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iWeb, cru 2008

Vincent Absous

lundi 15 octobre 2007 à 11:19 • 8

Logiciel

C'est peu dire qu'on l'aura attendue longtemps, cette nouvelle version d'iWeb. D'ailleurs, de toutes les applications composant la suite iLife, elle est certainement celle qui a suscité la plus grande impatience. La raison en est toute simple : entre la présentation de la première version du programme (en janvier 2006) et celle de sa nouvelle version (le mois dernier), iWeb n'a pas vraiment évolué. Il était donc vraiment temps qu'Apple le mette au goût du jour. Chose donc désormais faite. Pour autant, iWeb 2 répond-il à toutes les attentes de ceux à qui ils se destinent, ceux qui veulent créer facilement, rapidement un site internet personnel ? La réponse dans les lignes qui suivent.



Heureusement, iWeb 2.0 apporte son lot de nouveautés. Le site d'Apple les vante, et le fait à raison. La Pomme propose de nouveaux thèmes et, l'air de rien, ce n'est peut-être pas du luxe, étant donné que ce qu'on peut trouver par ailleurs sur le Net est assez souvent cher, pas toujours d'un très bon goût parfois, voire même inutilisable si on ne bascule pas le logiciel dans sa version anglaise. “Or”, “Moderne”, “Jeu”, “Multicouche”, “BD”, “Bebop”, “Chambre noire” et “Principal”. Les traductions françaises des noms ne sont peut-être pas très heureuses. Nous voici en effet avec deux thèmes au même titre “Moderne”, alors que dans la version américaine du logiciel le nouveau venu ne s’appelle pas “Modern” comme le premier, mais “Modern Frame”. Rien de bien grave, évidemment.



En tout cas, au programme vingt-six thèmes dont huit nouveaux (allez ! encore un petit effort Monsieur Jobs), qui vont du très ludique au très classique, professionnel presque, des thèmes qui permettent de publier un site familial comme un site de photographe. Reste que le problème est toujours le même, que ce soit avec iWeb, avec Sandvox ou Rapidweaver, pour ne citer qu’eux, les sites produits ont des chances (des risques plutôt) de se ressembler les uns les autres. Ainsi, “Chambre noire”, on peut le parier, va habiller moult sites de photographes amateurs.

C’est d’autant plus malheureux qu’Apple n’offre pas d’outil de création de thèmes. Qu’on ne s’inquiète pour autant pas. Il suffit tout bêtement de créer une page (ou plusieurs, même) et de s’en resservir ensuite. Et puisqu’on parle de créer ses propres thèmes, signalons qu’on peut très facilement récupérer depuis Pages des éléments constitutifs d’un modèle. Un bandeau vertical, qui dans Pages se met à l'horizontale pour permettre à l'utilisateur de le compléter, une fois copié puis collé dans iWeb conservera ce comportement.



Concernant les thèmes toujours, soulignons la disparition d’un gros défaut d’iWeb 1. Il est désormais possible de changer le thème d’une page sans avoir besoin de refaire complètement la page. Un petit bouton, en bas de la fenêtre permet de faire son choix parmi les thèmes proposés et d’appliquer immédiatement à la page ouverte une tout autre apparence.

Apple ne s’est pas contentée de rajouter des thèmes. Les développeurs ont également compléter l’offre des modèles avec un modèle simple, mais bienvenu : “Mes albums”, un modèle qui permet de créer une page qui indexe les autres pages dédiées à vos photos, vos films. On pouvait déjà créer une telle page avec l’ancienne version, bien sûr, mais la chose est tout simplement automatisée désormais. Cerise sur le gâteau, les vignettes symbolisant les différents albums s’animent et font défiler les photos les composant quand on passe le pointeur de la souris dessus, comme le permet la Web Galerie de .Mac. On peut d’ailleurs établir un lien direct vers un ou plusieurs albums de cette Web Galerie.

De la pub, comme chez les grands !

