Il était attendu ce nouveau MacBook Pro. Sa dernière évolution majeure remontait à 2012, avec le passage au Retina et une bonne cure d'amaigrissement rendue possible par l'abandon du SuperDrive, de l'Ethernet et du FireWire 800. Quatre ans plus tard, nouvel amincissement lié à une connectique revue et ajout d'une barre tactile en haut du clavier... enfin, sauf sur un modèle.
Le nouveau MacBook Pro 13" sans Touch Bar (on n'a pas trouvé plus commode comme appellation) arrive avec un peu d'avance sur les modèles 13" et 15" équipés du fameux ruban OLED et il occupe une place inédite dans la gamme d'Apple. Il est plus qu'un MacBook sans être aussi complet qu'un MacBook Pro avec Touch Bar, et il est le successeur désigné du MacBook Air sans le remplacer au catalogue pour autant. Que vaut ce MacBook Pro 13" ? Réponse dans notre test.
Sommaire
- Une gamme étendue
- Design : la faim du fin
- Clavier et trackpad : la grande évolution
- Écran : plein les yeux
- Audio : « des trous de seconde classe, des trous de première classe »
- Connectique : jamais deux sans Thunderbolt 3
- Performances : (puce) graphique à l’appui
- Autonomie
- Pour conclure
Une gamme étendue
Avant de plonger dans le test à proprement parler, un point sur la gamme est nécessaire. En effet, elle n'a pas été aussi riche, pour ne pas dire compliquée, depuis des années. Rien que dans les MacBook Pro 13", on compte quatre références, dont trois assez différentes.
C'est le modèle sorti en début d'année dernière qui fait office d'entrée de gamme. Son tarif de 1 449 € n'a pas bougé, mais le prix de ses options si, et pas dans le bon sens. Pour rappel, voici sa configuration : Core i5 Broadwell 2,7 GHz (Turbo Boost 3,1 GHz), Intel Iris Graphics 6100, 8 Go de RAM à 1 866 MHz, SSD PCIe de 128 Go, deux ports Thunderbolt 2.
Le MacBook Pro 13" sans Touch Bar est quant à lui vendu 1 699 €. Sa fiche technique : Core i5 Skylake 2 GHz (Turbo Boost 3,1 GHz), Intel Iris Graphics 540, 8 Go de mémoire à 1 866 MHz, SSD PCIe de 256 Go, deux ports Thunderbolt 3.
Le « vrai » nouveau MacBook Pro 13", celui avec la Touch Bar et Touch ID, coûte 1 999 €. La barre tactile et le capteur d'empreintes digitales ne sont pas les seules différences. Il a aussi :
- un processeur plus puissant : Core i5 2,9 GHz (Turbo Boost jusqu'à 3,3 GHz)
- une mémoire vive plus rapide : 2 133 MHz
- deux ports Thunderbolt 3 supplémentaires
- trois micros au lieu de deux
- et, c'est son seul désavantage sur le papier, une batterie à la capacité inférieure (49,2 Wh au lieu de 54,5 Wh). Malgré cela et la présence de la Touch Bar, Apple affirme que le modèle à 1 999 € a une autonomie identique de 10 h, ce que l'on vérifiera en temps voulu.
Design : la faim du fin
Comme nous le pressentions, le MacBook lancé en 2015 était annonciateur des changements à venir pour les autres portables. En premier lieu, il y a la finesse. Le MacBook Pro 13" voit ses dimensions (1,49 x 30,41 x 21,24 cm au lieu de 1,8 x 31,4 x 21,9) et son poids (1,37 kg au lieu de 1,58 kg) se réduire assez pour que ça se remarque, mais sans doute pas suffisamment pour faire saliver les possesseurs de 13" Retina.
Le nouveau 13" franchit tout de même un cap, celui d'être plus compact et aussi léger que le MacBook Air. Certes, il est bien aidé en cela par l'absence de renouvellement de l'Air (qui s'explique par l'arrivée du MacBook comme nouvel ultraportable par excellence), mais quand même, c'est remarquable. Les amateurs de l'ultraportable d'Apple, dont je fais partie, savent qu'ils peuvent maintenant profiter d'une machine de rang supérieur sans sacrifier la portabilité.
Quant à ceux qui ont encore un MacBook Pro SuperDrive, la différence de poids et de taille devient tellement significative (670 g et presque 1 cm d'épaisseur de gagnés) qu'elle est un argument massue.
