L'année dernière, le MacBook Air avait très peu évolué. Le rafraîchissement se résumait à 100 MHz de plus pour 100 € de moins. Sur le papier, le MacBook Air 13" début 2015 progresse plus franchement. Il est équipé d'un processeur et d'un GPU de nouvelle génération, d'un SSD deux fois plus rapide et de la connectique Thunderbolt 2. Comment cela se traduit-il dans les usages ? Réponse dans notre test !
Configurations et prix
D'abord, quelques informations d'ensemble sur cette gamme 13" 2015. Les deux machines sont équipées en standard d'un processeur Broadwell Core i5 bicœur à 1,6 GHz (Turbo Boost jusqu'à 2,7 GHz), d'une carte graphique intégrée HD Graphics 6000 et de 4 Go de mémoire vive. La seule différence entre le MacBook Air entrée de gamme (1 099 €) et celui haut de gamme (1 349 €) est la capacité de stockage qui est deux fois plus importante sur le second (256 Go).
En option, on trouve un processeur Core i7 bicœur à 2,2 GHz (Turbo Boost jusqu’à 3,2 GHz) à 200 €, 8 Go de RAM à 100 € et, exclusivement pour le modèle haut de gamme, un SSD de 512 Go à 300 €. On peut regretter qu'Apple réserve toujours certaines options (1 To de SSD et 16 Go de RAM) au MacBook Pro.
Alors que le prix du MacBook Air avait baissé l'année dernière de 100 €, il remonte cette année à la suite de fluctuations monétaires. Le modèle d'entrée de gamme prend 100 € et le haut de gamme 150. On retrouve donc peu ou prou les tarifs pratiqués en 2013.
Ce qui n'a pas changé
Le design et la fabrication, qui ont fait leur preuve, n'ont pas changé. Le MacBook Air 13" est une machine très facile à transporter grâce à sa légèreté (1,35 kg) et à sa finesse (1,7 cm au maximum). Sa fabrication en aluminium est impeccable. La connectique n'est pas pléthorique, mais rassemble l'essentiel : MagSafe pour la recharge, deux ports USB 3.0 (5 Gbit/s), un port Thunderbolt (qui est de 2e génération) et un lecteur de carte SDXC.
Le poids des années commence toutefois à se faire sentir. Le MacBook Pro 13" montrait déjà qu'il était possible de faire mieux en matière de taille (il est légèrement moins large et moins long) et le tout nouveau MacBook enfonce le clou, pas tant au niveau de la compacité qui lui demande de faire une concession sur la puissance, qu'au niveau de l'écran.
En 2015, trois ans après le premier Mac Retina, le MacBook Air se contente toujours d'une définition standard de 1 440 x 900 pixels. Si l'on se place du côté d'Apple, ce choix se justifie bien sûr par une logique de gamme — les clients qui veulent en prendre plein les yeux doivent se tourner vers le MacBook Pro ou le MacBook, vendus plus cher. Il n'en reste pas moins qu'en tant qu'utilisateur, on aimerait que le MacBook Air adopte lui aussi un écran Retina.
Il est également décevant de voir que contrairement au MacBook Pro 13", le MacBook Air n'a pas droit au trackpad Force Touch. Ce nouveau trackpad, que l'on retrouve également dans le MacBook, apporte des fonctions très intéressantes, comme le réglage de la dureté du clic, le « clic forcé » pour réaliser des actions supplémentaires et la reconnaissance de la pression (lire : Prise en main du nouveau trackpad Force Touch).
Ce qui a changé
S'il n'a toujours pas ce fameux écran Retina, le MacBook Air 2015 évolue tout de même. En premier lieu, il dispose d'une nouvelle génération de processeurs baptisée Broadwell. Selon le vocabulaire d'Intel, Broadwell est un « tick », c'est-à-dire la même architecture que la génération précédente (Haswell), mais fabriquée selon un nouveau procédé. Ce nouveau procédé, c'est une gravure en 14 nm (contre 22 pour Haswell) qui permet de réaliser un processeur avec 35 % plus de transistors sur un die 37 % plus petit.
