Lors du special event dédié à iPhone OS 3.0, Apple a lâché un chiffre révélateur : en cumulant les deux générations d'iPhone et d'iPod touch sorties depuis 2007, il y a en tout et pour tout 30 millions d'appareils susceptibles d'exploiter l'App Store.
30 millions, voilà qui représente un vivier d'importance, qui pourrait même approcher le parc de Macs en activité (estimé à 22 millions il y a deux ans, voir notre article Mac OS X : 22 millions d'utilisateurs). Rien d'étonnant donc à ce que les développeurs et éditeurs se ruent sur l'App Store, d'autant que le magasin virtuel, s'il rend la visibilité d'un logiciel donné plus délicate, n'en simplifie pas moins les questions de logistique et de distribution, le poste le plus important dans le prix d'un logiciel.
Mais ce chiffre de 30 millions est d'autant plus révélateur si on le met en regard des ventes d'un concurrent affiché d'Apple : Sony a vendu 45 millions de consoles portables, la PSP, depuis sa mise sur le marché fin 2004. Apple a atteint les deux tiers de ce chiffre dans la moitié du temps… Certes, les modèles économiques sont bien différents, et les utilisations des appareils d'Apple multiples. Certains d'entre vous ne sont d'ailleurs pas convaincus que l'iPod touch et l'iPhone font des consoles de jeu crédibles, ce qui fait régulièrement l'objet de débats houleux dans les commentaires.
Quelles que soient les considérations au niveau individuel, à partir du moment où les plate-formes ont des titres en commun (Cooking Mama, I love Katamari, Super Monkey Ball…), et qu'elles se positionnent sur les mêmes segments de marché (portabilité, fonctionnalités…) elles sont de facto en concurrence. D'autre part, le marketing autour de l'iPod touch le positionne clairement comme un concurrent des consoles portables, mettant en avant ses capacités pour le jeu vidéo. En outre, Nintendo partage également le territoire de chasse des joueurs occasionnels, ainsi que les modes d'interaction novateurs avec ses appareils (accéléromètre, micro, écran tactile).
Avec l'App Store et ses appareils, et forte de ses 30 millions d'utilisateurs, Apple a réussi le tour de force de se bâtir un écosystème complet en partant de zéro, alors qu'elle n'avait aucune légitimité dans le domaine du jeu. La prédiction du patron de Sega s'est bel et bien accomplie : toute l'industrie du jeu vidéo s'est mise à l'App Store (voir notre article Apple à l'assaut des consoles). Non seulement avec des éditeurs prestigieux (Namco, Sega, Konami, Capcom, EA, Hudson…), mais même avec des éditeurs exclusifs, tel NGmoco, qui a de plus levé 10 millions de dollars pour développer son activité (voir notre article NGmoco se fait du souci pour Sony), en pleine période de crise qui plus est, ce qui montre la confiance du marché dans l'avenir des appareils d'Apple concernant les jeux.
Certes, l'absence de boutons rend certains genres inaccessibles aux appareils d'Apple, (on imagine mal un Street Fighter pour iPhone par exemple), mais à l'inverse, le multitouch rend certains titres de l'App Store inaccessibles aux autres consoles. Ne nous leurrons pas : l'iPhone et l'iPod touch n'ont pas été conçus à l'origine pour le jeu vidéo. Initialement, il n'était même pas possible de faire un vrai jeu en 3D digne de ce nom pour ces machines, jusqu'à ce qu'Apple change son fusil d'épaule et sorte un SDK officiel. Ce qui fait que les consoles de Sony et Nintendo bénéficient d'une meilleure crédibilité dans ce domaine, sachant qu'elles ont été conçues dès le départ dans ce seul but.
Si l'iPhone et l'iPod touch sont moins polyvalents que les consoles en matière de jeux à cause de cette absence de boutons, et qu'ils feront donc parfois figure de second choix si le jeu est le premier critère d'achat, n'oublions pas que c'est loin d'être la seule fonctionnalité commune entre les concurrents : les consoles de Sony et Nintendo permettent également de lire de la musique, des vidéos, et de surfer sur le net, et sur ces points Apple a un net avantage. Et c'est sur cet effet "double emploi" que la concurrence bat son plein : une fois un iPod touch ou un iPhone acquis, sachant que leurs capacités pour le jeu sont tout à fait honnêtes, certains ne verront plus d'utilité à investir par ailleurs dans une console portable, d'autant que la mobilité pèse dans la balance. A quoi bon en effet avoir des appareils portables si c'est pour en avoir les poches pleines, sans parler des cartouches et UMD pour les consoles de jeu.
