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Test du support ergonomique RollerMouse Red Plus pour soigner ses douleurs

Florian Innocente

mercredi 01 février 2017 à 20:30 • 68

Matériel

L'utilisation de ce RollerMouse Red Plus, un support ergonomique pour clavier prévu aussi pour remplacer une souris, n'a pas été motivée par l'envie subite de tester un type d'accessoires dont nous ne nous étions jamais vraiment fait l'écho.

Elle est venue d'une nécessité : l'apparition d'une tendinite de De Quervain sur la main avec laquelle j'utilise ma souris. Pour résumer, cela se traduit par une douleur produite par une inflammation de la gaine des tendons. Elle part de la base du pouce (la face externe) et irradie jusqu'au poignet voire l'avant-bras.

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Ouille

Après l'avoir laissée se développer une bonne partie de l'année 2015, quelques dizaines de séances de kiné au premier semestre 2016 n'ont amélioré les choses que de façon marginale. Au milieu de l'été, lorsque j'ai fait ma visite biannuelle à la médecine de travail, le médecin m'a assuré que la kinésithérapie ne me serait d'aucune aide. Elle m'a plutôt conseillé de m'équiper d'un périphérique spécialisé et de suggérer ceux de Contour Design.

MacG m'a acheté quelques-uns de leurs modèles sur Amazon (le temps de les évaluer rapidement) et je me suis arrêté sur le RollerMouse Red Plus (vendu 337 €). L'un des revendeurs de Contour Design en France, Azergo, nous l'a ensuite prêté pour quelques mois. Ces accessoires étant assez particuliers (on peut s'y faire ou au contraire pas du tout), leur fabricant, au travers de ses distributeurs, propose des essais gratuits pendant 14 jours. C'est court mais autant en profiter ! Il ne faut pas oublier non plus les facilités de retour de produits offertes par les sites de vente en ligne.

Environnement de travail

Pour travailler j'utilise un iMac 27" branché à un second moniteur, une table d'une bonne profondeur et d'une hauteur fixe, d'un siège Aeron (voir ce billet à son sujet), d'un Magic Keyboard ainsi que d'une Magic Mouse 2.

Je n'ai aucune idée des raisons qui ont amené cette tendinite à se développer. C'est la toute première fois que j'y suis sujet alors que je travaille derrière un écran avec une souris depuis l'époque où les fleurons de la gamme Apple étaient les Power Mac Centris ou Quadra.

J'utilise depuis une dizaine d'années les souris Apple dont je trouve l'utilisation confortable, parce qu'elles sont légères et basses de profil. J'ai essayé de temps à autre les Magic Trackpad mais sans succès. Autant j'apprécie un trackpad sur un portable, autant je n'arrive pas à me faire aux versions pour ordinateurs de bureau. D'abord parce que j'ai toujours la main contractée au-dessus de leur surface. Ensuite parce que j'ai tendance aussi à continuellement déplacer légèrement mes claviers et souris sur la table. Le Magic Trackpad étant relativement lourd et grand, cela rend ces petites manies impraticables.

En outre, la solution préconisée par le médecin du travail était de choisir un périphérique qui rapproche tous les contrôles, le clavier comme le pointeur, de manière à limiter les déplacements de la main vers l'extérieur du clavier et de la garder le plus possible à plat. Contrairement à la souris qui oblige à un geste de pincement pour la tenir, une action qui tire constamment sur les lieux de la douleur. Contrairement aussi à un trackpad qui oblige à garder l'épaule et le bras tendus sur le côté. Avec un accessoire comme le RollerMouse on conserve les épaules et les avant-bras dans l'axe de l'écran.

Les RollerMouse Red et Red Plus

Le RollerMouse Red Plus que nous avons utilisé est de très loin le plus onéreux, mais sa finition est meilleure (plus de métal que de plastique). Il autorise en outre davantage de liberté dans le placement des patins sous le claviers. Enfin, son repose-poignets en simili cuir est d'une grande taille (le modèle en dessous, le "Red" tout court, a une surface moins profonde).

Le RollerMouse Pro 2, moins cher, (une version 3 améliorée sort ce mois-ci) mais avec une barre de déplacement plus fine, davantage de plastique et des positions imposées pour les patins

Ce dispositif consiste donc en un repose-poignets assez ample au touché semi-dur, à l'intérieur duquel une zone réunit 5 boutons programmables, ainsi qu'une molette cliquable. Un autre bouton, surplombé d'une rangée de 5 petites diodes, permet de modifier à la volée la vitesse de déplacement de la souris. Un long câble permet de le brancher sur un port USB.

