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Test du Luna Display : quand l'iPad devient un Mac tactile

Mickaël Bazoge

samedi 27 octobre 2018 à 10:00 • 71

Matériel

Après une campagne Kickstarter débutée en août 2017, Astro HQ a finalement lancé la commercialisation du Luna Display. Ce petit accessoire, qui se décline en USB-C ou Mini DisplayPort, transforme un iPad en moniteur externe (et tactile) pour Mac.

Il faut se rendre à l’évidence : Apple n’a toujours pas l’intention de vendre un Mac à écran tactile. Le trackpad et la souris conserveront pour longtemps encore le privilège de l’interaction entre l’utilisateur et les ordinateurs d’Apple. Le constructeur a bien fait un compromis avec la Touch Bar, mais manifestement il ne veut pas aller au-delà pour le moment.

Les grands espaces de macOS ne sont pas réservés au Mac.

Et de l’autre côté, il y a l’iPad, un ordinateur tout ce qu’il y a de performant qui serait capable de fonctionner sur macOS… pour peu qu’Apple veuille bien adapter son système d’exploitation de bureau au tout tactile (et à Arm, ce qui pourrait bien arriver).

Comment rapprocher ces deux mondes ? La solution réside dans des solutions comme Duet Display, qui fait de la tablette un second écran pour le Mac. Ces outils ne sont cependant pas encore la panacée.

Si l’on profite effectivement d’une plus grande surface d’affichage, les manipulations tactiles sur l’écran de l’iPad restent un peu empesées : la réactivité de l’interface est loin d’être au rendez-vous en raison d’une latence élevée. Sans compter le fait que Duet Display nécessite un câble entre le Mac et l’iPad (il existe bien une version sans fil mais qui n’est visiblement pas disponible pour tous).

On connait Astro HQ pour son application Astropad, qui transforme l’iPad en tablette graphique. Avec Luna Display, l’éditeur franchit le Rubicon : non seulement il devient constructeur, mais encore propose-t-il une solution d’affichage externe sans fil avec la promesse d’un minimum de latence. Le pari est-il gagné ? Test.

L’iPad, un Mac comme un autre

Le Luna Display se compose d’un petit dongle rouge, qui se glisse dans un port Mini DisplayPort (ou USB-C, deux modèles sont disponibles), ainsi qu’un logiciel macOS et une app pour l’iPad. Le module coûte 80 $, les deux logiciels sont gratuits.

La configuration est rapide, même si elle nécessite de patienter quelques secondes le temps que les écrans accordent leurs violons. L’affichage peut « sauter » le temps que tout se cale comme il faut, et il peut parfois être utile de déconnecter le dongle, puis de le reconnecter.

Après une courte période d’attente, on profite tout de suite de son Mac sur l’iPad. La tablette est prise en charge par macOS comme un écran externe, il est ainsi possible de modifier le fond d’écran (pourquoi pas avec une image dynamique de Mojave).

La définition aussi peut être modifiée : par défaut elle est calée sur 1 112 x 834, c’est-à-dire la définition en points de la tablette (dans mon cas, un iPad Pro 10,5 pouces). Il est possible de pousser jusqu’à la définition standard de l’iPad (c’est-à-dire 2 224 x 1 668 dans mon cas), mais il faut avoir des yeux bioniques pour voir ce qui se passe à l’écran.

Toujours au chapitre de l’affichage sur la tablette, le logiciel macOS propose d’activer la résolution Retina : c’est effectivement plus agréable à l’œil puisqu’on s’évite le crénelage dans les caractères. Les images et les éléments d’interface sont mieux définis.

Le revers de la médaille du mode Retina, c’est que les mouvements rapides dans l’interface peuvent provoquer l’affichage intempestif de glitchs graphiques. Notez, c’est aussi le cas avec le mode Retina désactivé, où ces effets sont encore plus désagréables. Cela reste néanmoins tout à fait supportable dans les deux cas (surtout quand on sait que tout passe par le Wi-Fi).

On gagnera sans aucun doute à activer le mode Retina pour la meilleure expérience possible. L’iPad étant considéré par le Mac comme un moniteur externe, rien n’empêche de modifier la disposition de votre installation : Mac à droite et iPad à gauche ou l’inverse, ou plus encore si votre ordinateur est déjà connecté à un second écran.

Le basculement de la tablette ne change pas automatiquement l’orientation de macOS ; les réglages Moniteurs proposent bien de modifier l’angle de rotation mais dans mon cas, cela s’est révélé hautement plantogène. Mieux vaut utiliser Luna Display au format paysage.

Autre grief, l’expérience sera d’autant plus efficace que l’on possède une connexion Wi-Fi solide et stable. Il est arrivé que l’app iPad « saute » comme si elle tentait de se reconnecter au Mac.

La latence est réduite au maximum. Elle est toujours présente lorsque l’on scrolle du contenu ou quand on bouge une fenêtre, mais c’est sans commune mesure avec ce qu’on peut subir avec Duet Display. Il est conseillé de se trouver au plus près du Mac pour éviter le lag. Plus on s’éloigne de l’ordinateur, plus on est susceptible de subir une latence prononcée.

Durant mes essais, je dois dire que même assez loin du Mac, Luna Display m’a permis d’utiliser macOS sur l’iPad de façon tout à fait agréable. En particulier si l’on se contente de surfer sur Safari, de regarder des photos ou de lire un truc dans Apple Livres.

