La nouvelle famille de MacBook Pro Retina 13" est un mélange d'améliorations saisonnières liées aux nouveautés d'Intel et d'un premier pas vers une transformation en profondeur. Côté Intel, c'est l'utilisation de la cinquième génération de processeurs Core iX, côté Apple c'est la première apparition du trackpad Force Touch (en attendant le MacBook). Ni les nouveaux MacBook Air n'ont eu droit à ce nouveau pavé, ni les MacBook Pro 15" qui attendent leur tour (lire Test du MacBook Air 13" début 2015).
Nous avons testé les deux premiers modèles 13" qui composent l'offre d'entrée et de milieu de gamme. Ces unités sont en tout point identiques sauf sur la capacité (et les performances, on le verra) de leur SSD : 128 Go pour l'un et 256 Go pour l'autre. Hormis ce critère, l'équipement commun consiste en un Core i5 bicoeur "Broadwell" à 2,7 GHz (3,1 GHz en Turbo Boost, référence i5-5257U), 8 Go de RAM, une puce Intel Iris Graphics 6100, le très agréable écran Retina et l'assortiment habituel de connecteurs USB 3 et Thunderbolt 2 pour les principaux. Il n'y a pas encore le nouveau port USB Type C. Les options se partagent entre des Core i5 et i7 plus puissants et 16 Go de RAM.
Quels changements ?
La précédente génération datait de l'été dernier (notre test). On avait des Core i5 « Haswell » à 2,6 GHz et 2,8 GHz (Turbo Boost inchangé à 3,1 GHz) et une Intel Iris Graphics 5100. Apple a aussi changé les barrettes mémoire avec des modules donnés comme plus rapides et plus économes en énergie (LPDDR3 à 1 866 MHz au lieu de DDR3L à 1 600 MHz). Même traitement pour les SSD qui sont jusqu'à deux fois plus véloces mais, comme on le verra, pas de manière homogène.
L'autre gros changement entre ces deux gammes est leur prix. Il a suivi les fluctuations monétaires récentes. Les deux modèles qui se vendaient 1 299 € et 1 499 € en 2014 coûtent maintenant 1 449 € et 1 649 €, soit 150 € de plus. Même si ce n'est pas à caractéristiques égales, ce n'est pas rien sur le porte-monnaie.
Un trackpad discrètement novateur
Tout nouveau qu'il soit, ce trackpad « Force Touch » (« Pavé-pression » chez les canadiens) se fait discret, il n'y a aucun changement esthétique et surtout il s'appréhende très vite. Un habitué pourrait même ne pas y prêter attention les premiers instants. Dans l'équipe de MacG, plusieurs, tous utilisateurs de portables, se sont fait prendre lorsque cette machine est arrivée.
Ce n'est qu'en exerçant l'action du « Clic forcé » (dite aussi « clic soutenu » ou « clic prononcé » selon la terminologie encore hésitante des différents sites francophones d'Apple) ou lorsqu'on se rend compte que l'on peut agir uniformément sur l'intégralité de la surface, que l'on découvre la « supercherie ». Ce trackpad fait véritablement croire à l'utilisateur qu'il enfonce une surface mobile (elle l'est, mais de manière très infime, c'est-à-dire quasiment pas). Il serait impropre de parler d'effet vibreur pour décrire la sensation qui en résulte. Ce n'est pas un effet grossier, c'est véritablement le même rendu physique qu'avec le précédent trackpad. Une illusion parfaite.
Encore mieux, lorsqu'on a le doigt qui glisse latéralement sur le trackpad il arrive qu'on sente que l'on a tapé contre une butée invisible. C'est un petit effet (subtilement perceptible) qui n'est utilisé, pour le moment, que dans iMovie lorsqu'on augmente la durée d'une vidéo en tirant sur sa poignée et que l'on arrive à la fin de la séquence. Aperçu, quant à lui, sait gérer le degré de pression exercé avec le doigt pour afficher un trait plus ou moins fin à l'écran. C'est le genre de choses que l'on devrait certainement retrouver dans les prochaines mises à jour des applications de dessin.
