Google vient donc de dévoiler les premières pierres de son nouveau système d'exploitation, Chrome OS. L'événement était de taille, suscitant la curiosité de nombre d'internautes, à tel point qu'Akamai a eu quelques difficultés pour diffuser la conférence en direct, ce qui est assez révélateur.
Google avance donc ses pions petit à petit, après avoir lancé son premier OS, Android, voici que la gamme s'étoffe avec un deuxième système, taillé pour les NetBooks, du moins dans un premier temps.
Une prophétie accomplie, et le retour des mainframes
Trois mots d'ordre pour ce système : vitesse, simplicité, sécurité. Des valeurs qui ne dépareraient pas sur un prospectus pour Mac OS X. Depuis quelque temps déjà, les logiciels exploitent de plus en plus des couches d'abstraction, Google n'aura fait que pousser la logique à son extrême. De même pour la notion de "bac à sable" : les applications sont potentiellement inviolables et confinées au maximum. Google a également tout fait pour garantir la fiabilité des données : celles de l'utilisateur sont stockées sur une partition chiffrée et sauvegardées en ligne, celles du système sont redondantes et vérifiées au démarrage, afin de garantir une version non seulement toujours à jour, mais également sécurisée : toutes les dégradations des données, qu'elles soient accidentelles ou intentionnelles, sont immédiatement réparées : on l'allume, on s'en sert, et on oublie tout le reste.
En lançant Chrome OS, Google a fini par donner corps à la prophétie de Larry Ellison sur le Network Computer : en 1995, le patron d'Oracle affirmait qu'on verrait arriver des ordinateurs bon marché, dont les logiciels ne seraient pas résidents du disque dur, mais exécutés du côté serveur. Peu y ont cru : quinze ans avant son accomplissement, la prédiction était trop visionnaire. Google remet au goût du jour les terminaux, qui tiraient autrefois leur puissance d'un ordinateur central, le mainframe.
Un élément crucial : la confiance
Cependant, cette approche posera d'autant plus crucialement la question de la confiance que le public accorde à Google : si les internautes sont prêts à courir certains risques en confiant leur courrier à Gmail ou leurs photos à Picasa, qu'en sera-t-il de toute leur activité sur ces NetBooks ? Google sera-t-elle toujours à l'abri de perdre des données, alors que Microsoft elle-même a eu affaire à un épisode douloureux récemment, et que Gmail a pu avoir des ratés ? La confiance est d'autant plus prépondérante que, en ce qui concerne les applications en ligne, certaines pourront devenir indisponibles si leur développeur fait faillite, un problème inexistant avec les logiciels offline, du moins jusqu'à ce qu'une mise à jour du système ne pose des problèmes de compatibilité. Si jusqu'ici les utilisateurs s'accommodaient des contreparties qu'ils ont à payer sur leur vie privée et sur la publicité en échange de la gratuité des services, les choses seront sans doute différentes pour des ordinateurs et des applications qu'ils auront dûment payées.
Apple avait d'ailleurs fait ce même pari lorsqu'elle a lancé l'iPhone, mais a fini par faire marche arrière, et ne le regrette sûrement pas depuis. Le navigateur n'était pas prêt à prendre en charge tout ce qu'une application offline est capable de faire, mais gageons que Google entend faire bouger les choses sur ce plan d'ici à la sortie de Chrome OS l'an prochain.
Un marché taillé pour Chrome OS
On pourrait croire que Google se tire une balle dans le pied, alors qu'Android a déjà fait ses premiers pas sur le marché des NetBooks : les deux OS vont-ils se faire une concurrence stérile ? Bien au contraire, Google a observé la propension spontanée et naturelle du marché des NetBooks à s'aventurer hors de la chasse gardée de Microsoft, à tel point qu'Android s'y est retrouvé comme par accident, alors que la firme de Sergey Brin et Larry Page n'avait rien fait pour y parvenir.
Les NetBooks sont sans aucun doute le flanc fragile de la forteresse Microsoft, nombre de constructeurs dissidents se sont essayés à Linux, suite au fiasco de Windows Vista, et alors que Microsoft a mal mesuré le succès qu'auraient ces petits appareils d'appoint. Le public s'est également montré plus disposé à faire des infidélités au géant du logiciel : il est loin le temps où l'incompatibilité avec Windows faisait frémir. On a d'ailleurs vu pléthore de nouveaux systèmes fleurir pour ces machines, et Google n'est pas la première à proposer un système embarqué dans le navigateur (Cloud, Litl, ou dans une autre mesure, Splashtop qui prend lui le parti du démarrage instantané). Cependant, Google a une force de frappe et une influence incommensurable comparée à ces autres acteurs, et a les moyens d'obtenir des résultats autrement plus significatifs. Certes, Windows conserve toujours la haute main sur les NetBooks, mais voir des constructeurs faire un tel affront à Microsoft, voilà qui est tout à fait significatif.