Autre nouveauté qui fait sensation (on exagère à peine), mais qui en tout cas est peut-être bien plus intéressante que quelques thèmes supplémentaires : les widgets Web. Pas de doute, grâce à ceux-là, iWeb fait un grand pas en avant. En gros, un widget Web, c’est un morceau de code HTML qu’on place où l’on veut sur sa page et qui peut alors afficher un élément extérieur, une vidéo YouTube, par exemple, chose impossible avec iWeb 1 puisqu'il était tout simplement impossible d'agir sur le code HTML, sauf à éditer le fichier dans un programme externe (mais à perdre les modifications dès qu'on ouvrait le site et qu'on le republier avec iWeb).



Le "fragment HTML" (c'est ainsi que s'appelle ce widget Web, intéressera aussi ceux qui veulent publier des galeries photos Flash réalisées avec certains utilitaires. Et là où Apple fait toujours très fort, c’est que le WYSIWYG reste toujours de vigueur ! Le widget Web peut même ne rien afficher ! Si l’on veut insérer un code qui génère un compteur de visites invisible, cela devient très facile. Dans les faits, un widget sur une page, cela fait deux pages qui se chargent et si le widget “cache” un compteur, le service affichera dans les statistiques non pas les pages visitées, mais quelque chose comme “monsite/page_files/widget0_markup.html”. On saura quelles pages auront été visitées par le nom du fichier de la page (“page_files”).



Dans son argumentaire, Apple pointe deux utilisations particulières du web widget. La première est la possibilité de recourir aux services de Google Maps pour insérer dans son site, toujours où l’on veut, et à la taille que l’on veut, une carte google indiquant un endroit particulier (l’adresse de la salle des fêtes du mariage, la plage où l’on s’est baigné tout l’été…). Il suffit d’entrer une adresse et le tout est joué. Deux options sont proposées : permettre ou non au visiteur de se déplacer dans la carte et de zoomer ; afficher ou non une bulle indiquant clairement l’adresse et offrant également un lien vers un service affichant, lui, l’itinéraire pour se rendre à l’endroit en question. Là encore, iWeb ne révolutionne rien et certains ne l’ont pas attendu pour placer de telles cartes sur leurs sites. Il n’empêche, iWeb permet de le faire en quelques secondes…



Tout comme il permet d’essayer de gagner sa vie en quelques clics. Un autre Widget Web permet en effet de placer sur sa page des annonces publicitaires Google AdSense, vous savez ces petits pavés, plutôt discrets (c'est là la force du principe), qui permettent aux sites et surtout à ceux qui les font, de gagner quelque argent par vos clics. Google AdSense, rappelons-le, est un service qui analyse le contenu du site pour proposer aux visiteurs une publicité ciblée. Là encore, l’opération prend quelques minutes, quelques secondes même si vous possédez déjà par ailleurs un compte chez Google. L’inscription faite, vous choisissez de placer où vous le voulez sur vos pages pavés, bandeaux, colonnes presque Moris, censés susciter le clic chez vos visiteurs. Vous remarquerez d'ailleurs que ces éléments cherchent à ce point à se fondre dans votre page qu'ils prennent la couleur du thème défini. C'est finaud. Pour autant, il n’est pas sûr que si vous placez un widget Google AdSense sur votre site personnel dont seuls quelques proches connaissent l’existence, cela fasse de vous un roi du pétrole. En revanche, certains, dont les sites ont une audience relativement importante, peuvent espérer tirer un petit revenu du service.

Signalons, et c’est une bonne nouvelle, que les widgets web fonctionnent dans des sites qui ne sont pas nécessairement hébergés sur votre espace .Mac… On a toutefois constaté quelques incompatibilités. Un widget AdSense a refusé de s’afficher correctement sur une page ou un widget “cachait” le code HTML d’un compteur de visite invisible.

Il y a du nouveau pour les photos

Le but d’Apple étant de proposer un logiciel facile d’utilisation, capable de dialoguer avec les autres programmes de la suite iLife, la Pomme a tout particulièrement pensé aux photographes, amateurs peut-être surtout, indépendants aussi peut-être. iWeb ’08 leur offre en effet de nouvelles possibilités.

On a déjà parlé de la création facilitée de pages d’index recensant les différents albums proposés aux visiteurs. La nouvelle version du logiciel de création de suite apporte d’autres nouveautés. La plus évidente est certainement dans l’affichage même des clichés. Avec iWeb 1, le navigateur affichait une page où s’alignaient des vignettes. Cliquer sur l’une d’elles l’affichait en grand. On pouvait aussi lancer un diaporama sur fond noir, avec reflet inversé et transition unique, ce qui avait une méchante tendance à jurer si le thème retenu pour son site n’avait rien d’aussi austère ni de moderne. Apple a revu sa copie. iWeb 2 offre de nouvelles possibilités.