L'utilisation de ce trackpad n'appelle pas de critique particulière. On s'y fait vite, il produit un son plus étouffé et largement moins perceptible que son prédécesseur lorsqu'on règle la pression du clic sur « Légère ». Il n'a rien perdu non plus en précision ni en sensibilité.
Il faut simplement s'exercer avec le Clic forcé, trouver le bon tempo entre le moment où l'on presse sur le trackpad et celui où l'on poursuit son action par une pression plus accentuée et maintenue. Sous le doigt on sent que l'on franchit deux paliers successifs. Au départ on a tendance à vouloir bien détacher ces deux étapes alors qu'il suffit d'appuyer sans retenue sur le « Pavé-pression ».
Trois réglages de pression sont proposés dans les Préférences Système pour moduler l'intensité de l'effort (qui se traduit par un bruit plus ou moins fort aussi). Même sur Légère, la dureté de la pression à réaliser est suffisante pour qu'on ne déclenche pas l'action afférente à tout bout de champ. Action qui peut être le Coup d'oeil sur un document ou sur un lien, l'affichage d'une définition pour un mot, etc. (lire aussi Prise en main du nouveau trackpad Force Touch).
Autant ce trackpad a pu aider Apple à tenir son objectif d'ultraminceur pour le MacBook, autant il ne change rien à la structure du châssis du MacBook Pro Retina 13" (la partie interne de ce trackpad devrait être agencée différemment sur le MacBook). L'intérêt avec cette machine — et à terme pour les autres portables qui vont recevoir ce trackpad — est plutôt d'ordre logiciel. Les développeurs ont dans OS X 10.10.3 des API pour ajouter ces sensations physiques aux manipulations que l'on fera dans leurs applications.
Les choses pourraient ainsi devenir très intéressantes au fil des prochains mois. Il ne faut pas s'arrêter à ce que propose Force Touch aujourd'hui mais à ce qu'il laisse entrevoir pour le plus long terme. On peut s'attendre également à ce que ce type de trackpad se démocratise dans le monde PC où des machines — rares dans leur nombre — en ont depuis plus d'un an.
Synaptics a en effet inventé un trackpad (à peu près) semblable en 2012. HP a sorti récemment un HP EliteBook 1020 qui en est équipé. Ces "ForcePad" sont aptes à gérer les contacts sur toute leur surface et à détecter plusieurs degrés de pression. Dans la vidéo ci-dessous, cela peut servir à accélérer un défilement ou virer plus fortement sur l'aile dans une simulation aérienne. Apple a repris cette idée pour le zoom de Plans (plus on appuie, plus on zoome vite), mais on espère la retrouver plus largement.
Par contre le son est produit de manière logicielle et diffusé par les haut parleurs du côté de Synaptics, alors qu'il est produit physiquement par des électroaimants sous le trackpad d'Apple. Coupez le son sur le PC et le trackpad devient muet (on peut aussi l'éteindre manuellement) ; sur les Mac, le trackpad devient toutefois inactif quand l’ordinateur est éteint.
Autre différence plus notable, il n'y avait pas sur ces premiers trackpads Synaptics de retour haptique pour ressentir la sensation physique de son action, le trackpad restait inerte. Début mars, Synaptics a annoncé une nouvelle génération du ForcePad qui corrige ce point.
Des performances de saison
On s'y est habitué depuis qu'Intel a lancé ses processeurs « Haswell », la progression des performances sur ces puces mobiles est plus modérée au profit d'une autonomie accrue. La généralisation des SSD qui, pour le coup, vont eux de plus en plus vite, compense ce que les MHz n'apportent plus. Ces puces « Broadwell » sont gravées plus fines que les « Haswell » (14 nm contre 22 nm) et elles occupent moins de place pour un nombre de transistors plus élevé.
L'année dernière nous avions des Core i5 à 2,6 et 2,8 GHz contre des 2,7 GHz dans les deux machines testées ici (leur Turbo Boost est resté à 3,1 GHz). Les tests bruts avec Geekbench 3 montrent que ces deux portables dépassent, d'un cheveu, le modèle 2,8 GHz de 2014.
