Quatre mois après le MacBook Air, le MacBook Pro Retina 13" passe à Haswell. Si le passage à la nouvelle architecture d’Intel a été une franche réussite pour l’ultraportable d’Apple — un gain d’autonomie important avec des performances stables —, qu’en est-il pour le MacBook Pro Retina d’entrée de gamme ? 200 € moins cher que sa version de début d’année, le MacBook Pro Retina 13" n’a jamais été aussi abordable — 1 299 €. L’occasion de se jeter dessus ?
Le même boîtier (ou presque)
À l’instar du MacBook Pro Retina 15", le design du nouveau Retina 13" n’a pas bougé... ou presque. Il est très légèrement plus fin (1,8 cm contre 1,9 cm pour l’ancien modèle) et très légèrement plus léger (1,57 kg contre 1,62 kg). La largeur est la même (31,4 cm), tout comme la profondeur (21,9 cm). À moins d’avoir les deux générations sous les yeux et le compas dans l’œil, la cure d’amaigrissement est invisible. Sur la balance, la machine se place donc toujours entre le MacBook Air 11" poids plume (1,08 kg) et le Retina 15" (2,02 kg), qui est aussi lourd que le MacBook Pro 13" « classique » (2,06 kg).
Le MacBook Pro Retina 13" bénéficie toujours de la même fabrication en aluminium qui a fait ses preuves. La machine est solide et dense, les finitions sont irréprochables, le clavier est rétro éclairé, le trackpad en verre est grand... On est en terrain connu. En parlant du clavier et du trackpad, nous avons rencontré un problème souligné par d’autres utilisateurs sur les forums d’Apple. Le clavier et le trackpad peuvent subitement ne plus répondre. Pour qu’ils se remettent à fonctionner, il faut fermer pendant quelques secondes le Mac puis le rouvrir. L’anicroche ne s’est produite que deux fois sur plusieurs dizaines d’heures d’utilisation. Apple a indiqué qu’il ne s’agissait que d’un problème logiciel et qu’une mise à jour corrective est en préparation. [MAJ] : Apple a rendu disponible la mise à jour.
Sur la tranche gauche, à côté du port d’alimentation MagSafe 2, les deux ports Thunderbolt évoluent. Ils passent au Thunderbolt 2, ce qui permet de doubler les débits, jusqu’à 20 Gbit/s par connecteur, et de prendre en charge les écrans Ultra HD 4K. Comme nous l’avons déjà noté dans notre test du MacBook Pro Retina 15" fin 2013, il n’y a pas encore de matériel Thunderbolt 2 pour voir si la promesse de débits doublés est respectée — branché à un autre MacBook Pro Retina, nous avons atteint la limite de vitesse du SSD interne avant d’atteindre la limite du Thunderbolt...
À la droite des connecteurs Thunderbolt, le port USB 3 (jusqu’à 5 Gbit/s) ne change pas quant à lui, de même pour la prise casque et les deux micros.
Sur la tranche droite, on retrouve un deuxième port USB 3, une sortie vidéo HDMI qui prend elle aussi en charge la 4K (jusqu’à 4 096 x 2 160 pixels à 24 Hz) et un lecteur de carte SDXC. Le haut-parleur est correct, bien qu’il manque de basse. Le son sature lorsqu’on pousse le volume au maximum, mais au vu de l’encombrement de la machine, le résultat n’est pas mauvais.
L’écran Retina, l’atout maître de ce portable, ne change pas. Tous les éléments affichés sont tracés avec quatre fois plus de pixels. Ainsi, quand Apple indique une définition native de 2 560 x 1 600 pixels, l’espace de travail n’est constitué en fait que de 1 280 x 800 pixels utilisables (227 ppp). En résulte un rendu superbe, mais force est de constater un an et demi après l’arrivée du premier modèle Retina que si la plupart des applications ont été adaptées à cet écran, ce n’est pas le cas du web.
La définition utile par défaut est de 1 280 x 800 pixels, soit moins que le MacBook Air 13" (1 440 x 900) et même que le MacBook Air 11" (1 366 x 768), ce qui se traduit donc par un espace d’affichage plus petit. Heureusement, on peut monter la définition utile à 1 440 x 900 ou 1 680 x 1 050 pixels, ce qui offre un large espace de travail tout en conservant une finesse d’affichage très appréciable.
