Cela fait un petit bout de temps que l’on n’a pas eu de nouvelles de Sora, l’impressionnant générateur de vidéos d’OpenAI présenté en début d’année et qui devrait être ouvert au public d’ici fin décembre. Aux dernières nouvelles le projet était entre les mains de testeurs et de spécialistes évaluant les risques. Tout ne s’est pas passé comme prévu : un groupe d’artistes a fait fuiter un accès au modèle. Ils ont déclaré agir en guise de protestation, estimant être traités comme des « marionnettes de communication » non rémunérées.
Le modèle a été rendu public pendant environ 3 heures sur HuggingFace, accompagné d’un communiqué dénonçant la manière de faire d’OpenAI. L’entreprise a depuis mis en pause le modèle pour tout le monde afin d’enquêter sur la fuite. La vingtaine d’artistes n’a pas partagé d’informations confidentielles ou de code, mais simplement une porte d’accès vers ce modèle hautement attendu. Ils expliquent :
Des centaines d'artistes fournissent un travail non rémunéré en testant des bogues, en donnant leur avis et en réalisant des travaux expérimentaux pour le programme d'une entreprise évaluée à 150 milliards de dollars […] Quelques-uns seront sélectionnés par le biais d'un concours pour que leurs films créés par Sora soient projetés - offrant une compensation minimale qui fait pâle figure en comparaison de la valeur substantielle en termes de relations publiques et de marketing qu'OpenAI reçoit.
Les artistes insistent sur le fait qu’ils ne sont pas contre l’utilisation de l’IA, mais contre la façon dont le programme de bêta privé a été organisé. Ils regrettent par exemple le fait que chaque création doive être validée par OpenAI avant diffusion, et dénoncent un processus de « blanchiment artistique pour dire au monde que Sora est un outil utile pour les artistes ». Ils espèrent que l’affaire fera réagir OpenAI en lui faisant revoir sa façon de traiter ses testeurs.
Face à la bronca, OpenAI a rappelé que des centaines d’artistes participaient au programme et qu’aucun n’avait obligation d’utiliser l’outil ou de faire des retours. Un musicien impliqué dans le projet a contacté le Washington Post pour indiquer que cette affaire ne représentait pas le point de vue de la totalité des créateurs participants. « Tout le monde est enthousiaste à l'idée d'être impliqué. L'équipe est dirigée par des artistes et ils font les choses correctement », a-t-il expliqué au journal.