23 ans après le premier iMac rondouillard au profil de nez d'avion, Apple redessine son ordinateur le plus connu en lui ôtant quasiment tout volume. En 2021, l'ordinateur s'efface complètement derrière son écran, concrétisant une vision exprimée par Steve Jobs au début des années 2000, mais que les moyens d'alors ne permettaient pas d'accomplir.
L'iMac 24" n'est pas le premier Mac à utiliser un processeur Apple Silicon, mais c'est lui qui a la charge de montrer que ce changement de moteur peut s'accompagner d'une refonte complète du châssis et de la carrosserie. La première salve de Mac M1 utilisait des designs connus et éprouvés, ici la forme évolue avec le fond.
Le monobloc se voit réduit à sa plus simple expression : un écran et son pied. En comparaison, le précédent design apparaît comme un compromis avec ses bords effilés qui ne faisaient que mettre en relief une excroissance au dos. Désormais tout est rigoureusement plat, le renflement a été avalé et digéré dans ce grand rectangle taillé au cordeau. Avec son centimètre d'épaisseur — pied non compris — l'écran/ordinateur est juste un peu plus épais qu'un grand iPad Pro (6,4 mm) !
Apple a bien sûr employé quelques trucs pour réaliser ce tour. L'utilisation d'un processeur notoirement moins gourmand et mieux intégré que ceux d'Intel n'explique pas tout. En déportant le bloc d'alimentation vers l'extérieur, Apple a ôté un gros poids de l'estomac de son ordinateur. C'est la même astuce que celle utilisée pour le Power Mac G4 Cube qui était relié à un énorme bloc secteur externe. Et c'est ainsi qu'un ordinateur de bureau d'Apple emprunte à nouveau au principe des portables.
Autre idée futée, le port Ethernet a été supprimé de l'ordinateur pour prendre place dans ce bloc d'alimentation externe. Ce sera un câble en moins qui pendouille de l'iMac.
Ensuite, la prise d'alimentation au dos de l'iMac perd son format classique pour un type propre à Apple, nettement plus compact et qui a la caractéristique d'être aimantée. À l'inverse du MagSafe des anciens portables, il faut exercer une force certaine pour débrancher cette prise. À coup sûr on n'a pas fini de la voir utilisée, dans une forme peut-être plus facilement détachable, sur les prochains portables et probablement à l'identique sur un Mac mini redessiné.
Une autre astuce a consisté à placer la sortie casque sur la tranche de l'écran, puisqu'on en est arrivé à un point où même les prises deviennent trop longues pour être logées à l'arrière (avantage, elle sera plus facilement accessible sur le côté).
Le résultat donne un ordinateur qui conserve sa personnalité d'iMac lorsqu'on est face à lui, mais qui se fond presque dans le décor dès qu'on l'observe de profil.
Assis devant cet iMac, impossible de louper ce cadre blanc autour de l'écran. De cet encadrement laiteux on dira qu'on finit rapidement par penser à autre chose que de s'interroger sur la philosophie sous-jacente à sa présence et au choix de ce ton clair plutôt qu'un noir bien senti. Au mieux, votre mur est blanc et vous le verrez moins, au pire vous vous y ferez assez vite.
Les nouveaux choix de design doivent être appréciés sur la durée. Il y a le sentiment initial, puis on voit le produit en vrai, puis le temps fait généralement son ouvrage. Ce qui surprenait ou dérangeait au départ a quelques chances ensuite de devenir la nouvelle normalité.
Certains l'ont peut-être oublié, ou sont trop jeunes, mais avant les 13 années durant lesquelles l'iMac a été un monobloc d'aluminium gris à l'écran entouré d'un épais cadre noir, le monobloc était intégralement habillé d'un polycarbonate blanc. En un sens, cette nouvelle génération avec ses 7 coloris et son cadre clair fait un double clin d'œil : aux iMac G3 de 1999 avec leurs 5 couleurs acidulées et aux iMac lancés entre 2003 à 2007, tous drapés de blanc.
Et puis il a ce « menton » qui a animé les commentaires. Pourquoi avoir supprimé le logo qu'il arborait et laissé cette surface vierge teintée d'un coloris pastel ? Et puis surtout, pourquoi avoir laissé ce menton dépasser sous l'écran au lieu de rapatrier tout ce qu'il contient au dos de la dalle, hors du regard de l'utilisateur assis devant sa machine ?