Concernant le fameux phénomène de ghosting (persistance d’une image qui est restée à l’écran pendant quelques minutes), nos deux MacBook Pro Retina fin 2013 ne sont pas affectés. Il semble que l’utilisation de dalles produites par Samsung, qui sont moins sujettes à la rétention d’image, a augmenté de manière significative. À défaut de pouvoir choisir le fournisseur de la dalle à la commande — Samsung apparaît être un meilleur choix que LG —, Apple donne quelques conseils pour éviter cette persistance d’images, qu’elle reconnait donc.
Un intérieur (ré)arrangé
Pour trouver les principales nouveautés de cette machine, il faut l’ouvrir. Il n’y a plus qu’un seul ventilateur au lieu de deux, mais celui-ci est un peu plus grand. En fait, c’est toute l’organisation interne qui a été revue. La barrette SSD n’est plus sous le trackpad, ce qui occasionnait une perte de place assez importante, mais dans le coin supérieur droit, pas très loin du processeur. Deux cellules de la batterie viennent combler tout l’espace laissé vacant sous le trackpad. L’agencement interne est au final plus ordonné.
Le processeur choisi par Apple pour son MacBook Pro Retina 13" d’entrée de gamme est un i5-4258U, une puce de la gamme « U » dédiée aux ultraportables, une première pour cette machine. Il s’agit d’un processeur Core i5 de quatrième génération (architecture Haswell) avec deux cœurs physiques qui disposent de 3 Mb de cache. La technologie HyperThreading fait apparaître ces deux cœurs physiques comme quatre cœurs logiques. La fréquence de base du processeur est de 2,4 GHz, avec la possibilité de monter jusqu’à 2,9 GHz grâce au Turbo Boost. C’est respectivement 100 et 200 MHz de moins que la précédente génération.
Qui dit processeur « U », dit TDP (l’enveloppe thermique) inférieur. Le TDP est ainsi de 28 W seulement, contre 35 W pour les processeurs précédemment utilisés sur le MacBook Pro Retina 13". Un TDP moindre qui explique qu’il ne suffit plus que d’un ventilateur, certes un peu plus gros, pour refroidir la machine.
La partie graphique est toujours assurée par un GPU intégré, l’Intel Iris 5100. La nouvelle puce est cadencée à 1 100 MHz, soit la même fréquence que l’Intel HD 4000 du Retina 13" du début d’année.
Il y a aussi du nouveau concernant la mémoire, avec du bon et du moins bon. La capacité de stockage du SSD ne change pas, elle reste à 128 Go, ce qui risque d’être trop peu pour certains utilisateurs. En revanche, le SSD adopte l’interface PCIe, synonyme de vitesse accrue. On y reviendra plus tard. La mauvaise nouvelle, c’est la dotation en mémoire vive. Alors que les deux précédents MacBook Pro Retina 13" d’entrée de gamme étaient équipés de 8 Go de RAM de série, le nouveau modèle en a deux fois moins... La mémoire vive étant soudée à la carte mère, pas moyen de la changer soi-même, il faut absolument personnaliser sa configuration au moment de l’achat sur l’Apple Store. Si vous voulez passer à 8 Go de RAM, comptez 100 € en plus. Pour 16 Go, c’est 300 € supplémentaires.
Des performances en légère hausse
Processeur
Une nouvelle architecture, mais une fréquence qui baisse ; un SSD a priori plus rapide, mais deux fois moins de mémoire vive... que vaut concrètement ce MacBook Pro Retina qui avance sur certains points, mais recule sur d’autres ?
Geekbench 2, un logiciel de benchmarking complet, place cette machine un cran légèrement au-dessus de ses prédécesseures, avec un score total de 8 204 points contre 7 564 pour le modèle du début d’année et 7 343 pour celui de fin 2012. Si l’écart n’est pas énorme, il est tout de même plus important que celui qui sépare les deux premières générations, preuve qu’il ne s’agit pas que d’un « bête » speed bump. Le MacBook Pro Retina 13" reste toutefois loin de son grand frère 15" (toutes générations confondues), qui a un score d’environ 13 000 points.
Dans le détail, ce sont les performances du CPU qui progressent le moins. Les performances de la mémoire progressent, elles, de manière plus significative, allant même jusqu’à dépasser le 15".
Cinebench, un autre outil de benchmarking, confirme cette progression timide des performances du CPU. La machine enregistre un score de 2,92, soit le même que la génération précédente et seulement 0,10 point de plus que le premier modèle. Par contre, le résultat de la carte graphique est appréciable. L’Intel Iris réalise un score de 24,69 points sur OpenGL, soit 5 points de plus que l’Intel HD 4000.
