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Test du routeur D-Link DIR-890L AC3200 Ultra Wi-Fi

Anthony Nelzin-Santos

Thursday 03 September 2015 à 15:26 • 38

Matériel

Est-ce la maquette d’un bâtiment dessiné par Coop Himmelb(l)au ? Est-ce le vaisseau d’une race de minuscules aliens ? Non, c’est un routeur Wi-Fi ! Le D-Link DIR-890L AC3200 Ultra Wi-Fi Router, de son « petit » nom, est capable d’offrir un débit maximal cumulé de 3,2 Gbit/s grâce à ses six antennes émettant sur trois bandes. Même s’il est certain que ces spécifications théoriques ne peuvent être parfaitement reproduites en pratique, elles sont assurément la promesse de meilleures performances. Pour autant, ce routeur aux lignes futuristes vaut-il son prix dépassant allègrement les 300 € ? La réponse dans notre test.

Six antennes, cinq cœurs et trois bandes

Le D-Link DIR-890L n’est pas le genre de routeur que l’on peut cacher dans un coffret de tableau électrique ou sous un téléviseur : ce gros insecte mesure près de 40 cm sur 25, pour une hauteur frôlant les 12 cm sans compter ses antennes inamovibles. L’arête supérieure est soulignée par une bande de diodes traduisant le bon fonctionnement de l’alimentation, de la connexion à internet, des bandes Wi-Fi, et des ports USB. Le panneau arrière comporte justement deux ports USB, ainsi que cinq ports Ethernet, une dotation correcte mais pas exceptionnelle vu l’encombrement — et le prix — de l’objet.

De droite à gauche : le connecteur de l'alimentation, le bouton d'allumage, le port Ethernet recevant la connexion à internet, les quatre ports Ethernet Gigabit la redistribuant à autant d'appareils, le bouton du WPS, le bouton de réinitialisation, un port USB 2.0 pour partager une imprimante, un port USB 3.0 pour partager un disque dur.
De droite à gauche : le connecteur de l'alimentation, le bouton d'allumage, le port Ethernet recevant la connexion à internet, les quatre ports Ethernet Gigabit la redistribuant à autant d'appareils, le bouton du WPS, le bouton de réinitialisation, un port USB 2.0 pour partager une imprimante, un port USB 3.0 pour partager un disque dur.

Mais le plus important se cache sous sa carapace rouge brillante : comme d’autres routeurs AC3200, celui de D-Link renferme un chipset Broadcom XStream Wi-Fi 5G. Ce « cerveau » est composé d’un processeur ARM Cortex A9 bicœur à 1 GHz et de trois émetteurs-récepteurs comportant chacun une puce Wi-Fi 802.11b/g/n/ac. Le processeur se contente de passer les informations provenant des ports Ethernet aux émetteurs-récepteurs, qui se chargent de les diffuser en Wi-Fi, et peut ainsi se concentrer sur les autres tâches.

Un schéma très simplifié de l’architecture du chipset Broadcom XStream Wi-Fi 5G de première génération utilisé par le D-Link DIR-890L. Les émetteurs-récepteurs utilisés sont parmi les plus populaires du marché : on les retrouve dans de très nombreux routeurs, y compris la Time Capsule et la borne AirPort Extreme. Cette architecture se distingue toutefois par son fonctionnement : le processeur laisse les émetteurs-récepteurs se charger du Wi-Fi, et dévoue toute sa puissance à la gestion des entrées/sorties. Cliquez pour agrandir

Chaque émetteur-récepteur est chargé d’une bande Wi-Fi sur une paire d’antennes : une bande 2,4 GHz offrant jusqu’à 600 Mbit/s, et deux bandes 5 GHz offrant jusqu’à 1,3 Gbit/s. On retrouve le chiffre de 3,2 Gbit/s en additionnant les trois bandes… auxquelles aucun appareil ne peut se connecter simultanément. À quoi bon multiplier les bandes, alors ? Pour garantir un débit optimal à l’ensemble des appareils connectés grâce à la fonction Smart Connect, qui connecte automatiquement tel appareil à telle bande en fonction de ses caractéristiques.

