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Labo : test de DxO Optics Pro

La redaction

vendredi 17 juin 2011 à 12:17 • 6

Logiciel

DxO Optics est un logiciel spécialisé dans le traitement des fichiers RAW. Pour ceux qui auraient manqué un des épisodes précédents de l’évolution de la photo numérique, rappelons que ce format a pris une importance majeure chez les pros comme les amateurs avertis. En effet, il conserve le mieux les données brutes enregistrées par le capteur d’un appareil photo, au contraire du JPEG qui interprète ces données selon des valeurs les plus universelles possible pour tous les types de photos, et donc jamais optimales pour aucunes puisque toujours les plus moyennes.

Avec le RAW, le photographe est en mesure d’opérer des choix de développement comme jadis dans la chambre noire de l’ère argentique, plutôt que de les confier à un obscur ingénieur nippon. Sans compter qu’en RAW, il est relativement facile de rattraper des erreurs d’exposition ou de balance des blancs.

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Redressement dans la balance des blancs pour compenser l'éclairage tungstène


Parmi les logiciels de traitement RAW, DxO Optics fut l’un des pionniers et de longue date l’un des plus appréciés des pros. Mais qu’en est-il aujourd’hui face à Adobe Lightroom 3 (ou son jumeau Adobe Camera Raw 6.3 intégré dans Photoshop), mais aussi Bibble Labs 5.2 ou Capture One Pro 6 qui sont ses principaux concurrents ? (nb : ce test concerne la version 6.5.5, une 6.6 vient juste de sortir).

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Traitement du bruit : avant/après


De fait, DxO Optics reste le champion des automatismes de traitement, car il aborde le développement RAW en termes de couple boîtier-optique. Dès l’installation, l’utilisateur doit indiquer le ou les boîtiers, ainsi que les objectifs qu’il utilise. L’éditeur déploie une énergie considérable pour enrichir sa base de données sur le matériel et annonce que sa cadence de mise à jour va doubler cette année. Mais pour l’heure, il y a encore des lacunes concernant les objectifs les moins en vue, notamment chez Tokina, Tamron, Zeiss (en monture non Sony) ou Samyang.

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Cela ne signifie pas pour autant que DxO ne sera pas en mesure de traiter les clichés, car depuis la version 6, les réglages manuels sont autorisés. Néanmoins, ses automatismes sont souvent si efficaces qu’avant de se décider pour ce logiciel, il relèvera du bon sens d’aller vérifier les matériels reconnus pour ne pas s’en priver.

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Le module Traiter


À noter au passage le positionnement tarifaire inhabituellement démocratique de DxO : si le prix du boîtier photo n’excède pas les 1800-2000 €, la version standard de DxO Optics suffit (environ 150 €) ; en revanche, à partir des boîtiers pro type Canon 5D Mark II ou Nikon D700 (à grands capteurs), il faut acquérir la version Elite de DxO Optics qui vaut le double sans autre différence fonctionnelle.

Bref, quand on dispose de couples boîtiers-optiques reconnus, ce dernier corrige d’entrée aberrations chromatiques (ces franges colorées sur les contours des divers éléments d’une photo), vignetage (l’assombrissement des bords de l’image) et distorsion (comme l’horizon courbe des objectifs à très large champ de vision).

Sur ce terrain, DxO Optics demeure sans concurrence à sa hauteur et même les objectifs Fisheye ne lui font pas peur comme on peut le voir sur la page de Ken Rockwell (il suffit de passer la souris sur les images pour voir l’avant et l’après). Bien sûr, on achète un Fisheye justement pour son effet de déformation, mais la démonstration n’en est pas moins éloquente. Adobe a encore du chemin pour se mettre à niveau et la correction proposée sur Lightroom comme Photoshop est loin d’être aussi concluante ; idem pour le plug-in spécialisé PT Lens.

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Réglage de netteté, avant et après


Dans les automatismes liminaires, il faut compter avec la réduction du bruit et l’augmentation de la netteté. Pour le bruit, DxO Optics tient toujours la comparaison avec Lightroom (qui s’est cependant considérablement amélioré avec sa version 3), mais aussi les plug-ins spécialisés comme Nik Dfine ou Imagenomic NoiseWare ; à ceci près que DxO donne le plus souvent un résultat immédiatement satisfaisant là où ses concurrents requièrent un peu de manutention logicielle.

Pour la netteté, DxO 6 gagne une option « masque de netteté » (l’équivalent du filtre « Accentuation » de Photoshop) pour qui veut rajouter ce petit supplément de micro-contraste des contours qui fera la différence à l’impression (mais DxO lui-même n’imprime toujours pas…).

Lightroom et ACR (Adobe Camera Raw) ont récemment procédé à une refonte de leur moteur de dématriçage (pour faire court, il s’agit de la conversion des données en noir & blanc perçu par le capteur en pixels rouges, verts ou bleus), procurant un gain substantiel en précision et en netteté. Mais comparé, à DxO Optics, les progrès des logiciels Adobe ne sont que du rattrapage, car DxO Optics a revu dans le même temps son dématriçage. Cependant, l’écart est devenu si faible que la pertinence d’une collaboration entre Lightroom et DxO s’amincit. En effet, et l’éditeur français y consacre un manuel entier, avec Lightroom 2.5, cela pouvait avoir un intérêt de « dématricer » avec DxO et de la finaliser sous Lightroom ; moins désormais même si – encore une fois – la correction optique de DxO demeure supérieure.

