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Labo de Swift Publisher 1.0.1

Vincent Absous

mardi 16 août 2005 à 10:05 • 10

Logiciel

En janvier dernier, Steve Jobs, en présentant Pages, la nouvelle composante d’iWork, mettait en avant surtout les possibilités nombreuses de mise en page qui s’offraient désormais au MacUser. Pourtant, nombreux sont ceux qui attendaient avant tout un logiciel qui serait au Macintosh ce que MS Publisher est au PC sous Windows : un programme grand public, complet toutefois, permettant la réalisation de documents assez complexes dans une interface explicite. Pages n’est pas (encore ?) exactement cela.

Autant dire alors que la présentation par BeLight Software de Swift Publisher a réveillé les espoirs de certains. Le nouveau logiciel met en effet clairement l’accent sur la PAO légère. Il ne se positionne pas du tout comme un concurrent d’InDesign ou de QuarkXPress, mais, son nom le dit assez, cherche à séduire le particulier qui doit réaliser invitation, menu, petite brochure, journal d’école ou d’entreprise. Mission remplie ?

L’interface

Passons sur l’installation, elle n’appelle aucun commentaire particulier. Signalons toutefois que selon qu’on installe la version CD ou la version téléchargée, le nombre de cliparts et d’images proposé n’est pas le même. Dans le cas de la version téléchargée, celle que nous avons testée, huit cents cliparts (environ 20 Mo) sont automatiquement installés, rangés sagement dans un dossier, lui-même placé intelligemment dans Application Support de la bibliothèque de l’utilisateur. Qu’on se console : de toute façon, ces cliparts et images sont franchement vieillots et rappellent justement les cliparts d’un MS Publisher 95. On s’en passe assez facilement.



Au lancement du programme, un assistant apparaît par défaut. Comme dans Pages, dans Word, etc., il dresse la liste, par catégorie, des modèles (plutôt réussis) que l'éditeur propose et que l'utilisateur a lui-même créés. Un premier bon point pour le programme : à la différence de Pages, on peut très bien lancer un nouveau document vierge ou un nouvel assistant sans devoir passer par les préférences pour faire son choix !



Pour le reste, l’interface du programme est séduisante, même si elle n'est qu'en anglais. Claire et sobre, elle ne peut pas dérouter l’utilisateur. Elle se compose essentiellement d’une fenêtre, métaphore de la table de travail du maquettiste. Sur la gauche, on trouve une zone où s’affichent, au choix, les cliparts (classés par thèmes), les formes géométriques (flèches, hexagone, croissants, etc.), ou les photos gérées par iPhoto (l’un des points positifs du programme : il récupère automatiquement et assez rapidement photothèque et albums du catalogueur d’Apple) ou le contenu d’un dossier du Finder qu’on aura demandé à afficher. Une zone de recherche permet de trouver le clipart désiré ou, mieux, de lancer une recherche sur Internet pour récupérer l'illustration qu'il faut. Interface sobre et claire, nous l’avons dit. D’autant qu’en termes de boutons et icônes, Swift Publisher fait aussi dans l’économie. Un coup d’œil suffit pour s’en convaincre.



Accès aux outils indispensables pour créer des blocs de texte, des lignes, des blocs vierges ou pour pointer et redimensionner un élément. Affichage des palettes que tout utilisateur de Mac OS X, notamment celui de Pages ou de Keynote, connaît bien : palette des polices, palette des couleurs et surtout Inspecteur.



La palette de l’inspecteur permet de créer et modifier le document : position des éléments sur la page, formes et contours, motifs et couleurs des blocs, attributs du texte, contours des objets par le texte, alignement des éléments par rapport aux autres. L’essentiel est donc là, pas de doute.



À cela s’ajoute une gestion des styles de textes. Styles qu’on applique depuis le menu déroulant au-dessus de la page et qu’on peut créer ou modifier dans une fenêtre très claire. Un autre menu permet de passer d’une page du document à une autre, d’en dupliquer ou d’en supprimer une existante, d’en créer une nouvelle, vierge ou d’en déplacer une dans l’ensemble du document. Pages ne sait pas en faire autant !



Swift Publisher au quotidien

La gestion des blocs de texte propose, là encore, l’essentiel. On trace les blocs, on saisit ou on colle le texte à l’intérieur. Le BABA, finalement. Si le texte « déborde » du bloc, un petit signe « + » apparaît en rouge qui signale l’excès. Rien qu’on ne connaisse déjà. On clique sur le signe et on crée un nouveau bloc de texte où le texte excédentaire ira se couler automatiquement. On chaîne ainsi les blocs. Évidemment, on peut augmenter ou diminuer la taille d’un bloc. En revanche, un bloc de texte ne peut être qu’un rectangle ou un carré. Pour placer du texte dans une étoile, il faut créer un bloc étoile sur lequel on placera un bloc de texte transparent. Rien de très compliqué toutefois.