Ensuite, dans la lignée du MacBook, il y a l'union de l'écran et de la charnière. Cela peut paraître anecdotique, et pourtant, cela contribue à faire plus que jamais du MacBook Pro un impeccable bloc d'aluminium. Quand l'écran est ouvert, il n'y a plus d'espace entre lui et le clavier, la charnière fait intégralement le lien entre les deux.
Puisque l'on parle de l'écran, la marque « MacBook Pro » qui avait disparu avec les Retina fait son retour. À l'instar du MacBook également, la pomme au dos ne s'illumine plus. Il s'agit d'une pièce en métal réfléchissante (qui peut servir de miroir d'appoint). Un changement guidé aussi bien par des raisons esthétiques que techniques a priori : le nouvel écran nettement plus fin ne permet pas, soit de percer l'aluminium en maintenant sa solidité, soit de caser l'insert en plastique laissant passer la lumière du rétroéclairage.
L'autre symbole qui s'éteint, c'est le son de démarrage. Ce « goooong » reconnaissable entre mille avait été créé au début des années 1990 pour accueillir plus chaleureusement les utilisateurs alors que les Mac de l'époque avaient la fâcheuse tendance de planter régulièrement. Depuis, le son est resté… jusqu'au MacBook Pro de cette fin d'année.
Pourquoi supprimer ce son emblématique, qui n'était pas gratuit d'ailleurs, puisqu'il indiquait la bonne marche de l'ordinateur ? La réponse est à chercher du côté des façons supplémentaires de démarrer le MacBook Pro :
- lorsqu’on ouvre l’écran, même si le portable n’est pas branché sur le secteur ;
- lorsqu’on branche le portable au secteur alors que l’écran est ouvert ;
- lorsqu’on branche le portable au secteur, que l’écran est fermé et qu’un moniteur externe est branché.
Autant de cas de figure supplémentaires où l'on évitera un bruyant gong inopportun, vous savez, comme celui qui résonne dans un amphi ou au milieu d'une réunion.
Ce silence, qui suit logiquement la suppression du témoin de batterie et du voyant de veille, s'inscrit aussi dans un mimétisme toujours plus poussé avec les terminaux iOS. Comme l'iPhone, le MacBook Pro est un appareil qui ne dort jamais, ou en tout cas qui donne cette impression. Le démarrage en soulevant le capot est en quelque sorte l'équivalent du geste qui consiste à lever son iPhone 6s ou 7 pour allumer son écran.
La disparition de la pomme lumineuse et du son de démarrage contribue à réduire l'identité propre aux Mac en faveur d'un rapprochement avec les appareils iOS. Les Mac évoluent vers quelque chose de plus discret, plus minimal, sous influence de l'iPhone et de l'iPad.
Le MacBook 12" garde quand même la palme du Mac ressemblant le plus à un terminal iOS. Pourquoi ? Parce qu'il n'a pas de ventilateur et que sa batterie occupe la majeure partie de son intérieur.
Les choses sont bien différentes pour le MacBook Pro 13" équipé d'un processeur Core i5 cadencé à 2 GHz qui a besoin d'air frais. Alors qu'Apple présente le MacBook Pro 13" avec deux ventilateurs, iFixit n'en a trouvé qu'un. Il s'agit d'une différence inattendue entre le modèle sans Touch Bar et celui avec Touch Bar qui a un processeur plus puissant.
Pas de nouveau ventilateur à pales fractionnées sur le 13", mais tout de même un silence global de fonctionnement. Il faut vraiment lancer des opérations lourdes qui durent plusieurs dizaines de secondes pour entendre le ventilateur tourner. Et encore, on reste sur un bruit plus discret que sur les MacBook Air et les anciens MacBook Pro. Ça sera sans doute moins le cas avec les deux ventilateurs du modèle Touch Bar.
Tant qu'on inspecte les entrailles, notons que la connexion Wi-Fi prend maintenant la forme d'une puce soudée à la carte mère, et plus d'une carte AirPort remplaçable. Plus de possibilité d'évolution a posteriori, donc. Ajoutons qu'il n'y a que deux antennes au lieu de trois, mais on y reviendra plus tard…
Clavier et trackpad : la grande évolution
Repassons à l'extérieur de la machine pour observer le clavier, hérité du MacBook : les touches sont plus grandes, moins espacées, et la course est beaucoup plus courte.