Au crédit de DxO Optics reste la compatibilité avec les bibliothèques Lightroom, l’export en DNG, le format RAW universel selon Adobe et le principe des copies virtuelles cher à Lightroom pour tester plusieurs directions de retouche (là aussi une nouveauté sous DxO).

Interface efficace
L’efficacité de DxO Optics est rehaussée par la nouvelle interface de la version 6 dans laquelle le flux de traitement est sensiblement clarifié en comparaison des versions antérieures. On répertorie d’abord les fichiers que l’on veut développer dans le module « Sélectionner ». À ce stade, DxO offre un vaste de choix de préréglages, qui, s’ils sont satisfaisants feront l’économie de l’étape suivante.

Mais si ce n’est pas le cas, il faut s’arrêter dans la section « Personnaliser » pour régler plus finement le « tirage virtuel ». Ici les nouvelles palettes rétractables sont d’autant plus faciles à appréhender que DxO propose des préréglages en fonction du niveau d’expertise de l’utilisateur. En mode avancé, il faut d’ailleurs un peu de sagacité pour débusquer les options les plus pointues derrière un petit signe « + » en bas à droite de chaque palette. Dommage que la vue cote à cote Avant-Après ne s’adapte pas aux images d’orientation horizontale en les superposant.

Nouveauté de DxO 6, la palette Lighting-HDR sert à éclaircir les zones sombres et bouchées. Très satisfaisante dans cette limite que le terme HDR est à ranger dans la case « artifice marketing pour attirer l’attention » car, ici, on n’imite ni de près, ni de loin le rendu HDR comme le propose par exemple Photoshop avec son réglage Virage-HDR.

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Débouchage pseudo HDR


Le traitement proprement dit des images est on ne peut plus simple puisqu’il se déclenche par glisser-déposer. Cependant, DxO ne brille toujours pas par sa vitesse et on sera bien inspiré de le laisser mouliner quand on n’a pas besoin de l’ordinateur. Comparé au plus véloce des logiciels actuels, Bibble, DxO est franchement à la ramasse. Il n’est d’ailleurs pas encore optimisé en 64 bits et ce sera, à l’évidence, une priorité pour la version 7.

Enfin, la section « Visualiser » est juste destinée à l’observation des images traitées, mais pas d’impression (même en PDF), ni de module pour créer un diaporama voire un site Web. Ici, on retrouvera donc l’intérêt d’une coopération avec Lightroom ou pourquoi pas, Aperture, dont c’est l’un des points forts, mais aussi tout simplement Photoshop.

Pour les photographes dont la conversion au numérique est plus ou moins récente, DxO commercialise en supplément un module FilmPack (99 €) dont le but est d’imiter le rendu caractéristique des émulsions argentiques (granulation comprise) qui ont marqué l’histoire de la photographie — les fameuses pellicules Velvia, Ekta, T-Max et autres FP4 pour n’en citer que quelques-unes. Virages et traitements croisés sont même prévus et font de DxO un moyen aisé de donner un cachet rétro à ses clichés.

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Un rendu film pack caractéristique


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Film pack avec rendu rétro type, traitement croisé


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Un film pack indispensable pour le noir & blanc


Or justement, la personnalisation n’est plus exactement le point fort de DxO si on le compare à ses concurrents, car il manque cruellement des outils de corrections locales dont tous ses compétiteurs jouissent. Pour être exact, DxO 6 en propose tout de même un pour un changement de couleur sélectif, mais il est si peu efficient que, le plus souvent, on s’en sortira mieux avec la palette Teinte/Saturation à la Photoshop. Quant à l’anti-poussière manuel, il ne brille pas non plus par son action.

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Débouchage et correction locale de la couleur


Donc, pas de filtres gradués si utiles pour les ciels brûlés, de vignetage artificiel si intéressant pour concentrer l’attention sur le sujet, de clonage pour éliminer les éléments indésirables ou les imperfections. Pas plus de correction locale de la luminosité et de la netteté que l’on utilise même pour lisser les peaux des visages avec Lightroom-ACR. Sans parler des calques de Bibble ou Capture One avec lesquels on commence à se dispenser sérieusement de Photoshop ; ni même du pilotage des boîtiers jusqu’au déclenchement, ce qui est un atout considérable en photo de studio comme le font Lightroom ou Capture One.

En définitive, quand on lit dans le manuel de DxO que le module « Personnaliser » n’est d’un usage « qu’optionnel », on réalise que la vocation du logiciel est plus que jamais l’automatisation la plus poussée et la plus accessible aux non férus d’informatique, et de moins au moins aux experts et aux pros pour qui le développement RAW est une étape essentielle pour donner une identité visuelle distinctive à leurs images.

Mais, avec la montée en puissance des processeurs des boîtiers numériques et dans la mesure où de plus en plus d'appareils intègrent un traitement RAW autonome (séparé du JPG bien sûr), la logique pour un produit comme DxO Optics ne serait-elle pas qu’il devienne un logiciel embarqué ?

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