Bien sûr, si on veut s’adonner aux plaisirs coupables d’un jeu d’arcade hyper nerveux, ce sera tout de suite plus décevant ; mais la ludothèque pour iPad étant bien plus fournie que son équivalent pour Mac, mieux vaut jouer directement sur iOS…

Les préférences de Luna facilitent l’utilisation du dongle selon que l’on est chez soi ou au bureau.

Si le Wi-Fi est trop instable ou si vous comptez utiliser l’iPad à côté du Mac en tout temps, Luna Display fonctionne également en filaire. En branchant la tablette à l’ordinateur à l’aide du câble Lightning, la latence est alors quasiment inexistante, tout comme les artefacts graphiques. Les performances sont réellement excellentes et bien plus stables qu’avec le Wi-Fi.

La déconnexion « à la barbare » du câble Lightning risque de provoquer quelques soucis, Luna tentant de se raccrocher aux branches du Wi-Fi (s’il est activé) sans réellement y parvenir. Mieux vaut faire les choses au propre et quitter le logiciel sur le Mac.

Les petits malins qui voudraient simplement télécharger les apps iOS et macOS de Luna Display pour en profiter gratuitement en filaire en seront cependant pour leurs frais : le module reste indispensable pour l’affichage externe. Et pour cause : les solutions purement logicielles font croire au Mac qu’un affichage externe est présent, ce qui n’est pas le cas. Le module d’Astro HQ va véritablement puiser dans le GPU de l’ordinateur, comme s’il s’agissait d’un moniteur externe en quelque sorte.

On peut jeter en tout temps un œil sur les performances de Luna dans le menu Visuals.

Pour parvenir à ce niveau de performances, que ce soit en filaire ou en Wi-Fi, Astro HQ a développé son propre moteur d’affichage, Liquid Display. Déjà à l’œuvre avec Astropad, cette technologie permet de réduire la latence à 16 ms, contre 64 ms pour AirPlay. Elle tire parti de l’accélération matérielle de la puce graphique du Mac ainsi que de Metal 2.

Le tactile sied au Mac

Tous les périphériques du Mac sont pris en charge par l’iPad sans configuration spécifique. Mais tout l’intérêt de Luna Display est de supporter aussi les gestes tactiles et l’Apple Pencil ! Pas de souci pour le crayon dans les opérations courantes ; il faut par contre savoir que la solution d’Astro HQ ne prend pas en compte la pression sur la pointe du Pencil, ce qui reste l’apanage d’Astropad.

Quant aux gestes tactiles, on peut scroller dans la fenêtre d’un logiciel en balayant l’écran avec deux doigts. iPad oblige, Luna Display n’est qu’une application parmi d’autres que rien n’empêche de remiser dans le tiroir multitâche ! On peut ainsi faire tout autre chose en conservant malgré tout son Mac à portée de doigts.

Mieux encore, il est possible d’afficher une app iOS en Slide Over, par dessus Luna Display. En revanche, pas question d’exploiter le logiciel en Split View : macOS d’un côté de l’écran avec une app iOS de l’autre, voilà qui aurait eu une certaine classe ! Mais on imagine aisément les contraintes techniques qu’une telle configuration nécessiterait.

Slide Over sur macOS.

Si Luna Display est sans conteste une des meilleures solutions (sinon la meilleure) pour faire d’un iPad un moniteur externe de son Mac, il faut toutefois savoir que la batterie de la tablette est très sollicitée. Il sera impossible de tenir une journée de travail sans devoir repasser par la case recharge (bien sûr, ce ne sera pas un problème si la tablette est connectée au Mac avec un câble Lightning).

Quelle compatibilité ?

Le dongle Luna est compatible avec tous les Mac qui supportent Metal. Astro HQ recommande le MacBook Air (2012 et suivants), le MacBook Pro (2012 et suivants), le Mac mini (2012 et suivant), l’iMac (2012 et suivants), et le Mac Pro (fin 2013). Mac OS 10.11 El Capitan au minimum est nécessaire.

Il faudra posséder un iPad 2 (sous iOS 9.1 minimum) ou plus récents, n’importe quel iPad mini ou iPad Pro. Si vous avez une tablette un peu ancienne qui traîne, Luna Display pourrait vous aider à la recycler en second écran.

Luna Display coûte 79,99 $, en version Mini DisplayPort ou USB-C (environ 53 €). Il faut ajouter 10 $ de frais de port pour la France.

Pour conclure

Luna Display est une solution d’affichage externe à la conception inédite et très performante. Elle sera très pratique pour utiliser un iPad comme moniteur externe du Mac, aussi bien sur le bureau que sur le canapé ou — soyons fou — dans le lit. L’iPad peut alors servir de Mac tactile sans effort ni démériter.

Les latences que l’on subit habituellement avec les solutions d’affichage externe sont quasiment absentes, et même s’il faut parfois subir des petits glitchs graphiques, ce n’est pas très grave dans le cadre d’un travail bureautique. Si l’on veut éviter ces désagréments, on gagnera à relier la tablette au Mac avec un câble Lightning.

Difficile de trouver un défaut au Luna… exception faite de son appétit de batterie ! Utilisée en version Wi-Fi, cette solution d’affichage externe réduit drastiquement l’autonomie de l’iPad. Mais c’est sans doute le prix à payer pour profiter des meilleures performances.

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