L'ultraportable dispose aussi d'un SSD deux fois plus rapide, selon Apple, ainsi que du Thunderbolt de 2e génération, là aussi deux fois plus rapide (jusqu'à 20 Gbit/s). La connectique du MacBook Air se rapproche toujours ainsi un peu plus de celle du MacBook Pro, qui compte un port Thunderbolt 2 et une sortie HDMI en plus.
Performances
Processeur et puce graphique
Entrons dans le vif du sujet avec Geekbench, un test synthétique qui permet de suivre l'évolution des performances globales de génération en génération.
On constate d'abord qu'il y a une petite progression par rapport au modèle Core i5 de l'année dernière. Le MacBook Air 2015 Core i5 reste encore légèrement en dessous de la configuration Core i7 de 2014/2013, mais il surpasse le Core i7 à 2 GHz de 2012. Opposé aux MacBook Pro récents, il est logiquement en retrait.
Nous avons ensuite mesuré les performances dans des tests plus concrets : Garageband 10 encode un fichier de 30 minutes en AAC 256 ; dans Logic Pro X on active autant de pistes que possible jusqu'à ce que la machine cale ; iPhoto et Aperture exportent chacun 500 images RAW en JPEG de qualité moyenne ; iMovie exporte en 1080p une séquence 4K d'environ 5 minutes ; Final Cut Pro génère en 5K un fichier 5 120 x 2 700.
Les résultats ne sont pas toujours en faveur du nouveau MacBook Air — il faut préciser que le modèle testé l'année dernière était équipé de deux fois plus de mémoire de vive. Il fait un peu mieux que la génération précédente sur Aperture et Logic Pro, mais moins bien sur iMovie et iPhoto. Les performances sur GarageBand et Final Cut Pro X sont quasiment similaires.
Si les progrès ne sont pas probants au niveau du processeur, ils le sont plus au niveau du GPU. CineBench, qui teste les performances graphiques brutes, montre que la puce Intel HD 6000 fait mieux que la HD 5000 ainsi que la HD 5100, comme l'avait promis Intel. Cela ne se retrouve pas dans Valley Benchmark, mais peut-être est-ce dû à la RAM deux fois moins importante sur notre machine de 2015.
Si vous voulez jouer à Batman: Arkham City sans ralentissement, il faut régler les graphismes sur le niveau "moyen" et désactiver l'antialiasing. Avec ces paramètres, le jeu tourne à environ 30 i/s en définition native.
D'un point de vue plus général, le MacBook Air fait parfaitement tourner OS X Yosemite. Les animations sont fluides, les applications s'ouvrent rapidement et on peut faire tourner plus d'une dizaine de logiciels en même temps sans ralentissement. Dommage toutefois qu'Apple n'intègre que 4 Go de mémoire vive en standard. Ce n'est pas tant pour maintenant que 8 Go sont appréciables (quoique pour certains usages comme la virtualisation c'est vivement recommandé) que pour les performances sur le long terme, les nouvelles versions d'OS X demandant toujours plus de ressources.
SSD et Thunderbolt 2
Selon Apple, le SSD est deux fois plus rapide, ce que nous avons pu vérifier avec notre SSD Samsung 256 Go. Avec de petits fichiers, en lecture séquentielle, on obtient 680 Mo/s en moyenne contre 369 Mo/s pour le MacBook Air 11" qui n'a pas droit à un SSD plus rapide. L'écart se creuse encore plus lors des tests de lecture/écriture aléatoire. Étant donné que les 11" et 13" de 2014 donnaient à peu près les mêmes scores, la comparaison est tout aussi flatteuse d'une année sur l'autre entre les MacBook Air 13".
L'écart est encore plus important quand on manipule de gros fichiers. En lecture comme en écriture, on dépasse largement les 1 Go/s, alors que le 11" tourne autour de 700 et 500 Mo/s.
Toutefois, les SSD des MacBook Air 13" ne se valent pas tous forcément. La « loterie » semble être toujours de mise aujourd'hui. Apple s'approvisionne chez différents fabricants qui ne proposent pas des SSD aux mêmes performances. Samsung fournit généralement les SSD 256 Go ou plus, qui bénéficient d'excellentes performances. Le modèle 128 Go peut quant à lui être fourni par Toshiba, SanDisk ou Samsung. Or, les SSD de Toshiba et SanDisk sont un peu moins rapides que ceux du coréen.