Et justement, on mesure les premiers effets de cette concurrence sur les supports : on concevrait mal que la prochaine génération de consoles portables n'emboîte pas le pas à Apple pour proposer leurs propres App Stores. Il n'aura d'ailleurs pas fallu attendre longtemps : Sony, qui aura décidément connu bien des avatars avec son support UMD, propose un PSP Store, permettant de faire l'acquisition de jeux en ligne à partir d'un PC, d'une Playstation 3, ou de la PSP elle-même. Nintendo n'est pas en reste, puisque la troisième mise à jour de sa console portable, la Nintendo DSi, qui sera proposée sur le marché européen en avril intégrera un DSi Shop, permettant d'obtenir des jeux en téléchargement en échange de points comme sur la Wii.
Outre la fin des supports physiques, on trouve d'autres similitudes : la Nintendo DS avait déjà un écran tactile, un micro, et un accéléromètre, la DSi aura désormais deux caméras vidéo. D'autre part, les rumeurs prédisent l'arrivée d'une PSP 2 intégrant un écran multitouch. Il est vrai que Sony a bien du mal face à la Nintendo DS, forte de ses 100 millions de ventes, et les appareils multitouch d'Apple ne viennent guère lui simplifier la tâche en intensifiant la concurrence. Le géant japonais se fait parfois quelque peu dissipé, entre ses téléphones mobiles, la PSP, les walkmans tactiles (voir notre article Sony dévoile son Walkman concurrent à l'iPod touch), ou encore le Mylo, un navigateur internet de poche. Ce manque de volontarisme et de clarification de son offre lui coûte sûrement très cher.
Reste à voir si Apple entend s'investir de manière plus prononcée dans le jeu, en dotant par exemple la prochaine version de l'iPod touch d'un joypad digne de ce nom. Toujours est-il qu'Apple connaît une bien meilleure fortune qu'elle ne l'avait en son temps avec la Pippin, alors qu'à l'inverse de celle-ci, encore une fois l'iPhone et l'iPod touch n'ont pas été conçus initialement pour être des consoles de jeu. On reste rêveur devant la liste de prestigieux éditeurs du jeu vidéo qui se sont lancés sur l'App Store : dire que tous ces jeux ont été développés sur Mac, et qu'ils manquent toujours cruellement sur nos machines… A l'époque où Sega produisait encore ses propres consoles, qui aurait pu espérer qu'elle proposerait un jour des jeux pour les machines d'Apple? Il serait d'ailleurs peut-être judicieux que la firme de Cupertino intègre à son SDK un moyen simple pour les éditeurs de proposer une version Mac de ces jeux, ce qui ferait d'une pierre deux coups.
30 millions, voilà qui représente un vivier d'importance, qui pourrait même approcher le parc de Macs en activité (estimé à 22 millions il y a deux ans, voir notre article Mac OS X : 22 millions d'utilisateurs). Rien d'étonnant donc à ce que les développeurs et éditeurs se ruent sur l'App Store, d'autant que le magasin virtuel, s'il rend la visibilité d'un logiciel donné plus délicate, n'en simplifie pas moins les questions de logistique et de distribution, le poste le plus important dans le prix d'un logiciel.
Mais ce chiffre de 30 millions est d'autant plus révélateur si on le met en regard des ventes d'un concurrent affiché d'Apple : Sony a vendu 45 millions de consoles portables, la PSP, depuis sa mise sur le marché fin 2004. Apple a atteint les deux tiers de ce chiffre dans la moitié du temps… Certes, les modèles économiques sont bien différents, et les utilisations des appareils d'Apple multiples. Certains d'entre vous ne sont d'ailleurs pas convaincus que l'iPod touch et l'iPhone font des consoles de jeu crédibles, ce qui fait régulièrement l'objet de débats houleux dans les commentaires.
Quelles que soient les considérations au niveau individuel, à partir du moment où les plate-formes ont des titres en commun (Cooking Mama, I love Katamari, Super Monkey Ball…), et qu'elles se positionnent sur les mêmes segments de marché (portabilité, fonctionnalités…) elles sont de facto en concurrence. D'autre part, le marketing autour de l'iPod touch le positionne clairement comme un concurrent des consoles portables, mettant en avant ses capacités pour le jeu vidéo. En outre, Nintendo partage également le territoire de chasse des joueurs occasionnels, ainsi que les modes d'interaction novateurs avec ses appareils (accéléromètre, micro, écran tactile).
Avec l'App Store et ses appareils, et forte de ses 30 millions d'utilisateurs, Apple a réussi le tour de force de se bâtir un écosystème complet en partant de zéro, alors qu'elle n'avait aucune légitimité dans le domaine du jeu. La prédiction du patron de Sega s'est bel et bien accomplie : toute l'industrie du jeu vidéo s'est mise à l'App Store (voir notre article Apple à l'assaut des consoles). Non seulement avec des éditeurs prestigieux (Namco, Sega, Konami, Capcom, EA, Hudson…), mais même avec des éditeurs exclusifs, tel NGmoco, qui a de plus levé 10 millions de dollars pour développer son activité (voir notre article NGmoco se fait du souci pour Sony), en pleine période de crise qui plus est, ce qui montre la confiance du marché dans l'avenir des appareils d'Apple concernant les jeux.
