Paul Thurrott, l’un des observateurs les plus avisés de Microsoft, livre dans un billet une série de révélations concernant l’avenir de Windows. En gestation depuis un certain temps déjà et portant le nom de code Threshold, il devrait voir le jour en avril 2015, estime le blogueur. La journaliste Mary Jo Foley, généralement bien informée elle aussi, avait tenu des prévisions similaires le mois dernier (lire : Threshold : les différentes versions de Windows rapprochées en 2015).
25 millions de Windows 8.1 seulement
Pour Paul Thurrott, cette version revêt un enjeu capital pour le géant du logiciel. Windows 8, explique-t-il, est bien plus dommageable pour Microsoft que ne veut bien l'admettre ce dernier en public. Windows 8.1, mise à jour gratuite pour les possesseurs de la version 8, est installée sur moins de 25 millions de PC : « un désastre » assène Thurrott. On aimerait pouvoir comparer ce chiffre à celui du nombre de Mac tournant sous Mavericks.
Mais l’enjeu n’est pas là pour Microsoft. Thurrott rappelle que Windows compte plus d’un milliard d’utilisateurs. Quand bien même Windows 8.1 va dans le bon sens, cela reste insuffisant. Avec Threshold, Microsoft doit réussir un grand écart : proposer un système d’exploitation plus proche des anciennes habitudes des utilisateurs tout en les amenant à en prendre de nouvelles, induites par les nouveaux terminaux. Paul Thurrott résume la situation en une phrase assassine : « En somme, il (Threshold) doit être tout ce que Windows 8 n’est pas ».
L’une des principales informations apportées par le journaliste, c’est que Microsoft souhaite changer le nom de son système d’exploitation afin de marquer une vraie rupture dans les esprits. Pour l'heure, Microsoft envisagerait d’appeler cette version Windows 9 et laisser tomber toute filiation à Windows 8.x, mais d’ici l’année prochaine les choses peuvent évoluer.
BUILD, la conférence développeurs de Microsoft, programmée du 2 au 4 avril, devrait être un élément clé de ce dispositif. Ce sera pour Redmond une manière de tourner définitivement la page Steven Sinofsky et bien plus d’ailleurs. L’homme a occupé notamment le poste de président de la division Windows entre 2009 et 2012, avant d’être remplacé par Julie Larson-Green sitôt Windows 8 commercialisé (lire Microsoft : le patron de Windows prend la porte). Lors de cette conférence, Redmond présentera sa vision pour l’avenir de Windows avec comme ultime objectif d’exciter la curiosité de ses clients. Tout un programme…
Contrairement à l’usage, les développeurs assistant à cette conférence ne devraient pas repartir avec une bêta. Pourquoi ? Le développement en tant que tel de Windows 9 n’aurait pas encore commencé. Microsoft serait en train de peaufiner le cahier des charges du successeur de Windows 8.1 et lancerait les grandes manoeuvres seulement à la fin du mois. Metro 2.0, l'interface, sera à ne pas en douter l’un des grands axes de développement de cette mouture.
Dans son billet, Paul Thurrott insiste sur le fait qu’à certains égards « Windows 8 est le prochain Vista ». Parmi les problèmes de Microsoft, il y a indiscutablement des soucis de timing. Windows Vista est arrivé au moment où les netbooks décollaient. Ces derniers l’ont snobé, car il n’était pas du tout adapté à ce type d’usage.
Windows 8, en ce qui le concerne, est arrivé au moment où les tablettes sont en train de tout changer et pour de bon. Là encore, pour des raisons différentes, le logiciel système de Microsoft ne s’est jamais véritablement imposé sur ce type d’appareils. Microsoft a toujours insisté sur sa volonté de proposer avec Windows 8 un OS unique et sans compromis, apte aux ordinateurs comme aux tablettes, une affirmation battue en brèche par la suite une fois l'OS mis entre les mains des clients.
Windows 8 : un air de Windows Vista ?
Pour Paul Thurrott, Windows 8 a fait reculer Microsoft, et Windows a des années de retard sur la concurrence. Et de douter de la capacité de Redmond à revenir dans la course. C’est en tout cas l’objectif numéro un du successeur de Windows 8.
L’une des principales annonces du CES reste le projet Dual OS d’Intel qui doit permettre aux fabricants de proposer des terminaux sur lesquels Windows et Android peuvent tous deux cohabiter. Il n'a été que peu abordé durant la conférence du fondeur, mais son existence témoigne que, plus que jamais, les intérêts des deux groupes - Intel et Microsoft - qui ont dominé pendant près de deux décennies l’informatique divergent dorénavant.
Alors qu’indiscutablement Microsoft vit un moment clé de son histoire, le groupe cherche toujours un successeur à Steve Ballmer avec comme mission d’enrayer un déclin qui paraît inéluctable. Bill Gates serait très impliqué dans ce processus, preuve de son attachement à Microsoft, mais il n’envisagerait pas pour autant de reprendre les rênes de la société qu’il a amenée au firmament.