HD 1080p ? Thunderbolt ! 4K ? Thunderbolt 2 ! 5K et 6K ? Thunderbolt 3 ! L’industrie de l’informatique marque l’industrie du divertissement à la culotte, à moins que ce ne soit l’inverse. À l’instar de son concurrent G-Technology, LaCie est aux avants-postes de ces évolutions : le Little Big Disk était l’un des premiers disques Thunderbolt, comme son successeur le Little Big Disk 2 était l’un des premiers disques Thunderbolt 2.
Mais en lieu et place d’un Little Big Disk 3, la filiale de Seagate a présenté le Bolt3, dont le nom ne pourrait pas indiquer plus clairement qu’il adopte la norme Thunderbolt 3. Les rainures laissent place à des lignes épurées, et la fameuse loupiote bleue disparait, mais Neil Poulton reste à la manœuvre. Sa touche de « fantaisie fonctionnelle » prend cette fois la forme d’un socle imposant, qui fait tenir le disque à la verticale tout en donnant l’impression qu’il fond sur le bureau.
Le Bolt 3 ne risque pourtant pas la surchauffe ! Ce bloc d’aluminium dense et solide renferme deux dissipateurs et un ventilateur. Il faut bien cela pour refroidir les contrôleurs et les deux SSD M.2 PCIe de 1 To, qui n’occupent finalement qu’un espace très réduit, mais dégagent énormément de chaleur à l’usage. Le dispositif de refroidissement est heureusement efficace : après quelques heures d’utilisation intensive, le ventilateur se montre raisonnablement silencieux, et le boitier est seulement tiède.
Avant de pouvoir l’utiliser intensivement, encore faut-il le brancher. L’alimentation et les deux ports Thunderbolt 3 du Bolt3 se cachent derrière une trappe, aimantée comme le socle, deux éléments qui laissent une impression mi-figue mi-raisin. Monté sur son socle, ses câbles semblant sortir de nulle part, le disque de LaCie est comme une statue. Mais la trappe est tellement étroite qu’elle gêne l’insertion des câbles, et l’on risque de rayer le revêtement noir en multipliant les manipulations du socle.
L’alimentation n’est toujours pas intégrée, et passe par un traditionnel bloc secteur à connecteur coaxial. Autrement dit, le Bolt3 ne peut pas être alimenté par l’un de ses ports Thunderbolt 3… mais il est lui-même capable de fournir jusqu’à 20 W à un appareil auquel il est connecté. Puisqu’il comporte deux ports Thunderbolt 3, il peut prendre place dans une chaine, par exemple entre un écran (qui ne pourra donc pas l’alimenter) et un MacBook Pro (dont il pourra freiner la décharge, à défaut de pouvoir le recharger).
À quoi bon, alors, passer au Thunderbolt 3 ? Pour les débits, pardi ! Le Thunderbolt 2 limite la vitesse des échanges à 1 600 Mo/s, deux fois plus que le Thunderbolt certes, mais maintenant moins que ce dont les SSD les plus rapides du marché sont capables. Le Thunderbolt 3 lève cet écueil : capable d’encaisser plus de 3 Go/s, il permet d’exploiter les RAID de SSD à leur plein potentiel, et d’avoir même un peu de marge. (À condition, sur les MacBook Pro 13", d’utiliser les ports du côté gauche.)
Avec deux SSD formant un volume RAID 0 de 2 To, le Bolt3 n’est pas loin d’atteindre les limites du Thunderbolt 3 en lecture : frôle les 2 650 Mo/s en lecture, certes moins que les 2 800 Mo/s annoncés par LaCie, et dépasse 1 200 Mo/s en écriture. À cette vitesse, une séquence de 20 minutes enregistrée en ProRes 422 HQ à une définition 4K 3840x2160, un fichier pesant un peu de plus de 100 Go, pourrait être transférée en moins d’une minute et demie… si le stockage de la caméra pouvait suivre !
Disons que le Bolt3 ne sera pas un facteur limitant sur le terrain : il est théoriquement capable d’« ingérer » la plupart des fichiers 4K, à l’exception des fichiers bruts de certaines caméras très exigeantes, et même des fichiers 5K, comme ceux encodés en ProRes 4444 QX, en moins de temps qu’il n’a fallu pour les filmer. De retour au studio, il s’accordera parfaitement au SSD ultra-rapide des nouveaux MacBook Pro : la même séquence 4K est déchargée en moins de 40 secondes. De précieuses minutes sont économisées en amont comme en aval, des minutes qui se transforment en heures sur le mois, en jours sur l’année.
Les gains pourraient être encore plus importants si la différence entre les débits en lecture et les débits en écriture n’étaient pas si importants. Elle existe certes sur tous les disques, mais elle atteint ici un niveau important : on écrit sur le Bolt3 deux fois moins vite qu’on ne lit. Est-ce la faute du contrôleur ? C’est ce que nous dit une source dans la distribution, qui explique que les rares composants encore plus performants sont réservés à certains fabricants d’ordinateurs haut de gamme.
Comme le Little Big Disk avant lui, le Bolt3 est un produit de niche, conçu pour les besoins spécifiques d’une clientèle spécifique. Son prix de 2 299 € peut paraitre insensé pour le commun des mortels, mais il peut être compensé par le temps économisé. On peut bien sûr regretter que la finition noire ne soit pas plus résistante, et que le prix au téraoctet baisse si lentement. Mais au final, le Bolt3 ne souffre d’aucun défaut majeur, et tient sa promesse de vitesse absolue. Au professionnel de faire le calcul, en fonction de son matériel et de ses besoins présents.