L'iMac de cette mi-juin a été une petite surprise. On s'attendait à un rafraîchissement des monoblocs comme en ont connu les MacBook Air en mai : un peu plus rapides et un peu moins chers. (Presque) raté, on a eu un peu moins cher et un peu moins rapide. Une évolution coordonnée vers le bas.
La nouvelle entrée de gamme des iMac démarre maintenant à 1099 euros au lieu de 1299 euros. Les autres modèles sont restés identiques en tout point. La gamme compte maintenant cinq machines au lieu de quatre, avec trois 21,5" et deux 27". Autant dire que cet iMac a été reçu par une volée de bois vert dans les commentaires. Avec, comme ritournelle, une configuration qui recule au lieu de progresser et un prix jugé absurde. Un tarif qui a comme tort principal d'être resté assis sur les 1000 euros au lieu d'aller voir en dessous.
Cependant, cet iMac n'a rien de nouveau. Apple a subitement inscrit au catalogue du grand public la machine qu'elle réservait aux écoles. Le précédent modèle Éduc' datait de mars 2013 (lire Un nouvel iMac pour le marché de l’éducation). Il coûtait le même prix, avec un Core i3 bicoeur à 3,3 GHz au lieu d'un i5 à 1,4 GHz aujourd'hui, 4 Go de RAM au lieu de 8 Go, 500 Go de disque dur aussi et une Intel HD Graphics 4000 au lieu de la 5000 aujourd'hui.
C'est donc une version un peu améliorée qui est proposée. On serait d'humeur taquine, on dirait que ceux qui vouent cette machine aux gémonies depuis sa sortie se féliciteraient certainement à grand bruit de voir l'école de leur progéniture en remplir les classes. Mais devenu Mac pour « les grands », ce modèle fait grincer les dents…
Il conserve pourtant les principales qualités des iMac : design soigné, matériaux de premier choix, construction robuste, silence de fonctionnement, connectique au goût du jour (Wi-Fi 802.11ac, Bluetooth 4, USB 3 et Thunderbolt) et processeur "Haswell" de dernière génération. Par contre, il y a le sempiternel disque dur 5400 t/min.
Il faut insister aussi sur l'impossibilité d'aller au-delà des 8 Go de base. Cet iMac, et lui seulement, utilise de la RAM LPDDR3 au lieu de la DDR3. Les MacBook Air 2014 l'ont adoptée avant lui. Cette mémoire très basse consommation est à l'origine destinée aux mobiles (le Galaxy S5 en a), aux tablettes et aux ultraportables. Elle est rapide, mais elle a pour inconvénient, lorsqu'elle est utilisée dans un ordinateur de bureau comme celui-ci, de ne pouvoir être changée. Dans cet iMac elle est littéralement soudée à la carte mère.
Si d'aventure on veut un jour augmenter la RAM sur son iMac, c'est le modèle au-dessus qu'il faut choisir. La seule chose que l'on peut améliorer sur le nouveau, c'est le stockage, avec un assortiment d'options : disque dur 1 To (+50 euros), SSD 256 Go (+250 euros) ou Fusion Drive 1 To (+250 euros).
Un détail à propos de la consommation électrique que nous mesurons depuis quelques machines. Cet iMac affiche une consommation de 30,8 W lorsqu'elle est sur le bureau, sans activité et avec la luminosité de l'écran à 100%. Le précédent 21" de 2013 donnait 37,5 W et le Mac mini affichait 10,5 W dans les mêmes conditions auxquels il faut ajouter les 102 W de l'écran 27" Thunderbolt Display. Un iMac avec son écran qui consomme trois fois moins qu'un écran seul, pas mal.
Performances
Nous avions déjà fait les tests bruts à la livraison de cette machine. Elle était ainsi que le laissait présager sa fiche technique : une sorte de MacBook Air que l'on aurait équipé d'un écran de 21"… Que ce soit avec Geekbench qui mesure le processeur et la RAM ou avec Cinebench R15 qui teste processeur et possibilités graphiques, cet iMac était au niveau de ses cousins les portables. Dès lors, il était aussi bien derrière la précédente entrée de gamme à base de Core i5 Quad 2,7 GHz (lire Nouvel iMac arrivé, déballé et premiers tests).
Cette accointance avec les derniers MacBook Air se retrouve dans l'utilisation de GarageBand, Logic Pro, iPhoto, Aperture, iMovie et Final Cut Pro. Lors des tests, il est arrivé néanmoins que le portable gagne une petite vingtaine de secondes, certainement grâce au SSD.
Depuis les Mac Pro nous avons changé notre procédure de test avec les applications. De manière à pouvoir néanmoins comparer cet iMac avec de plus anciennes machines, nous avons refait certaines de ces mesures sur ce nouveau modèle. Du moment que le processeur est bien sollicité, on voit que l'écart est net avec l'iMac Core i5 Quad 2,7 GHz qui servait d'entrée de gamme depuis l'automne 2013. Ce modèle est toujours au catalogue au tarif inchangé de 1299€ avec 1 To de disque dur, 8 Go de RAM et une Intel Iris Pro Graphics (lire Test de l'iMac 21,5" Core i5 2,7 GHz "Haswell").
