L’utilisateur de Mac entretient une relation particulière avec son clavier, et pour cause : c’est la principale interface de communication avec son ordinateur. Apple remet régulièrement l'ouvrage sur le métier, récemment encore avec un nouveau clavier étendu sans fil, mais on peut préférer une autre crémerie.
Logitech est l'un des spécialistes du genre, avec des claviers offrant souvent plus de polyvalence et de souplesse que ceux d’Apple — ne serait-ce que par leur compatibilité avec macOS, iOS, Windows jusqu'à Android. À l’heure où les environnements de travail sont de plus en plus hétérogènes, avoir sous la main un clavier unique capable de contrôler tous ses appareils est tout autant un soulagement qu’une bonne affaire. Est-ce le cas du Craft ?
Un bon gros clavier
Le Craft est le dernier clavier en date de Logitech. C’est aussi l'un des plus complets et des plus originaux grâce à une molette sur laquelle on reviendra plus en détails, mais commençons par le commencement. Le périphérique se destine très clairement à un usage de bureau, au vu de son poids (960 grammes) et de sa longueur (43 cm) : il sera difficile de s’en servir dans le métro avec son iPad !
Le châssis mêle plutôt habilement le plastique (pour la caisse inférieure avec les touches), à l’aluminium sur la partie supérieure. Des patins antidérapants sont évidemment présents sous le périphérique, dont l’angle d’inclinaison est plus important que celui des Magic Keyboard d’Apple. La finition est de bonne qualité, mais on n’en attendait pas moins pour un produit vendu 200 €.
La batterie du clavier a la bonne idée d’être alimentée par un port USB-C (Logitech fournit un câble USB-A/USB-C). L’autonomie annoncée est d’une semaine, mais cela peut varier en fonction de l’usage que l’on a du rétro-éclairage et de la molette. Dans tous les cas, le Craft préviendra lorsqu’il sera temps de refaire le plein, via un témoin lumineux à droite. Et lorsqu’on n’utilise pas le Craft, il suffit de l’éteindre avec le petit bouton à l’arrière.
Un clavier, c’est d’abord et avant tout… des touches. Beaucoup de touches même sur ce modèle ! En plus de l’habituelle configuration AZERTY et des touches de fonction de rigueur (qui font aussi office de touches de contrôle multimédia et système), le Craft offre un pavé numérique surmonté d’une rangée de touches de contrôle supplémentaires. Quand on vient comme moi d’un Magic Keyboard compact, il faut un temps d’adaptation pour y retrouver ses petits.
C’est encore plus vrai du Craft, qui est un clavier multi plateforme : les touches se destinent aussi bien à macOS qu’à Windows, chacun ayant ses fonctions de prédilection. Résultat : la sérigraphie de certaines touches est vraiment chargée, avec parfois jusqu’à cinq caractères pour plusieurs d’entres elles. Bon point pour Logitech : les utilisateurs Mac apprécieront l’absence du logo de Windows sur la touche ⌘ ! Il est possible de connecter jusqu’à trois appareils sur le clavier, on peut passer de l’un à l’autre avec des touches dédiées.
Le confort de frappe est bon, mais il est différent de celui offert par les dernières technologies “papillon” d’Apple : la course des touches est notoirement plus élevée sur le Craft, ce qui peut provoquer une certaine fatigue après plusieurs heures d’utilisation. Rien de méchant, en termes d’expérience on est plus proche du clavier des MacBook Pro de 2015 que des modèles 2016.
Toutes les touches sont creusées, à l’exception de la rangée des touches de contrôle et celle des différentes touches de fonction avec la barre Espace. Difficile d’affirmer si cela améliore la productivité, en revanche ce qui est perturbant c’est le bruit que font ces touches. Sur notre clavier de test en tout cas, plusieurs des touches grincent, c’est notamment le cas de la barre Espace. Dans un open-space silencieux, on va vous repérer immédiatement.
Satisfecit total en revanche pour le rétro-éclairage qui s’active lorsqu’on approche les mains du clavier. Le Craft intègre en effet des capteurs de luminosité qui remplissent leur tâche à la perfection, ce qui permet au passage d’économiser un peu de batterie. Puisqu’on en est là, Logitech promet une autonomie d’une semaine… à moduler en fonction de l’usage du rétro-éclairage et de la molette. Dans les faits, il faudra plutôt recharger la batterie tous les trois à quatre jours.
