4 999 €, c’est le prix du MacBook Pro 15“ fin 2016 ultime. Un tarif astronomique qui en fait le Mac portable le plus cher jamais testé par nos soins. Même en bourrant l’iMac de toutes les options matérielles disponibles, on n’atteint pas cette somme. Seul le Mac Pro est un cran au-dessus. À un tel prix, qu’est-ce que le MacBook Pro 15” propose ? Rivalise-t-il avec le Mac Pro ? Réponses dans notre test.
Un SSD 2 To qui change tout
Comment un MacBook Pro 15" peut-il coûter aussi cher ? De base, la machine n’est déjà pas donnée puisqu’elle est vendue 2 699 € (processeur 2,6 GHz, SSD 256 Go, Radeon Pro 450). Voici les options à sélectionner pour la gonfler à bloc :
- processeur Intel Core i7 quadricœur à 2,9 GHz, Turbo Boost jusqu’à 3,8 GHz : + 380 €
- SSD PCIe 2 To : + 1 680 €
- Radeon Pro 460 avec 4 Go de mémoire : + 240 €
Comme vous pouvez le voir, ce n’est pas tant le nombre d’options qui fait augmenter le prix, il n’y en a que trois, que le tarif d’une d’entre elles. Le SSD PCIe de 2 To, une nouveauté de cette génération, coûte à lui seul 1 680 €. C’est le prix du MacBook Pro 13" sans Touch Bar à 19 € près. C’est aussi plus de deux fois plus onéreux que le SSD 1 To.
C’est incontestablement cher, très cher même, mais il n’y a pas d’équivalent dans les autres Mac. Car il ne faut pas oublier qu’outre cette grosse capacité de stockage, il s’agit d’un SSD ultra rapide pouvant atteindre jusqu’à 3,1 Go/s en lecture, selon Apple (nos mesures sont dans la suite de l’article).
Le Mac Pro est limité aussi bien en matière de performances (1,3 Go/s en lecture et 850 Mo/s en écriture) que de stockage (1 To). L’iMac peut, lui, avoir 2 ou 3 To de stockage, mais en Fusion Drive uniquement.
Quant aux SSD externes de 2 To, ils sont en moyenne deux fois moins chers, mais sont également loin derrière sur le plan de la vitesse. Seul le Bolt3 de LaCie rivalise pleinement… mais il est vendu 1 999 $.
Pour le prix du SSD interne de 2 To, on peut avoir un SSD interne de 1 To (720 €) plus un SSD externe de 1,92 To assez rapide (SanDisk Extreme jusqu’à 850 Mo/s à 830 €). Une combinaison beaucoup plus pertinente pour la plupart des utilisateurs.
Quoi qu’il en soit, au vu de son prix et du bénéfice important mais spécifique qu’il apporte (la gestion de votre photothèque ne sera pas plus lente si elle est déportée sur un SSD externe), le SSD de 2 To est une option qui n’intéressera que les utilisateurs les plus avancés, comme les professionnels de la vidéo.
Performances
SSD
Cette option et le prix de la configuration étant « démystifiés », passons au test à proprement parler. Un test qui se concentre sur les performances, la machine étant sinon identique au modèle d’entrée de gamme.
En quelques mots, le nouveau MacBook Pro 15" jouit d’une fabrication impeccable, d’un design affiné, d’un écran Retina encore meilleur, de quatre ports Thunderbolt 3 polyvalents qui serviront surtout à brancher des adaptateurs au début, de haut-parleurs puissants, d’un silence de fonctionnement plaisant, d’un capteur Touch ID très pratique et d’une Touch Bar sympathique mais pas indispensable. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre test complet.
Tout l’intérêt de ce MacBook Pro 5K, comme on le surnomme à la rédaction, c’est donc sa puissance et son grand espace de stockage.
Son SSD bat le record de vitesse détenu par la génération précédente qui était de 2 Go/s en lecture et 1,25 Go/s en écriture. Toujours équipé d’un contrôleur Apple, mais en plus dopé par le protocole NVMe, le nouveau SSD frôle les 3,1 Go/s en lecture promis par Apple et atteint jusqu’à 2,3 Go/en écriture. Impressionnant, même s'il faut manipuler de gros fichiers pour sentir la différence à l'usage.
