Connaissez-vous Last.fm ? Ce service a fêté son vingtième anniversaire courant novembre, dans l’indifférence générale. Et pourtant, il garde encore ses amateurs, dont l’auteur de ces lignes ! Si vous n’avez jamais connu, son principe est de collecter la liste de morceaux que vous écoutez pour constituer un historique. À titre d’exemple, j’ai collecté plus de 264 000 titres écoutés (des « scrobbles ») depuis la création de mon compte début 2008.
À quoi ça sert ? L’amateur de statistiques que je suis est ravi de pouvoir suivre mes tendances sur bientôt quinze ans, par exemple pour confirmer que ma consommation de musique a augmenté depuis que je suis en télétravail. Last.fm a aussi été le premier sur le concept de bilan annuel (et aussi mensuel et même hebdomadaire), bien avant que les services de streaming ne s’en emparent. À l’image de ce que Spotify et désormais Apple Music proposent, le service génère des bilans réguliers et me permet de constater que Max Richter est l’artiste que j’ai le plus écouté en 2021 ou alors que le dernier album de Sohn a le plus tourné dans mon casque en septembre.
Cette base d’informations sur mes goûts musicaux se révèle un formidable outil de découvertes pour enrichir ma discothèque virtuelle. Last.fm me propose ainsi des artistes à découvrir à partir d’associations avec mes goûts, j’ai aussi une liste d’albums suggérés, en se basant sur les sorties d’artistes que je connais déjà que je n’ai jamais écoutées. À cet égard, le service remplace les algorithmes de suggestion des services de streaming que je n’utilise pas, préférant gérer ma collection musicale moi-même.
Contrairement à moi, le monde est largement passé au streaming toutefois et c’est ce qui explique le déclin progressif de Last.fm. Pourquoi utiliser un service tiers quand Spotify et les autres proposent les mêmes fonctions ? Techniquement, il repose en outre sur des « scrobblers », des apps qui transmettent à ses serveurs le nom des titres que vous écoutez. Dans l’ère du streaming et des smartphones, cela devient de plus en plus compliqué de les utiliser1. Je n’ai pas de problème sur Mac, où TunesArt remplit toujours son office sans faillir. Côté appareils iOS, j’utilise encore Eavescrob, une app qui n’a plus été mise à jour depuis 2019 et dont le développement a sans douté été abandonné…
Néanmoins, je ne suis pas le seul à encore utiliser Last.fm et compter sur le service. The Verge a échangé avec l’un de ses développeurs et indique ainsi qu’il compte toujours 400 000 utilisateurs réguliers, dont 10 % environ qui l’utilisent au quotidien. Ce n’est rien face au streaming bien entendu, mais c’est peut-être suffisant pour maintenir en place l’infrastructure nécessaire à son bon fonctionnement. Une offre « pro » payante a été ajoutée récemment pour le financer, avec quelques fonctions supplémentaires pour 3 € par mois ou 30 € par an.
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Même si, comme vous avez été nombreux à me le faire remarquer, Spotify propose toujours une option pour transmettre ses données à Last.fm. ↩︎