Le Mac Pro d’entrée de gamme a toujours été une machine un peu à part, pas forcément plus puissante qu’un iMac haut de gamme, mais évidemment plus extensible. Or le nouveau Mac Pro n’est plus aussi extensible que l’ancien, ou du moins pas beaucoup plus que l’iMac. Cette nouvelle version d’entrée de gamme a-t-elle encore un intérêt ? La réponse dans notre test du Mac Pro quadricœur à 3,7 GHz (FirePro D300, 12 Go de RAM et 256 GO de SSD, 2 999 €).
Notez bien
Ce test ne couvre que les éléments spécifiques au Mac Pro quadricœur. Pour en savoir plus sur les nouveaux Mac Pro en général, n’hésitez pas à vous reporter aux articles suivants :
- Premier contact avec le nouveau Mac Pro ;
- Mac Pro : premier coup d’œil sur les performances ;
- Mac Pro : des cartes graphiques qui font la paire ;
- Mac Pro : les ports, c’est important, et pourtant… ;
- Mac Pro : les jeux aussi performants en virtualisation qu’en natif ;
- Test du Mac Pro fin 2013 (huit cœurs à 3 GHz, FirePro D700).
Une gamme plus progressive
Depuis 2006 et la naissance du Mac Pro, le fossé entre le modèle le plus abordable et le modèle le plus puissant n’a cessé de s’agrandir. Le Mac Pro dodécacœur à 3,06 GHz de 2012 était ainsi près de trois fois plus puissant que le modèle quadricœur à 3,2 GHz de la même année !
De ce point de vue, la nouvelle gamme de Mac Pro est un peu plus progressive : le modèle dodécacœur n’est « que » 2,3 fois plus puissant que le modèle quadricœur qui nous intéresse aujourd’hui. Le modèle le plus puissant n’a certes que peu progressé, mais le modèle d’entrée de gamme a aussi pris du galon.
Le modèle haut de gamme est en effet toujours « limité » à 24 cœurs logiques, et sa fréquence est passée de 3,06 GHz à 2,7 GHz : les changements architecturaux préservent les performances, mais ne permettent pas de les augmenter drastiquement. Le modèle d’entrée de gamme intègre toujours huit cœurs logiques, mais sa fréquence est passée de 3,2 GHz à 3,7 GHz, et peut même atteindre 3,9 GHz sur un seul cœur.
Quatre petits cœurs…
Le Mac Pro premier prix embarque un des processeurs « serveur » parmi les moins chers du catalogue d’Intel, le Xeon E5-1620 v2. On le trouve dans le commerce à un prix équivalent à celui du Core i7-4770K qui équipe l’iMac toutes options — une comparaison qui n’est pas tout à fait vide de sens puisque ces deux processeurs offrent des performances brutes très similaires.
Au petit jeu de Geekbench, ce nouveau Mac Pro d’entrée de gamme ne fait pas beaucoup mieux qu’un iMac haut de gamme, même de précédente génération. Il faut toutefois noter qu’il tient la comparaison avec les « anciens » Mac Pro octocœur, il est vrai désavantagés par leur faible fréquence.
Comme la plupart des applications du Mac App Store, les applications « grand public » d’Apple tirent plus ou moins bien parti des configurations multicœur. Dans ce cadre, le Mac Pro quatre cœurs est légèrement plus rapide que le modèle huit cœurs : c’est surtout la fréquence qui prime. Mais il ne parvient pas à véritablement se détacher d’un ancien iMac haut de gamme, dont le processeur dispose même d’instructions spécifiques qui l’avantagent lors de l’exportation d’une vidéo dans iMovie.
Mais le Mac Pro d’entrée de gamme tient mieux la charge que n’importe quel iMac et peut embarquer jusqu’à deux fois plus de mémoire vive — même si Apple le livre avec 12 Go de RAM plutôt que 16, qui plus est en trois barrettes de 4 Go et donc sans quadruple canal. Il n’a aucun mal à gérer deux fois plus de pistes dans Logic Pro X, et le vieil Aperture y est bien plus à l’aise : ce n’est pas pour rien qu’il s’appelle Mac « Pro ».
