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Test du Google Wifi, un système Wi-Fi maillé mi-figue mi-raisin

Anthony Nelzin-Santos

vendredi 21 juillet 2017 à 10:00 • 36

Matériel

Ça y est, vous êtes convaincu de l’intérêt des réseaux Wi-Fi maillés. Sauf que les capacités du système Orbi de Netgear excèdent largement vos besoins, que le système Eero n’est pas disponible en dehors des États-Unis, et que les autres systèmes ne sont pas beaucoup plus abordables. À l’exception de celui de Google.

Le système Google Wifi à deux points d’accès, en effet, vaut « seulement » 249 €. La firme de Mountain View assure qu’il convient aux « appartements et maisons de moyenne à grande taille », d’une surface comprise entre 85 et 170 m², à l’instar de solutions concurrentes valant 400 €. Est-ce trop beau pour être vrai ? La réponse dans notre test.

C’est quoi, un réseau Wi-Fi maillé ?

Vous pensez qu’un réseau Wi-Fi maillé, c’est un réseau dont le routeur est planqué entre deux gros pulls en laine ? Avant de lire ce test, vous devriez lire celui du système Netgear Orbi RBK50. Vous y trouverez aussi des explications sur notre méthodologie de test des routeurs Wi-Fi.

Un système Wi-Fi pour les utilisateurs de smartphones

Plutôt que de parler de « routeur » et de « satellite », comme on peut le faire avec les solutions « en étoile », il vaut mieux parler de « point d’accès » lorsque l’on décrit les petits palets blancs composant le système Google Wifi. Les deux appareils fournis dans le système « pour les appartements et maisons de 85 à 170 m² » sont identiques et interchangeables, et ne deviennent « routeur » et « satellite » qu’après leur configuration.

« Routeur » et « satellite » sont identiques et interchangeables. Ils ne sont donc pas appariés à l’usine : la configuration est réalisée avec l’un des deux, qui devient alors le routeur, puis partiellement répétée pour former un réseau maillé avec le deuxième, qui devient alors un satellite.
« Routeur » et « satellite » sont identiques et interchangeables. Ils ne sont donc pas appariés à l’usine : la configuration est réalisée avec l’un des deux, qui devient alors le routeur, puis partiellement répétée pour former un réseau maillé avec le deuxième, qui devient alors un satellite.

Une configuration qui passe par l’application Google Wifi, et uniquement par l’application Google Wifi, l’interface web des points d’accès renvoyant vers l’App Store et le Google Play. Heureusement, cette application est complète sans jamais être complexe, et montre ce qu’il est possible de faire sur le petit écran d’un smartphone lorsque l’on se donne la peine de concevoir son architecture de données avec attention.

Là où la plupart des concurrents relèguent les réglages avancés (réseau invité, DNS, DHCP, IPv6, UPnP, redirection de ports…) dans les recoins d’une interface web difficilement accessible, Google les intègre le plus naturellement du monde dans son application. Il faut savoir ce que l’on fait, bien sûr, mais on peut le faire depuis son téléphone en trois ou quatre tapotements.

De gauche à droite : la première étape de la configuration du système Google Wifi, la page d’accueil une fois le système opérationnel, le moniteur des appareils connectés. Comme toutes les applications de Google, l’application Google Wifi ignore les codes esthétiques d’iOS au profit de ceux d’Android.
De gauche à droite : la première étape de la configuration du système Google Wifi, la page d’accueil une fois le système opérationnel, le moniteur des appareils connectés. Comme toutes les applications de Google, l’application Google Wifi ignore les codes esthétiques d’iOS au profit de ceux d’Android.

Enfin une application au niveau de l’Utilitaire AirPort ! Il lui manque pourtant quelques options, comme la séparation des bandes 2,4 GHz et 5 GHz ou le passthrough VPN. En échange, Google propose un contrôle parental original, qui ne repose pas sur une liste de sites autorisés ou interdits, mais sur la possibilité de « mettre en pause » la connexion d’un appareil ou d’un groupe d’appareils, manuellement ou automatiquement.

Bref, Google s’adresse aux particuliers et notamment aux familles, sans se soucier des usages plus pointus ou du marché de l’entreprise. (Quoique : les points d’accès possèdent un backhaul Ethernet, et peuvent donc communiquer par un réseau filaire plutôt que par le réseau sans-fil, même si la liste des restrictions est longue comme le bras.) On ne peut pas lui reprocher : elle parle clairement de « solution Wi-Fi pour la maison ».

Pour vous donner une idée de la taille des points d’accès. Leur petite taille et leur apparence assez consensuelle permettront de les placer dans des endroits dégagés, et ainsi d’augmenter leur portée.
Pour vous donner une idée de la taille des points d’accès. Leur petite taille et leur apparence assez consensuelle permettront de les placer dans des endroits dégagés, et ainsi d’augmenter leur portée.

