Si l'on s'en tient à la lecture des derniers communiqués de presse d'Apple, au plus fort de l'été ce fut une cascade de bonnes nouvelles : ventes records sur iTunes, résultats financiers (à nouveau) aux sommets, sans oublier le lancement de l'iPhone 3G qui a lui aussi explosé ses résultats. On en oublierait presque de signaler la très bonne tenue des ventes sur l'App Store, autre joli coup de dés d'Apple. Une météo toutefois en trompe l'oeil tant ces bonnes nouvelles ont été suivies de problèmes de toutes natures et pour certains coûteux.
La méforme de Steve Jobs
La première averse a touché Steve Jobs de plein fouet, avec les questions autour de sa santé, suite à son apparition lors de la conférence des développeurs en juin. Le patron d'Apple nageait dans ses vêtements. Cupertino a mis du moment à répondre aux interrogations, sans toutefois convaincre ni donner l'impression de maîtriser son sujet. Cette mini polémique est aujourd'hui quasiment close, Jobs ayant habilement refermé le couvercle sur la marmite.
Le coût de MobileMe
Pendant qu'était rangé le dossier Jobs, celui de MobileMe s'épaississait à vue d'oeil. Un MobileMe définitivement inscrit dans les annales d'Apple comme le boulet de l'été 2008. Pour être objectif il faut rappeler qu'Apple n'est pas la seule à avoir connu des avaries avec ses services en ligne. Des poids lourds comme Amazon ou Google ont eu leur lot de misères et encore récemment. Mais MobileMe a conjugué trois problèmes que l'on imaginait, peut-être naïvement, impossibles chez Apple : une équipe mal préparée, des avertissements ignorés et une technologie déficiente.
Le feuilleton de ce lancement proprement raté (même si à bien des points de vues, le service fonctionne correctement) a encore rebondi avec un nouveau dédommagement offert aux abonnés. Mais quid de son coût financier ? Il est généralement admis que MobileMe compte autour de 2 millions d'abonnés. C'est un chiffre cité par des familiers de ce service. Depuis son ouverture, Apple aura consenti trois mois de rallonge à ses clients (une fraction en a même eu un quatrième). À raison de 99$ par an, Apple a pu perdre autour de 49,5 millions de dollars. Disons qu'il s'agira d'un perdu pour un rendu, le prix à payer pour rétablir son image auprès des clients et des médias.
iPhone 3G, cet objet de désir
Les mauvaises nouvelles arrivant rarement seules, l'iPhone 3G a lui aussi connu son heure de gloire… Son succès est réel, tout autant que sa pénurie. Files d'attente, approvisionnements aléatoires et désordonnés, activation chaotique dans certains pays… la loi de Murphy a trouvé un bon client avec le téléphone d'Apple. Les tenants du grand complot ont eu tôt fait de voir dans ces problèmes de stock une campagne savamment orchestrée par Apple. L'équation est connue : la pénurie créée la demande qui crée l'attention, et la boucle est bouclée.
Un scénario qui se heurte à deux réalités : Apple est une société côtée en bourse, surveillée comme le lait sur le feu par les investisseurs. La frustration de ses clients ne produit aucun bénéfice dans son bilan. A l'inverse, plus elle vend d'iPhone, meilleur elle se porte. Mieux, chaque iPhone vendu est une nouvelle source de revenus potentiels grâce à iTunes mais aussi et surtout grâce à l'App Store.
Et cet App Store n'est pas un hobby chez Apple, comme on a pu le constater par les premiers chiffres de ventes réalisés sur cette boutique. Autre réalité, Apple est prudente par nature dans la gestion de ses stocks. Elle redoute comme la peste l'accumulation d'invendus, on ne s'étonnerait pas qu'elle ait préféré jouer la mesure plutôt que l'excès. Avec comme résultat un problème dans le dosage.
iPhone OS 2 sème le trouble
Passées les difficultés à trouver son iPhone viennent celles de son utilisation. iPhone OS 2 a déjà reçu deux mises à jour en un peu plus d'un mois. Ce n'est pas rien pour un téléphone. Entre des lenteurs ça et là (le Carnet d'adresses en est affligé), des plantages d'applications ou des cas de mauvaise réception 3G, le téléphone a offert son lot de déceptions. Pas assez pour faire oublier toutes les avancées et le confort dont il gratifie son propriétaire, mais suffisamment pour semer un trouble.
