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Test de Quark XPress 10

Léo Tairraz

lundi 28 octobre 2013 à 12:21 • 17

Logiciel

XPress est aujourd'hui l'un des logiciels de PAO les plus anciens. Comme le bon vin, le metteur en page de Denver s'est bonifié avec le temps, n'échappant à aucune critique de ses utilisateurs, mais également salué comme un outil novateur, même par ses plus ardents détracteurs. XPress est aujourd'hui un outil complet et performant pour la publication papier et vers la plupart des liseuses électroniques, dont bien entendu l'incontournable iPad.

Durant deux ans, et d'après les dires de Quark, ses développeurs ont travaillé d'arrache-pied pour actualiser un demi-million de lignes de code et en ajouter 350 000, faisant enfin passer XPress de Carbon à l'environnement Cocoa. Sur le fond, ce grand chantier n'occasionne pas de profonds bouleversements sur le logiciel. Il a surtout permis à Quark de faire un grand ménage sur les fondations d'XPress, une cure de jouvence salutaire.

Une interface revue, mais pas transformée - Cliquez pour agrandir

Interface

L'interface utilisateur a été revue et corrigée sans pour autant tourner le dos au passé. Quark n'a jamais vraiment bousculé les habitudes de ses utilisateurs et cette nouvelle interface s'appuie sur les palettes déjà en place sur la version 9.

L'environnement est désormais de type "intégral" et enveloppe intégralement l'espace de travail, sans doute pour coller aux standards en matière d'ergonomie. En pratique nous sommes en fait dans un pseudo-espace intégral, l'astuce de Quark consistant par défaut à parfaitement encadrer l'espace de travail en élargissant les palettes.

Rien ne vient perturber les bonnes vieilles habitudes puisque les palettes sont disposées aux mêmes endroits. Elles restent détachables, ce qui permettra aux nostalgiques de conserver un aspect "classique" au logiciel. Ce nouvel habillage permet également de pouvoir très facilement personnaliser l'environnement de travail en fonction de la nature de la maquette en cours.

Les palettes d'outils peuvent se disposer droite ou à gauche via un bouton d'option et une nouvelle fonction de masquage automatique des palettes fait son apparition. Chaque ensemble de palettes pouvant se mémoriser, il est donc facile de se créer des groupes de palettes spécifiques (Typo, Image…) que l'on active à la volée, en évitant d'encombrer l'espace de palettes inutiles.

Un gros changement a été apporté à l'ancienne palette "Spécification" qui se nomme désormais "Mesure". Cette palette qui ferme l'espace de travail devient ainsi le véritable centre de commande du logiciel pour la plupart des éléments qui entrent dans la composition d'une page. Ses fonctionnalités s'adaptent en fonction de l'élément en cours d'utilisation par l'utilisateur. Pour le texte, la palette Mesure intègre donc tous les outils concernant l'édition de la typo (caractères, paragraphe, filets, tabulation, habillage, ombre portée…), mais également les outils d'édition du bloc. La palette mesure s'adapte donc à la volée en fonction de la nature du bloc sélectionné et évite ainsi de recourir aux menus et aux boîtes des dialogues.

La palette Mesure (ex Spécification) - Cliquez pour agrandir

La même palette Mesure dont le contenu change en fonction du contexte - Cliquez pour agrandir

Dopé au Xenon

Quark a donc revu le code de son logiciel et a surtout profité de cette refonte et du passage à Cocoa pour doter XPress d'un tout nouveau moteur graphique baptisé Xenon. Il offre un niveau de performances graphiques bien plus élevé que par le passé grâce à la prise en charge du multithreading et des configurations à plusieurs processeurs. Revers de la médaille, Xenon est exigeant en capacité RAM dans le cas de documents très complexes et comportant de nombreux imports graphiques.

Quark impose un minimum de 2 Go de RAM et OS X 10.6.7 pour fonctionner. C'est sans doute un prérequis pour des machines équipées de processeurs récents. Mais pour un vieux Mac Pro équipé de deux dual-core Xeon 2,66 GHz et de 16 Go de Ram, XPress 10 n'a montré qu'un niveau de performances légèrement supérieur à celui d'XPress 9 sur un fichier comportant de nombreuses pages et pas mal d’imports d'images. Le logiciel de Quark s'accommode donc en priorité des processeurs récents.

Avec le même document ouvert sur un iMac 27" doté d'un processeur Intel i5 2,9 GHz, XPress 10 prend un sérieux coup de fouet et voit son niveau de performance s'élever. Notre fichier se manipule tout d'un coup avec souplesse et légèreté, mettant ainsi en évidence les performances du moteur Xenon avec les processeurs d'architectures plus modernes et récentes.