Néanmoins, la plupart des utilisateurs ne verront pas la différence entre un SSD Samsung et un SanDisk... tout comme ils ne ressentiront certainement pas les débits multipliés par deux. Seuls ceux qui font des tâches lourdes, notamment de la vidéo, gagneront du temps grâce au stockage flash plus rapide.
L'autre nouveauté qui ne concernera qu'une minorité d'utilisateurs, c'est le passage au Thunderbolt 2. Cette deuxième génération est deux fois plus rapide que la première et autorise un débit maximal de 20 Gbit/s. Les périphériques pouvant pleinement tirer profit du Thunderbolt 2 sont rares et destinés aux professionnels. Si on transfère des fichiers vers un autre Mac ou un support de stockage externe, on est bridé bien avant les 20 Gbit/s (et même les 10 Gbit/s du Thunderbolt de 1re génération) par le SSD ou le disque dur de l'appareil.
Autonomie
Les processeurs Broadwell sont gravés plus finement que les Haswell (14 nm contre 22 nm), ce qui est normalement synonyme de consommation moins élevée, et donc d'autonomie supérieure. Une supériorité qui s'est vérifiée dans nos tests.
Dans le premier, nous utilisons Mail et Safari... sauf que le navigateur a constamment fait des siennes au bout de quelques heures d'utilisation (il s'accaparait toute la mémoire disponible et plantait), ce qui nous a obligés à utiliser un autre logiciel, Firefox en l'occurrence. Le protocole est sinon similaire : la page d'accueil de MacG est rechargée automatiquement toutes les 30 secondes (Flash est installé) pendant que Mail relève le courrier toutes les minutes. La luminosité de l'écran est à 50%. Le MacBook Air 13" est resté allumé pendant une moyenne de 16 heures. C'est une heure de plus que la machine de l'année dernière et autant que le dernier MacBook Pro 15".
Le deuxième test est à l'opposé : on pousse à fond le processeur et la puce graphique en faisant tourner Valley Benchmark (définition réglée sur celle par défaut du système, qualité des textures sur Ultra, antialiasing sur X8, luminosité de l'écran au maximum et Wi-Fi/Bluetooth activés). Au bout de 1 h 50, le Mac s'est éteint, soit à peu près pareil que la précédente génération.
Enfin, nous réalisons un test empirique, qui consiste à utiliser la machine dans le cadre d'une journée de travail classique chez MacG : l'écran est réglé à 80 % de luminosité ; Firefox est beaucoup sollicité avec de nombreux onglets ouverts ; Mail relève les courriels toutes les minutes ; Twitter est lancé ; Reeder constamment ouvert pour les RSS ; Dropbox synchronise régulièrement des fichiers ; Spotify pour écouter un peu de musique ; Byword sert à rédiger les articles.
Le MacBook Air a tenu 8 h 30 dans ce contexte. Un excellent résultat supérieur à celui de l'année dernière, mais soulignons qu'il y a forcément des disparités d'usage.
Conclusion
Au bout du compte, cette mise à jour est un peu décevante. La machine n'évolue pas là où on l'aurait voulu. On aurait bien troqué son SSD plus rapide contre un écran Retina et le Thunderbolt de 2e génération contre un trackpad Force Touch. Ces deux nouveautés auraient apporté un changement beaucoup plus sensible en utilisation courante.
Depuis quelques années, le MacBook Air fait presque du surplace. Sauf dans les usages intensifs où le nouveau processeur et le SSD font gagner du temps, l'expérience délivrée par un MacBook Air 2015 en usage courant est la même que celle des deux ou trois générations précédentes.
Passé cette déception, ça n'en reste pas moins un très bon portable. Il est léger, a une excellente autonomie et offre des performances tout à fait convenables. Si vous n'êtes pas sensible au Retina ou que vous n'y avez encore jamais goûté sur Mac, le MacBook Air est toujours un choix sûr.