Parallèlement, Apple a démontré une forme d'improvisation dans la manière dont elle gère son App Store. Cette nouvelle vache à lait a eu et a encore quelques hoquets. Au début ce furent des attentes interminables pour les développeurs qui voulaient voir leurs mises à jour distribuées dans les plus brefs délais. Puis les retraits d'applications (et retours puis retraits à nouveau…) ont nourri les interrogations sur la manière et les critères utilisés par Apple pour filtrer les logiciels.
Des interrogations pour les développeurs qui s'ajoutaient aux contraintes imposées par le maintien du NDA (contrat de confidentialité) sur leurs outils de développement iPhone. Une chape de plomb qui les empêche d'échanger leurs expériences. Un comble s'agissant d'une nouvelle plateforme dont bien des aspects restent à défricher.
Un dernier feu sur la route
Dans cette énumération des trains qui arrivent en retard, on pourrait également citer l'épisode de la faille de sécurité des DNS au sujet de laquelle des spécialistes ont sévèrement reproché à Apple d'avoir réagi tard et insuffisamment (d'autres ont pris son parti). Plus anecdotique est l'incendie sur le campus de la société à Cupertino - zéro victime, deux millions de dollars de dégâts. On pourra y voir une forme d'apothéose dans ce feu d'artifice d'emmerdements.
De la colle dans la com'
Face à ces ennuis aux conséquences variées, on peut reprocher à Apple d'avoir une communication sans véritable colonne vertébrale (lire à ce sujet l'article Apple à la peine avec sa qualité). Surdouée en marketing, Apple paraît comme empruntée sinon complètement gourde lorsqu'il s'agit de communiquer, tant elle est habituée à se taire.
Résultat, on a observé un acte de repentance pour MobileMe alors que dans le même temps il y a toujours un silence fort épais autour du NDA, des critiques sur les questions de sécurité ou sur les pénuries d'iPhone. Sur ce dernier point, les opérateurs (Orange n'y a pas dérogé en France) ont également brillé par leur silence et leur capacité à laisser s'installer la pagaille.
L'accalmie est-elle en vue ? L'action en tout cas remonte. Collée de près par une poisse estivale, Apple reste une société au compte en banque plein à craquer, avec le vent dans les voiles et qui a promis des surprises pour ses prochains produits. À ce sujet elle a d'ailleurs parlé d'une "transition". Sans le savoir, le mot était peut-être bien choisi…
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La première averse a touché Steve Jobs de plein fouet, avec les questions autour de sa santé, suite à son apparition lors de la conférence des développeurs en juin. Le patron d'Apple nageait dans ses vêtements. Cupertino a mis du moment à répondre aux interrogations, sans toutefois convaincre ni donner l'impression de maîtriser son sujet. Cette mini polémique est aujourd'hui quasiment close, Jobs ayant habilement refermé le couvercle sur la marmite.
Le coût de MobileMe
Pendant qu'était rangé le dossier Jobs, celui de MobileMe s'épaississait à vue d'oeil. Un MobileMe définitivement inscrit dans les annales d'Apple comme le boulet de l'été 2008. Pour être objectif il faut rappeler qu'Apple n'est pas la seule à avoir connu des avaries avec ses services en ligne. Des poids lourds comme Amazon ou Google ont eu leur lot de misères et encore récemment. Mais MobileMe a conjugué trois problèmes que l'on imaginait, peut-être naïvement, impossibles chez Apple : une équipe mal préparée, des avertissements ignorés et une technologie déficiente.
Le feuilleton de ce lancement proprement raté (même si à bien des points de vues, le service fonctionne correctement) a encore rebondi avec un nouveau dédommagement offert aux abonnés. Mais quid de son coût financier ? Il est généralement admis que MobileMe compte autour de 2 millions d'abonnés. C'est un chiffre cité par des familiers de ce service. Depuis son ouverture, Apple aura consenti trois mois de rallonge à ses clients (une fraction en a même eu un quatrième). À raison de 99$ par an, Apple a pu perdre autour de 49,5 millions de dollars. Disons qu'il s'agira d'un perdu pour un rendu, le prix à payer pour rétablir son image auprès des clients et des médias.
iPhone 3G, cet objet de désir
Les mauvaises nouvelles arrivant rarement seules, l'iPhone 3G a lui aussi connu son heure de gloire… Son succès est réel, tout autant que sa pénurie. Files d'attente, approvisionnements aléatoires et désordonnés, activation chaotique dans certains pays… la loi de Murphy a trouvé un bon client avec le téléphone d'Apple. Les tenants du grand complot ont eu tôt fait de voir dans ces problèmes de stock une campagne savamment orchestrée par Apple. L'équation est connue : la pénurie créée la demande qui crée l'attention, et la boucle est bouclée.