Le clavier du MacBook Pro n'est pas tout à fait identique, cela dit. Il bénéficie d'un mécanisme papillon de deuxième génération apportant plus de stabilité et de répondant aux touches. Celles-ci sont d'ailleurs un tout petit peu plus hautes que sur le MacBook, ce qui permet de mieux les distinguer sous les doigts.
Si cela apporte un peu de relief en plus, la sensation reste globalement la même que sur le MacBook. Comparée à l'ancien clavier, la frappe est très différente, elle est plus sèche et plus homogène (où que l'on tape sur les touches, elles s'enfoncent bien verticalement).
Tous ces changements impliquent un temps d'adaptation plus ou moins long. À titre personnel, il ne m'avait fallu que quelques heures pour m'habituer au clavier du MacBook, mais cela peut demander plus de temps. Le premier contact est déroutant, voire décevant, mais il faut persévérer. Au bout du compte, je préfère ce nouveau clavier à l'ancien qui me paraît maintenant étrange avec ses petites touches. Ce n'est pas le cas de tout le monde à la rédaction néanmoins.
Le trackpad voit quant à lui sa taille considérablement augmenter. Il vient presque toucher le clavier et s'étend encore plus en largeur, au point qu'une partie des mains le recouvre quand on tape au clavier. Ce n'est pas un problème heureusement, le système fait la part des choses entre les interactions intentionnelles et celles involontaires.
Le journaliste d'Ars Technica dit avoir eu quelques problèmes avec la palm rejection (il a eu des gestes de l'éminence thénar interprétés à tort) qu'il a apparemment résolu en changeant légèrement sa façon de taper. Personnellement, je n'ai jamais été gêné par la nouvelle taille du trackpad. Même en cherchant à le tromper, je n'ai pas réussi à induire en erreur le pavé tactile.
L'épatante technologie Force Touch est toujours au rendez-vous. On peut cliquer de la même façon sur toute la surface du trackpad, deux niveaux de pression sont gérés (à la manière de 3D Touch sur iPhone) et certaines actions produisent des retours haptiques donnant du corps aux interfaces.
On peut également choisir la sensibilité de pression nécessaire pour le clic (léger, moyen ou ferme), mais l'option pour le clic silencieux a mystérieusement disparu des nouveaux MacBook Pro. Peut-être est-ce lié à un changement technique, à moins qu'Apple ait finalement jugé que cette option présentait peu d'intérêt (sans l'activer, les clics sont déjà assez discrets, et il y a toujours la possibilité de tapoter sans cliquer).
Écran : plein les yeux
La définition native de l'écran Retina du nouveau MacBook Pro 13" ne change pas (2 560 x 1 600 pixels), et pourtant, si vous avez un ancien 13" Retina, vous remarquerez qu'il y a une différence au démarrage. La définition « utile » (autrement dit sa surface d'affichage) n'est plus de 1 280 x 800 pixels, mais de 1 440 x 900 par défaut.
On n'est donc plus sur une simple mise à l'échelle avec coefficient 2:1, mais sur la création d'un rendu supérieur (2 880 x 1 800) qui est ensuite mis à l'échelle avec un coefficient de 2:1 puis conformé à la définition native. Rassurez-vous, en bout de course, l'affichage reste parfaitement net (impossible de distinguer les pixels individuels à l'œil nu) et les performances ne sont pas impactées.
- Plus d'informations sur le Retina dans notre test du premier MacBook Pro Retina
Apple a probablement augmenté la définition utile du MacBook Pro 13" pour qu'elle soit supérieure à celle du MacBook 12", qui est de 1 280 x 800. Et puis 1 440 x 900, c'est aussi la définition standard du MacBook Air 13" (qui ne profite pas du Retina, cela va sans dire). Quoi qu'il en soit, Apple offre toujours trois autres choix de définition utile (1 024 x 600, 1 280 x 800 et 1 680 x 1 050) dans les Préférences Système et des utilitaires, comme SwitchResX, permettent d'aller au-delà.
La vraie nouveauté concernant l'écran à dalle IPS, c'est la prise en charge d'un gamut plus large. On s'y attendait, après les iMac Retina, l'iPad Pro 9,7" et les iPhone 7, le MacBook Pro gère à son tour le DCI-P3. Cet espace colorimétrique utilisé par les projecteurs de cinéma contient environ 25 % de couleurs en plus que le sRGB utilisé précédemment et couvre 93,6 % du Adobe RGB prisé par les graphistes.