Les designers d'Apple n'ayant pas expliqué ce qui a bien pu leur passer par la tête — gageons que plusieurs options ont été pensées, soupesées, recalées… — on peut toujours convoquer une anecdote, racontée dans la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson.
Alors que les écrans plats étaient devenus suffisamment abordables pour qu'une nouvelle génération d'iMac abandonne le tube cathodique, Jony Ive avait proposé à Steve Jobs un design avec l'ordinateur collé derrière l'écran. Refus du patron d'Apple, avec cette explication : pourquoi avoir cet écran plat si c'est pour lui gonfler l'arrière avec toute l'électronique. Et de lui conseiller de faire en sorte que l'écran s'en tienne à son rôle d'écran. Un détour par le jardin et par les tournesols de l'épouse de Steve Jobs fit germer l'idée de l'iMac G4 avec son écran flottant en haut d'un bras articulé.
Les générations d'iMac qui suivirent ont réinstauré cette idée première d'un ordinateur collé derrière l'écran, mais il a été progressivement absorbé par celui-ci. Petit à petit, Apple est parvenue à réduire l'épaisseur pour en arriver au design assez étonnant d'aujourd'hui.
Aurait-il été possible de remonter et de cacher au dos toute l'électronique et le(s) ventilateur(s) contenu(s) dans ce menton si caractéristique ? Peut-être. Est-ce que le profil de cet iMac avec cette bosse n'en aurait pas souffert ? Très certainement aussi. Et peu importe que l'excroissance soit au dos, elle est là, elle existe, elle peut donc être vue.
L'assimilation de ce nouveau look se fera également par le choix du coloris qui s'accordera le mieux avec votre intérieur ou bureau. Avec 4 choix pour le modèle d'entrée de gamme et 7 pour les milieu et haut de gamme, la palette est assez large. L'indécis se tournera vers le modèle argent, le coloris le plus proche de la gamme précédente mais aussi le plus terne au sein de cette fratrie. Chaque iMac est habillé d'une couleur foncée au dos qui répondra de façon toujours différente avec la lumière. Notre bleu avait des accents clairs parfois ou était au contraire plongé dans un quasi noir selon l'éclairage.
Cette partie arrière reçoit un énorme logo vitré à travers duquel passent les ondes radio du Wi-Fi et du Bluetooth, puis la couleur s'éclaircit pour le pied qui se coordonne quelque peu avec la tonalité pastel en face avant.
La couleur franche au dos est superbe (notre bleu foncé a pris toutefois des traces de doigt à force de manipuler l'écran), elle donne un caractère à cette machine même lorsqu'elle est vue de derrière. Le ton clair en façade m'a moins convaincu jusqu'à présent — comme tous les tons pastels en général. Mais il y a probablement eu la volonté d'alléger visuellement la partie inférieure de l'écran plutôt que d'employer une couleur soutenue qui aurait alourdi l'ensemble.
Ce coordonné coloré se poursuit sur les souris, Magic Trackpad, clavier et câble (avec une gaine tressée, qu'on avait vu passer il y a plusieurs mois) livrés avec l'iMac. Ils ne sont pas encore vendus séparément pour équiper un Mac d'ancienne génération mais c'est prévu à terme. Les vieux clients d'Apple retrouveront certainement avec plaisir ce retour de la couleur dans les iMac, et pour toute une (jeune) génération c'est une première.
Par ce biais, cette nouvelle gamme a encore plus de chances de trouver sa place dans n'importe quel endroit de la maison. Il y a, sous-jacente, cette idée d'une machine qui peut être déplacée facilement d'un endroit à un autre du domicile. Pas d'une manière systématique, sinon c'est un portable ou un iPad qu'il faut, mais il est vrai que le gabarit se prête à le bouger pour le poser occasionnellement à un autre endroit. C'était déjà possible avec le 21", ça l'est encore plus avec son successeur.
Physiquement l'iMac 24" est 1 cm plus haut et 2 cm plus large que le 21" mais sa profondeur a reculé de 3 cm. Il ne pèse pas grand-chose : 4,4 kg, c'est un kilo de moins que le 21,5" et deux fois moins que le 27". Dans un studio où les m2 sont comptés, cet iMac pourra autant servir d'ordinateur que de téléviseur pour Netflix.
