Quelques mois après Tim Cook, Laurene Powell Jobs était l’invité de l’émission Rock Center, présentée par Brian Williams sur la chaîne américaine CNBC. La veuve de Steve Jobs refuse de s’exprimer sur la mort de son mari, arguant que cette figure publique était aussi « un mari et un père ». Elle est néanmoins sortie de l’ombre pour présenter The Dream Is Now, un documentaire en faveur du Development, Relief, and Education for Alien Minors Act, un projet de loi sur la régularisation des jeunes sans-papiers.
Diplômée de Stanford, Laurene Powell Jobs est impliquée depuis de nombreuses années dans des projets éducatifs en faveur d’enfants provenant de milieux défavorisés : co-fondatrice de College Track, elle est aussi membre du conseil d’administration de Teach for America et conseillère d'Udacity et de la Maison-Blanche. Elle s’est adjoint les services de Davis Guggenheim, qui avait réalisé pour Al Gore le documentaire Une vérité qui dérange, pour faire valoir son point de vue sur le DREAM Act.
Un documentaire qui tombe à point nommé alors qu’une commission sénatoriale bipartite devrait présenter dans les prochains jours une proposition de réforme de l’immigration ouvrant « une voie vers la régularisation » aux 11 millions de clandestins séjournant sur le sol américain. À la faveur de cette réforme, le DREAM Act, déposé pour la première fois en 2001, pourrait enfin être adopté.
Il permettrait aux enfants de migrants nés hors des États-Unis de recevoir un visa de six ans à la condition qu’ils aient vécu sur le sol américain au moins six ans et aient passé deux ans à l’université ou sous les drapeaux. À l’issue de ces six ans et s’ils ont obtenu un diplôme ou servi au moins deux ans, ils pourront obtenir une carte de résident permanent — mais pas la nationalité et donc le droit de vote, les républicains craignant que les immigrants ne favorisent les démocrates.
Laurene Powell Jobs soutient avec ferveur une telle réforme, qui permettrait à des étudiants sans papiers d’aller à l’université, d'obtenir des diplômes et d’accéder au marché du travail. Elle qualifie la situation actuelle de « gâchis » pour la société américaine, tout en reconnaissant les arguments de ses opposants, qui redoutent qu’un tel dispositif ne fasse que favoriser l’immigration clandestine. La veuve de Steve Jobs semble néanmoins décidée à se faire un prénom et à s’appuyer sur sa fortune estimée à plus de 10 milliards de dollars pour défendre cette cause.
Autre partisan d’une réforme de l’immigration, Mark Zuckerberg. Le fondateur et CEO de Facebook, soutenu par Eric Schmidt (Google), Marissa Mayer (Yahoo!), Reid Hoffman (Linkedin) ou encore Drew Houston (Dropbox), lance FWD.us et dénonce la politique d’immigration des États-Unis, « étrange pour une nation de migrants » et « inadaptée au monde d’aujourd’hui. ».
Plus pragmatiques et moins désintéressés que Laurene Powell Jobs, Zuckerberg et FWD.us déplorent en fait le quota extrêmement bas de visas H-1B accordés aux travailleurs étrangers hautement qualifiés. Une main-d’œuvre nécessaire aux grandes entreprises de la Silicon Valley, mais le quota prévu pour l’année entière a été rempli en quelques jours seulement. Prévue pour favoriser la fuite des cerveaux et renforcer l’industrie américaine, cette catégorie particulière de visas a été détournée de son but initial et est aujourd’hui monopolisée par des sociétés de sous-traitance.