De tous les portables qui ont été annoncés ou mis à jour en ce début d'année, le MacBook Air 11" est celui qui a reçu le moins d'attention de la part Apple. Pas de trackpad Force Touch, pas de SSD ou de barrette mémoire plus rapides, mais une augmentation de prix comme ses camarades. Au bout du compte, les seules évolutions sont celles amenées par Intel avec ses processeurs. En outre, l'arrivée d'un MacBook 12" Retina, plus ultraléger encore, place ce MacBook Air dans une situation que l'on sent précaire. Mais avant de spéculer sur son avenir, voyons ce qu'il vaut par rapport à ses prédécesseurs.
Quels changements ?
Quoi de neuf sur le MacBook Air 11" du début 2015 comparé à celui d'il y a un an ? Physiquement, rien bien sûr : on a toujours un poids plume de 1,08 kg entre les mains (qui sont maintenant battus par les 920 grammes du MacBook 12"). Il y a le port mini-jack, deux USB 3 et un Thunderbolt qui, nouveauté, passe en version 2. Pas d’écran Retina et de toute évidence il n'y en aura jamais dans cette famille. La dalle de 11" conserve sa définition de 1366x768 (lire aussi Les nouveaux MacBook Air gèrent bien les écrans 4K).
Le processeur est un Core i5 à 1,6 GHz de cinquième génération "Broadwell" au lieu d'un 1,4 GHz "Haswell" (le Turbo Boost est toujours à 2,7 GHz). La puce graphique passe d'une Intel HD Graphics 5000 à une 6000. Pas de changement sur la dotation RAM et SSD, on a toujours 4 Go sur les deux machines de base, 128 Go de stockage sur la première et 256 Go sur la seconde.
Qu'Apple s'en tienne à proposer 4 Go de RAM sur la première machine… à la rigueur, il faut bien étager une gamme. Mais qu'il en aille de même sur le modèle au dessus, vendu tout de même 1 250 €… ! La critique vaut d'ailleurs pour les MacBook Air 13" qui sont aussi tous livrés avec 4 Go. Il faudra — sans surprise — aller vers les MacBook Pro pour trouver 8 Go par défaut.
Certes, le 11" n'est pas une station de travail. Chez certains ce sera un petit portable d'appoint à un iMac ou à un Mac Pro. Pour d'autres, une sorte de machine à écrire reliée à internet. Mais si l'on se place dans le contexte de sa future revente, 4 Go de RAM dans 2 ou 3 ans ce sera assez sec pour allécher l'acheteur. Et puisqu'il est impossible d'en ajouter après coup, mieux vaut prévoir dès la commande les 100 € nécessaires pour avoir 8 Go.
La gamme 2015 comprend donc toujours deux machines de base qui n'ont de différence que leur capacité de stockage. La première est vendue 999 € et la seconde 1 249 €, au lieu de 899 € et 1 099 € l'an dernier. Soit une augmentation de 100 € et 150 €. On a comme options un Core i7 à 2,2 GHz (Turbo Boost à 3,2 GHz) coûtant 200 €, 512 Go de SSD réservés au second modèle (300 €) et ces 8 Go. Nous allons tester prochainement cette déclinaison Core i7.
Performances
La machine que nous avons testée est le second modèle, avec 256 Go de SSD. Les tests applicatifs montrent que les deux générations 2014 et 2015 du 11" se trouvent dans un mouchoir de poche. La machine va à peine plus vite dans iPhoto et GarageBand (écarts d'une poignée de secondes), elle est modérément plus véloce dans Final Cut Pro X et elle s’est montrée à l'inverse un peu plus lente dans iMovie (de 5%). Il n'y a qu'avec Aperture que l'écart est plus franc (9% plus rapide). Étrangement, notre modèle de test a systématiquement affiché des résultats meilleurs que le MacBook Air 13", à l'exception toujours d'Aperture.
La puce graphique Intel s'avère 39% plus rapide que la précédente dans le test OpenGL de Cinebench R15. C'est appréciable mais cela ne fait toujours pas de ce portable une machine de jeu — ce n'est de toute façon pas sa vocation première. Avec quasiment toutes les options graphiques activées dans Batman: Arkham City Goty, un titre maintenant ancien, on atteint en moyenne 21 images secondes, seulement.
SSD
Le SSD de 256 Go est de marque SanDisk et comme on peut s'y attendre, il file moins vite que le 256 Go Samsung trouvé dans nos MacBook Air 13" et MacBook Pro Retina 13" 2015. Ces derniers sont globalement deux fois plus rapides que le SanDisk. Ce n'est pas avec ces 11" que l'on atteindra — ni même frôlera — le giga-octet par seconde comme sur les 13" aujourd'hui.
À défaut, on profite tout de même de gains substantiels face au SSD SanDisk du MBA 11" de 2014 (c'était alors un 128 Go). La lecture séquentielle de petits fichiers (inférieurs à 1 Mo) donne par exemple 369 Mo/s en moyenne contre 332 Mo/s l'an dernier et 326 Mo/s en écriture contre 234 Mo/s. En lecture et écriture aléatoire c'est 163 Mo/s et 156 Mo/s contre 153 Mo/s et 129 Mo/s.
Est-ce qu'en utilisation essentiellement avec des applications pour internet cette machine est lente ? Bien sûr que non. Entre un Core i5 récent et un SSD, on a une base qui demeure bien confortable.