Certes, l'absence de boutons rend certains genres inaccessibles aux appareils d'Apple, (on imagine mal un Street Fighter pour iPhone par exemple), mais à l'inverse, le multitouch rend certains titres de l'App Store inaccessibles aux autres consoles. Ne nous leurrons pas : l'iPhone et l'iPod touch n'ont pas été conçus à l'origine pour le jeu vidéo. Initialement, il n'était même pas possible de faire un vrai jeu en 3D digne de ce nom pour ces machines, jusqu'à ce qu'Apple change son fusil d'épaule et sorte un SDK officiel. Ce qui fait que les consoles de Sony et Nintendo bénéficient d'une meilleure crédibilité dans ce domaine, sachant qu'elles ont été conçues dès le départ dans ce seul but.
Si l'iPhone et l'iPod touch sont moins polyvalents que les consoles en matière de jeux à cause de cette absence de boutons, et qu'ils feront donc parfois figure de second choix si le jeu est le premier critère d'achat, n'oublions pas que c'est loin d'être la seule fonctionnalité commune entre les concurrents : les consoles de Sony et Nintendo permettent également de lire de la musique, des vidéos, et de surfer sur le net, et sur ces points Apple a un net avantage. Et c'est sur cet effet "double emploi" que la concurrence bat son plein : une fois un iPod touch ou un iPhone acquis, sachant que leurs capacités pour le jeu sont tout à fait honnêtes, certains ne verront plus d'utilité à investir par ailleurs dans une console portable, d'autant que la mobilité pèse dans la balance. A quoi bon en effet avoir des appareils portables si c'est pour en avoir les poches pleines, sans parler des cartouches et UMD pour les consoles de jeu.
Et justement, on mesure les premiers effets de cette concurrence sur les supports : on concevrait mal que la prochaine génération de consoles portables n'emboîte pas le pas à Apple pour proposer leurs propres App Stores. Il n'aura d'ailleurs pas fallu attendre longtemps : Sony, qui aura décidément connu bien des avatars avec son support UMD, propose un PSP Store, permettant de faire l'acquisition de jeux en ligne à partir d'un PC, d'une Playstation 3, ou de la PSP elle-même. Nintendo n'est pas en reste, puisque la troisième mise à jour de sa console portable, la Nintendo DSi, qui sera proposée sur le marché européen en avril intégrera un DSi Shop, permettant d'obtenir des jeux en téléchargement en échange de points comme sur la Wii.
Outre la fin des supports physiques, on trouve d'autres similitudes : la Nintendo DS avait déjà un écran tactile, un micro, et un accéléromètre, la DSi aura désormais deux caméras vidéo. D'autre part, les rumeurs prédisent l'arrivée d'une PSP 2 intégrant un écran multitouch. Il est vrai que Sony a bien du mal face à la Nintendo DS, forte de ses 100 millions de ventes, et les appareils multitouch d'Apple ne viennent guère lui simplifier la tâche en intensifiant la concurrence. Le géant japonais se fait parfois quelque peu dissipé, entre ses téléphones mobiles, la PSP, les walkmans tactiles (voir notre article Sony dévoile son Walkman concurrent à l'iPod touch), ou encore le Mylo, un navigateur internet de poche. Ce manque de volontarisme et de clarification de son offre lui coûte sûrement très cher.
Reste à voir si Apple entend s'investir de manière plus prononcée dans le jeu, en dotant par exemple la prochaine version de l'iPod touch d'un joypad digne de ce nom. Toujours est-il qu'Apple connaît une bien meilleure fortune qu'elle ne l'avait en son temps avec la Pippin, alors qu'à l'inverse de celle-ci, encore une fois l'iPhone et l'iPod touch n'ont pas été conçus initialement pour être des consoles de jeu. On reste rêveur devant la liste de prestigieux éditeurs du jeu vidéo qui se sont lancés sur l'App Store : dire que tous ces jeux ont été développés sur Mac, et qu'ils manquent toujours cruellement sur nos machines… A l'époque où Sega produisait encore ses propres consoles, qui aurait pu espérer qu'elle proposerait un jour des jeux pour les machines d'Apple? Il serait d'ailleurs peut-être judicieux que la firme de Cupertino intègre à son SDK un moyen simple pour les éditeurs de proposer une version Mac de ces jeux, ce qui ferait d'une pierre deux coups.