Ainsi, une balance connectée dotée d’une puce 802.11g utilisera obligatoirement la bande 2,4 GHz, offrant dans ce cas un débit maximum de 54 Mbit/s. Un ordinateur compatible 802.11n pourra atteindre jusqu’à 150 Mbit/s en utilisant simultanément une bande 2,4 GHz et une bande 5 GHz, mais il sera basculé sur la bande 2,4 GHz s’il s’éloigne trop du routeur, la bande 5 GHz ayant une portée plus faible. Les appareils récents compatibles 802.11ac pourront atteindre 433 Mbit/s sur la bande 5 GHz, voire 867 Mbit/s ou 1,3 Gbit/s s’ils disposent du chipset et des antennes adaptées.

Dans ce dernier cas, il est possible de saturer la bande passante offerte par une bande 5 GHz avec seulement un ou deux appareils — voilà pourquoi le D-Link DIR-890L émet sur deux bandes 5 GHz. La configuration de ces deux bandes, l’une sur un canal bas et l’autre sur un canal haut, a été étudiée pour prévenir tout risque de parasitage, encore repoussé par le placement des antennes. Leur arrangement très particulier augmente l’efficacité du beamforming, qui permet d’établir une sorte de topographie du réseau et d’améliorer son efficacité par l’observation des interférences.

Un réseau d’une stabilité à toute épreuve

Ce que tout cela donne en pratique ? Un réseau d’une stabilité à toute épreuve, pour commencer. On connecte ordinateurs, tablettes, smartphones, téléviseurs, liseuses, montres et autres objets connectés… et on oublie le routeur. Cela peut sembler évident, mais les boîtiers opérateurs ont de plus en plus de mal à encaisser le poids croissant des multiples connexions, la faute à des impératifs économiques bridant la puissance des composants et à des considérations esthétiques limitant les possibilités de placement des antennes.

Le D-Link DIR-890L, lui, ne rechigne jamais à l’effort. Bien sûr, il n’est pas capable de couvrir un troisième étage depuis le deuxième sous-sol, d’assurer des centaines de connexions en entreprise, ou de faire le café. Mais pour peu qu’il ne soit pas trop mal placé, il est capable de couvrir efficacement un grand appartement ou une petite maison et d’offrir un débit solide et régulier aux dizaines d’appareils d’une famille connectée. Nous avons pu le vérifier en conditions réelles, dans un environnement comportant quatre ordinateurs et une dizaine d’autres appareils aux spécifications très diverses.

D’abord avec un MacBook Pro Retina fin 2013, doté d’une puce 802.11ac. À cinq mètres, il tire 550 Mbit/s du routeur de D-Link, contre 515 Mbit/s à une borne AirPort Extreme. À quinze mètres et derrière un mur de briques, la borne d’Apple tombe à 95 Mbit/s, alors que le D-Link DIR-890L offre encore plus de 130 Mbit/s. Au-delà, l’ordinateur perd la connexion 802.11ac et passe en 802.11n sur la bande 2,4 GHz, avec des débits extrêmement réduits : les répétiteurs resteront de mise dans les grandes maisons et les environnements difficiles.

L’iPhone 6 Plus pourrait bénéficier de débits similaires… si sa puce 802.11ac était plus performante. À cinq mètres, il plafonne à 135 Mbit/s, sur le D-Link DIR-890L comme l’AirPort Extreme. Difficile de s’en plaindre : un iPhone 5c connecté en 802.11n peine à dépasser les 75 Mbit/s dans les mêmes conditions. Un MacBook Air mi-2012 doté d’une puce 802.11n frôle quant à lui les 150 Mbit/s sur le D-Link DIR-890L… mais les dépasse sur l’AirPort Extreme. Ce dernier cas est révélateur : le débit varie énormément pendant le test de la borne d’Apple, mais reste stable tout le long du test du routeur de D-Link.

Une balance connectée qui avait trop souvent tendance à perdre le réseau 2,4 GHz de l’AirPort Extreme n’a plus posé de problèmes une fois connectée au D-Link DIR-890L. Les variations de débit assez sensibles selon la position de tel ou tel appareil ou le nombre d’appareils connectés ont aussi disparu. Vous l’aurez compris : le routeur de D-Link n’offre pas des débits incroyablement supérieurs à ceux d’une borne AirPort Express, mais il les maintient mieux. Son interface d’administration, accessible à l’adresse dlinkrouteur.local, permet d’encore les améliorer avec quelques réglages.