Concrètement, le nouveau MacBook Pro 13" est capable d'afficher plus de nuances dans les rouges et les verts spécialement. Sans exemple type ou écran sRGB à côté, il faut avouer que la différence ne saute pas aux yeux, mais on ne se plaindra pas de pouvoir admirer des images plus fidèles, bien au contraire.
- Détails supplémentaires sur les espaces de couleurs dans notre test de l'iMac Retina 4K
Ce n'est pas tout, puisque la luminosité maximum de l'écran passe de 300 à 500 nits, ce qui améliore la lisibilité en plein soleil, et le contraste augmente de 900:1 à 1 500:1, ce qui rend les noirs plus profonds.
Si on ajoute à cela d'excellents angles de vision et des bords plus fins, le MacBook Pro 13" propose incontestablement un affichage de grande classe. Cela étant, le saut qualitatif n'est pas à ce point impressionnant qu'il justifie à lui seul le remplacement d'un ancien MacBook Pro Retina.
Par contre, comparé à un écran TN de MacBook Air ou de MacBook Pro SuperDrive, c'est le jour et la nuit. Comme lorsque l'on passe des EarPods à un casque haut de gamme pour écouter de la musique, on redécouvre ses photos grâce à cet écran sublime.
Audio : « des trous de seconde classe, des trous de première classe »
Le clavier du nouveau MacBook Pro 13" est maintenant entouré de petits trous d'où sort un son étonnement riche et puissant. En repensant les haut-parleurs de cette machine, Apple a très nettement augmenté leur puissance (jusqu'à trois fois plus, selon elle), boosté leurs basses et étendu leur gamme dynamique.
Le MacBook Pro 13" délivre ainsi un meilleur son que l'ancien MacBook Pro 15" qui faisait figure de mètre étalon jusqu'à maintenant dans les portables. Clairement, on ne rechignera pas à utiliser régulièrement les haut-parleurs intégrés pour écouter de la musique ou regarder un film.
Qui dit audio, dit aussi prise jack. Pourquoi Apple l'a conservé sur le MacBook Pro alors qu'elle a eu le « courage » de l'enlever de l'iPhone ? « Parce que ce sont des machines professionnelles, a expliqué Phil Schiller. Si elle servait uniquement aux écouteurs, [la prise jack] n'aurait pas besoin d'être là […] mais beaucoup d'utilisateurs ont des installations avec des enceintes, des amplis et d'autres périphériques audio pro qui ne sont pas compatibles sans fil et qui ont besoin du jack 3.5 mm. »
Mais alors, pourquoi supprimer la sortie audio optique (qui passait par la prise jack) qui était justement destinée à ces utilisateurs ? Parce qu'il y avait peu de personnes qui s'en servaient et qu'il y a des périphériques USB-C qui peuvent la remplacer, a répondu Apple…
Précisons que le contrôle du volume et de la lecture avec la télécommande d'un casque branché en jack fonctionne toujours. Tout comme le microphone pour passer des appels ou utiliser Siri.
Connectique : jamais deux sans Thunderbolt 3
La suppression de la sortie audio optique n'est rien à côté du bouleversement de la connectique en général. Envolés le MagSafe 2, les deux ports Thunderbolt 2, les deux USB-A, le HDMI et le lecteur de carte SDXC. Place à deux ports Thunderbolt 3 (quatre sur le modèle avec Touch Bar) polyvalents.
Un rappel sur le Thunderbolt 3 s'impose puisque la nouvelle génération de MacBook Pro l'inaugure chez Apple. Pour commencer, comme son nom l'indique, le Thunderbolt 3 est le successeur du Thunderbolt 2. Le transfert de données passe de 20 à 40 Gbit/s au maximum et il est possible de brancher en série jusqu'à six appareils. Les professionnels de la vidéo ont de quoi être contents.
Le Thunderbolt 3 sert aussi à l'affichage grâce à sa prise en charge du DisplayPort 1.2. Le MacBook Pro 13" peut gérer un écran 5K à 60 Hz ou deux écrans 4K à 60 Hz au maximum.