Une entrée de gamme plus abordable mais allégée
Cette série d'iMac remet au goût du jour une diagonale d'écran de 24" utilisée entre 2006 et 2009. C'était alors le grand format des iMac, l'entrée de gamme étant calée sur 20". Les 21,5" 4K avec leur résolution de 4 096 x 2 304 pixels sont donc aujourd'hui remplacés par une dalle 4,5 K de 4 480 x 2 520.
Les deux générations d'écran partagent une luminosité maximale de 500 nits, ils sont compatibles avec la norme P3 pour l'étendue de la reproduction des couleurs, mais le 24" hérite du réglage True Tone. L'affichage sera modulé automatiquement en fonction de l'éclairage ambiant : les couleurs seront plus froides en plein jour, et plus chaudes en luminosité déclinante. Au fil des quelques jours d'utilisation pour travailler et faire ces tests, je n'ai pas eu à me plaindre de cet écran. On a cette qualité Retina maintenant bien connue qui produit des caractères lisses et on a aussi cette liberté de choisir dans les réglages système d'avoir plus d'espace d'affichage lorsqu'on a l'habitude d'avoir plusieurs fenêtres ouvertes à l'écran.
Si un seul écran ne vous suffit pas, vous pourrez en brancher un second à cet iMac, il peut gérer un moniteur externe allant jusqu'à 6K à 60 Hz.
Comme les autres machines à puce Apple sorties avant elle, cette gamme d'iMac 24" utilise le processeur M1 et son GPU graphique intégré. Et comme sur les MacBook Air M1, Apple a segmenté la famille du monobloc en proposant un processeur M1 avec 8 cœurs CPU et 7 cœurs GPU sur le modèle d'entrée de gamme, mais 8 cœurs pour le GPU des milieu et haut de gamme.
La différence entre ces deux GPU se verra dans certaines applications où la contribution du cœur graphique supplémentaire est notable. Pour un usage plus banal de mail, web, chat, etc, cette absence ne pénalisera aucunement l'utilisateur.
C'est le modèle d'entrée de gamme que nous avons principalement utilisé, dans sa configuration standard avec 8 Go de RAM et 256 Go de SSD. Elle coûte 1 449 €, c'est 50 € de moins que l'iMac 21,5" 4K 8/256 Go qu'elle remplace. Un prix plus bas pour une machine modernisée, des performances en hausse, un écran plus grand et un nouveau design. Le contrat n'est pas mauvais !
Toutefois cette segmentation entre les trois iMac 24" de base ne se fait pas que sur le processeur. L'entrée de gamme n'a pas de port Gigabit Ethernet, mais on peut acheter le bloc secteur qui le contient pour 26 € de plus.
Le clavier fourni n'est pas non plus équipé de Touch ID, à la place on a une simple touche de verrouillage de la session. Ajoutez 50 € pour ce clavier plus perfectionné et toute la famille pourra aller dans sa session avec une reconnaissance d'empreinte du doigt et payer avec Apple Pay sur les sites web compatibles (lire aussi Comment utiliser le Magic Keyboard à capteur Touch ID avec un MacBook Air ou un Mac mini M1). Un compte utilisateur peut enregistrer jusqu'à 3 empreintes et la machine un total de 5 empreintes différentes.
L'arrivée de Touch ID sur les Mac de bureau est une bonne chose, mais s'agissant d'un iMac c'est plutôt à Face ID que l'on s'attendait, surtout avec les améliorations apportées à la webcam (voir plus loin) et alors que le design général a été complètement revu. Ceci étant, Face ID sur iPhone et iPad fonctionne à travers une combinaison de reconnaissance automatique et de geste tactile pour confirmer l'entrée dans l'appareil. Alors quitte à devoir toucher le clavier, autant s'en tenir à ce bouton Touch ID ?
Apple a également taillé dans la connectique de l'iMac d'entrée de gamme qui comporte deux ports Thunderbolt/USB 4 là où les deux autres modèles les complètent de deux ports USB 3, toujours au format USB-C (lire aussi Qu'est-ce que le Thunderbolt/USB 4 des Mac M1 ?).