Une des vertus de Xenon est de s'affranchir des limites liées aux formats natifs des fichiers graphiques. Dans le cas du format PDF, Xenon sait parfaitement interpréter les polices, les vecteurs, les espaces couleur et les calques présents dans les fichiers. Il sait également gérer nativement la transparence du format PDF et la mixer avec celles crées directement au sein du logiciel avec une gestion parfaite à l'export. La résolution adaptative, ensuite, lève les contraintes liées à l'affichage. Elle permet de restituer les images dans la résolution la plus élevée pour s'adapter à la valeur de zoom, au recadrage et à la position de l'image (bitmap ou vectorielle).


Compatible Retina

Parfaitement dans l'air du temps, XPress affiche avec une certaine fierté sa compatibilité avec les écrans Retina et les moniteurs très haute définition. La totalité des palettes et des boîtes d'outils ont été optimisées pour une meilleure visibilité avec un bien meilleur confort de travail à l'écran… et un vrai soulagement pour nos yeux.

Optimisations des outils

Difficile de rajouter des fonctionnalités à un logiciel que l'on peaufine depuis plus de 25 ans. Quark a surtout porté ses efforts sur l’amélioration de l'existant. L'environnement Cocoa permet à XPress de disposer d'un vrai mode plein écran instauré depuis OS X Lion.

Certaines palettes d'outils ont été améliorées comme le "Navigateur de Pages", l'"Aperçu avant impression" ou les options de la palette "Couleurs", redimensionnables et beaucoup plus confortables à consulter.

Des palettes de couleurs plus pratiques à l'usage
Nouvel aperçu avant impression

Les calques gagnent en puissance avec une très bonne gestion de la structure des éléments sur différents calques lors d'un copier/coller. Ou encore les gabarits qui supportent désormais l'utilisation de calques.

La gestion des courbes de Béziers et l'outil Plume évoluent avec la possibilité de fermer le tracé d'un objet ou encore de joindre et fermer le tracé de plusieurs objets. Autre petit bénéfice, l'alignement des blocs peut désormais se baser sur un bloc défini comme clé.

La gestion du format de fichiers Word permet d'importer les liens hypertextes et les images (sous la forme de blocs images ancrés au texte). La gestion des typos s'améliore avec le surlignement du texte où figurent des typos manquantes dans les blocs.

Texte surligné car typo manquante

Plus anecdotique, XPress s'enrichit d'un générateur de QR Code capable de contenir les URL, les SMS et les vCards. Pour l'heure, impossible de générer un QR Code vectoriel, mais uniquement un code image…

Générateur de QR Code

Côté multimédia, Quark a fait logiquement le choix de l'abandon du format Flash et du HTML 4 ainsi que du format eBook Blio. L'éditeur se concentrant désormais sur les formats PDF, ePub et HTML5. App Studio, toujours intégré au sein du logiciel et conçu pour la publication vers les terminaux mobiles, ne s'en trouve pas amoindri.

En revanche, très regrettable est l'abandon de la gestion des formats antérieurs à la version 7 du logiciel. Impossible d'ouvrir un vieux fichier créé sous XPress 3.32 ou un fichier XPress 7… à moins de conserver une version d'XPress 9. Si l'on peut comprendre le fait de ne pouvoir enregistrer les fichiers vers une très ancienne version d'XPress, l'inverse est tout bonnement incompréhensible. Quark a mis cela sur le compte de différences techniques trop importantes entre la nouvelle et les anciennes générations du logiciel.

Conclusion

XPress reste un logiciel puissant et moderne et simple d'approche, offrant un large éventail de possibilités pour tout ce qui touche à la PAO et à l'édition multimédia. Ici, pas d'abonnement, mais un achat de licence classique via le Web ou les revendeurs agréés. Et encore moins d'offres pour les créatifs désirant s'appuyer sur un système d'échange et de collaboration dans le nuage comme le propose Adobe et son Creative Cloud.

Sur ce point, Quark dispose d'un outil très professionnel, "Quark Publishing Platform", au travers duquel plusieurs utilisateurs peuvent participer et contribuer simultanément à un projet spécifique et assurer des mises à jour en temps réel des contenus et des maquettes, où qu'ils se trouvent.

À destination des entreprises et des groupes de travail, cette solution demeure encore coûteuse et pas franchement adaptée aux indépendants pour qui un tandem Quark et Dropbox pourra suffire pour l'échange de fichiers. Mais nous sommes toutefois loin de la notion de travail collaboratif. Il reste donc à Quark à définir son propre concept de travail créatif et collaboratif articulé autour de son propre Cloud pour essayer de faire revenir les brebis égarées chez son concurrent. Et peut-être à revoir son tarif, bien plus musclé que celui de son redoutable concurrent.

Deux avis valant mieux qu'un, un lecteur nous a signalé ses propres observations avec XPress 10, elles complèteront celles de ce test et pointent sur quelques petits dysfonctionnements sur certaines actions.

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