Un scénario qui se heurte à deux réalités : Apple est une société côtée en bourse, surveillée comme le lait sur le feu par les investisseurs. La frustration de ses clients ne produit aucun bénéfice dans son bilan. A l'inverse, plus elle vend d'iPhone, meilleur elle se porte. Mieux, chaque iPhone vendu est une nouvelle source de revenus potentiels grâce à iTunes mais aussi et surtout grâce à l'App Store.
Et cet App Store n'est pas un hobby chez Apple, comme on a pu le constater par les premiers chiffres de ventes réalisés sur cette boutique. Autre réalité, Apple est prudente par nature dans la gestion de ses stocks. Elle redoute comme la peste l'accumulation d'invendus, on ne s'étonnerait pas qu'elle ait préféré jouer la mesure plutôt que l'excès. Avec comme résultat un problème dans le dosage.
iPhone OS 2 sème le trouble
Passées les difficultés à trouver son iPhone viennent celles de son utilisation. iPhone OS 2 a déjà reçu deux mises à jour en un peu plus d'un mois. Ce n'est pas rien pour un téléphone. Entre des lenteurs ça et là (le Carnet d'adresses en est affligé), des plantages d'applications ou des cas de mauvaise réception 3G, le téléphone a offert son lot de déceptions. Pas assez pour faire oublier toutes les avancées et le confort dont il gratifie son propriétaire, mais suffisamment pour semer un trouble.
Parallèlement, Apple a démontré une forme d'improvisation dans la manière dont elle gère son App Store. Cette nouvelle vache à lait a eu et a encore quelques hoquets. Au début ce furent des attentes interminables pour les développeurs qui voulaient voir leurs mises à jour distribuées dans les plus brefs délais. Puis les retraits d'applications (et retours puis retraits à nouveau…) ont nourri les interrogations sur la manière et les critères utilisés par Apple pour filtrer les logiciels.
Des interrogations pour les développeurs qui s'ajoutaient aux contraintes imposées par le maintien du NDA (contrat de confidentialité) sur leurs outils de développement iPhone. Une chape de plomb qui les empêche d'échanger leurs expériences. Un comble s'agissant d'une nouvelle plateforme dont bien des aspects restent à défricher.
Un dernier feu sur la route
Dans cette énumération des trains qui arrivent en retard, on pourrait également citer l'épisode de la faille de sécurité des DNS au sujet de laquelle des spécialistes ont sévèrement reproché à Apple d'avoir réagi tard et insuffisamment (d'autres ont pris son parti). Plus anecdotique est l'incendie sur le campus de la société à Cupertino - zéro victime, deux millions de dollars de dégâts. On pourra y voir une forme d'apothéose dans ce feu d'artifice d'emmerdements.
De la colle dans la com'
Face à ces ennuis aux conséquences variées, on peut reprocher à Apple d'avoir une communication sans véritable colonne vertébrale (lire à ce sujet l'article Apple à la peine avec sa qualité). Surdouée en marketing, Apple paraît comme empruntée sinon complètement gourde lorsqu'il s'agit de communiquer, tant elle est habituée à se taire.
Résultat, on a observé un acte de repentance pour MobileMe alors que dans le même temps il y a toujours un silence fort épais autour du NDA, des critiques sur les questions de sécurité ou sur les pénuries d'iPhone. Sur ce dernier point, les opérateurs (Orange n'y a pas dérogé en France) ont également brillé par leur silence et leur capacité à laisser s'installer la pagaille.
L'accalmie est-elle en vue ? L'action en tout cas remonte. Collée de près par une poisse estivale, Apple reste une société au compte en banque plein à craquer, avec le vent dans les voiles et qui a promis des surprises pour ses prochains produits. À ce sujet elle a d'ailleurs parlé d'une "transition". Sans le savoir, le mot était peut-être bien choisi…
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