Deux ports seulement, est-ce suffisant ? Un coup d'œil au dos de votre machine apportera la réponse, il n'y a pas de jugement universel. Dans mon cas, sur mon iMac du quotidien, un seul port est utilisé par un SSD externe pour mes sauvegardes Time Machine. Mon imprimante jet d'encre est connectée en Wi-Fi, un hub USB relié au secteur charge les iPad de la maison et je n'ai aucune utilité du lecteur de cartes SDXC… qui n'a pas été reconduit sur la nouvelle gamme. Si on a besoin de plus, un hub Thunderbolt ajoutera le nécessaire. Un mot sur la partie sans fil : ces iMac passent au Wi-Fi 6 (802.11ax) et au Bluetooth 5.0.
Ensuite, l'iMac d'entrée de gamme ne peut prétendre à l'option 2 To pour le SSD (uniquement 512 Go ou 1 To à respectivement 230 et 460 €). Par contre il peut passer à 16 Go de RAM (+230 €) comme les autres.
16 Go, c'est le plafond maximal pour tous les Mac M1, alors que l'iMac 21,5" pouvait grimper à 32 Go. Cependant la gestion de la mémoire a été améliorée avec cette nouvelle architecture et ces 8 Go sur cette machine ne se sont jamais révélés pénalisants durant mon utilisation, qui se borne à des logiciels de communication, de streaming, de rédaction et de petite édition d'images.
Enfin, ultime avantage des iMac 24" plus chers, il sont proposés dans plus de couleurs. La première configuration existe en argent, bleu, vert et rose et les autres ajoutent l'orange, le mauve et le jaune.
Bon sur le son et sur l'image
Il aura fallu attendre longtemps pour que les iMac soient dotés d'une webcam digne de leur standing. La caméra 1080p restitue une image sans comparaison aucune avec celle de mon iMac 27" 2019 et le processeur M1 est mis à profit pour améliorer dynamiquement l'image (les iMac 27" de 2020 sont déjà passés sur une caméra 1080p avec traitement grâce à la puce T2, mais pas les 21,5"). Le résultat est bluffant si on vient des iMac de plus anciennes générations… sachant qu'on partait de très bas.
Difficile d'énumérer tout ce qui est mieux dans l'image puisqu'elle est améliorée à tous les points de vue : il y a du détail, les aplats sont nets, les couleurs sont plus naturelles (bien que les chairs prennent une couleur pêche assez marquée dans mes exemples).
C'est flagrant dans un contexte où la luminosité est apportée majoritairement par des lampes (les deux images ci-dessus) et ça l'est encore plus lorsqu'on éteint tout (images suivantes). Mon iMac est installé sous une mezzanine avec une faible lumière naturelle, et en dépit d'une quasi absence d'éclairages d'appoint, la caméra s'en sort encore très bien.
Curieusement, Apple ne propose pas avec cet iMac la fonction de « Cadre centré » que l'on a avec les nouveaux iPad Pro : elle permet de suivre la personne lorsqu'elle se déplace devant l'écran. Apple a-t-elle jugé que ce scénario d'utilisation avait moins d'intérêt pour un ordinateur qu'avec un appareil plus petit comme l'est l'iPad ?
Ce progrès dans l'image se conjugue avec une restitution sonore qui profite de la présence de trois micros au lieu d'un seul. Ils parviennent en outre à mieux distinguer et séparer la voix des bruits ambiants. Lors d'un appel FaceTime avec Mickaël, ce dernier trouvait ma voix plus naturelle, moins métallique qu'avec l'iMac 27". Il subsistait un fond d'écho sur le 24" mais atténué lui-aussi. Sur l'image comme à l'oreille on devrait remarquer lors des conférences vidéo que vous avez changé de machine…
Mon iMac habituel étant un 27", je n'ai pas pu comparer directement la différence de qualité audio entre ce 24" et un 21,5". Car Apple a aussi travaillé cet aspect, avec six haut-parleurs et des woofers au lieu d'un simple ensemble stéréo. Les contenus en Dolby Atmos sont également gérés.
Lors du test, j'ai plusieurs fois utilisé Spotify en arrière-plan et force est de constater que la minceur de la machine ne s'est pas faite au détriment de ses capacités audio. Ce sera tout à fait convenable pour écouter sa musique tout en travaillant et il y a moyen de pousser le volume pour avoir un fond sonore dans une pièce de taille moyenne.
Mon iMac 27" dispense un son plus ample mais en comparaison du 24" il n'y a pas une différence si faramineuse. Le petit iMac se débrouille vraiment pas mal face à son aîné. Dans une chambre ou un studio on peut tout à fait s'en contenter pour sa musique et a fortiori pour des films et séries.
