« Sauf imprévu peu probable », la VDSL2 sera lancée d'ici la fin de l'année. L'imprévu peu probable est aujourd'hui une certitude : l'auteur de ces propos, Jean-Ludovic Silicani, président de l'Arcep, s'est dédit. « Il ne m’appartient pas de fixer ou de commenter le calendrier des travaux du comité » encadrant l'utilisation de la VDSL2, déclare-t-il aujourd'hui. Il précise :
Contrairement à ce qu’on a pu lire ou entendre, l’ARCEP n’a pas le pouvoir d’autoriser ou d’interdire cette technologie. L’Autorité a, par contre, imposé à France Télécom, en vertu du principe de neutralité technologique défini par les textes européens, d’autoriser l’utilisation, sur sa boucle locale, de toute technologie, dès lors qu’elle n’est pas susceptible de perturber le bon fonctionnement du réseau. […] L’Autorité a confié, depuis 2002, à un comité d’experts indépendants, présidé par une personne à la compétence et à l’impartialité reconnues, le soin d’émettre des avis sur les technologies nouvelles demandées par les opérateurs. Ce comité a la responsabilité d’apprécier les risques de perturbation du réseau et de préciser les conditions d’introduction de ces technologies assurant l’absence de telles perturbations.
Il estime aujourd'hui que la décision du comité n'interviendra pas avant début 2013, pour une mise sur le marché vers l'automne 2013.
On rappelle que la VDSL2 permet d'exploiter le réseau cuivre à son maximum, jusqu'à 150 Mbit/s en téléchargement et 75 Mbit/s en téléversement, contre 25 Mbit/s en téléchargement et 1 Mbit/s en téléversement pour l'ADSL 2+. Cette technologie souffre cependant d'une forte atténuation qui la rend inutile si l'on est situé à plus de 1,5 km du répartiteur le plus proche. Elle est néanmoins dix fois moins chère à déployer que la fibre optique, car elle reprend l'infrastructure existante, qu'il faudra tout de même mettre à jour (100 000 sous-répartiteurs, contre 13 000 répartiteurs ADSL).
Attendant qu'Orange soit contraint d'ouvrir l'accès à son réseau, les opérateurs ont freiné leurs investissements en matière de fibre, et ne devraient pas subitement les reprendre avec ce nouveau délai. La France accuse quatre ans de retard sur le dossier de la VDSL2, et celui-ci provoque maintenant une crispation autour de la fibre. Résultat, la France est aujourd'hui au 17e rang européen en matière de très haut débit, et mise d'abord et avant tout sur une technologie sans avenir. Les tergiversations du comité d'experts nommés par l'Arcep n'ignorent sans doute pas ces considérations économiques et stratégiques.
Sur le même sujet
- La VDSL2 autorisée d'ici la fin de l'année