Dans les tests applicatifs qui prennent le moins de temps à être exécutés, il n’y a pas d’évolution. Les écarts ne sont que de quelques poignées de seconde, tantôt en faveur du nouveau MacBook, tantôt en faveur des anciens modèles. La différence se fait plus sensible sur les opérations les plus longues. On gagne de 17 à 32 secondes sur l’export d’un film dans iMovie, et carrément 1 min 30 pour le même type de test avec QuickTime X. En revanche, les performances sur Handbrake se sont dégradées, mais c’est un phénomène qui n’est pas propre à ce modèle.
Puce graphique
Le MacBook Pro Retina 13" fin 2013 est le premier de la gamme à avoir été testé avec Valley Benchmark, un logiciel qui propose des conditions de test assez proches de ce que l’on aurait avec un jeu et qui permet donc de voir ce que vaut le GPU.
Nous avons mené le test dans les deux mêmes configurations que le Retina 15" : en qualité moyenne (1440x900 pixels, réglage de la qualité "Low" et antialiasing x4) et en qualité élevée (1920x1200 pixels, réglage de la qualité "High" et antialiasing x8). Logiquement, le 13" fait moins bien que le 15" équipé d’un GPU intégré plus puissant, l’Iris Pro. En qualité moyenne, on obtient un score de 405 (moyenne de 10 FPS), et en qualité élevée, un score de 124 (moyenne de 3 FPS). Selon MacWorld, l’amélioration est significative par rapport à l’Intel HD 4000. Le site, qui ne précise pas quels réglages ont été utilisés sur Valley Benchmark, a noté un résultat de 17,6 FPS pour le nouveau Retina 13" contre 10,6 pour l’ancien.
Dans Batman : Arkham City, un jeu sorti en 2011 sur PC et l’année dernière sur Mac, les scènes de tests automatiques donnent une moyenne de 10 FPS avec tous les réglages vidéo cochés (sauf FXAA et synchro verticale), niveaux de détails sur Haut, antialiasing en x8 et définition maximale de 1680x1050. En abaissant à 1440x900 et antialiasing à 4x on monte à environ 16 FPS. En définitive, même s’il y a du mieux, ce n’est toujours pas avec l’Intel Iris que l’on pourra jouer convenablement aux jeux en 3D récents.
Pendant quasiment toutes ces opérations, la machine s’est montrée très silencieuse et a assez peu chauffé. Seules les applications les plus gourmandes, Valley Benchmark et Batman, ont réveillé le ventilateur. Un ventilateur unique moins bruyant que les deux qui officiaient jusque là. Un avantage rendu possible grâce à l’utilisation d’un processeur destiné avant tout aux ultraportables.
Un SSD débridé
Grâce à l’adoption de l’interface PCIe, le SSD se montre bien plus rapide. Sur des petits fichiers, on atteint des pics de 638 Mb/s en lecture séquentielle et 470 Mb/s en lecture aléatoire. En écriture, on est à 323 Mb/s en séquentiel et 310 Mb/s en aléatoire.
Avec des fichiers de plusieurs dizaines de Mo, on est autour de 750 Mb/s en lecture et 316 Mb/s en écriture. C’est bien 60 % plus rapide comme Phil Schiller l’a annoncé.
Wi-Fi 802.11ac
À l’instar de tous les Mac sortis depuis le mois de juin, le MacBook Pro Retina 13" fin 2013 adopte le Wi-Fi 802.11ac, dont le débit théorique maximum est de 1 300 Mb/s, contre 450 Mbit/s pour le 802.11n. Comme le Retina 15", la machine est équipée de trois antennes, ce qui lui permet de dépasser le Gb/s.
À un mètre d’une borne AirPort Time Capsule, la vitesse de transmission affichée par le système n’a toutefois pas dépassée le Gb/s et s’est calée sur 867 Mb/s.
Nous avons mené des tests de performance bruts avec l’utilitaire WiFiPerf dans un milieu relativement surchargé en matière d’équipements Wi-Fi. Opposé à un MacBook Air 2012 (802.11n), un MacBook Air 2013 (802.11ac mais avec deux antennes, donc limité 867 Mb/s) et un Retina 15" 2013, c’est le Retina 13" qui s’en sort le mieux.
La vitesse de transmission moyenne est de 480 Mb/s (60 Mo/s), contre 430 Mb/s pour le MacBook Air Haswell. Le Retina 15" a quant à lui été plus instable, oscillant entre 350 et 500 Mb/s. Quant au MacBook Air 2012 équipé de Wi-Fi 802.11n, il se limite à 220 Mb/s.
