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Apple et le syndrome chinois

Arnaud de la Grandière

mercredi 23 juillet 2008 à 08:58 • 14

AAPL

Ca n'est un secret pour personne, la Chine est le nouvel eldorado capitaliste : forte de son milliard d'habitants, de sa fraîche conversion à l'économie de marché, et de son développement fulgurant, l'Empire du Milieu attire toutes les convoitises. On le sait, le premier dans la place a toutes les chances d'en tirer de juteux bénéfices à long terme, raison pour laquelle toutes les sociétés internationales font les yeux doux à Pékin et tentent d'installer des filiales sur place.

Apple n'est pas en reste, d'autant qu'un marché quasiment vierge où elle pourrait se battre à nouveau à armes égales avec Microsoft, sa rivale de toujours, et refaire l'histoire, ça n'est probablement pas pour lui déplaire. Après avoir boudé quelque peu le Céleste Empire, Apple a donc entrepris une véritable opération de séduction. Tout d'abord avec le firmware 2.0 de l'iPhone qui intègre un système de reconnaissance des caractères chinois tracés du bout du doigt, système inédit pour le téléphone jusqu'alors, ce qui est d'autant plus notable qu'Apple n'a toujours pas d'accord avec un opérateur chinois, bien qu'elle y travaille activement. Puis également avec l'ouverture d'un Apple Store en plein Pékin le 19 juillet, qui sera suivi d'un deuxième en 2009, puis d'un autre encore à Shanghai. Il faut dire que jusqu'ici la stratégie de distribution d'Apple laissait à désirer, à tel point que l'iPod fait presque figure d'illustre inconnu là-bas : le baladeur numérique d'Apple, apparemment invincible dans le reste du monde, n'obtient en Chine que 7.5% de part de marché. Pire encore, le Mac atteint les profondeurs abyssales, avec 0,18% de part de marché. D'aucuns expliquent cet état de fait par les tarifs prohibitifs, Apple appliquant un taux de change similaire à celui utilisé pour nos vertes contrées. À plus forte raison quand on sait qu'un MacBook coûte l'équivalent d'un an de salaire moyen en Chine. Apple n'y voit pas de grande gageure dans la mesure où le pékinois moyen ne semble pas avoir de mal à s'équiper en véhicules : on compte 3,3 millions de voitures dans la capitale. Ceci dit, la tâche est d'autant plus ardue pour les entreprises occidentales que la Chine aime à produire ses équivalents locaux des produits à succès, et qu'elle reste la championne du monde de la contrefaçon malgré de timides efforts du gouvernement.

Faisant fi de ces peccadilles, Apple arbore fièrement sa sinophilie assumée, et a donc un magasin en place à temps pour l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, vitrine immanquable s'il en est. Si les analystes restent prudents quant à un quelconque effet sur les ventes, la présence officielle d'Apple aura au moins pour bénéfice d'améliorer la reconnaissance de sa marque sur le territoire. Les derniers résultats trimestriels sont plutôt encourageants, puisque les ventes ont augmenté de 50% au pays de Mao par rapport à l'année précédente (voir notre article Apple prépare une nouvelle transition). Mais n'oublions pas qu'une telle croissance ne veut pas dire grand-chose quand on part quasiment de zéro : le même chiffre obtenu en France est autrement plus significatif. Toujours est-il que si les efforts d'Apple devaient finir par payer, elle s'assurerait de confortables bénéfices à terme. La firme à la pomme a donc entamé sa révolution culturelle, et qui sait, peut être son grand bond en avant.
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