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Le .io va disparaître d’Internet

Greg Onizuka

mercredi 09 octobre 2024 à 21:00 • 11

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Il est des choses qui arrivent peu fréquemment. Parmi celles-ci, la disparition d’un pays est ce qu’on peut considérer comme rarissime ; c’est pourtant ce qui est arrivé aux îles Chagos, petit archipel de sept atolls perdu au beau milieu de l’Océan Indien. Longtemps propriété de la Grande-Bretagne, qui ne faisait que l’administrer, l’endroit était revendiqué depuis 50 ans par Maurice (l’île, pas le voisin d’en face). Au bout de plusieurs années de batailles administratives, la Grande-Bretagne a cédé, et Maurice va récupérer cet archipel, faisant ainsi disparaître la souveraineté de ce petit territoire en l’absorbant.

Paradisiaque... mais ne rêvez pas, le .io ne donnait pas un bout de terrain. Image Anne Sheppard/Wikipedia, CC BY 3.0.

Mais, me direz-vous, qu’est-ce que cette histoire a à voir avec nos affaires ? Élémentaire : si un pays disparaît, son nom de domaine disparaît avec lui. Ainsi, Gareth Edwards rappelle que le « .io » n’a plus que quelques années devant lui, entre 3 et 5 ans précisément, avant de s’évanouir dans les mémoires. Et le protocole est strict, et immuable. Il disparaitra, de gré ou de force.

Et ce « .io », même s’il appartient à un si petit territoire, n’est pas anodin pour autant. Faisant penser à « Input/Output », il est très apprécié par des sites liés à la technologie, dont certains sont plus qu’imposants : google.io, GitHub.io,...

Si le protocole est connu et strict, c’est que ce n’est pas la première fois que le cas de figure est croisé par l’autorité de gestion d’Internet (l’ICANN, pour Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). En 1990, alors qu’elle s’appelait encore IANA (Internet Assigned Numbers Authority), l’autorité donne les clés du domaine « .su » à l’URSS. Mais un an plus tard, patatras : l’Union Soviétique s’effondre. L’IANA ouvre alors le domaine « .ru » pour la Russie, tout en lui confiant la gestion de l’ancien domaine soviétique, que le nouveau pays promet de désactiver à un moment ou un autre.

Mais encore aujourd’hui, le « .su » existe toujours, utilisé par le côté sombre et inconnu de l’Internet russe, au grand dam de l’ICANN, qui souhaiterait le voir disparaitre, mais ne peut en décider sans l’accord de la Russie, à qui elle a confié sa gestion.

Le même souci s’est posé à l’issue de la séparation de la Yougoslavie : à qui confier le « .yu » ? La Serbie en avait pris la gestion, mais les clés du domaine lui furent volées par la Slovénie fin 1992. Cette dernière en a ainsi profité pour limiter la présence de la Serbie sur Internet, et lui voler quelques informations au passage. En 1994, pour mettre fin à la situation, l’un des fondateurs de l’IANA, en la personne de Jon Postel, force le transfert du domaine à la Serbie, passant outre les protocoles nécessaires à celui-ci.

La même histoire allait se reproduire lors de l’indépendance du Monténégro, mais cette fois, l’autorité de régulation était préparée : les domaines « .rs » et « .me » furent respectivement créés pour la Serbie et le Monténégro, à la condition non négociable que le « .yu » disparaisse définitivement. Chose qui fut faite en 2010, quatre ans après.

Grâce à ces précédents, l’ICANN sait maintenant précisément comment réagir dans ce cas de figure peu fréquent, laissant entre 3 et 5 ans aux sites peuplant le domaine racine avant de l'éradiquer définitivement de la liste. Le « .io » devrait donc disparaître d’ici 2030 environ, le temps que les différents sites le peuplant passent sur un autre nom de domaine.

Source : www.every.to

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