Selon Gartner, les ventes de PC en Europe de l’Ouest ont baissé de 11,7 % au quatrième trimestre 2012 (par rapport au quatrième trimestre 2011).
La situation est très différente selon les pays : le marché britannique est stable (- 0,7 %), alors que le marché français s’effondre (- 13,6 %). Partout, les effets de la crise économique se font sentir, mais c’est sans doute en France qu’ils sont le plus visibles. C’est le seul pays où Asus reste fort grâce à son entrée de gamme, et un de ceux dans lesquels les ultrabooks se vendent le plus mal. Windows 8 n’a eu que peu d’effet sur les ventes et pour cause : pendant les fêtes, les distributeurs ont avant tout écoulé leurs stocks de PC d’entrée de gamme sous Windows 7.
Dans son rapport, Gartner note à de nombreuses reprises que les tablettes concurrencent efficacement les ordinateurs portables et les ordinateurs de bureau. Ranjit Atwal, directeur de la recherche chez Gartner, explique :
« Alors que les fabricants de PC continuent à rêver d’une ère du "PC plus", nous sommes en réalité dans une ère […] où les tablettes sont en train de gagner la guerre pour la consommation de contenus et les smartphones sont à l’avant-poste des usages en mobilité. Les PC continueront à être marginalisés en 2013.
Bref, la fameuse prédiction de Steve Jobs sur le PC « camion », relégué à des tâches spécialisées, est en train de se réaliser. D’autant que le prix des tablettes continue à baisser, si bien qu’elles prennent aujourd’hui la place qu’occupaient les netbooks il y a quelques années : elles en font presque autant que les PC traditionnels, mais à un prix inférieur.
Pourtant, alors qu’il prend en compte les netbooks et les hybrides, Gartner refuse de comptabiliser les tablettes dans son classement. Gartner se justifie en reléguant les tablettes à la simple « consommation de contenus »… tout en annonçant un futur où des PC qui ne sont utilisés que pour la consommation de contenus seront remplacés par des tablettes. Cet entêtement à reconnaître que beaucoup de PC ne sont pas utilisés pour créer et que beaucoup de tablettes le sont mène à un paradoxe presque nauséeux. La situation d’un appareil comme la Surface n’est pas non plus tranchée.
La situation est aussi très différente selon les fabricants : Lenovo poursuit son ascension irrésistible (+ 23,2 %), devenant même le n° 1 du marché allemand. Les ventes de Mac sont au contraire en forte baisse pour le troisième trimestre consécutif (- 28,2 %). Le facteur économique touche fortement Apple, qui réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires au-delà de 1 000 € : comme le note MacPlus, les ventes de MacBook baissent par exemple de 16 %. La firme de Cupertino paye aussi la disponibilité très limitée de l’iMac : les ventes de Mac de bureau dégringolent de 52,5 % ! Sixième sur l’ensemble de l’Europe, Apple est le septième acteur du marché français. Là encore, le gadin fait plus mal qu’ailleurs : la firme de Cupertino perd 36 % d’une année sur l’autre, 23,2 % côté portables, 59,7 % côté desktop.
Tout n’est cependant pas noir pour Apple. Elle est très bien placée sur le marché des tablettes, qui concurrence donc celui des PC traditionnels — l’iPad peut siphonner des ventes de Mac, mais « c’est une concurrence qui fait du bien » disait Tim Cook, puisqu’au final, Apple y gagne quand même. MacPlus le rappelle, elle « reste numéro un sur un marché de l’éducation » — lui aussi commence à se tourner vers les tablettes, mais là aussi l’iPad est en embuscade.
Il ne faut pas non plus oublier que le quatrième trimestre 2012 se compare à un quatrième trimestre 2011 qui avait été exceptionnel : la chute d’Apple est réelle, mais accentuée par ce prisme déformant. La disponibilité de l’iMac restant aléatoire, le tout-en-un d’Apple ne devrait pas peser sur le premier trimestre 2013 — mais la récente baisse de prix des MacBook Air et des MacBook Pro pourrait aider à faire remonter les courbes, ou au moins à ne pas les faire chuter plus.