exemples. Ainsi, Nintendo est connue pour avoir exigé des jeux destinés à un public familial et de jeunes enfants, nombre de titres plus "gores" ont été priés d'aller voir la concurrence. Sans oublier les bugs qui sont d'autant plus gênants que les jeux sur cartouche ou CD-Rom ne peuvent être mis à jour… Bref, comme on le voit cette problématique n'a rien de nouveau, et sans surprise on ne voit aucun des éditeurs historiques du jeu vidéo se plaindre de la validation d'Apple, rompus qu'ils sont à pareil exercice. En revanche, les développeurs qui se plaignent le plus bruyamment d'Apple ont un profil bien différent : certains viennent du développement web, d'autres sont indépendants, bref, ils ne partagent pas cette culture et le choc est quelque peu brutal (voir notre article Le développeur de Facebook rend son tablier).
Pour toutes ces raisons, il semble difficile de contester la légitimité d'Apple à vouloir conserver le contrôle de ce qu'elle publie : chaque commerçant est libre de vendre ou non ce que bon lui semble dans le respect de la légalité, et on ne saurait faire les mêmes reproches aux sociétés correspondantes dans le monde "brick and mortar". Nombre d'arguments avancés par les développeurs mécontents ne pèsent donc guère lourd, d'autant qu'ils ne peuvent prétendre qu'ils ignoraient que leur application était susceptible d'être refusée : ils ont créé leur logiciel en pleine connaissance de cause.
Des règles encore trop floues
Cependant il y a malgré tout quelques arguments qui ne sont pas dénués de sens : certaines zones de flou dans les règles d'Apple, ou dans sa manière de les appliquer, posent tout de même question. Il semble y avoir parfois deux poids, deux mesure, lorsqu'Apple valide Google Mobile qui emploie des API privées, ou quand Sega publie Sonic the Hedgehog imbriqué dans un émulateur : ces cas violent la licence de l'App Store de manière patentée. Nombre de situations donnent le sentiment aux développeurs qu'ils sont soumis à un arbitraire qui rend leur situation délicate : on a parfois l'impression que nul n'est à l'abri de se voir refoulé. Pour plus de justice, et couper court à toute critique, il faudrait qu'Apple fasse montre de plus de rigueur et de transparence dans son processus de sélection, et surtout qu'elle éclaircisse certaines zones d'ombre dans sa réglementation, celle-ci menant invariablement à des mécontentements.
Phil Schiller reconnaît que le système évolue et qu'il reste des progrès à faire, en soulignant qu'Apple fait preuve d'adaptation et qu'elle œuvre à simplifier les choses. Ainsi, concernant le cas de Rogue Amoeba (voir notre article Rogue Amoeba : nouveau fiasco sur l'App Store), Phill Schiller concède qu'Apple doit mieux délimiter ce qui est susceptible d'induire le client en erreur et ce qui peut tout simplement faire référence à un produit par égard pour la compatibilité. « Nous essayons d'apprendre et d'étendre les règles afin de les rendre justes pour tout le monde » indique-t-il. Paul Kafasis, le gérant de Rogue Amoeba, déclare que sa société va prochainement soumettre une nouvelle version d'Airfoil Speakers contenant à nouveau les images d'Apple, espérons que l'affaire trouvera un épilogue heureux. [MAJ] : la mise à jour a déjà été publiée (voir notre article Airfoil Speakers Touch retrouve l'icône du Mac).
50.000 applications en juin, 100.000 en novembre…
Cependant, n'oublions pas qu'avec les plaintes récurrentes des développeurs en pareils cas, on ne peut pas dire qu'ils soient inconscients des risques inhérents à la validation de l'App Store, et donc de son arbitraire : ils font le choix, assumé ou non, de le courir. Et on ne peut pas dire que ce risque semble détourner les candidats, les équipes d'Apple ne recevant pas moins de 10.000 applications à valider par semaine. La validation peut parfois faire figure de loterie, mais comme le dit le slogan : "100 % des gagnants ont tenté leur chance". Il reste toujours la concurrence d'Apple vers laquelle se tourner, avec parfois moins de règles et de contraintes, mais également avec un marché potentiel moins intéressant (voir notre article Gameloft tire le frein sur Android).
Apple trop paternaliste avec ses utilisateurs ?
L'argument qui a sans doute le plus de poids se place du point de vue de l'utilisateur final : Apple n'a pas le droit de décider pour vous ce que vous pouvez utiliser ou non avec le matériel que vous avez dûment acheté. Certaines dispositions légales garantissent d'ailleurs votre droit à cet égard : le "fair use" aux USA, ou la clause d'intéropérabilité en France. Vous pouvez d'ailleurs installer des logiciels qui n'entrent pas dans les balises de l'App Store en "jailbreakant" votre appareil, mais vous le faites au prix de la garantie de votre appareil. On peut d'ailleurs trouver la disposition contestable : on imagine mal qu'Apple puisse refuser de réparer un Mac à l'aune des logiciels qui ont été installés dessus, et il est probable qu'une telle mesure finisse par être remise en question en justice, à moins qu'il soit démontré qu'on peut physiquement endommager l'appareil en le jailbreakant. En revanche, il est naturel qu'Apple soit dégagée de certaines obligations concernant ce qui peut vous arriver si vous faites sauter la protection de votre appareil. Quoi qu'il en soit, Apple se doit vis-à-vis des développeurs de l'App Store de décourager le jailbreak au maximum, dans la mesure ou d'une part il permet le piratage des applications, et d'autre part il affaiblit sa plateforme.
Une politique efficace
Cependant, Apple a malgré tout un problème à régler avec la grogne de certains développeurs, quelle que soit la validité de leurs arguments : on ne parle que des trains qui arrivent en retard, et les quelques couacs de la validation font bien plus parler d'eux que les milliers de cas qui se passent sans encombre. Apple a fait le choix de proposer un ticket d'entrée sur l'App Store extrêmement abordable : il suffit d'un Mac, d'un iPhone ou d'un iPod touch, et de $100 pour avoir une chance d'être publié. Ce choix a permis l'explosion de l'App Store, et offre à l'iPhone et l'iPod touch un vivier d'applications indépendantes très enviable. A l'inverse, monter le tarif pour le réserver à une élite limiterait très certainement les plaintes, mais appauvrirait le contenu. Apple a pris le parti de s'adapter au fur et à mesure afin de rendre la sélection plus souple, quitte à envoyer Phil Schiller jouer les pompiers de service lorsqu'un rouage se grippe. Jusqu'ici, les résultats leur donnent entièrement raison, à la plus grande satisfaction de bien des développeurs, et il sera toujours temps de revoir la politique de la maison si la tendance venait un jour à s'inverser.