Apple s'est intéressée aux moyens de combattre la contrefaçon de ses produits, mais avec peu de succès, raconte CNN après la lecture de câbles tirés de la base de données Wikileaks. Les choses ont peut-être évolué depuis, car la période concernée couvre 2008 et 2009. Mais on a constaté avec l'épisode des faux Apple Store que les choses peuvent aller bien plus loin que de simples baladeurs et téléphones (lire aussi Les faux Apple Store changent de nom).
Il y a un peu plus de trois ans, Apple a constitué une équipe dirigée par John Theriault (ci-contre), il avait le titre de Vice-Président Global Security. Il occupait une position similaire chez Pfizer (après avoir passé 26 ans au FBI). Il est arrivé chez Apple avec l'un de ses collègues, Don Shruhan qui travaille pour la Pomme au sein du bureau de Hong-Kong. Tous les deux, chez Pfizer, ont organisé pendant quelques années la lutte contre la contrefaçon des pilules de Viagra.
Lors d'une discussion avec les représentants de l'Ambassade américaine en Chine, Theriault a fait part de son effarement devant le volume de contrefaçons de produits Apple fabriqués en Chine, ainsi que le manque d'expérience des avocats de l'entreprise pour traiter ces problèmes avec le gouvernement local. Les marques d'Apple n'étaient par exemple pas enregistrées en Chine a constaté Theriault.
Ces câbles diplomatiques de 2008 détaillent aussi le circuit emprunté par ces produits. Partant de la Chine, passant par Hong-Kong et atterrissant en Inde. Les autorités portuaires d'Hong-Kong n'étant pas très désireuses de pousser trop loin les investigations dans les containers, afin de ne pas ralentir le trafic des marchandises.
Le plan d'Apple était d'agir en trois étapes. D'abord s'attaquer aux détaillants et aux vendeurs de rue. Ensuite, remonter la filière vers les fabricants de ces reproductions. Shruhan expliquait dans un câble que la méthode d'Apple pour tracer les matériels produits avec leurs numéros de série était assez efficace et plus sophistiquée que celle de Pfizer pour ses produits. Mais il n'excluait pas que des moules puissent être sortis d'usines en contrat avec Cupertino. Avec le résultat que des produits puissent paraître légitimes à l'extérieur mais de qualité moyenne dans les composants internes. Est cité l'exemple d'un iPod 80 Go qui n'avait qu'un espace de stockage de 1 Go…
Enfin, il s'agissait de viser les sites de vente en ligne. Impossible de savoir si Apple était à la manoeuvre, mais on a vu en janvier dernier le site Alibaba sommé de retirer des annonces pour ce qui était présenté (à raison, avec le recul) comme des étuis du dernier iPad (lire Alibaba invité à retirer de la vente les étuis pour iPad 2G). Don Shruhan a justement souligné qu'il fallait agir discrètement, Apple ne souhaitant pas donner trop de publicité à ces questions. Ce plan avait été soumis à Steve Jobs durant l'année 2008.
Toutefois ce programme d'action se serait heurté à l'ampleur de la tâche, car les vendeurs de faux iPod ou iPhone sont légion, encore aujourd'hui. Ensuite le gouvernement n'aurait pas fait montre d'une grande coopération. Dans le cas de Pfizer et des labos en général, il est plus facile d'obtenir son soutien en défendant l'idée que la contrefaçon de médicaments peut coûter des vies. C'est plus difficile pour des fabricants de matériels électroniques et des éditeurs de logiciels.
Un câble rend compte de la volonté d'Apple d'utiliser l'argument que des batteries de produits contrefaits sont potentiellement dangereuses, ou encore que les taxes associées à la vente de ces produits sont perdues pour les autorités. Le gouvernement chinois serait néanmoins resté sourd à ces suggestions. Dans un cas il aurait refusé de lancer une enquête sur une usine fabriquant de faux portables Apple afin de ne pas menacer ces emplois. Dans un autre, une descente dans un magasin au sein d'un centre commercial aurait été refusée pour ne pas gêner les clients.