Par rapport au SSD de 256 Go du modèle d’entrée de gamme, c’est similaire en lecture et largement supérieur en écriture (il stagne à 1,5 Go/s). Quant au Mac Pro, la comparaison est un peu cruelle, non pas que le SSD de la tour soit foncièrement lent, mais on se rend compte que des débits de 1,3 Go/s en lecture et 1 Go/s en écriture ne représentent plus du tout le nec plus ultra.
CPU et GPU
Le processeur proposé en option à 380 € est un Core i7–6920HQ quadricœur à 2,9 GHz de base avec Turbo Boost jusqu’à 3,8 GHz, soit 300 MHz de plus que la puce standard dans les deux cas. Il s’agit tout simplement du plus puissant des Core i7 mobiles de la génération Skylake. À titre indicatif, le prix de vente recommandé par Intel est de 568 $, soit 190 $ de plus que le i7–6700HQ, mais Apple fait payer 300 $…
Sur Geekbench 4, le benchmark de référence pour les CPU, le MacBook Pro 5K s’envole. Avec 4 590 points en single-core, il est 23 % plus rapide que le modèle d’entrée de gamme de cette année et 37 % plus rapide que le MacBook Pro mi–2012. En multi-core, la différence est un petit peu moins importante, mais pas moins intéressante, puisque c’est un gain de 17 % et 31 % respectivement. Avec son processeur seulement bicœur, le MacBook Pro 13" est quant à lui logiquement largué dans ce second test.
En ce qui concerne les capacités graphiques, le MacBook Pro 5K dispose d’une Intel HD Graphics 530 (jusqu’à 1,05 GHz, avec 1 536 Mo de mémoire) et surtout d’une AMD Radeon Pro 460 avec 4 Go de mémoire. Ce GPU gravé en 14 nm à architecture Polaris est composé de 16 unités de calcul et 1 024 processeurs de flux pour une puissance de 1,86 téraflops. Et concrètement ?
Concrètement, il s’agit d’une option intéressante si vous avez besoin des meilleures performances graphiques qui soient. Sur le test OpenGL CineBench, la Radeon Pro 460 est 22 % plus rapide que la 450 et 39 % plus rapide que la Radeon R9 M370X de la génération précédente. Petit exploit, elle fait même mieux que les doubles cartes des Mac Pro sur ce test !
Sur Valley Benchmark, le gain est de 30 % en définition native (1 680 x 1 050 pixels) et en 1080p par rapport à la Radeon Pro 450. La progression par rapport à la GeForce GT 650M du premier MacBook Pro Retina 15" va jusqu’à + 86 %.
On gagne 10 images par seconde sur Tomb Raider en définition native (1 680 x 1 050 pixels) avec le réglage « élevé » des graphismes.
En OpenCL, une technologie exploitée par différents logiciels pour confier au GPU les tâches lourdes, le MacBook Pro 15" ne rivalise plus du tout avec le Mac Pro. Dans le test Luxmark qui met à profit le CPU et le GPU, la tour est toujours très loin devant malgré ses trois ans d'ancienneté.
Les résultats de ces benchmarks sont confirmés dans nos tests applicatifs. Dans toutes les applications, sauf iPhoto (mais qui se sert encore d’iPhoto ?), le Mac Pro d’entrée de gamme est plus rapide, et significativement. Le benchmark BruceX de Final Cut Pro est bouclé en seulement 19 secondes par le Mac Pro, contre 42 s par le MacBook Pro 5K. L’export d’une vidéo 4K de presque 5 min avec iMovie prend 1 min 20 de moins avec la tour.
Comparé au MacBook Pro 15" 2016 d’entrée de gamme, le modèle gonflé est jusqu’à 30 % plus performant avec Final Cut Pro, qui sait tirer parti du GPU. La différence est plus minime avec les autres logiciels.
Autonomie
Depuis notre précédent test publié début décembre, il s’est passé des choses au sujet de l’autonomie des MacBook Pro 2016. À la suite de la découverte par les utilisateurs d’une autonomie bien moindre que les 10 heures promises (ce qui a conduit à des remplacements inutiles), Apple a retiré l’estimation de l’autonomie restante de la barre des menus de macOS 10.12.2. Pas très fair play.
Bloomberg a aussi révélé que la Pomme avait voulu au départ intégrer une batterie sur mesure, comme dans le MacBook, pour maximiser sa capacité tout en maintenant la finesse de l’ordinateur, mais qu’elle n’y était donc pas parvenu. La capacité de la batterie du MacBook Pro 2016 (76 Wh dans le cas du 15") est ainsi inférieure à ce qui était prévu… et aux générations précédentes (quasiment 100 Wh).