Pour remplacer la souris, Contour a intégré… un cylindre. De prime abord on ne voit pas trop comment on va s'en sortir avec, mais en fait si. Ce cylindre, gainé de caoutchouc cranté, se déplace de gauche à droite le long d'un axe qui occupe presque toute la largeur supérieure du périphérique. Il tourne aussi autour de cet axe. En associant les deux mouvements — glissement latéral et rotation — on déplace très facilement la souris dans toutes les directions. Toujours avec cette barre on clique, double clique ou triple clique. C'est presque plus facile à utiliser qu'à expliquer et l'on peut rapprocher cela de l'utilisation d'un trackball.

Le cylindre cranté coulisse le long d'une barre, il tourne autour et des pressions sur l'ensemble font office de clic

Si votre surface de travail est particulièrement grande ou composée de plusieurs écrans, pas de problème non plus pour balader le curseur partout. Si jamais on arrive en butée d'un côté ou de l'autre de la barre, une petite pression supplémentaire prolonge le déplacement du curseur.

Ce système marche très bien mais il faut néanmoins oublier quelques réflexes solidement ancrés : tout ce qui est balayage latéral des doigts. Si par exemple vous employez de tels gestes pour circuler entre les Spaces de macOS, pour balayer entre les pages vues dans un navigateur web, entre les onglets ouverts dans la barre de Safari… il n'y a pas de gestuelle équivalente.

À défaut, il faut utiliser les boutons du périphérique et leur affecter des actions : le bouton bas sous la molette me sert par exemple à afficher Mission Control et un clic sur la molette fait surgir Dashboard en surimpression. Pour les navigateurs, j'ai affecté aux deux gros boutons gauche et droite les commandes Arrière et Avant dans Safari et Chrome. Enfin, les deux boutons libellés "Copy" et "Paste" remplissent le rôle que suggèrent leurs noms — copier et coller. Ces commandes se font ainsi en un clic au lieu d'imposer une combinaison de touches qui tirent aussi sur les muscles de la main. Dans les faits, j'ai plus souvent préféré la méthode classique. On peut bien sûr affecter ces deux boutons à tout autre chose.

Le pavé de contrôle sous la barre de navigation Cliquer pour agrandir

C'est un tableau de bord qui permet de personnaliser très finement les actions de tous ces boutons et de les régler, si nécessaire, différemment selon l'application au premier plan.

On pourra simuler un raccourci-clavier, une combinaison de touches, créer un lanceur d'application, etc. Il y a de quoi faire, mais cette impossibilité de reproduire les gestes de balayage est le principal regret que j'ai eu. Certains logiciels s'en servent aussi pour faire apparaître des colonnes ou fenêtres d'aperçu escamotables, mais s'ils sont bien conçus, ils proposeront toujours un bouton dans l'interface ou une commande pour y suppléer.

Enfin, l'accessoire se termine par des réhausseurs escamotables que l'on positionne librement le long d'un rail, selon la largeur de son clavier. Quatre réhausseurs sont fournis, deux petits qui peuvent se clipser à l'intérieur de deux plus grands. Ces supports, recouverts d'une surface légèrement antidérapante, permettent plusieurs réglages d'élévation : faire pencher le clavier vers l'arrière ou bien vers l'avant ou l'avoir complètement à plat. Si contrairement à ceux d'Apple, votre clavier de prédilection est assez épais, vous pouvez ôter ces patins et poser le clavier à même la table, en butée contre le RollerMouse.

Le clavier posé sur les deux patins arrières du RollerMouse

Tout aussi escamotable est le repose-poignet. Il suffit de le désenclencher pour le retirer. A priori, on ne voit pas trop ce qui pourrait justifier de l'enlever, on ne gagne pas en confort à le faire. Par contre, il peut laisser la place à l'ArmSupport Red (95 €), un repose-poignets et avant-bras très spacieux. Il se fixe facilement à sa table pour qui travaille debout ou sur un siège dépourvu d'accoudoirs.