Lorsqu'on compare ces machines avec quelques applications, les choses sont plus nuancées. Selon les applications, les nouveaux modèles vont aller plus ou moins vite que leurs prédécesseurs.
La différence est plus marquée avec la puce graphique Intel Iris HD 6100 (1050 MHz maxi) qui remplace une Intel Iris Graphics 5100 (1100 MHz). Dans le test OpenGL de CineBench R15, la nouvelle est mesurée comme 38% plus rapide. Mais dans Batman: Arkham City Goty, lorsqu'on met tous les réglages à fond dans une petite définition (1280 x 800 pixels), on arrive à 19 i/s contre 17 i/s en 2014. C'est une amélioration ténue et il faudra encore chercher la bonne combinaison de réglages pour obtenir une fluidité plus convenable.
SSD à vitesses variables
Nos deux MacBook Pro Retina sont équipés par Samsung pour leurs SSD de 128 et 256 Go. Il en va de même sur les nouveaux MacBook Air 11" et 13" de 256 Go en notre possession. Apple a promis des performances doublées dans le meilleur des cas ? Promesse tenue… à une légère exception près.
Sur le 256 Go, les débits dépassent très facilement le giga-octet par seconde lors de la lecture/écriture de gros fichiers (respectivement 1,4 et 1,2 Go/s), contre un plafond de 800 Mo/s l'an dernier. L’an dernier, pour obtenir les scores d'aujourd'hui, il fallait s'équiper du SSD de 1 To. Une capacité qui existe toujours mais qui est réservée au troisième MacBook Pro Retina 13" de la gamme ; l’option coûte 500 €.
La différence entre nos SSD 256 et 128 Go est apparue sur le test d'écriture. Là où le premier donne 1,2 Go/s, le second affiche toujours moitié moins, environ 650 Mo/s. En revanche le 128 Go est au niveau de son cousin en lecture, avec là aussi 1,4 Go/s.
Sur une utilisation générale de sa machine, cela ne fait pas de différence énorme, même si l'écart peut se vérifier par exemple lors de la duplication de fichiers. Un dossier de 3 Go contenant 9 000 documents a été dupliqué en 16 secondes sur le 128 Go et 13 secondes sur le 256 Go. Trois secondes de plus qui passent très vite… De toute façon, le choix entre les deux configurations se portera d’abord sur la capacité de stockage et le prix.
Autonomie en baisse
À écouter Apple, ces 13" ont gagné une heure d'autonomie en navigation web (10 h au lieu de 9 h) et pas moins de trois heures en lecture vidéo dans iTunes (12 h au lieu 9 h). Nous avons aussi observé cette amélioration dans le cas de l'usage internet. Précisons que la batterie est passée de 71,8 watts à 74,9 watts entre les deux générations de 13".
Cependant, une fois n'est pas coutume, les tests d'autonomie ont été laborieux à réaliser sur tous ces nouvelles machines. Comme nous l'avons expliqué dans le test du MacBook Air 13", Safari dans Yosemite ne tient pas la distance sur une tâche aussi simple que le rechargement d'une page à intervalles rapprochés.
Il arrive toujours une fois ou deux sur toute la durée de cette tâche où la mémoire sature tandis que 50 ou 60 Go sont occupés sur le SSD par le cache du navigateur. Nous avons fait le même constat avec Chrome ainsi qu'avec le nouveau MacBook Air 11" et lors de plusieurs essais. C'est la première fois que nous observons le phénomène avec des machines qui sont équipées indifféremment de 4 ou 8 Go.