…et deux petites cartes graphiques
Les différences ne s’arrêtent évidemment pas là : alors que le plus puissant des iMac ne dispose que d’une carte graphique d’ordinateur portable, le moins puissant des Mac Pro embarque deux cartes graphiques professionnelles. Avec 1 280 processeurs de flux et 2 Go de VRAM chacune, les FirePro D300 ont une puissance de calcul de 2 176 GFLOPS.
Dans Final Cut Pro X, la différence entre le Mac Pro d’entrée de gamme et des modèles plus puissants est évidemment sensible : le Mac Pro huit cœurs armé de deux cartes D700 que nous avons testé récemment est 50 % plus rapide. On parle d’une différence de huit secondes certes, mais de huit secondes pour exporter une timeline 5K de cinq secondes — à l’échelle d’un projet plus conséquent, la différence est énorme. Tout comme la différence entre le Mac Pro d’entrée de gamme et un iMac haut de gamme : les D300 sont peut-être moins optimisées pour le GPGPU que les D500 et D700, mais elles effacent complètement les cartes « grand public ».
On retrouve le même genre d’écart dans Luxmark, un bon test des performances OpenCL. La D700 laisse là encore la D300 sur place, mais la D300 est loin, très loin de démériter. Même chose dans DaVinci Resolve, où le Mac Pro d’entrée de gamme n’est qu’à une ou deux i/s derrière le Mac Pro huit cœurs, mais quinze devant n’importe quel iMac et les anciens Mac Pro.
Un iMac sans écran et avec des cartes graphiques
Vous l’aurez compris donc, ce Mac Pro d’entrée de gamme garde un intérêt face à l’iMac haut de gamme, même si la nature de cet intérêt a changé.
Si vous possédez déjà un écran et que vous le passez à 16 Go de RAM, le Mac Pro quadricœur ne vaut que 350 € de plus que l’iMac 27 pouces le plus proche (Core i7 à 3,5 GHz, 256 Go de SSD, Nvidia Geforce GTX 780M). Ces 350 € payent les quatre ports Thunderbolt supplémentaires, qui plus est des ports Thunderbolt 2.0. Vous pourrez donc connecter jusqu’à 24 périphériques de plus au Mac Pro, ou du moins plus facilement mêler écrans, stockages et autres cartes d’acquisitions (quoique pas sans quelques restrictions). Ils payent aussi ces deux cartes FirePro D300, qui sont certes les moins puissantes que l’on puisse mettre dans un Mac Pro, mais qui sont beaucoup, beaucoup plus puissantes que la puce graphique des iMac.
Par bien des aspects, il est aujourd’hui plus simple de choisir entre le Mac Pro d’entrée de gamme et l’iMac haut de gamme. Leurs performances étaient jusqu’ici si proches que le choix s’effectuait avant tout en fonction de contraintes budgétaires, de besoins d’extension et de préférences personnelles. Ces points sont toujours aussi importants, mais le Mac Pro est de fait optimisé pour un type très précis d’utilisation. Le choix est un peu compliqué si vous avez déjà un Mac Pro, surtout si vous avez changé sa carte graphique ou comptez le faire : dans ce cas, vous pouvez approcher voire dépasser les performances de ce modèle à moindre coût.
Car ce Mac Pro quadricœur est un produit d’appel : il n’est pas sûr qu’il faille l’acheter tel quel, sauf à ne pas pouvoir faire autrement. Le nouveau Mac Pro est de fait optimisé par un type très précis d’utilisation, on l’a dit… mais surtout quand on a remplacé les D300 par des D500 ou des D700. C’est le paradoxe de cette entrée de gamme.