Maintenant qu'Apple est la première capitalisation boursière, elle n'est plus une société tout à fait comme les autres aux États-Unis. Elle est souvent prise à partie et est au coeur du débat politique américain. Son modèle est-il bon ? Apple crée-t-elle suffisamment d'emplois aux États-Unis ? Doit-elle fabriquer ses produits sur le territoire américain ?
Barack Obama avait tenté de faire passer le message à Steve Jobs (lire : Obama vient chercher des jobs en Californie). Dans sa biographie, Jobs avait expliqué à ce sujet qu'il était plus facile de construire des usines en Chine qu'aux États-Unis. D'après lui, la réglementation et des charges inutiles rendent les choses plus difficiles (lire : Steve Jobs : anecdotes et extraits de sa biographie). Jusqu'à présent, Apple n'avait pas pris part officiellement à ce débat. C'est désormais chose faite, elle vient de publier une page spéciale sur le sujet sur son site web.
Si l'on ne regarde pas plus loin que le bout de son nez (les politiques sont hélas souvent coutumiers du fait), la situation n'est guère reluisante pour Apple. Elle n'emploie que 47 000 personnes aux États-Unis, dont 27 530 dans son réseau de boutiques.
Le message que la société californienne essaie de faire passer, c'est qu'elle a créé autour de ses produits une véritable industrie. Apple parle d'une "App Economy" qui a généré 210 000 emplois aux États-Unis. Pour enfoncer le clou, la firme de Cupertino précise qu'il y a environ 5000 demandes d'emploi pour des ingénieurs iOS et qu'elle a déjà reversé plus de 4 milliards de dollars à ses partenaires grâce aux ventes réalisées sur sa plate-forme de téléchargement.
A cela, il faut ajouter 257 000 emplois créés par des partenaires d'Apple dans des domaines très variés : développement et fabrication de composants, matériels et équipements, ventes (professionnel et grand public) , transports, santé…
Ce chiffre inclut par exemple les personnes en charge de la production des processeurs pour les terminaux iOS dans une usine au Texas, usine récemment inaugurée et appartenant à Samsung (lire : Apple A5 : made in USA) ou encore les employés de Corning qui sont chargés de produire le verre des écrans d'iPhone et d'iPad.
Si l’on fait l'addition, Apple estime faire travailler directement ou indirectement 514 000 personnes. Et de préciser que ce chiffre est en constante augmentation. La marque à la pomme rappelle qu'elle ne comptait dans ses rangs que 10 000 employés en 2002, contre 47 000 actuellement.
Apple veut même se donner bonne conscience en affirmant qu'elle ne cherche pas à faire de la délocalisation à outrance. Elle explique qu'elle pourrait très bien comme beaucoup d’autres délocaliser en Inde ses centres d'appels qui comptent près de 10 000 employés et faire ainsi d'importantes économies. Mais la firme de Tim Cook juge qu'il est préférable de garder ses emplois aux États-Unis de façon à offrir le meilleur support technique à ses clients.
Lors de la présentation d'OS X Mountain Lion, Phil Schiller avait déclaré aux journalistes présents : "Nous [Apple] commençons à faire certaines choses différemment, maintenant". Manifestement, il n'y a pas que pour la présentation de ses produits que ce discours est valable. Longtemps (trop ?) silencieuse sur le terrain médiatique lorsqu'elle était en proie à des polémiques, Apple a décidé de ne plus se laisser faire. Que ce soit sur la question des conditions de travail de ses sous-traitants en Chine ou sur la question de l'emploi, la marque à la pomme communique désormais, mais à sa manière…
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