En 2006 déjà, certains s’inquiétaient des conditions de travail dans les usines d’assemblage d’iPod : Apple a alors mis en place un système d’audit donnant lieu à la publication d’un rapport annuel. L’édition 2013, qui vient d'être publiée, révèle les efforts de la société en matière de lutte contre le travail des enfants, notamment chez les plus petits fournisseurs.
Apple est devenue en 2012 la première société du secteur technologique ayant intégré la Fair Labor Association. À la demande d’Apple, l’ONG a mené le plus grand audit de son histoire, sondant pas moins de 35 500 salariés de Foxconn et révélant certains dysfonctionnements. La firme de Cupertino a dans le même temps renforcé son propre système : elle a mené 393 audits en 2012, contre 229 en 2011, obtenant ainsi un cliché des conditions de travail de plus d’un million et demi de personnes intervenant dans la fabrication et l’assemblage des produits Apple.
Toute l’attention médiatique s’est portée sur les conditions de travail chez Foxconn, un géant à l’ombre duquel les plus petits fournisseurs ont parfois pu prendre quelques libertés avec le code de conduite édicté par Apple. En 2010, Apple a pris à bras le corps ce problème et est donc descendue un niveau plus bas dans sa chaîne de fournisseurs, s’intéressant aussi aux fournisseurs des fournisseurs.
Elle a ainsi découvert que Guangdong Real Faith Pingzhou Electronics Co. (PZ) employait pas moins de 74 enfants de moins de 16 ans, une violation totale du code de conduite d’Apple qui a entraîné l’annulation immédiate des relations entre les deux sociétés. Une enquête plus approfondie a révélé qu’une agence de la région, Shenzhen Quanshun Human Resources Co., falsifiait les papiers d’identité des enfants pour les faire paraître plus vieux qu’ils ne l’étaient vraiment — en accord avec les parents, partie prenante de ce réseau pour des raisons économiques évidentes.
Le gouvernement local prévenu, l’agence a perdu sa licence. Les enfants sont retournés dans leurs familles, PZ ayant payé tous les frais associés. Le fournisseur d’Apple qui s’approvisionnait lui-même chez PZ doit maintenant auditer à son tour tous ses autres fournisseurs : l’idée est que les exigences d’Apple fassent tache d’huile et que les améliorations des conditions et des pratiques s’appliquent également aux plus petites sociétés.
Apple a étendu la portée de son programme d’informations des travailleurs, destiné à mieux leur faire connaître leurs droits, notamment en matière de sécurité et de santé, et la législation locale. Il touche désormais 1,3 million d’ouvriers et de cadres, deux fois plus que le nombre total de personnes ayant été informées depuis le lancement de ce programme en 2008. Plus de 200 000 ouvriers ont par ailleurs suivi des cours gratuits d’informatique, de commerce et de langues.
La firme de Cupertino rappelle qu’elle suit de manière hebdomadaire le planning de plus d’un million de salariés, son code de conduite interdisait des semaines de plus de 60 heures. L’élargissement de la base de calcul a fait légèrement augmenter le nombre de manquements, qui s’établit à 8 %.
Après avoir agi sur les conditions de travail générales, sur la sécurité, sur les réseaux de recrutement à l’étranger et donc sur le travail des enfants, Apple s’attaquera cette année à la question des stages. Elle s’assurera notamment que les étudiants sont correctement payés et que leur planning n’interfère pas avec leur formation scolaire, un intérêt qui fait suite à des accusations de stage forcés chez Foxconn.