Son connecteur évolue également ; il ne s'agit plus d'un Mini DisplayPort, mais d'un USB-C. Les capacités du Thunderbolt 3 s'ajoutent ainsi à celles de ce connecteur réversible : USB 3.1 Gen 2 (jusqu'à 10 Gbit/s) et alimentation jusqu'à 100 W. Pour prendre un exemple parlant, là où il fallait deux câbles pour brancher son Mac à un Thunderbolt Display et l'alimenter, il n'en faut plus qu'un avec le moniteur 5K UltraFine Thunderbolt 3 de LG.
- Pour en savoir plus sur les nouvelles connectiques, notre dossier sur le Thunderbolt 3, l'USB-C et l'USB 3.1
En résumé, les deux ports Thunderbolt 3 du MacBook Pro 13" sont universels. Ils peuvent servir à brancher quasiment n'importe quel type de périphérique… mais aujourd'hui, ils sont avant tout des aimants à adaptateurs.
Tous les périphériques externes que vous avez emmagasinés au fil des ans (clé USB, disque dur, écran, souris, imprimante, cartes SD, etc.) nécessiteront un adaptateur. Pas même un port USB-A pour brancher son iPhone… la rupture est brutale.
En faisant le choix de n'inclure que des ports Thunderbolt 3 dans ses nouveaux MacBook Pro, Apple accélère peut-être la transition vers cette technologie, les fabricants tiers n'ayant d'autre choix que de l'adopter (ou a minima, adopter l'USB-C 3.1) s'ils veulent toucher directement leurs possesseurs. Mais elle demande aussi aux utilisateurs de sortir plusieurs dizaines d'euros supplémentaires pour des adaptateurs qu'ils devront trimballer avec eux.
Au moins, contrairement au MacBook, le MacBook Pro 13" peut être alimenté et connecté à un accessoire simultanément grâce à ses deux ports Thunderbolt 3. Mais deux ports, si c'est mieux qu'un seul, ça reste peu, surtout pour une machine « pro ». Plutôt que d'acheter des adaptateurs uniques, comme ce lecteur de carte SD ou cet adaptateur USB-A, on vous conseille d'investir dans un dock USB-C voire Thunderbolt 3 selon vos besoins.
De toutes les prises qui disparaissent, le MagSafe était la plus unique. Introduit en 2006 sur le premier MacBook Pro, ce connecteur aimanté a sauvé bien des portables Apple de chutes brutales. On sait depuis le MacBook que le MagSafe est condamné, mais le discours enthousiaste de Schiller sur la recharge lors du keynote n'est vrai qu'à moitié sur le MacBook Pro 13" sans Touch Bar. On peut brancher le câble d'alimentation sur n'importe quel port Thunderbolt 3, mais on sera bien en peine de le faire sur le côté droit du portable, puisqu'il est privé des deux ports de ce côté.
L'aspect pratique en prend aussi un coup avec l'absence de rallonge pour le chargeur — ce n'est pas vraiment une surprise, c'était déjà la même chose pour le MacBook. Le câble USB-C de 2 mètres qui est fourni (qui peut aussi transférer des données, mais à la vitesse de l'USB 2) n'est pas aussi long que le couple chargeur-rallonge traditionnellement inclus. Comptez 25 € pour le câble d'extension Apple (on peut aussi opter pour un câble bipolaire standard beaucoup moins onéreux). Fini aussi les pattes rétractables qui permettaient d'enrouler le câble.
Le tableau paraît noir aujourd'hui, mais il s'éclaircira dans les années à venir. L'adoption de l'USB-C pour la recharge laisse entrevoir l'arrivée de nouveaux chargeurs moins chers que celui d'Apple (le 61 W du MacBook Pro 13" est vendu 79 €) et de produits malins comme le BreakSafe, un simili MagSafe USB-C. L'avantage de l'USB-C (et du Thunderbolt 3 pour les professionnels) ira même bien au-delà de la recharge, puisque cette connectique est amenée à être présente dans tous les types d'appareils.
Performances : (puce) graphique à l’appui
CPU et GPU
Le MacBook Pro 13" passe à la 6e génération de processeurs Core d'Intel, Skylake. Pourquoi pas à la 7e, Kaby Lake, qui a été lancée à la rentrée ? Tout simplement parce que tous les processeurs Kaby Lake ne sont pas disponibles, loin de là. Dans le petit catalogue actuel, deux puces auraient pu convenir pour le MacBook Pro 13" (Core i5-7200U et Core i7-7500U), mais il n'y a rien du tout pour le 15".