Bluetooth, quand ça veut pas
Le Bluetooth n’est pas mon ami, pour une raison qui m’échappe (karma, mauvaises ondes, malédiction…) je n’ai jamais eu de chance avec les connexions sans fil. Il en va de même entre le Craft et mon MacBook Pro : le lien Bluetooth est d’une qualité médiocre. J’ai fréquemment observé des latences entre la frappe et leur affichage à l’écran, ce qui est évidemment très pénible. À plusieurs reprises le matin, en arrivant au bureau, il est aussi arrivé que le clavier ne soit pas reconnu par macOS, obligeant à un nouveau jumelage (à la décharge de Logitech, j’utilise une bêta de High Sierra).
Si votre Mac n’est pas compatible Bluetooth 4.0 Low Energy (en gros, ceux d’avant 2012), ou si vous avez besoin d’une connexion plus solide, Logitech fournit un petit dongle USB qui permet d’utiliser le périphérique sans fil. La technologie Unifying, mise au point il y a quelques années par le constructeur, permet de connecter jusqu’à six périphériques sur une seule clé qui émet sur la bande de fréquence 2,4 GHz.
D’après mes essais, cette méthode se montre plus efficace et les latences ont disparu. Pas si mal, mais cette clé occupe un port USB (USB-A pour être précis, ce qui risque de poser des problèmes pour les MacBook 12" et MacBook Pro récents), une ressource qui peut être rare sur votre machine. Malheureusement, le Craft ne fonctionne pas en filaire. L’USB-C ne sert qu’à la recharge de la batterie du clavier.
Une molette qui roule
La molette est l’une des caractéristiques les plus étonnantes du Craft. C’est aussi une bonne idée qui apporte un gain de productivité. Par défaut, cette molette sait modifier le volume (y compris par paliers réduits avec la combinaison de touches ⌥ + ⇧) et la luminosité de l’écran en appuyant dessus. Toujours dans macOS, le clic de la molette peut également servir à une fonction comme par exemple l’affichage du bureau, Mission Control ou encore le Launchpad.
En matière de personnalisation, le logiciel Logitech Options offre une grande palette de possibilités pour exploiter au mieux la molette du Craft, selon ses besoins. Il peut être ainsi plus pratique de passer d’un bureau à un autre, ce d’autant que le clavier comporte déjà des touches pour le volume… Bref, on a le choix et c’est très bien ainsi.
Les applications compatibles tirent elles-aussi profit de cette molette. Dans Chrome et Firefox, elle permet ainsi de passer d’un onglet à un autre. Les options de personnalisation sont plus réduites pour ces deux navigateurs, mais cela reste pratique. Logitech a noué des partenariats avec Adobe pour la Creative Suite (Photoshop, Illustrator et Premiere), ainsi qu’avec Microsoft pour la suite Office (Word, PowerPoint et Excel). Hélas, seul Windows prend actuellement en charge les logiciels bureautiques de Redmond avec la molette. Le Mac est donc un peu défavorisé vis-à-vis des PC traditionnels.
Dès qu’on touche la molette, une fenêtre apparait en surimpression pour en préciser visuellement le fonctionnement. Pas si bête si on est un peu perdu dans les possibilités du périphérique. Dans le même esprit, le logiciel de Logitech permet aussi de personnaliser les touches de fonction, et il y a de quoi voir venir tellement la liste est longue.
Dans Photoshop, la molette active un menu contextuel pour chaque outil du logiciel. On passe de l’un à l’autre des menus en tapotant sur le côté de la molette, et on en modifie la valeur en tournant la molette.
Pour conclure
Le clavier Craft de Logitech cumule les qualités : pavé numérique, nombreuses touches de fonction, fonctionnement multiplateforme, rétro-éclairage “intelligent”, et cette molette qui saura rendre quelques fiers services malgré une compatibilité plus réduite pour nous (vivement le support d’Office sur Mac).
On ne saurait toutefois écarter quelques points noirs, à commencer par ces touches qui couinent et une surabondance d’informations sur certaines touches, conséquence du support de plusieurs systèmes d’exploitation. De plus, on peut ne pas apprécier la frappe “old school”, mais c’est une question de goût.
En bout de course (de touche), le Craft est en mesure de contenter les profils créatifs qui utilisent les outils d’Adobe, et tous ceux qui jonglent avec plusieurs appareils à la fois. Le commun des mortels se contentera de claviers moins sophistiqués et aussi moins chers ; Logitech ne vise pas cette clientèle de toutes manières.