Nous avons donc réalisé le même test d'autonomie mais avec la dernière version de Firefox, lequel n'a pas bronché. L'épreuve consiste à faire charger notre page d'accueil toutes les 30 secondes. Flash est installé et Mail relève le courrier chaque minute. La luminosité est à 50%, la définition de l'écran réglée par défaut, le clavier est éteint, tout comme le Bluetooth. C'est un usage qui sollicite donc le Wi-Fi sans interruption. Notre MacBook Pro 13" 2,7 GHz version 256 Go a tenu une moyenne de 11h 12 mn à ce régime (trois tests effectués), contre 12 h et 13 h pour les modèles à 2,6 et 2,8 GHz d'il y a un an. Le 13" à 128 Go a donné 11h45 min (un seul test).
[MàJ le 25/03] : nous avons réédité cinq fois ce test sur le modèle 128 Go qui a continué d'être bien inférieur au 256 Go, nous avons obtenu 11h45, 8h40, 8h45, 6h30 et 6h40, soit une moyenne de 8h28. Sans que l'on puisse expliquer de tels écarts, plutôt rares.
Autre test, celui qui s'attache à soumettre la machine à une forte charge, elle a tenu quasiment deux heures (1 h 48 min) contre 1 h 25 min avec ses devancières. Dans ce test, nous lançons l'animation 3D de Valley Benchmark avec les réglages à fond et la luminosité de l'écran au maximum.
Enfin, pour donner une idée de ce que peut donner cette machine dans un cadre d'utilisation plus concret, nous l'avons utilisée lors d'une journée type chez MacG, pour la rédaction de cet article notamment et du surf sur le web. Nous avons travaillé sur le modèle 128 Go, il a résisté 9 h 33 min avant de s'éteindre. L'année dernière nous avions obtenu sept heures dans un contexte identique dans la philosophie et pour l'essentiel des applications, mais avec un autre utilisateur. Pour ce test nous avons mis la luminosité de l'écran à 75 % — avec la définition au maximum pour avoir le plus d'espace possible —, le Wi-Fi est actif et sollicité en permanence par Mail (relève chaque minute), Twitter, Dropbox, Slack et Safari. À cela il faut ajouter iA Writer pour la rédaction et Skitch pour la manipulation des captures d'écran. Le clavier est toujours resté éteint, le Bluetooth aussi et nous n'avons pas écouté de musique, ni regardé de vidéos, juste du travail.
Une personne plus soucieuse de son autonomie pourra certainement faire mieux encore, en baissant de quelques crans le rétroéclairage de l'écran et en sollicitant moins le réseau que nous. Avec l'équivalent d'une longue journée de travail d'autonomie, on peut voir venir et même prendre le risque de partir sans son chargeur.
En conclusion
Au final cette machine conserve plusieurs de ses attraits : elle n'est pas atrocement plus lourde que le MacBook Air 13" (1,58 kg contre 1,35 kg), elle dispose d'un écran Retina, d'un SSD véloce, de tous les ports nécessaires, elle gagne un peu en puissance et son autonomie demeure confortable (mais elle est en baisse). Pour couronner le tout, elle s'équipe de ce qui se fait de mieux aujourd'hui comme trackpad avec le potentiel d'en faire une vraie nouvelle forme d'interaction avec le système et les applications. On regrette toujours en revanche que l'entrée de gamme ne démarre pas directement sur 256 Go, tant les 128 Go risquent d'être vite remplis, sauf à déporter beaucoup dans le nuage.
Il demeure la question de l'augmentation du prix puisqu'on a plutôt tendance à conseiller le modèle de 256 Go à 1 649 €. Disons simplement que l'ancienne gamme reste pertinente si l'on trouve des modèles d'occasion ou en déstockage à des tarifs attractifs. On se privera du Force Touch, mais l'ancien trackpad reste excellent et confortable. En revanche, si la question financière ne se pose pas et que ce format de 13" vous sied, le nouveau MacBook Pro Retina 13" ne démérite pas.
Corrections sur le résultat avec Batman (revu sensiblement à la baisse) et sur le test d'autonomie Mail + Web. Nous avons fait venir une autre machine et réédité trois fois ce test. Il a affiché 11h 12mn en moyenne au lieu de 14h 23 mn initialement (nous avions un doute sur la présence de Flash). La note a été baissée de 0,5 point pour tenir compte de cette autonomie moins forte.