Les repose-poignets des deux RollerMouse Red sont escamotables
L'armSupport se clipse à une table et s'enclenche dans le RollerMouse pour créer des accoudoirs et un repose-poignets

À l'usage

Je l'ai dit plus haut, il faut oublier un ou deux réflexes pris avec sa souris pour utiliser cette barre de déplacement. Autre exemple, lorsqu'on sélectionne un très long passage de texte, il faut parfois faire tourner la barre avec deux mains, l'une après l'autre, lorsqu'on veut revenir en arrière pour réduire la longueur de la sélection à l'écran. C'est une situation toutefois assez peu fréquente.

Il faut aussi trouver la bonne hauteur avec les réhausseurs du clavier. Il peut être un peu trop bas et en plongée par rapport à la barre. Ou au contraire, se situer à bonne hauteur mais la séparation métallique avec le cylindre se retrouve en dessous et ne le bloque plus. Résultat, le clavier peut venir taper dans cette barre si, comme moi, on a tendance à le bouger à tout bout de champ. Mais rien de rédhibitoire non plus. On finit par trouver le bon compromis.

Enfin, peut-être que cette solution ne sera pas adaptée à certains travaux graphiques, mettons dans Photoshop, pour des détourages très méticuleux et complexes. Cependant, rien ne vaut de faire un essai par soi-même, je ne suis pas assez qualifié sur le sujet du détourage chez les pro de Photoshop ou les travaux dans Illustrator pour être catégorique. Et puis il y a fort à parier que ces utilisateurs ont plutôt une tablette graphique.

Conclusion

J'ai utilisé ce RollerMouse Red depuis septembre dernier mais de manière irrégulière. J'ai été assidu certains jours, d'autres je ne m'en servais que le matin et je revenais à mon installation de départ avec juste le clavier et la souris pour le reste de la journée. D'autres jours encore je le laissais complètement de coté.

Au début de l'année, je me suis rendu compte que les douleurs provoquées par cette tendinite s'étaient sérieusement amenuisées, au point de ne plus penser à faire les petits exercices conseillés par les kinés. Puis elles sont revenues dernièrement, moins intensément toutefois qu'il y a un an. Mais assez pour que je me remette à utiliser ce support.

Tout comme il m'est difficile de dire ce qui a engendré l'apparition de cette tendinite après deux décennies d'usage intensif en jour comme en soirée bien souvent (la réponse est peut-être dans la question justement et l'âge doit quand même finir par jouer…), il m'est tout aussi difficile de savoir ce qui a pu contribuer à leur atténuation. Faire disparaître une tendinite de ce genre peut être très long, m'avait prévenu le médecin, cela peut se compter en de nombreux mois (quand il ne faut pas tout simplement opérer).

Il est fort possible que ce périphérique ait joué un rôle puisqu'il induit un changement très important dans la posture et la méthode de travail. C'est la seule modification qui a été faite en ce qui me concerne (j'ai un très bon siège depuis des années et rien d'autre n'a été modifié dans mon espace de travail).

En définitive, le plus difficile ne réside pas dans l'utilisation de ce type de périphérique. Il marche très bien, il est d'une très bonne qualité de fabrication, le principe de la barre de navigation est astucieux et fonctionnel pour la quasi-totalité de ce que l'on doit faire à l'écran et il n'impose pas de changer de clavier (Contour Design en vend un néanmoins).

C'est l'obligation de revoir ses habitudes, d'oublier une poignée de réflexes et d'en prendre un ou deux de nouveaux qui est en somme le plus "compliqué". Dans mon cas, je suis dans un entre-deux qui fait que j'ai encore une préférence pour une installation plus classique et que je n'utilise cet accessoire que de temps en temps. Mais si la douleur est trop intense, ces bonnes pratiques s'imposeront d'elles-mêmes. Dans ce cas, ce genre d'accessoire mérite d'être évalué.

armSupport Red pour les avant-bras

L'armSupport Red, vendu environ 95 €, peut s'utiliser seul, sans RollerMouse Red. Dans ce cas il faut apprécier d'avoir la surface du clavier et la souris positionnées assez bas (mais tout dépend si vous utilisez des périphériques plus épais que ceux d'Apple). Ensuite, la souris tape plus facilement dans l'un des coins du support lorsqu'on la ramène vers soi. Seul véritable avantage, on peut les positionner où l'on veut. Car avec le RollerMouse Red intégré dans ce support, on gagne certes en confort mais il faut accepter que le pavé de contrôle avec ses boutons se retrouve logé dans un endroit bien défini, puisque ce support d'avant-bras est fermement accroché à l'avant de la table.

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