Même si la fonction Smart Connect est très satisfaisante, vous pouvez gagner à séparer les différentes bandes en différents réseaux possédant chacun leur propre SSID. L’interface d’administration permet logiquement de créer jusqu’à trois réseaux, qui peuvent même être activés et désactivés selon un calendrier précis.
Même si la fonction Smart Connect est très satisfaisante, vous pouvez gagner à séparer les différentes bandes en différents réseaux possédant chacun leur propre SSID. L’interface d’administration permet logiquement de créer jusqu’à trois réseaux, qui peuvent même être activés et désactivés selon un calendrier précis.
Ne désactivez pas Smart Connect pour créer un réseau séparé pour vos invités : le D-Link DIR-890L propose une « zone invité » séparée du reste de votre réseau.
Ne désactivez pas Smart Connect pour créer un réseau séparé pour vos invités : le D-Link DIR-890L propose une « zone invité » séparée du reste de votre réseau.
De même, ne désactivez pas Smart Connect pour vous réserver un réseau. Le moteur QoS vous permet de désigner certains appareils comme prioritaires sur d’autres. Ici, le routeur est configuré de telle manière que mon ordinateur ait toujours accès à un maximum de bande passante, quels que soient les besoins des autres appareils connectés.
De même, ne désactivez pas Smart Connect pour vous réserver un réseau. Le moteur QoS vous permet de désigner certains appareils comme prioritaires sur d’autres. Ici, le routeur est configuré de telle manière à ce que mon ordinateur ait toujours accès à un maximum de bande passante, quels que soient les besoins des autres appareils connectés.
Complète sans être complexe, l’interface d’administration mériterait 1 000 mots à elle seule. Ses options sont nombreuses : IPv4/IPv6, mode routeur ou pont, réglages de connexion (DHCP, PPPoE, PPTP, L2TP…), contrôle parental par liste blanche ou liste noire, pare-feu, redirection de ports, serveur virtuel, DNS dynamique (D-Link DNS ou DynDNS), VPN (avec L2TP sur IPSec), serveur DNLA…
Complète sans être complexe, l’interface d’administration mériterait 1 000 mots à elle seule. Ses options sont nombreuses : IPv4/IPv6, mode routeur ou pont, réglages de connexion (DHCP, PPPoE, PPTP, L2TP…), contrôle parental par liste blanche ou liste noire, pare-feu, redirection de ports, serveur virtuel, DNS dynamique (D-Link DNS ou DynDNS), VPN (avec L2TP sur IPSec), serveur DNLA…

Le D-Link DIR-890L n’a qu’un gros défaut : son port USB 3.0 n’est pas loin d’être inutile. Alors que le partage d’une imprimante connectée sur le port USB 2.0 fonctionne parfaitement, le partage des fichiers d’un disque connecté sur le port USB 3.0 souffre de nombreux problèmes. Les disques contenant plusieurs partitions sont particulièrement mal gérés, Time Machine semble ne pas vouloir des disques ainsi partagés, la vitesse de lecture est tout juste acceptable (un peu plus de 50 Mbit/s en moyenne) et celle d’écriture particulièrement frustrante (rarement plus de 25 Mbit/s), et l’application SharePort permet de lire les fichiers sur un iPhone… quand elle le veut, c’est-à-dire pas souvent.

Un investissement à long terme

Au final, vous vous direz sans doute que tout cela est bien beau, mais ne sert pas à grand-chose sans connexion à un réseau fibré à 1 Gbit/s. Et vous auriez parfaitement raison. Reste que le D-Link DIR-890L peut aussi faire des merveilles derrière de la fibre plus conventionnelle ou du bon vieux câble : il permettra de tirer pleinement parti de sa connexion sans jamais être limité par le matériel.

Plus que ses performances brutes, on retiendra surtout le confort qu’il offre : sa puissance lui permet d’encaisser de nombreuses connexions sans broncher, qui seront toutes stables et rapides grâce à Smart Connect. Pourtant autant, cela vaut-il le prix demandé par D-Link, pour lequel on pourrait s’offrir deux bornes AirPort Extreme reconditionnées ?

Si votre box montre des signes de faiblesse et possédez de nombreux appareils, sans doute. Surtout si vous aimez les routeurs en forme de vaisseau spatial.

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