Sans trop de surprise, on est donc assez loin du débit théorique maximal, mais le gain est vraiment appréciable puisque les débits sont doublés. Un point important pour un ordinateur portable.
Une meilleure autonomie
Le passage à Haswell a fait grimper de manière significative l’autonomie des MacBook Air sortis en juin dernier. Un bond en avant que l’on retrouve sur cette machine. Elle a tenu 5 h 40 durant la lecture d’un film dans VLC (en 1280x528) pendant qu’en arrière-plan Mail relevait le courrier toutes les minutes en Wi-Fi. La luminosité de l’écran était à 75%, le son à 50% et le clavier éteint. C’est une demi-heure de plus que le modèle du début d’année et trois quarts d’heure de plus que celui de fin 2012.
Lors du second test de surf en musique, le portable s’est éteint au bout de 10 heures. Ce test consiste à recharger notre page d’accueil toutes les 30 secondes - Flash est installé - pendant qu’iTunes joue des AAC 320 en boucle. Les autres réglages sont identiques. Le portable a ici mis plus de 3h dans la vue de ses prédécesseurs, une sacrée performance. Dans ces deux tests d’autonomie, le MacBook Pro Retina 13" devient la deuxième meilleure machine, derrière MacBook Air 13" Haswell qui a encore une avance confortable.
Enfin, nous avons mené notre test empirique qui consiste à utiliser l’ordinateur comme on l’utiliserait pendant une journée de travail. Réalisé à trois reprises, la moyenne se situe autour de 7 heures. Les applications constamment ouvertes étaient Mail (toujours en relève chaque minute), Safari avec Flash, iAWriter pour la rédaction, Tweetbot, le client RSS ReadKit, Spotify et le correcteur Antidote. La machine était connectée en Wi-Fi et sollicitée sur son accès réseau en permanence. L’écran était à 75%, réglé en 1 440 x 900 et le clavier modérément rétroéclairé. À noter que lors de notre premier test, nous avons utilisé Firefox à la place de Safari. La machine s’était éteinte au bout de 5 heures seulement.
Les 7 heures de moyenne sont une heure au-dessus du précédent modèle. En somme, l’autonomie progresse de manière incontestable. On pourra partir sans le chargeur et profiter pendant une journée du MacBook Pro Retina 13" sans trop de souci.
Pour conclure
Le MacBook Pro Retina 13" est arrivé à maturité. Ses petits problèmes de jeunesse — manque de rapidité et de fluidité sur le modèle original notamment — sont du passé. Le portable est très agréable à utiliser : il est compact, sa construction unibody est impeccable, sa connectique à la pointe, il est réactif et l’écran Retina est un vrai plaisir. Ajoutez à cela une très bonne autonomie, le Wi-Fi 802.11ac et des ports Thunderbolt 2 et vous obtenez un excellent ordinateur portable paré pour l’avenir.
Mais, puisqu’il y a un mais, la partie graphique est en retrait, comme c’est souvent le cas sur les Mac. Malgré des performances un peu meilleures, on ne pourra toujours pas jouer correctement à des jeux récents avec le GPU intégré d’Intel. Une caractéristique technique qui ne sera rédhibitoire que pour les plus gros joueurs.
L’autre réserve que l’on a avec cette machine, c’est sa configuration de base. Certes, à 1 299 € « seulement », le MacBook Pro Retina n’a jamais été aussi abordable. Mais le SSD de 128 Go sera certainement trop étroit pour de nombreux utilisateurs, a fortiori si on compte garder la machine pendant plus d’une poignée d’années. Apple ne proposant un SSD de plus grosse capacité en option, il faut dans ces cas-là se tourner vers le modèle de milieu de gamme vendu 200 € plus cher. Si un fabricant tiers se décide à sortir un SSD compatible, il pourra être remplacé plus tard au besoin, mais son format spécifique entraînera un surcoût non négligeable.
Le constat est le même pour la RAM, réduite à 4 Go. Nous n’avons jamais rencontré de ralentissement lors de notre test, mais il est vraiment préférable de passer à 8 Go (option à 100 €) si l’on compte utiliser des applications lourdes ou simplement préparer l’avenir. Il faut en effet garder en tête que, contrairement aux précédentes gammes, il n’est plus possible de changer la RAM après l’achat, puisque celle-ci est soudée à la carte mère... Le modèle de milieu de gamme à 1 499 € sera lui bien plus viable à long terme avec son SSD de 256 Go et ses 8 Go de RAM.