Des performances dans la (nouvelle) norme
La grille de lecture des processeurs s'est considérablement simplifiée avec le M1… en attendant les puces prévues pour les machines plus puissantes. Actuellement les quatre familles de Mac passées sur des M1 affichent des performances assez similaires. C'est pratique pour l'utilisateur qui ne se casse plus la tête avec des comparatifs de processeurs et qui peut se concentrer plutôt sur le choix du format d'ordinateur qui lui sied le mieux, entre des portables et des machines de bureau. Comme les MacBook Air M1, les iMac 24" démarrent sur une configuration avec un CPU à 8 cœurs et un GPU à 7 cœurs et les configurations suivantes utilisent 8 cœurs dans la partie graphique (GPU).
En résumé, un iMac 24" M1 affichera des performances similaires à celle d'un autre Mac M1, à nombre de cœurs GPU équivalent.
L'iMac 24" succède à des 21,5" dont l'ultime mise à jour date de l'été dernier, mais il n'y avait pas eu à ce moment-là de changement dans les processeurs. Ce sont donc de « vieilles » machines et cela explique les écarts de performances constatés. Nous avons aussi inclus des 27" puisqu'ils se retrouvent, parfois, aussi distancés par le nouveau venu.
Avec le test processeur de Geekbench 5, en monocœur, le 24" est 73 % plus rapide que le précédent iMac 21,5" avec son Core i3 quadricœur de 8e génération à 3,6 GHz. Il est 136 % plus rapide en multicœur. On constate également que la dernière génération d'iMac 27" avec son Core i7 à 8 cœurs de 10e génération est convenablement distancée (27% de mieux en monocœur pour le M1 mais seulement 2,7 % d'amélioration en multicœur).
En réalisant des tests applicatifs (que nous n'utilisions pas encore avec les 21,5" de 2019) les scores sont plus hétérogènes si le GPU entre en jeu. La compilation avec Xcode du projet WebKit met l'iMac 24" au niveau des iMac 27" 2020 Core i7 octocœur et i5 hexacœur. Le 27" de 2019 et son i5 hexacœur est largement distancé, il met plus de 50 minutes contre moins de 31 minutes pour le 24".
Par contre ces iMac Intel 2020 reprennent aisément la tête lorsqu'on exécute un export 8K dans Final Cut Pro X ou lors de rendus 3D dans Blender. Leurs cartes graphiques dédiées font la différence et c'est notamment sur ce point que sont guettés les futurs Mac Pro et MacBook Pro plus haut de gamme. Il n'y a que l'iMac de 2019 qui est écrasé par le 24" dans l'export Final Cut (6 minutes contre 15 minutes).
On sent d'ailleurs que cet iMac est soumis à un effort particulier avec des logiciels plus « pro ». Son unique ventilateur (les deux autres configurations en comportent deux) s'est vite déclenché dans Blender, Xcode ou lorsque Rosetta fait fonctionner des applications Intel (heureusement elle sont de plus en plus rares). On devinait sans peine où se cachait le M1 dans la partie inférieure de la machine, en posant la main contre le châssis. C'était chaud mais pas brûlant comme peuvent l'être des iMac Intel.
Cette ventilation permet à l'iMac de tenir la cadence lors d'un effort prolongé. Nous avons répété des tests de rendu avec Blender (application optimisée M1) pendant une heure. Tout le long la machine a distinctement activé sa ventilation, avec au bout du compte des résultats successifs qui sont demeurés assez proches les uns des autres à chaque fois.
C'est aussi là que les configurations plus musclées en GPU des 24" deviennent intéressantes. Nous avons aussi un modèle avec 16 Go de RAM, 8 cœurs au lieu de 7 sur le GPU et 512 Go de SSD. Avec un peu plus de muscle pour le test Metal dans Geekbench, le second 24" se montre presque 10 % plus rapide que son petit frère sur ces calculs qui impliquent le GPU. Dans Affinity Photo, l'opération de rastérisation d'une image qui utilise le GPU est 16 % plus rapide avec 8 cœurs qu'avec 7.
Avec un cœur de plus dans ce GPU et peut être aussi grâce au doublement de la RAM, Blender met 21 min contre 24 min pour ses rendus 3D. Quant à l'export 8K dans Final Cut, c'est encore plus révélateur, il s'achève en 59 secondes au lieu d'un peu plus de 6 minutes avec la configuration de base du 24" avec ses seuls 8 Go de mémoire vive ! Enfin, la compilation du projet WebKit dans Xcode prend quasiment 28 minutes au lieu de presque 31 minutes (à force cela peut représenter une vraie différence) sur la configuration la plus basique.
