Les débats étant clos pour Apple, c'est au tour de Samsung d'exposer sa version dans le procès californien opposant les deux sociétés. Après avoir tenté de démontrer l'invalidité des brevets d'Apple, la firme coréenne tient désormais à prouver que l'iPhone et l'iPad violent eux-mêmes trois de ses brevets.
Le brevet #7,698,711, tout d'abord, couvre l'utilisation d'une autre application pendant l'écoute de musique. Woodward Yang, professeur de Harvard appelé par Samsung comme expert, affirme qu'il a été déposé avant qu'Apple n'implémente une telle fonction. Il a pourtant été déposé le 16 juillet 2007, six mois après la première démonstration du multitâche avec les applications natives de l'iPhone, dont l'écoute de musique (à partir de 17m 15s dans la vidéo ci-dessous). L'iPhone EDGE, qui disposait de cette fonction, a d'ailleurs été lancé deux semaines avant le dépôt de ce brevet.
Le brevet #7,577,460 sur l'envoi d'un courriel avec une photo en pièce jointe a bien été déposé avant la présentation de l'iPhone (26 juillet 2006), comme le brevet # 7,456,893 sur le « bookmarking » de la dernière photo visualisée dans une galerie (27 juin 2005). Mais dans ce dernier cas, les avocats d'Apple ont attaqué la terminologie : le fait que la galerie d'iOS s'ouvre par défaut sur la dernière photo consultée est tout simplement une conséquence logique du multitâche, qui préserve l'état de toute l'application. Ces deux brevets pourraient néanmoins suffire à donner l'impression au jury que les torts sont partagés.
Samsung devrait aussi présenter ses brevets sur la 3G, mais ceux-ci sont extrêmement contestés : touchant un standard, ils devraient être proposés selon les termes des licences FRAND. L'usage abusif de ces brevets dans des procédures judiciaires par Samsung fait par ailleurs l'objet d'une enquête des autorités américaines de la concurrence et de leurs homologues européennes.
Enfin, Jeeyeun Wang, qui a notamment travaillé sur l'icône de la fonction téléphone des appareils Samsung, a réfuté toute copie de l'icône d'iOS, elle aussi verte. Elle a assuré n'avoir jamais consulté les travaux d'Apple, bien que des documents de comparaison portent son nom. Les designers de la Galaxy Tab 10.1 ont aussi assuré que le remaniement de leur tablette pour la rendre plus fine n'avait pas du tout été provoqué par la présentation de l'iPad 2 — ce n'est pas ce qu'on avait entendu à l'époque des représentants de Samsung au Mobile World Congress.
Les débats touchant à leur fin, la juge Lucy Koh, qui n'a cessé d'exprimer son mécontentement tout au long de ce procès, a intimé aux deux parties de se rencontrer une dernière fois de CEO à CEO avant le verdict. Elle a noté que les deux sociétés courraient des risques dans cette affaire, et qu'un accord à l'amiable pouvait encore être à l'ordre du jour. Les deux sociétés ont accepté cette requête. Elle a aussi demandé aux avocats d'Apple et de Samsung d'encore réduire le champ de leur dossier, afin de faciliter la tâche au jury.