Qu’en est-il pour ce modèle équipé d’un CPU et d’un GPU plus puissants ? Dans notre test « web et mail » qui consiste à recharger la page d’accueil de MacGeneration toutes les 30 secondes avec Safari et à relever un compte mail toutes les minutes, luminosité à 50 %, il a tenu en moyenne 9 h 23. Un sacré écart par rapport au modèle d’entrée de gamme qui s’était éteint au bout de 13 heures. Cela reste autour des 10 heures promises par Apple en usage web, mais c’est le moins bon résultat récent pour un MacBook Pro.
Dans notre test intensif, où l’ordinateur tourne à fond avec Valley Benchmark et le son ainsi que la luminosité au maximum, le modèle haut de gamme fait un peu moins bien que l’entrée de gamme (1 h 25 au lieu de 1 h 38) en raison de ses MHz supplémentaires.
Quant au test empirique qui consiste à utiliser l’ordinateur dans le cadre d’une journée de travail à MacG, le MacBook Pro 5K a tenu en moyenne 7 h 30. C’est 2 heures de plus que le modèle d’entrée de gamme, mais cela n’a rien d’anormal ; il s’agit d’un test non scientifique qui peut varier en fonction des rédacteurs et des jours. J’ai eu une utilisation plus légère que celle de Nicolas qui avait testé l’autre modèle.
Mon utilisation s’est limitée grosso modo à Safari, Mail, Spotify, Byword, Reeder et Seafile en tâche de fond. Je n’ai quasiment jamais fait appel à la carte graphique dédiée. Nicolas le disait d’ailleurs dans son test, en gérant plus strictement les apps ouvertes, il aurait pu gagner une ou deux heures d’autonomie. Nos tests répétés chacun deux fois ou plus n’ont en tout cas pas révélé une autonomie aussi changeante que celle constatée par Consumer Reports.
L'utilisation chez MacGeneration — essentiellement du web, de la bureautique et un peu d'image —, ne reflète certainement pas l’utilisation typique qu’auront les possesseurs du MacBook Pro 15", plus tournés vers la programmation, la vidéo ou encore l’audio. Si vous vous servez de Xcode, Final Cut Pro, Lightroom ou Logic en mobilité, l’autonomie sera plutôt comprise entre deux et quatre heures.
Pour conclure
Ce MacBook Pro 15" 2016 gonflé à bloc est ébourrifant tant au niveau du prix que des performances. On ne se plaindra pas de l’arrivée de l’option 2 To, mais vu son tarif, elle n’intéressera qu’une infime minorité de personnes. Investir dans un support de stockage externe performant sera plus pertinent dans la plupart des cas.
Par rapport au modèle d’entrée de gamme, le Core i7 à 2,9 GHz et la Radeon Pro 460 délivrent des performances supérieures d’environ 20 % globalement, au détriment de l’autonomie, comme c’est le cas habituellement. La montée en fréquence et le tout nouveau GPU permettent aussi de creuser sensiblement l’écart avec la génération 2015.
En bref, s’il s’agit d’avoir le Mac portable qui répond le mieux à la problématique « le temps c'est de l'argent », les options sont justifiées et c'est la machine suprême. Mais s’il s’agit de remplacer un Mac Pro sans sacrifier les performances, ce n’est pas encore pour cette fois.
Pour les travaux les plus exigeants, le Mac Pro est toujours intouchable. Ce n’est pas vraiment une surprise, mais c’est l’illustration de la situation inconfortable dans laquelle sont quelques pros aujourd’hui. Si la puissance brute est le principal critère d’achat, mieux vaut « capituler » et acheter encore aujourd’hui un Mac Pro, même s’il n’a pas été mis à jour une seule fois et que son prix en euros a augmenté depuis sa sortie…
Par ailleurs, Intel a lancé cette semaine la famille complète Kaby Lake. Autrement dit, les successeurs des processeurs utilisés dans les MacBook Pro sont déjà là. Faut-il attendre le prochain renouvellement d’Apple ? Les premiers tests ont montré qu’il ne faut pas espérer grand-chose concernant le CPU et la prise en charge de la LPDDR4, qui serait synonyme d'une option 32 Go de RAM, ne semble pas encore au rendez-vous. Selon Bloomberg, il sera question d'un simple speed bump cette année.