Alors que Warner Music se félicitait il y a quelques jours du succès des ventes de musiques sur l'iPhone, les relations entre Apple et les éditeurs de contenus sont en réalité plus ambivalentes que jamais. Apple est devenue un partenaire encombrant qui se permet de dicter leur politique commerciale : eu égard au poids conséquent d'iTunes dans la distribution en ligne, il est devenu impossible aux Majors de faire l'impasse sur ce partenaire.
Et les tensions n'ont pas manqué depuis quelque temps. On savait qu'un bras de fer était engagé de longue date entre Apple et les éditeurs phonographiques concernant la gamme tarifaire proposée sur iTunes. Apple a longtemps résisté, mais a fini par se plier aux exigences de ses partenaires, comme l'a annoncé Phil Schiller lors de la dernière WWDC. Difficile de dire quel moyen de pression les Majors ont trouvé, et on ne le saura probablement pas avant un moment, si on le découvre jamais d'ailleurs. Peut-être était-ce tout simplement la possibilité de supprimer les DRM sur iTunes.
De toute évidence, le CD fut le dernier support physique pour la distribution de musique, et il est voué à disparaître à terme. Apple se taille la part du lion du marché de la distribution en ligne, et il est crucial pour les maisons de disque de contrebalancer l'équilibre des forces : si demain Apple devient leur plus gros distributeur, elles auraient tous leurs œufs dans le même panier. Conscientes du danger, à plus forte raison alors qu'Apple s'entêtait à conserver le tarif unique de 0.99$ par titre, les éditeurs se sont employés à favoriser les concurrents d'Apple.
La première étape fut de proposer des titres sans DRM (mesure technique de protection) aux concurrents d'Apple, qui pouvaient ainsi vendre de la musique compatible avec l'iPod, qui fut le véritable cheval de Troie d'Apple, tandis que la firme de Cupertino est restée quelque temps contrainte de vendre de la musique verrouillée. Afin de rappeler à chacun de qui venait cette contrainte, Steve Jobs s'est même fendu d'une lettre ouverte, plaidant pour l'ouverture de la musique.
Deuxième étape, on attaque le portefeuille, avec des tarifs préférentiels pour les concurrents d'Apple. Ainsi, AmazonMP3 a ouvert son magasin avec des titres à 0.89$. L'autre problème des maisons de disques, c'est qu'Apple a ouvert la boîte de Pandore en permettant la vente de chaque titre d'un album en tant que single unitaire. Moralité, 9 singles sur 10 sont vendus en ligne, et 9 albums sur 10 sont vendus sur CD. Avec son nouveau modèle de vente, iTunes remet en question l'existence même de l'album.
Afin d'y remédier, Sony, Warner, EMI et Universal préparent un nouveau format qu'on attend pour novembre, baptisé "CDX" (anciennement CMX), qui inclut paroles, vidéos, contenu exclusif, images, etc. Apple de son côté préparerait selon les rumeurs une nouvelle offre qu'on attend d'ici la fin de l'année, appelée "Cocktail", qui remplirait exactement les mêmes fonctions…
Mais la fronde ne se limite pas à la seule musique, puisque les éditeurs et producteurs du monde de la vidéo bénéficient de l'expérience de leurs prédécesseurs. Ainsi, NBC avait décidé de quitter l'iTunes Store en septembre 2007, précisément pour les mêmes questions de gamme tarifaire : les épisodes de série télé étaient vendus $1,99, NBC souhaitait plus que doubler le montant, Apple a refusé, fin des négociations. Mais NBC a trouvé une approche plus dangereuse encore pour fragiliser iTunes : elle fonde Hulu.com, en partenariat avec d'autres ayants-droits, un site de VOD et de Catch-up TV entièrement gratuit, financé par la diffusion de coupures publicitaires comme à la télévision. Le site est pour l'heure limité au seul territoire américain, mais on parle avec insistance de l'établissement du service à l'étranger, et notamment en France, sans pour autant rien voir de concret jusqu'ici. Un an après la séparation, NBC revenait dans le giron d'iTunes, tout en poursuivant l'experience Hulu.com. A se demander si le clash temporaire n'avait tout bonnement pas pour seule raison la création du service sans s'attirer les foudres de la marque fruitière. Si Apple a remporté le pari concernant la musique, les choses sont loin d'être jouées concernant la vidéo.