Si l'on compare avec la dernière génération de Mac mini (« dernière » signifiant fin-2012…) on constate que le petit Mac fait encore bonne figure grâce à son Core i7 Quad. À part sur Photoshop, le Mac mini est plus rapide dans Handbrake, GarageBand et lors d'un archivage Finder. Ce mini a profité d'une micro baisse de prix de 30€ la semaine dernière, il est maintenant à 599€ en entrée de gamme, avec de l'USB 3, du Thunderbolt mais pas de souris, clavier ni écran (lire Test du Mac mini Core i7 Quad 2,3 GHz fin-2012).
Alors qu'un nouveau Mac arrive, il est assez étrange de lui opposer une machine qui a presque deux ans (et que l'on pressent toujours en instance de renouvellement voire de refonte générale), mais le fait est là : ce Mac mini reste au niveau (lire Le Mac mini très compétitif face au « nouvel » iMac « entrée de gamme »). Il a pour lui sa modularité, là où l'iMac a l'avantage du tout-en-un. Un format monobloc qui peut devenir un vrai casse-tête lorsqu'un problème survient hors garantie. Si la carte mère flanche par exemple, votre bel écran tout à fait fonctionnel devient subitement un beau miroir (on parle d'expérience, et à plusieurs reprises, avec d'anciennes générations d'iMac…).
La carte graphique, une Intel HD Graphics 5000, est celle que l'on croise déjà sur les actuels MacBook Air. Autant dire qu'elle n'est pas là pour souffler sur les braises des fps. Dans un titre 3D d'action comme Batman: Arkham City, les réglages poussés à fond donnent un pathétique 10 images/seconde de moyenne dans les séquences de test. Il faut abaisser la qualité de moitié et passer la définition de 1920x1080 à 1280x960 pour commencer à gagner en fluidité et jouabilité. Pour un Batman de 2009 cela fait pas mal de sacrifices, par contre, pour un Angry Bird du Mac App Store ce sera très bien… !
Soulignons tout de même que cette puce graphique sera capable de décoder du H.265, et donc de soulager le processeur de cette tâche qui demande beaucoup de ressources, contrairement à l'Intel HD Graphics 4000 du Mac mini.
Enfin, cette machine utilise toujours un petit disque dur 2,5" de 500 Go signé Western Digital/Hitachi (réf : HTS545050A7E362 contre HTS545050A7E362 pour la précédente entrée de gamme). Les performances sont tout aussi proches de l'iMac juste au-dessus. Dans les résultats que nous avons retenus, le nouvel iMac est un peu moins rapide, mais il lui est arrivé d'afficher 100 Mo/s en lecture/écriture séquentielle.
Aujourd'hui, le débat sur le choix d'un 5400 t/min (conservé par Apple pour cette machine) plutôt qu'un 7200 t/min n'a plus vraiment d'intérêt, la différence de vitesse ne changerait pas grand-chose. On regrette plutôt que le principe du Fusion Drive ne soit pas davantage généralisé dans les iMac où il demeure une option partout dans la gamme, et a fortiori sur ce modèle qui l'a fait démarrer.
Conclusion
Dans l'absolu, cette machine ne manque pas de qualités, celles que l'on a égrenées plus haut. On a un iMac, un vrai, un tout-en-un compact qui se glisse partout et de très belle facture. Apple n'a pas remplacé l'aluminium par du plastique, ni remis de l'USB 2, enlevé le Thunderbolt ou bridé le Wi-Fi. Chez les utilisateurs qui utilisent de temps en temps leur ordinateur et essentiellement pour du mail, de l'Internet et décharger quelques photos, cela ne devrait poser aucun problème. On n'a pas besoin d'un dragster pour cela.
Pour une utilisation un poil plus soutenue (sans s'embarquer dans le montage 4K, ce n'est pas le public visé…) on est davantage frustré par ce couple « petit » processeur et disque dur. Sur les MacBook Air, ce même Core i5 est secondé par un SSD, et rapide de surcroit. Le SSD, composant miracle pour masquer le relatif manque de punch d'un processeur, fait ici défaut. Il fait d'ailleurs défaut dans toute la gamme iMac où il reste une option, même sur les 27". Le jour où Apple fera du Fusion Drive un élément de base de ses machines de bureau, le champagne coulera. On aura enfin sur son iMac cette sensation de quasi-instantanéité que l'on apprécie au quotidien sur ses iPhone et iPad et qui disparait avec cet iMac.
Un revendeur que l'on interrogeait sur cette machine la trouvait tout à fait adéquate pour des switchers intrigués par Apple et des usages courants comme Internet, le partage de photos de famille ou la petite bureautique. Mais ce point noir du disque dur était aussi mentionné, ainsi que le tarif.
Apple vendrait cette machine en dessous des 1 000€, la somme de ces "manquements" aurait été plus digeste. Les 200€ réclamés pour le modèle supérieur donnent à réfléchir dès lors qu'ils promettent le double de disque dur, une puce graphique plus puissante, un processeur bien plus rapide et plus de souplesse pour augmenter la RAM (cela doit être fait chez un spécialiste, il n'y a pas de trappe d'accès pour l'utilisateur comme sur les 27"). En somme, cet iMac peut être aussi vu comme un produit d'appel vers les modèles au-dessus pour le tout nouveau client Apple au budget un peu lâche, tandis que l'utilisateur Mac avisé guettera des opportunités sur le refurb.