Quoi qu'il en soit, le MacBook Pro sans Touch Bar dispose d'un Core i5-6360U bicœur cadencé de base à 2 GHz et qui peut monter jusqu'à 3,1 GHz en Turbo Boost. Alors qu'on était habitué aux processeurs 28 ou 35 W dans les MacBook Pro Retina 13", celui-ci a une enveloppe thermique (TDP) de 15 W seulement… comme ceux utilisés par les MacBook Air. D'où la présence d'un seul ventilateur quand le MacBook Pro 13" avec Touch Bar (processeur Core i5-6267U 28 W) en a deux. On notera que les MacBook Pro de la fin 2013 jusqu'à 2015 avaient un processeur 28 W et ils s'accommodaient d'un seul ventilateur.
Sur Geekbench 3, qui teste les performances globales, le MacBook Pro sans Touch Bar réalise un score de 3 483 points en single core et 7 165 points en multi core. Cela le place quasiment au même niveau que le MacBook Pro 13" de l'année dernière et un cran au-dessus du dernier MacBook Air.
Nos tests applicatifs vont dans le même sens. Un export de 500 photos avec iPhoto ou Aperture prend le même temps que sur l'ancien modèle et est significativement plus rapide que sur MacBook Air. Idem pour l'export d'un podcast de 30 min avec GarageBand.
Le nouveau MacBook Pro fait moins bien que l'ancien sur l'export d'une vidéo 4K de presque 5 min avec iMovie, mais il se rattrape sur Final Cut Pro où il le devance assez largement.
Le progrès est plus net pour le GPU, une Intel Iris Graphics 540 capable de monter jusqu'à 1 GHz et dotée de 1 536 Mo de mémoire. Sur CineBench, le gain est de 17 % par rapport à la génération précédente et de 40 % par rapport à 2014.
Notre autre test graphique, Valley Benchmark, confirme cette avancée. Les performances sont jusqu'à 42 % supérieures par rapport au MacBook Pro 13" 2015. Comparées au MacBook Air, elles sont plus ou moins doublées. Bien évidemment, avec sa carte graphique dédiée, le MacBook Pro 15" reste hors de portée.
Malgré ses progrès significatifs, cette carte graphique intégrée ne pourra toujours pas avoir les faveurs des joueurs exigeants. Tomb Raider, sorti en 2014 sur Mac (2013 sur les autres plateformes), tourne par exemple à 36 images par seconde en définition native avec les réglages graphiques élevés. Les derniers gros jeux mettent à genoux le GPU d'Intel.
SSD
Le plus impressionnant dans les progrès de ce MacBook Pro, c'est sans conteste son SSD. Utilisant quatre lignes de PCIe 3.0, le protocole NVMe et un contrôleur maison, ce SSD bat le record de vitesse du MacBook Pro 15" 2015 (2 Go/s en lecture) et multiplie par plus de deux les débits par rapport au précédent 13".
Apple annonce pour ce nouveau MacBook Pro 13" une vitesse de lecture séquentielle atteignant 3,1 Go/s et vitesse d’écriture séquentielle jusqu'à 2,1 Go/s. D'après nos tests, le SSD frôle les 3 Go/s en lecture séquentielle, et une fois n'est pas coutume, il dépasse (de peu) les promesses d'Apple en écriture séquentielle, où il atteint jusqu'à 2,28 Go/s. Impressionnant.
Pour prendre un exemple concret, la duplication d'un fichier de 8,76 Go prend seulement 13 secondes sur ce Mac, contre 32 secondes sur le MacBook (SSD limité à 1,3 Go/s en écriture) et beaucoup, beaucoup plus avec un disque dur.
C'est difficile à quantifier, mais cette vitesse bénéficie au système dans son ensemble : démarrage, extinction, lancement d'applications… En accélérant énormément le swap (la mémoire virtuelle sur le disque), elle peut même compléter une dotation minimum en mémoire vive.
Wi-Fi
On termine le tour des performances du MacBook Pro par une mauvaise surprise, son Wi-Fi 802.11ac. Alors qu'Apple répète à l'envi que le futur c'est le sans fil, voilà que le MacBook Pro sans Touch Bar est moins bien équipé que son prédécesseur, et même que le MacBook Air. Il n'a que deux antennes au lieu de trois, ce qui limite son débit maximum à 867 Mbit/s contre 1,3 Gbit/s.
