Le saviez-vous ? Synology ne fabrique pas seulement des NAS, mais aussi des routeurs. La société taïwanaise a investi ce marché en 2015 avec le routeur RT1900AC, puis confirmé son intérêt en présentant un modèle plus rapide en 2017, le RT2600AC. Elle possède maintenant une gamme : son troisième modèle, le MR2200AC, est aussi son premier routeur mesh.
À rebours de ses concurrents, qui vendent des systèmes pour bâtir un réseau maillé, Synology vend le MR2200AC à l’unité. C’est qu’avant de le présenter comme un routeur mesh, le fabricant taïwanais le présente comme un routeur capable de couvrir « les appartements et les maisons de petite taille » à lui seul.
Afin de pouvoir suivre notre procédure de test habituelle, nous nous sommes toutefois procuré une paire de points d’accès. À mi-chemin entre le « petit » Orbi RBK20 et le « gros » Orbi RBK50 sur le plan tarifaire, cette installation doit faire face à une concurrence relevée. À 320 €, elle concurrence directement le système Linksys Velop, la référence actuelle.
Alors que les principaux acteurs du marché rivalisent d’imagination pour distinguer leurs points d’accès mesh, Synology est allé au plus simple. Avec sa forme banale, son plastique noir à la texture granuleuse, son gros logo Synology brillant, le MR2200AC rappelle les routeurs premier prix. Au moins les deux paires d’antennes sont-elles planquées à l’intérieur du boîtier !
Outre son port WAN, le MR2200AC ne possède qu’un seul port Ethernet, ce qui l’empêchera de complètement remplacer la box de votre FAI. Mais il possède aussi un port USB-A, étrangement rare sur les routeurs mesh, et pourra ainsi partager une imprimante ou un périphérique de stockage sur le réseau. Dans ce dernier cas, le MR2200AC pourra faire office de Time Capsule.
Ce qui nous amène au logiciel. Le Synology Router Manager (SRM), le « système d’exploitation » du MR2200AC, dérive du bon vieux DiskStation Manager (DSM). Vous avez déjà utilisé un NAS Synology ? Vous ne serez pas dépaysé : plusieurs applications « DS » sont compatibles avec le routeur, qui possède sa propre application dédiée, DS router.
La configuration des systèmes mesh n’est jamais très compliquée, mais demande généralement un tour par les réglages d’iOS, pour connecter l’iPhone au réseau Wi-Fi préconfiguré sur le routeur. Synology simplifie cette étape : la connexion se déroule dans l’application, après avoir scanné le code QR placé sous le routeur.
Ne reste qu’à créer un compte administrateur, configurer le réseau Wi-Fi, choisir entre le mode routeur et le mode pont, et éventuellement personnaliser les réglages de connexion à internet. La création d’un compte Synology est facultative, comme la gestion à distance par l’intermédiaire du service QuickConnect, deux bons points.
L’application DS router est simple, parfois même un peu rugueuse, mais efficace. Synology prend un soin particulier à guider l’utilisateur dans le placement des points d’accès, notamment avec l’application Wi-Fi Connect du SRM, dont certains concurrents feraient bien de s’inspirer. En testant chacun des points d’accès, en mesurant le débit des connexions entre les satellites et le routeur, on peut identifier simplement et rapidement les goulots d’étranglement et les « zones blanches ».
Pour être tout à fait complet sur les capacités logicielles du MR2200AC, il faudrait détailler le Centre de paquets, expliquer comment activer le serveur DLNA/UPnP, mentionner les applications DS Cloud et DS Get. Mieux vaut toutefois vous renvoyer vers la liste des paquets sur le site de Synology, et se concentrer sur trois points : la prise en charge des VPN, le contrôle parental, et la sécurité.
Comme la plupart des routeurs récents, le MR2200AC peut diriger tout le trafic vers un VPN avec les protocoles OpenVPN et L2TP, ou l’obsolète PPTP. Mais il peut aussi faire office de serveur VPN avec les trois mêmes protocoles (sans autre limite que la capacité du processeur quadricœur à 717 MHz) ou le service VPN Plus conçu pour les entreprises (une licence incluse, 9,99 $ par licence supplémentaire).
Si l’abonnement au service VPN est donc facultatif, l’abonnement au contrôle parental est… inexistant. Simple suspension de la connexion appareil par appareil ou contrôle précis avec création de comptes utilisateurs, planification des connexions et quota horaire, liste blanche ou noire par adresse ou par blocs d’adresses, Synology a tout prévu et tout inclus.
De la même manière, les fonctions de sécurité sont intégrées sans surcoût. Outre le blocage des sites considérés comme malveillants et l’interruption des tentatives de phishing, le MR2200AC intègre un système de scan périodique du réseau, à la façon d’une Bitdefender Box. Surtout, il s’agit de l’un de tous premiers appareils compatibles avec le protocole de sécurisation WPA-3, bien plus robuste que l’actuel WPA-2.
Que du bon, alors ? Oui… mais non. Une fois que l’on a fait le tour du logiciel, il faut bien revenir au matériel. Le Synology MR220AC est un routeur tribande :
- une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
- deux bandes 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s en Wi-Fi 5.
Comme les meilleurs systèmes concurrents, il prend en charge tout à la fois le MU-MIMO pour encaisser les connexions simultanées, le beamforming pour « sculpter » le signal et adapter la couverture aux conditions, le backhaul Ethernet pour exploiter un réseau filaire existant. Mais ses débits ne sont pas excellents, sans toutefois être mauvais. Ils sont simplement… moyens.
Alors même que Synology assure qu’un point d’accès peut couvrir 180 m2, notre paire de MR2200AC peine à rivaliser avec le système Google Wifi dans les 80 m2 de notre rédaction. À prix égal, le système Velop lui met plus de 100 Mb/s en download et plus de 50 Mb/s en upload dans la vue. Synology voudrait rivaliser avec Linksys et Netgear, elle joue plutôt dans la cour de Google et TP-Link.
Le fabricant taïwanais répondra à nos critiques en disant que le MR2200AC peut être associé au RT2600AC, son routeur le plus performant, dont les capacités mesh ont été récemment activées par le biais d’une mise à jour firmware. C’est vrai, mais ce n’est pas le même prix, et ce n’est pas — plus — unique. Asus a généralisé son protocole de réseau maillé dans sa gamme de routeurs, Linksys colle l’étiquette Velop à des routeurs conventionnels, Netgear étend la gamme Orbi avec des produits résolument prosumer.
Qu’en conclure ? Que Synology attaque le marché des routeurs de la même manière qu’il avait attaqué celui des NAS. « Mouais » : c’est le mot qui nous est venu à la bouche en sortant le MR2200AC du carton, qui est revenu pendant les tests de débit. Mais s’il est « revenu », c’est qu’il avait été chassé par un grand « mais oui ! » pendant la configuration simplifiée à l’extrême, pendant la découverte du SRM, pendant le paramétrage du contrôle parental et du VPN. Un matériel tout juste dans la moyenne, un logiciel clairement au-dessus du lot, voilà comment résumer le MR2200AC.