Cliquer sur l’une des photos-vignettes n’affiche plus cette épouvantable fenêtre au gros bord gris, façon HomePage, mais affiche la photo en plus grand dans la même fenêtre. Un menu permet alors de lancer si l’on veut un diaporama, de télécharger la photo, de revenir à l’album, et, évidemment, de passer d’une photo à l’autre, ce qu’on peut aussi faire en cliquant tout bêtement sur la photo ou en en choisissant une en particulier dans le bandeau qui s’affiche au-dessus.



Pour ce qui est de la création de diaporamas, Apple a aussi revu quelque peu les choses, tout en pensant, c’est une manie, aux abonnés .Mac. L’inspecteur propose de nouvelles options autorisant plusieurs transitions, permettant de modifier le fond du diaporama, histoire de le rendre un peu plus cohérent avec le reste du site, permettant encore de se débarrasser de l’effet reflet, d’afficher si l’on veut les légendes, et même d’afficher le diaporama en plein écran (ou plutôt de maximiser l’affichage de sa fenêtre).



Pour ce qui est des photos elles-mêmes, iWeb ’08 permet de choisir désormais la taille de téléchargement des clichés entre “petite”, “moyenne”, “grande” et “originale”. Si on sélectionne une photo, un nouveau menu contextuel apparaît qui permet de choisir l’encadrement des photos, leur espacement, le nombre de photos par page, le nombre de colonnes sur ces dernières, le nombre de lignes consacrées à la légende. Ainsi, si l’on choisit d’afficher sur une page moins de photos que n’en comporte l’album, iWeb crée automatiquement les pages supplémentaires. Voilà qui était aussi très attendu. Fini ces pages à rallonge, surchargées et mettant un temps infini à se charger.

Mieux (enfin, si l’on veut), le webmestre peut autoriser ses visiteurs à commenter ses photos (à condition d’utiliser .Mac).

Toutefois, on regrettera qu’iWeb ne permette pas vraiment de personnaliser l’affichage de tous ces éléments. L’utilisateur ne peut choisir où placer, par exemple, la pagination, ni le message “Lire le diaporama”. Dommage. Ce sera peut-être pour un iWeb 3.

Des petits plus…

Dernier grand point positif (quoiqu’on ne vise pas à l’exhaustivité) : la redirection. Dans les faits, ça n’a vraiment rien de nouveau. Quiconque possède son nom de domaine pouvait déjà rediriger automatiquement son “monsite.com” vers son site réalisé avec iWeb et hébergé sur .Mac. Avec iWeb ’08, Apple prend un peu les choses en main et guide l’utilisateur dans ses démarches, depuis le moment où il clique, dans le menu Fichier, sur “Configurer le domaine personnel”, jusqu’au moment où, en passant par l’interface de .Mac, il donne les renseignements nécessaires pour que la redirection soit effective. Dommage que le service ne soit, un fois encore, proposé qu'aux abonnés .Mac.

Petit plus, finalement très bienvenu : iWeb est désormais capable de comprendre que l’utilisateur parle parfois une langue où existent des signes accentués. Expliquons-nous. iWeb permet évidemment de choisir le titre de sa page, mais pas le nom du fichier. Celui-ci reprend en fait celui-là. Avec iWeb 1, si l’on avait le malheur de choisir un titre où se logeait un quelconque caractère que l’anglais ignore, un simple “é”, la catastrophe était dans la barre d’adresse du navigateur avec des choses comme “web.mac.com/monsite/dfzhsjs09”ghdyeuozodducyxn.html”. Que du bonheur si vous vouliez, sait-on jamais, donner cette adresse à votre pire ennemi. iWeb 2 corrige ce problème.

Assurément, cette nouvelle version répond aux attentes de nombres d’utilisateurs. Pour autant, Apple possède une jolie marge de manœuvre pour améliorer son produit, en vue d’un iWeb 3, et, au rythme où elle avance parfois, d’un iWeb 4 ou 5.