Mais là encore, avec ces tests sollicitant la partie graphique, les cartes des précédents iMac sont toutes largement plus rapides, presque deux fois plus. Avec le jeu Shadow of the Tomb Raider en 1080p, en testant les différents paliers de qualité, les résultats restent largement à l'avantage des cartes Radeon. Élément important, le jeu est handicapé par son exécution au travers de Rosetta. Avec un M1 et son GPU à 8 cœurs, des réglages mis sur haut et une résolution abaissée à 1 440 x 900 on tourne autour de 30 i/s.
Morale de l'histoire, l'iMac 24" M1 peut tenir tête voire dépasser les plus récents des iMac, même les 27", sur quantité de tâches générales, ou alors sur des opérations qui exploitent des spécificités du M1, notamment son Neural Engine. Pixelmator Pro s'en sert par exemple pour augmenter la résolution d'une image avec sa fonction ML Super Resolution.
Dès lors qu'on tire vers des opérations plus exigeantes pour la partie graphique, les machines Intel restent dans la course et il faut prendre son mal en patience en attendant la seconde vague des processeurs Apple Silicon, car l'iMac 24" n'est pas compatible avec les cartes graphiques externes (eGPU).
Un mot sur les performances des SSD. Notre iMac en 256 Go a affiché une très belle moyenne de 2,8 Go/s en lecture et 2,1 Go/s en écriture. Celui en 512 Go a fait encore mieux avec 2,8 Go/s dans les deux cas.
Conclusion
Cette refonte générale de l'iMac était attendue et elle ne déçoit pas. Depuis des années on se demandait comment allait évoluer le design du monobloc et c'était avant même que l'hypothèse de processeurs conçus par Apple n'arrive dans les rumeurs.
En version de base, cette machine s'est avérée tout à fait satisfaisante pour mon usage courant. Je n'utilise pas de logiciels qui font chauffer à vif le processeur, l'écran a des dimensions généreuses — mais j'ai trop l'habitude des iMac 27" ou des installations à deux écrans pour que ces 24" me conviennent pour des journées pleines de travail — et elle a été complètement silencieuse en dehors des tests décrits plus haut (et encore, celui de Final Cut Pro n'a produit aucun murmure de la ventilation). Les applications natives se lancent en un claquement de doigts et la connectique, bien que très légère, ne me pose aucun problème dans mon cas particulier. Même l'absence d'Ethernet ne me dérange aucunement.
Outre l'absence de Face ID évoquée plus tôt, mes griefs portent plutôt sur la dotation en stockage. 256 Go sur les modèles d'entrée et de milieu de gamme c'est léger. Même en recourant à iCloud pour les grosses bibliothèques de photos et vidéos et aux services de streaming (je ne stocke plus de musique en local), on peut craindre que si la machine est destinée à un usage familial ce soit vite insuffisant. Sur l'iMac 27" de la maison, partagé par trois personnes, les 512 Go ne sont pas de trop.
Pour passer justement à 512 Go, qui n'est pas une capacité non plus faramineuse, on ajoute 230 € et cela met la machine à 1 679 €. Avec 1 To de SSD on approche des 2 000 € (1 909 €). Et puis glissez encore un billet de 50 € pour profiter de Touch ID. Ce sont ces deux niveaux de prix qu'il faut probablement envisager pour avoir un iMac 24" plus homogène.
Certains pourraient considérer à la place aller vers un Mac mini M1 (799 € voire moins, en 256 Go) et lui ajouter un écran 4K. On peut y gagner financièrement ainsi qu'en termes de connectique et de flexibilité. Mais on perd ce côté tout-en-un, sans câbles partout, avec un écran de 4,5K de belle qualité.
Ces considérations tarifaires mises à part, cet iMac 24", qui est la première illustration de ce que peut devenir un Mac affranchi d'Intel, se fait très vite apprécier. Il donne d'autant plus envie de découvrir ce qu'Apple a en réserve pour succéder aux iMac 27" et, plus largement, pour le reste de sa gamme d'ordinateurs portables et de bureau qui attendent de dévoiler leurs nouvelles lignes.