Avant d’accéder à tous ces réglages, il faut toutefois… se connecter à un compte Google. Toutes les requêtes DNS passent par les serveurs de Google (mais on peut changer les serveurs DNS utilisés), et les points d’accès envoient des données sur les usages et les appareils connectés à Google (mais on peut désactiver la collecte). Ce n’est pas tout à fait une surprise, et cela permet même de gérer les points d’accès à distance ou de partager leur gestion avec un autre utilisateur, mais on aurait préféré que cette connexion reste optionnelle.

De bonnes performances… à courte distance

Sur son site dédié au Google Wifi, la firme de Mountain View ne met pas l’accent sur les performances, mais parle plutôt de « couverture étendue » et de « réseau optimisé ». Et pour cause, les points d’accès doivent se contenter d’une connexion bibande pour un débit maximal combiné de 1 200 Mb/s :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
  • et une bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s en 802.11ac.

Cela signifie que les points d’accès communiquent sur la même bande que les appareils connectés, et pas sur un backhaul dédié. Network Assist, « un logiciel avancé qui gère des paramètres complexes », se charge de répartir les appareils entre les points d’accès, et d’utiliser le meilleur canal et la meilleure bande en fonction de l’occupation et de la position. De quoi « profiter sereinement [du] réseau Wi-Fi »… en théorie.

En pratique en effet, le système Google Wifi montre très vite ses limites. Le temps de prendre 50 mesures dans nos locaux, un point d’accès était installé dans le « Bureau 1 », l’autre dans le « Bureau 2 ». À courte distance, cette installation permet de gagner 70 à 100 Mb/s en download par rapport à une paire de bornes AirPort Extreme, avec une bonne couverture des 80 m² de ces deux salles séparées par un mur épais contenant des armatures et des plaques métalliques.

Comparaisons des débits offerts par le système Google Wifi et par une paire d’AirPort Extreme, moyenne de dix mesures par emplacement. Cliquer pour agrandir

Mais les performances s’effondrent dès que l’on s’éloigne de quelques pas : derrière deux cloisons fines, à cinq mètres du premier point d’accès (« Toilettes »), le système Google Wifi est dix fois moins rapide que les bornes AirPort Extreme. Oui, dix fois. Et même 25 fois à une dizaine de mètres (« Jardin »), où il a fallu réaliser plus de vingt tests pour récupérer dix mesures correctes.

Cette chute des débits est particulièrement forte dans nos locaux aux murs épais, mais on peut l’observer à un moindre degré dans un appartement moderne aux murs fins, signe que Network Assist n’est pas toujours très efficace. Surtout, la forte disparité entre les deux bureaux semble indiquer que la communication entre les deux points d’accès n’est pas optimale.

Les points d’accès Google Wifi sont alimentés en USB-C. Chaque palet comporte deux ports Ethernet : un WAN (connecté uniquement sur le point d’accès faisant office de routeur) et un LAN (pour connecter un Apple TV ou un pont HomeKit par exemple).
Les points d’accès Google Wifi sont alimentés en USB-C. Chaque palet comporte deux ports Ethernet : un WAN (connecté uniquement sur le point d’accès faisant office de routeur) et un LAN (pour connecter un Apple TV ou un pont HomeKit par exemple).

C’est d’autant plus dommage que par ailleurs, le système Google Wifi est tout à fait capable d’encaisser des dizaines de connexions, jusqu’à 50 pendant nos tests. Mais il n’est pas capable de couvrir des « appartements et maisons de moyenne à grande taille » : le plancher de 85 m² annoncé par Google nous semble être plutôt le plafond, au-delà duquel il faudra passer à trois points d’accès.

Google ne fait pas de miracles

C’était bien trop beau pour être vrai : ce système à 249 € ne suffira pas à couvrir un deuxième étage, un grand appartement tout en longueur, ou un domicile aux murs épais. Pour être franc, on ne s’y attendait pas. Le système de Netgear à deux points d’accès est autrement plus complexe et encombrant que celui de Google, qui est plus proche dans l’idée et dans la réalisation de celui d’Eero… qui met en avant son « pack » de trois boîtiers.

C’est un crève-cœur : l’application Google Wifi est un modèle du genre, la résolution DNS est extrêmement rapide et la latence extraordinairement faible, et les débits tout de même très bons à courte distance. Il est donc impossible de disqualifier Google, mais s’il faut passer à trois points d’accès, la facture grimpe à 359 €. Les systèmes concurrents, légèrement plus rapides, ne sont alors plus très loin. Même Google ne sait pas faire de miracles.

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