…Mais des lacunes toujours

Si l’on peut modifier désormais le thème d’une page, on ne peut toujours pas modifier le modèle appliqué. C’est dommage. Pas dramatique, assurément, mais dommage. On peut vouloir transformer une page de présentation, après réflexion, en un blog. Dans le même ordre d'idée, les barres de navigations s’obstinent à rester en haut de la page. iWeb ne permet toujours pas qu’on opte pour une barre latérale qu’on placerait ou à gauche ou à droite. Histoire de chipoter, iWeb n'offre pas la possibilité de modifier le nom du fichier et adopte automatiquement le titre de la page. Ça n'est pas nécessairement heureux (quoique, on l'a vu plus haut, les choses se sont tout de même améliorées sur ce point). On aurait bien aimé aussi pouvoir, comme le permet par exemple RapidWeaver, glisser son Favicon dans l'Inspecteur de site, histoire de personnaliser son petit coin sur la planète virtuelle. De ces petites lacunes, on en compte beaucoup. Elles font aussi dire qu'iWeb n'a pas non plus pour vocation d'être justement un logiciel ultra-complet. Il reste un programme grand-public. Il n'empêche, certains poins sont plus ennuyeux.

Apple n'offre toujours pas non plus d'aperçu. Oui, l'éditeur étant WYSIWYG, ça n'est a priori pas indispensable, mais pouvoir jeter un œil sur le rendu de son site dans le navigateur de son choix, sans avoir besoin de publier au préalable le tout, ce n'est pas nécessairement du luxe. D'autant qu'une page créée avec iWeb n'a pas le même rendu sous Firefox et sous Safari, et on ne parle même pas des différences entre les navigateurs PC et Mac. En tout cas, et c'est plutôt dommage, iWeb 1 créait une image des textes qui étaient susceptibles de ne pas s'afficher comme on le désirait sur un autre ordinateur (ne serait-ce que parce que ce dernier n'offre pas la police voulue) ; iWeb 2 ne le propose plus. Le résultat peut vraiment être décevant.

Évidemment, ce qui agace et ce qui provoque toujours nombre de réactions, c’est ce lien profond qu’Apple a tissé entre son logiciel et son bouquet de services payant. Qui n’a pas .Mac peut certes utiliser iWeb, mais perdra nombre de fonctions intéressantes. La publication d’un site sur un serveur FTP, sans être compliquée, est bêtement rendue moins simple que celle vers son serveur .Mac. On ne peut notamment pas automatiser la publication vers son FTP et il n'est pas rare qu'on appuie sur le bouton "Publier" et que cela téléverse le site sur son compte .Mac, écrasant alors celui qu'on y avait déjà mis en place. Et on ne parle pas des compteurs, de la protection par mot de passe, des commentaires, des diaporamas améliorés, réservés à celles et ceux qui ont versé leur dîme annuelle à Apple.

Par ailleurs, et ça en devient là aussi agaçant, on ne peut toujours pas véritablement gérer plusieurs sites avec iWeb. Oui, certes, on peut créer plusieurs sites, l’un consacré à l’univers familial, l’autre à son travail de vidéaste, mais lors de la publication, iWeb s’obstine à tout publier d’un coup, que ce soit vers .Mac ou vers un serveur autre. C’est idiot, c’est long, c’est lourd. Heureusement, des utilitaires, tel iWebSites, récemment revu pour tenir compte d’iWeb ’08, permettent de basculer d’un site à un autre et de publier facilement, et surtout indépendamment, l’un ou l’autre.

Le mot de la fin

Certes, iWeb est un logiciel de création de sites qui veut faire simple et vise une clientèle peu exigeante, mais il ne faut pas non plus exagérer. Manifestement, Apple n'entend pas modifier la philosophie de son logiciel. Certains seront déçus, ceux qui auraient aimé aller plus loin avec un programme simple, capable de produire des sites vraiment élégants, mais qui seront rebutés par des limitations qu'ils jugeront peut-être absurdes. D'autres se diront que, tout compte fait, cela laisse de l'espace à la concurrence, à RapidWeaver, à Sandvox, pour ne pas parler des monstres que sont les Dreamweaver et autres logiciels professionnels.

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