À partir du 1er mars 2012, Google va mettre en place de nouvelles règles de confidentialité sur l'ensemble de ses services. Présentées comme des règles « unifiées pour une expérience Google unique », elles signifient surtout le renforcement de la personnalisation de Google, dans les résultats de recherche… comme dans l'affichage publicitaire.
En lieu et place des 70 règles de confidentialité et mentions légales régissant ses différents services, Google ne propose désormais plus qu'un document sur les règles de confidentialité et un autre sur les conditions d'utilisation, s'appliquant à l'ensemble de ses produits. Certains services conserveront des contrats séparés pour des raisons légales. Cette unification des règles va de pair avec une unification des informations utilisateur : les différents comptes et les données afférentes seront fusionnés en un seul profil utilisateur concentrant toutes les données autrefois disséminées et séparées.
Sur un premier plan, ces changements sont positifs : les documents à valeur légale sont désormais plus courts et écrits dans un français compréhensible par le quidam moyen. L'unification des différents comptes évitera quelques bizarreries dans la gestion des connexions entre les différents services de Google, et décloisonne l'accès aux données et la communication entre les différentes webapps. Sur un second plan néanmoins, ces nouvelles règles posent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses.
Depuis 2009, Google personnalise chaque jour un peu plus les résultats de son moteur de recherche, s'éloignant de l'outil de découverte qu'il était à ses débuts pour s'approcher d'un index des recommandations de vos cercles (l'intégration de Google+ n'aidant pas). Cette réduction de l'horizon de l'utilisateur va aller en grandissant : vos données YouTube, Google Maps ou Picasa vont maintenant influer sur vos résultats Google Search, et inversement. Là où Google loue une plus grande personnalisation des résultats, certains y verront la réduction progressive de la sérendipité. Google imagine, dans le futur, être capable de vous avertir de votre retard à un rendez-vous en fonction de la position de votre téléphone Android, des conditions de circulation, et de l'état de votre Google Calendar. Un véritable rêve pour certains, les débuts de l'informatique invasive pour d'autres.
Cette unification des données de l'utilisateur semble de plus être plus bénéfique à Google qu'à l'utilisateur : le mot est à peine prononcé, mais un accès à l'intégralité des données de l'utilisateur sur un vaste ensemble de services permettra aussi à Google de fournir des publicités toujours plus ciblées. Alors que certaines études estiment que l'utilisateur offre l'équivalent de 50 à 5 000 $ de données personnelles à Google, chacun pourra peser le pour et le contre et décider si les services de la firme de Mountain View valent les données « vendues » à son système publicitaire.
Un élément pour juger de votre « dépendance » à Google est le Google Dashboard, qui liste tous les services que vous utilisez et les données que vous y avez laissées. La firme de Mountain View fournit plusieurs outils permettant à l'utilisateur de desserrer un peu l'étau : gestionnaire de préférences pour les annonces, contrôle de l'historique web, désactivation de Google Analytics et de la personnalisation de la recherche, etc. Les utilisateurs de quelques services seulement peuvent aussi utiliser plusieurs comptes (par exemple un pour la recherche et un pour YouTube) pour maintenir le cloisonnement des données.
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi vouloir fermer purement et simplement votre compte Google, une démarche qui a néanmoins un coût, celui d'une transition pénible et de la perte d'une certaine tranquillité. Si Gmail est difficilement remplaçable et que Google Search reste le meilleur moteur de recherche, plusieurs autres services ont des alternatives : YouTube peut être consulté sans compte et DailyMotion ou Vimeo sont populaires et efficaces ; Bing Maps a ses adeptes, et Flickr n'a rien à envier à Picasa — on ne rappelle évidemment pas l'existence de Dropbox pour la gestion des fichiers. Les utilisateurs d'appareils iOS utilisent peut-être déjà iCloud pour leurs courriels, contacts et calendriers, mais c'est peut-être remplacer la peste par le choléra. Vous pouvez aussi utiliser plusieurs extensions et fonctions de Safari pour diminuer les effets des différents changements effectués par Google : Focus on the User pour masquer Google+ et Do Not Track qui sera utile le jour où Google l'adoptera.