Apple annoncera ce soir ses résultats financiers dans un contexte tout à fait particulier. Ces trois derniers mois, le cours de son action a été chahuté, atteignant péniblement 398 $ alors qu’il avait dépassé les 700 $. Les rumeurs sur les ventes de Mac et d’iPhone vont bon train, aucune n’étant positive. Et pour la première fois depuis qu’il dirige les finances d’Apple, Peter Oppenheimer n’a pas donné d’estimation du bénéfice par action et s’est contenté d’une fourchette pour le chiffre d’affaires.
Et pour cause : pour la première fois depuis 2004, Apple devrait annoncer des résultats en baisse.
Image (cc) Franco Folini.
Chiffre d’affaires et bénéfice
Même si ce trimestre ne devrait pas être absolument mauvais, il sera comparé à un T2 2012 exceptionnel à tout point de vue. Apple avait à l’époque atteint des sommets de rentabilité, avec un bénéfice de 12,30 $ par action et une marge brute de 47,4 % — une performance qu’elle ne reproduira pas cette année.
Selon Peter Oppenheimer lui-même, la marge brute ne dépassera pas 38,5 %, un niveau que l’on n’avait pas vu depuis la fin 2010. Les analystes s’accordent sur un bénéfice par action autour de 10,07 $, et même si certains assurent qu’il pourrait atteindre 12 $, tous ou presque ont revu leur estimation à la baisse au fur et à mesure au cours du trimestre. Bref, Apple devrait donc annoncer la première baisse de son bénéfice depuis neuf ans.
Fait extrêmement rare, la firme de Cupertino n'a pas donné une estimation précise de son chiffre d'affaires, mais une fourchette, comprise entre 41 et 43 milliards de dollars. Les analystes n’en sortent pas ou peu : les plus pessimistes tablent sur 41,06 milliards de dollars, les plus optimistes parient sur 44,18 milliards ; la moyenne s’établit à 42,59 milliards de dollars.
La progression annuelle serait donc assez faible — +8,65 % —, mais au moins s’agirait-il d’une progression. Car même si le deuxième trimestre fiscal est traditionnellement « mou » (il suit les fêtes de fin d’année), Apple a semble-t-il su maintenir des niveaux de ventes assez élevés.
Ventes
Le chiffre des ventes de Mac sera un des chiffres les plus attendus de la soirée, tant il est difficile à estimer : Apple a relancé la demande en MacBook Pro Retina en baissant leur prix et a réussi à résoudre ses problèmes d'approvisionnement en iMac, mais aurait aussi largement baissé ses commandes de composants. Ainsi, certains analystes planchent sur 3,5 millions de Mac vendus (-12,5 %), alors que d’autres pensent qu’Apple a réussi à maintenir la barre à 4 millions (=).
L’iPhone représente la moitié du chiffre d’affaires d’Apple : la fourchette donnée par Peter Oppenheimer se traduit au mieux par une très faible progression des ventes, au pire par la première baisse des ventes d’iPhone d’une année sur l’autre. Wall Street table sur la deuxième hypothèse et pense ainsi que 35 millions d’iPhone ont été vendus (-0,28 %).
Le chiffre des ventes d’iPad devrait fournir à Apple la seule donnée franchement positive de la soirée : les analystes s’accordent sur 17 millions d’unités écoulées (+44,07 %), les plus optimistes montant même jusqu’à 21,5 millions (+82,20 %).
Mais plus encore que les chiffres de ventes, c’est le panier moyen qu’il faudra observer : la forte chute de la marge d’Apple et les résultats financiers des opérateurs laissent à penser que l’iPhone 5 représente à peine la moitié des ventes totale d’iPhone. L’iPhone 4 et l’iPhone 4S continueraient sur leur lancée grâce à leur coût plus bas (lire : Apple n° 1 du téléphone aux États-Unis : explications). De même, le principal vecteur de la croissance de l’iPad serait l’iPad mini.
En conclusion
Certains se féliciteront de ces résultats très contrastés et y trouveront une confirmation pour continuer à critiquer les supposées faiblesses graves de la firme de Cupertino (lire : Le problème de la communication d'Apple). C’est oublier que le Mac résiste bien dans un marché du PC sclérosé, que l’iPhone est le smartphone le plus vendu aux États-Unis, et que l’iPad est toujours en pleine croissance. Si les analystes ont vu juste, ces résultats ne prouveront en fait qu’une seule chose, qu’Apple n’est pas immunisée contre la crise économique mondiale — et que les rumeurs sur un iPhone moins cher ne sont donc sans doute pas dénuées de bon sens.