Le travail sur une page s’effectue sur deux plans : le premier plan (« Foreground ») et l’arrière-plan (« Background »). Un système de calques rudimentaire, en quelque sorte. L’arrière-plan permet de ne pas risquer de modifier un élément qui relève plutôt du « décor » de la page. On peut aussi tout faire sur le même plan et empiler les éléments les uns sur les autres, avant de choisir lequel doit être placé sur lequel. Des guides contextuels apparaissent pour aider au positionnement des blocs les uns par rapport aux autres. On peut aussi placer sur une page vierge (ou pas, d’ailleurs) des guides verticaux ou horizontaux, toujours là, eux, qui permettront de dessiner la charpente de la page ou du document.

Swift Publisher offre la possibilité de rogner ou de zoomer les images qu’on veut inclure dans un petit éditeur. Si l’on a installé le logiciel gratuit Image Tricks, c’est ce dernier qui est alors appelé. Image Tricks, s’appuyant sur la technologie Core Image de Tiger, permet d’appliquer des effets à des images. Dès lors, les modifications peuvent s’effectuer directement dans le logiciel de PAO.



L’ajout du numéro de page est possible. En revanche, on a connu plus simple. Le système est certes assez complet, mais n’est pas des plus clairs. Il n’y a rien d’insurmontable toutefois, loin de là. Swift Publisher ne propose pas, du moins pas encore, de système de notes de bas de page ou de fin de document. Cela peut être un manque important aux yeux de certains utilisateurs. Rappelons toutefois que jusqu’à il y a peu InDesign ne le proposait pas non plus. Il faut donc en passer par le mode manuel et créer un style qui fera gagner du temps. Pas très pratique, mais assurément souple : on peut placer le renvoi où l’on veut. On se console comme on peut.

Swift Publisher est un produit grand public. Aussi ne faut-il pas s’attendre à trouver une quelconque gestion évoluée des caractères. Le logiciel permet de jouer sur le style et la couleur des caractères et c’est tout. Pas de gestion des espaces sécables, insécables, etc. on peut toutefois régler l’espacement entre les caractères, ce qui est parfois indispensable. On peut aussi jouer des ligatures, de l’épaisseur de chaque caractère sélectionné, ou encore de l’écartement vertical entre les caractères. Pour Monsieur et Madame Tout-le-monde, c’est tout à fait suffisant. On ne peut pas non plus tout avoir pour 35 $.

Swift Publisher n’a-t-il alors aucun défaut ? Il a évidemment des lacunes. On en a évoqué quelques-unes. La plus sensible réside peut-être dans le fait que le programme ne prend pas en compte le canal alpha des images GIF. En termes clairs, la couleur définie comme transparente lors de l’enregistrement dans le logiciel de traitement d’image n'est pas ignorée par Swift Publisher. Résultat : le texte ne coule pas autour de l'objet représenté sur une image au fond blanc, mais autour de l'image elle-même. Les modèles fournis par l'éditeur sont alors trompeurs. Pour faire en sorte qu'un texte épouse en la contournant délicatement l'épaule d'une jeune femme représentée sur une image au fond transparent, il a fallu jouer d'un bloc géométrique transparent en forme de trapèze. L'illusion est réussie, mais elle nécessite des manipulations fastidieuses. De ce côté-là, Pages fait nettement mieux.

Autre manque : le multicolonnage. On ne peut pas diviser un bloc de texte en plusieurs colonnes. Ce n’est pas très grave, on peut toujours dessiner deux blocs de texte là on devrait avoir deux colonnes, mais cela peut manquer parfois. Heureusement, on peut d’abord dessiner une charpente avec des guides qui vont aider au positionnement des blocs sur la page.

Autre lacune qu'on espère voir corrigée à l'avenir : l’impossibilité d’importer directement du texte rédigé avec un autre logiciel. Le format RTF ou le format TXT sont ignorés. Ne parlons pas du format DOC. Dans ces conditions, la seule solution, pourtant efficace, consiste à ouvrir le fichier avec l’application idoine et à copier le texte avant de le coller dans Swift Publisher.

Pour ce qui est de l’exportation d’un document, elle peut se faire au format PDF, Mac OS X oblige, au format JPG ou au format TIFF. Swift Publisher ne permet évidemment pas de préparer le document en vue d’une impression professionnelle. On ne peut pas le lui reprocher.

Pour conclure

Swift Publisher est un tout nouveau logiciel. Il a des lacunes, certaines pouvant rebuter l'acheteur. Son prix, 34,95 $, n'est pas très élevé, mais Pages, finalement revient à peu près au même prix si l'on considère que pour 79 $, on a aussi Keynote, le logiciel de PréAO.

Faut-il alors oublier Swift Publisher ? Certainement pas si l'on est un particulier que l'anglais ne rebute pas (on espère une version française, ce serait bien) et qu'on n'a pas besoin d'autre chose qu'un programme de PAO légère. Dans ces conditions, Swift Publisher offre une solution très intéressante. L'interface est vraiment un plus. Pages peut proposer des fonctions de mise en page, son interface demeure celle d'un traitement de texte (créer un cadre de texte n'a déjà rien d'évident, rappelons-le). Avec Swift Publisher, on a vraiment l'impression de travailler dans un logiciel de PAO, d'autant que l'essentiel est là, à portée de souris.

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