On a vu toutefois dans le cas des Apple Store que des actions pouvaient être lancées par les autorités (lire Les (faux) Apple Store sont fermés). Peut-être aussi parce que la médiatisation de l'existence de ces fausses boutiques avait été mondiale…
photos : merci Seb
Il y a un peu plus de trois ans, Apple a constitué une équipe dirigée par John Theriault (ci-contre), il avait le titre de Vice-Président Global Security. Il occupait une position similaire chez Pfizer (après avoir passé 26 ans au FBI). Il est arrivé chez Apple avec l'un de ses collègues, Don Shruhan qui travaille pour la Pomme au sein du bureau de Hong-Kong. Tous les deux, chez Pfizer, ont organisé pendant quelques années la lutte contre la contrefaçon des pilules de Viagra.
Lors d'une discussion avec les représentants de l'Ambassade américaine en Chine, Theriault a fait part de son effarement devant le volume de contrefaçons de produits Apple fabriqués en Chine, ainsi que le manque d'expérience des avocats de l'entreprise pour traiter ces problèmes avec le gouvernement local. Les marques d'Apple n'étaient par exemple pas enregistrées en Chine a constaté Theriault.
Ces câbles diplomatiques de 2008 détaillent aussi le circuit emprunté par ces produits. Partant de la Chine, passant par Hong-Kong et atterrissant en Inde. Les autorités portuaires d'Hong-Kong n'étant pas très désireuses de pousser trop loin les investigations dans les containers, afin de ne pas ralentir le trafic des marchandises.
Le plan d'Apple était d'agir en trois étapes. D'abord s'attaquer aux détaillants et aux vendeurs de rue. Ensuite, remonter la filière vers les fabricants de ces reproductions. Shruhan expliquait dans un câble que la méthode d'Apple pour tracer les matériels produits avec leurs numéros de série était assez efficace et plus sophistiquée que celle de Pfizer pour ses produits. Mais il n'excluait pas que des moules puissent être sortis d'usines en contrat avec Cupertino. Avec le résultat que des produits puissent paraître légitimes à l'extérieur mais de qualité moyenne dans les composants internes. Est cité l'exemple d'un iPod 80 Go qui n'avait qu'un espace de stockage de 1 Go…
Enfin, il s'agissait de viser les sites de vente en ligne. Impossible de savoir si Apple était à la manoeuvre, mais on a vu en janvier dernier le site Alibaba sommé de retirer des annonces pour ce qui était présenté (à raison, avec le recul) comme des étuis du dernier iPad (lire Alibaba invité à retirer de la vente les étuis pour iPad 2G). Don Shruhan a justement souligné qu'il fallait agir discrètement, Apple ne souhaitant pas donner trop de publicité à ces questions. Ce plan avait été soumis à Steve Jobs durant l'année 2008.
Des "Phone 5" en Thaïlande à la mi-août 2011
Toutefois ce programme d'action se serait heurté à l'ampleur de la tâche, car les vendeurs de faux iPod ou iPhone sont légion, encore aujourd'hui. Ensuite le gouvernement n'aurait pas fait montre d'une grande coopération. Dans le cas de Pfizer et des labos en général, il est plus facile d'obtenir son soutien en défendant l'idée que la contrefaçon de médicaments peut coûter des vies. C'est plus difficile pour des fabricants de matériels électroniques et des éditeurs de logiciels.
Un câble rend compte de la volonté d'Apple d'utiliser l'argument que des batteries de produits contrefaits sont potentiellement dangereuses, ou encore que les taxes associées à la vente de ces produits sont perdues pour les autorités. Le gouvernement chinois serait néanmoins resté sourd à ces suggestions. Dans un cas il aurait refusé de lancer une enquête sur une usine fabriquant de faux portables Apple afin de ne pas menacer ces emplois. Dans un autre, une descente dans un magasin au sein d'un centre commercial aurait été refusée pour ne pas gêner les clients.
On a vu toutefois dans le cas des Apple Store que des actions pouvaient être lancées par les autorités (lire Les (faux) Apple Store sont fermés). Peut-être aussi parce que la médiatisation de l'existence de ces fausses boutiques avait été mondiale…
photos : merci Seb