Naturellement, les faibles capacités des NetBooks les rendent tout indiqués pour le "cloud computing" : l'utilisateur n'est plus bloqué par les limites de son matériel, tout le calcul se faisant du côté serveur. Chrome OS ne manque donc pas d'arguments pour percer.
Le choc des titans
Naturellement Microsoft ne peut pas voir cette nouvelle concurrence du meilleur œil, elle qui voue déjà une hostilité sans borne à Google. La firme de Redmond a entamé le virage des applications en ligne, qui promet d'être juteux pour les éditeurs, mais souffre d'un retard marqué par rapport à la concurrence. Ainsi, un porte-parole de Microsoft a fait connaître son point de vue à ComputerWorld : "D'après ce qui a été montré, [Chrome OS] semble être au tout début de son développement. Cependant, de notre point de vue, nos clients ont fait savoir leur satisfaction concernant la manière dont Windows 7 marche, aussi bien sur le web que sur le bureau, et sur tout type de machines, en achetant deux fois plus de licences de Windows 7 que de n'importe quelle autre version précédente sur une période comparable."
Quoi qu'il en soit, les NetBooks sont donc un marché idéal pour un nouveau système d'exploitation, quitte à ce qu'il grignote le marché des ordinateurs dignes de ce nom au fil du temps. D'un point de vue tarifaire, Microsoft se retrouve prise en étau par la concurrence, avec Apple sur le haut de gamme et Google sur l'entrée de gamme. Quant à Android, Google le recentre de facto sur les smartphones sachant que ses logiciels ne fonctionneront pas sur Chrome OS, et que ce dernier sera livré avec des machines spécifiques. Car Google crée ici un précédent : pour la première fois depuis bien longtemps, le système sera lié à une architecture matérielle spécifique. On verra donc naître des "Chrome PC", réalisés en partenariat avec des constructeurs informatiques, ce qui ne sera pas sans rappeler d'anciennes spécificités du Mac, dans une moindre mesure.
Beaucoup de questions sans réponse
Cependant, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour commencer à compter les parts de marché de Chrome OS. La séance de questions/réponses accordée à la presse, et durant laquelle Sergei Brin s'est invité au débotté, a laissé, à la manière d'un épisode de Lost, plus de questions en suspens qu'elle n'apportait de réponses, les cadres de Google maniant la langue de bois avec un brio qui ne dépareillerait pas chez Apple. Impossible de décrocher une once d'information sur les tarifs, le moyen d'imprimer avec un OS dépourvu de tout pilote, la mise en place d'un App Store, etc. Clairement, Google n'a souhaité s'engager et communiquer que sur les points qu'elle considère comme acquis pour Chrome OS, les nombreux détails restants seront affinés au fur et à mesure du développement.
Google avance donc ses pions petit à petit, après avoir lancé son premier OS, Android, voici que la gamme s'étoffe avec un deuxième système, taillé pour les NetBooks, du moins dans un premier temps.
Une prophétie accomplie, et le retour des mainframes
Trois mots d'ordre pour ce système : vitesse, simplicité, sécurité. Des valeurs qui ne dépareraient pas sur un prospectus pour Mac OS X. Depuis quelque temps déjà, les logiciels exploitent de plus en plus des couches d'abstraction, Google n'aura fait que pousser la logique à son extrême. De même pour la notion de "bac à sable" : les applications sont potentiellement inviolables et confinées au maximum. Google a également tout fait pour garantir la fiabilité des données : celles de l'utilisateur sont stockées sur une partition chiffrée et sauvegardées en ligne, celles du système sont redondantes et vérifiées au démarrage, afin de garantir une version non seulement toujours à jour, mais également sécurisée : toutes les dégradations des données, qu'elles soient accidentelles ou intentionnelles, sont immédiatement réparées : on l'allume, on s'en sert, et on oublie tout le reste.
En lançant Chrome OS, Google a fini par donner corps à la prophétie de Larry Ellison sur le Network Computer : en 1995, le patron d'Oracle affirmait qu'on verrait arriver des ordinateurs bon marché, dont les logiciels ne seraient pas résidents du disque dur, mais exécutés du côté serveur. Peu y ont cru : quinze ans avant son accomplissement, la prédiction était trop visionnaire. Google remet au goût du jour les terminaux, qui tiraient autrefois leur puissance d'un ordinateur central, le mainframe.
Un élément crucial : la confiance
Cependant, cette approche posera d'autant plus crucialement la question de la confiance que le public accorde à Google : si les internautes sont prêts à courir certains risques en confiant leur courrier à Gmail ou leurs photos à Picasa, qu'en sera-t-il de toute leur activité sur ces NetBooks ? Google sera-t-elle toujours à l'abri de perdre des données, alors que Microsoft elle-même a eu affaire à un épisode douloureux récemment, et que Gmail a pu avoir des ratés ? La confiance est d'autant plus prépondérante que, en ce qui concerne les applications en ligne, certaines pourront devenir indisponibles si leur développeur fait faillite, un problème inexistant avec les logiciels offline, du moins jusqu'à ce qu'une mise à jour du système ne pose des problèmes de compatibilité. Si jusqu'ici les utilisateurs s'accommodaient des contreparties qu'ils ont à payer sur leur vie privée et sur la publicité en échange de la gratuité des services, les choses seront sans doute différentes pour des ordinateurs et des applications qu'ils auront dûment payées.