En usage réel, connecté à une borne AirPort Extreme, la machine bloque à 500 Mbit/s, ce qui est bien dans l'immédiat, mais pas aussi élevé que les 800 Mbit/s des modèles précédents. C'est décevant.
Autonomie
Apple annonce jusqu’à 10 heures d'autonomie en navigation web sans fil et 10 heures également en lecture de films iTunes (et 30 jours d’autonomie en veille au maximum). C'est pareil que la génération précédente pour la navigation web et deux heures de moins en lecture de films.
Nos tests font ressortir des résultats dans la moyenne de ce qu'on a enregistré précédemment. Dans notre test « 0 % », qui consiste en une utilisation très légère de la machine (luminosité à 50 %, Wi-Fi activé, Mail en arrière-plan avec une relève toutes les minutes, Safari qui recharge la page d’accueil de MacG toutes les 30 secondes), le MacBook Pro sans Touch Bar a tenu 12 h 06 min. C'est aussi bien que le MacBook Pro 13" mi-2014 et une heure de plus que celui de l'année dernière. En fait, il n'y a que le MacBook Air, véritable chameau, qui fait mieux.
Le test « 100 % », qui au contraire sollicite l'ordinateur à fond (Valley Benchmark lancé avec la luminosité et le volume au maximum), a fait s'éteindre le portable au bout de 1 h 20. C'est 25 minutes de moins que la génération précédente, mais ce n'est pas catastrophique pour autant. On retombe en fait sur l'autonomie du MacBook Pro 15" et du MacBook Pro 13" mi-2014. Le MacBook est avantagé par son processeur très basse consommation et sa gestion drastique de l'énergie (ses performances n'ont évidemment rien à voir).
Enfin, dans notre test « empirique », le MacBook Pro sans Touch Bar est resté éveillé pendant 7 h 30, ce qui est satisfaisant au regard des résultats des autres portables. Ce test consiste à utiliser la machine dans le cadre d'une journée de travail classique chez MacG : beaucoup de bureautique et de web (Firefox, Mail, Dropbox, Byword, Numbers, Reeder, Tweetbot…), un peu de création (Pixelmator, Lightroom) et un peu de multimédia (Spotify, YouTube…).
Au bout du compte, l'autonomie est assez solide. On est vraiment curieux de voir si, comme l'affirme Apple, le MacBook Pro 13" avec Touch Bar fait aussi bien que le modèle testé ici alors qu'il a un processeur plus puissant (qui a besoin de deux ventilateurs), une batterie de capacité inférieure (49,2 Wh au lieu de 54,5 Wh) et la barre tactile.
À noter qu'il faut 1 h 45 pour recharger complètement le Mac en utilisant le chargeur d'Apple.
Pour conclure
Avec ses performances globales évoluant assez peu, sa connectique limitée à deux ports et l'absence d'une partie des dernières innovations, le MacBook Pro 13" sans Touch Bar est finalement plus un MacBook Air nouvelle génération qu'un nouveau MacBook Pro.
Ce ne serait pas un problème en soi si le prix était à l'avenant — il s'agit d'une belle machine très agréable à utiliser —, mais ce n'est malheureusement pas le cas pour le moment. À 1 699 €, ce MacBook Pro 13" est vendu 350 € de plus que le MacBook Air 256 Go. Et c'est sans compter les dizaines d'euros supplémentaires pour les indispensables adaptateurs Thunderbolt 3/USB-C. De quoi calmer des ardeurs au moment de l'achat.
Car le MacBook Pro a vraiment de quoi susciter l'enthousiasme des possesseurs de MacBook Air : écran Retina magnifique, encombrement inférieur, même poids, énorme trackpad Force Touch, performances graphiques largement supérieures, connectique d'avenir, etc. C'est son successeur naturel.
Comparé au MacBook Pro 13" 2015, il ne s'en sort pas si bien. Certes, il est plus compact et son écran est meilleur, mais pas dans des proportions suffisantes pour que ça bouleverse l'utilisation. Les performances ne sont pas transformées et la rupture avec la connectique existante est brutale. Pas très encourageant pour un renouvellement…
Pour résumer, si vous possédez un MacBook Air ou un MacBook Pro SuperDrive, ce MacBook Pro sans Touch Bar est une option à considérer, mais un peu plus tard si vous le pouvez, quand son tarif aura baissé. Si vous avez un MacBook Pro Retina, vous pouvez sans doute le conserver… au moins jusqu'au test du nouveau 13" avec Touch Bar.