Lorsqu'on surfe, tape son mail, tweete, relève ses RSS et même avec toutes ces applications ouvertes en même temps elle reste réactive avec ses 4 Go. Ce qui peut expliquer qu'Apple ne se sente pas dans l'obligation de mettre plus de RAM. On pourra aussi faire du montage vidéo sauf à trop en demander. Nous avons travaillé un peu avec la séquence 4K utilisée pour nos tests, l'interface d'iMovie ne souffre pas de ralentissements mais la lecture de cette séquence vidéo de quelques minutes manque régulièrement de fluidité. Mais c'est de la 4K… Reste que l'on aurait apprécié qu'Apple fasse l'effort de mettre, au moins sur le second MacBook Air 11", un SSD comme en ont les MBA 13".
Autonomie
D'après Apple, cette série de MacBook Air a gagné de l'autonomie en lecture de vidéos dans iTunes (10h au lieu de 9h) mais rien sur l'épreuve de navigation web (toujours 9h). C'est précisément le type d'activité que nous mesurons avec notre premier test.
Avec Mail en arrière plan et Firefox rechargeant notre page d'accueil, notre MacBook Air a tenu une moyenne de 8h 15 min. L'amplitude était assez large, allant de 7h à 9h dans le meilleur des cas (nous avons répété cette épreuve 4 fois). L'écran avait sa luminosité sur 50%, le Wi-Fi était constamment sollicité par Mail réglé pour une relève toutes les minutes et Firefox qui chargeait notre page toutes les 30 secondes (Flash était installé). Il n'y avait pas de Bluetooth ni de clavier rétroéclairé.
Comme nous l'avons expliqué dans les deux derniers tests publiés, nous avons temporairement préféré Firefox à Safari car ce dernier n'arrive pas à finir ce test sans saturer la mémoire. Le système finit par mettre Mail et Safari en pause, qui se trouvent bloqués. C'est arrivé aussi sur les machines avec 8 Go et nous n'avions jamais eu ce problème auparavant. Nous l'avons observé également avec la dernière version bêta d'OS X 10.10.3.
On peut donc tabler sur une journée de travail sur internet, voire un peu plus avec d'autres réglages que les nôtres. C'est toutefois un peu moins que ce qu'Apple a estimé et nettement moins que notre test d'il y a un an. On avait obtenu un très copieux 11h dans des conditions très similaires, si ce n'est que l'on était avec Safari et sur Mavericks.
Autre test, celui qui soumet la machine à une forte charge. Elle a tenu 1h 19 min, c'est identique à l'année dernière (1h 22 min). Ici, nous lançons l'animation 3D de Valley Benchmark avec les réglages à fond et la luminosité de l'écran au maximum.
Enfin, nous terminons toujours par un test plus représentatif d'une utilisation courante, celui d'une journée de travail chez MacG qui fait un usage permanent de la connexion Wi-Fi. Le MacBook Air a résisté 7h exactement. L'année dernière ce test avait donné 7h 45 min. Il est toutefois difficile de comparer pied à pied les deux résultats, même si nous utilisons peu ou prou les même logiciels et d'une façon assez similaire.
Nous avions mis la luminosité de l'écran à 80% (aucun passage en veille), le Wi-Fi était actif et sollicité sur toute la durée par Mail (relève chaque minute), Twitter, iA Writer pour la rédaction de cet article, Dropbox, Slack, Reeder et Safari (avec Flash). Le clavier est toujours resté éteint, le Bluetooth aussi, nous n'avons pas écouté de musique ni regardé de vidéos mais fait un peu d'iMovie pendant quelques minutes.
En conclusion
Si l'on guettait avec impatience le renouvellement de ces MacBook Air 11", il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Au vu des résultats obtenus on conseillerait même de réfléchir à porter son choix sur un modèle de 2014, sous réserve d'en dénicher à un tarif plus attractif.
Le passage à Broadwell sur cette machine n'apporte pas de gros bénéfices comme on en a connu à l'époque d'Haswell où le gain minime sur les performances était compensé par un bond sur l'autonomie. Il y a tout de même la compatibilité avec les écrans 4K — que nous n'avons pu tester nous-même. Au final, Apple nous gratifie ici d'une machine toujours très compacte, très légère, capable pour toutes sortes de tâches généralistes, mais sans éclat particulier si on la compare à sa devancière.
On peut d'ailleurs se poser la question de l'avenir de ce portable à moyen terme et par extension des MacBook Air en général. On verrait bien cette famille disparaître pour ne plus laisser que les MacBook et MacBook Pro (lire Un petit MacBook qui annonce des bouleversements). Le 11" paraît être le plus en danger maintenant qu'il a perdu la première place des ultralégers. Mais avant que le nouveau MacBook ne le remplace — si tel est le plan — il a le mérite d'occuper la case de l'entrée de gamme en attendant que le MacBook ne deviennent bien plus abordable (il démarre quand même à 1 449 €) et que les accessoires et périphériques USB Type-C se multiplient.
C'est ce qui s'est passé autrefois, mais de manière inversée. Le MacBook blanc a tiré sa révérence à l'été 2011 au bénéfice du premier MacBook Air 11". Ce dernier venait seconder le 13" pour ouvrir la gamme des ultralégers. Il s'est écoulé trois ans entre l'avènement du MacBook Air 13" et la disparition de ce MacBook blanc d'entrée de gamme.