Apple avait d'ailleurs fait ce même pari lorsqu'elle a lancé l'iPhone, mais a fini par faire marche arrière, et ne le regrette sûrement pas depuis. Le navigateur n'était pas prêt à prendre en charge tout ce qu'une application offline est capable de faire, mais gageons que Google entend faire bouger les choses sur ce plan d'ici à la sortie de Chrome OS l'an prochain.
Un marché taillé pour Chrome OS
On pourrait croire que Google se tire une balle dans le pied, alors qu'Android a déjà fait ses premiers pas sur le marché des NetBooks : les deux OS vont-ils se faire une concurrence stérile ? Bien au contraire, Google a observé la propension spontanée et naturelle du marché des NetBooks à s'aventurer hors de la chasse gardée de Microsoft, à tel point qu'Android s'y est retrouvé comme par accident, alors que la firme de Sergey Brin et Larry Page n'avait rien fait pour y parvenir.
Les NetBooks sont sans aucun doute le flanc fragile de la forteresse Microsoft, nombre de constructeurs dissidents se sont essayés à Linux, suite au fiasco de Windows Vista, et alors que Microsoft a mal mesuré le succès qu'auraient ces petits appareils d'appoint. Le public s'est également montré plus disposé à faire des infidélités au géant du logiciel : il est loin le temps où l'incompatibilité avec Windows faisait frémir. On a d'ailleurs vu pléthore de nouveaux systèmes fleurir pour ces machines, et Google n'est pas la première à proposer un système embarqué dans le navigateur (Cloud, Litl, ou dans une autre mesure, Splashtop qui prend lui le parti du démarrage instantané). Cependant, Google a une force de frappe et une influence incommensurable comparée à ces autres acteurs, et a les moyens d'obtenir des résultats autrement plus significatifs. Certes, Windows conserve toujours la haute main sur les NetBooks, mais voir des constructeurs faire un tel affront à Microsoft, voilà qui est tout à fait significatif.
Naturellement, les faibles capacités des NetBooks les rendent tout indiqués pour le "cloud computing" : l'utilisateur n'est plus bloqué par les limites de son matériel, tout le calcul se faisant du côté serveur. Chrome OS ne manque donc pas d'arguments pour percer.
Le choc des titans
Naturellement Microsoft ne peut pas voir cette nouvelle concurrence du meilleur œil, elle qui voue déjà une hostilité sans borne à Google. La firme de Redmond a entamé le virage des applications en ligne, qui promet d'être juteux pour les éditeurs, mais souffre d'un retard marqué par rapport à la concurrence. Ainsi, un porte-parole de Microsoft a fait connaître son point de vue à ComputerWorld : "D'après ce qui a été montré, [Chrome OS] semble être au tout début de son développement. Cependant, de notre point de vue, nos clients ont fait savoir leur satisfaction concernant la manière dont Windows 7 marche, aussi bien sur le web que sur le bureau, et sur tout type de machines, en achetant deux fois plus de licences de Windows 7 que de n'importe quelle autre version précédente sur une période comparable."
Quoi qu'il en soit, les NetBooks sont donc un marché idéal pour un nouveau système d'exploitation, quitte à ce qu'il grignote le marché des ordinateurs dignes de ce nom au fil du temps. D'un point de vue tarifaire, Microsoft se retrouve prise en étau par la concurrence, avec Apple sur le haut de gamme et Google sur l'entrée de gamme. Quant à Android, Google le recentre de facto sur les smartphones sachant que ses logiciels ne fonctionneront pas sur Chrome OS, et que ce dernier sera livré avec des machines spécifiques. Car Google crée ici un précédent : pour la première fois depuis bien longtemps, le système sera lié à une architecture matérielle spécifique. On verra donc naître des "Chrome PC", réalisés en partenariat avec des constructeurs informatiques, ce qui ne sera pas sans rappeler d'anciennes spécificités du Mac, dans une moindre mesure.
Beaucoup de questions sans réponse
Cependant, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour commencer à compter les parts de marché de Chrome OS. La séance de questions/réponses accordée à la presse, et durant laquelle Sergei Brin s'est invité au débotté, a laissé, à la manière d'un épisode de Lost, plus de questions en suspens qu'elle n'apportait de réponses, les cadres de Google maniant la langue de bois avec un brio qui ne dépareillerait pas chez Apple. Impossible de décrocher une once d'information sur les tarifs, le moyen d'imprimer avec un OS dépourvu de tout pilote, la mise en place d'un App Store, etc. Clairement, Google n'a souhaité s'engager et communiquer que sur les points qu'elle considère comme acquis pour Chrome OS, les nombreux détails restants seront affinés au fur et à mesure du développement.