Ajourd'hui les éditeurs se retrouvent dans une situation inconfortable : le succès d'iTunes est à la fois un motif de réjouissement et d'inquiétude pour eux. D'un côté, le succès de la vente en ligne présente des perspectives d'avenir, de l'autre, l'omniprésence d'Apple remet en question leur indépendance et fait basculer le jeu de pouvoir en dehors de leur pré carré. Côté scène, on se réjouit des avancées d'Apple, côté coulisses, c'est la soupe à la grimace. La situation risque d'être quelque peu difficile à gérer pour chacun des partenaires, lançant un coup de Jarnac le mardi pour contrecarrer un accord passé le lundi… Bref, l'économie de la musique en ligne est loin d'avoir trouvé la stabilité et la sérénité…
Et les tensions n'ont pas manqué depuis quelque temps. On savait qu'un bras de fer était engagé de longue date entre Apple et les éditeurs phonographiques concernant la gamme tarifaire proposée sur iTunes. Apple a longtemps résisté, mais a fini par se plier aux exigences de ses partenaires, comme l'a annoncé Phil Schiller lors de la dernière WWDC. Difficile de dire quel moyen de pression les Majors ont trouvé, et on ne le saura probablement pas avant un moment, si on le découvre jamais d'ailleurs. Peut-être était-ce tout simplement la possibilité de supprimer les DRM sur iTunes.
De toute évidence, le CD fut le dernier support physique pour la distribution de musique, et il est voué à disparaître à terme. Apple se taille la part du lion du marché de la distribution en ligne, et il est crucial pour les maisons de disque de contrebalancer l'équilibre des forces : si demain Apple devient leur plus gros distributeur, elles auraient tous leurs œufs dans le même panier. Conscientes du danger, à plus forte raison alors qu'Apple s'entêtait à conserver le tarif unique de 0.99$ par titre, les éditeurs se sont employés à favoriser les concurrents d'Apple.
La première étape fut de proposer des titres sans DRM (mesure technique de protection) aux concurrents d'Apple, qui pouvaient ainsi vendre de la musique compatible avec l'iPod, qui fut le véritable cheval de Troie d'Apple, tandis que la firme de Cupertino est restée quelque temps contrainte de vendre de la musique verrouillée. Afin de rappeler à chacun de qui venait cette contrainte, Steve Jobs s'est même fendu d'une lettre ouverte, plaidant pour l'ouverture de la musique.
Deuxième étape, on attaque le portefeuille, avec des tarifs préférentiels pour les concurrents d'Apple. Ainsi, AmazonMP3 a ouvert son magasin avec des titres à 0.89$. L'autre problème des maisons de disques, c'est qu'Apple a ouvert la boîte de Pandore en permettant la vente de chaque titre d'un album en tant que single unitaire. Moralité, 9 singles sur 10 sont vendus en ligne, et 9 albums sur 10 sont vendus sur CD. Avec son nouveau modèle de vente, iTunes remet en question l'existence même de l'album.
Afin d'y remédier, Sony, Warner, EMI et Universal préparent un nouveau format qu'on attend pour novembre, baptisé "CDX" (anciennement CMX), qui inclut paroles, vidéos, contenu exclusif, images, etc. Apple de son côté préparerait selon les rumeurs une nouvelle offre qu'on attend d'ici la fin de l'année, appelée "Cocktail", qui remplirait exactement les mêmes fonctions…
Mais la fronde ne se limite pas à la seule musique, puisque les éditeurs et producteurs du monde de la vidéo bénéficient de l'expérience de leurs prédécesseurs. Ainsi, NBC avait décidé de quitter l'iTunes Store en septembre 2007, précisément pour les mêmes questions de gamme tarifaire : les épisodes de série télé étaient vendus $1,99, NBC souhaitait plus que doubler le montant, Apple a refusé, fin des négociations. Mais NBC a trouvé une approche plus dangereuse encore pour fragiliser iTunes : elle fonde Hulu.com, en partenariat avec d'autres ayants-droits, un site de VOD et de Catch-up TV entièrement gratuit, financé par la diffusion de coupures publicitaires comme à la télévision. Le site est pour l'heure limité au seul territoire américain, mais on parle avec insistance de l'établissement du service à l'étranger, et notamment en France, sans pour autant rien voir de concret jusqu'ici. Un an après la séparation, NBC revenait dans le giron d'iTunes, tout en poursuivant l'experience Hulu.com. A se demander si le clash temporaire n'avait tout bonnement pas pour seule raison la création du service sans s'attirer les foudres de la marque fruitière. Si Apple a remporté le pari concernant la musique, les choses sont loin d'être jouées concernant la vidéo.
Ajourd'hui les éditeurs se retrouvent dans une situation inconfortable : le succès d'iTunes est à la fois un motif de réjouissement et d'inquiétude pour eux. D'un côté, le succès de la vente en ligne présente des perspectives d'avenir, de l'autre, l'omniprésence d'Apple remet en question leur indépendance et fait basculer le jeu de pouvoir en dehors de leur pré carré. Côté scène, on se réjouit des avancées d'Apple, côté coulisses, c'est la soupe à la grimace. La situation risque d'être quelque peu difficile à gérer pour chacun des partenaires, lançant un coup de Jarnac le mardi pour contrecarrer un accord passé le lundi… Bref, l'économie de la musique en ligne est loin d'avoir trouvé la stabilité et la sérénité…