Pour Steve Cheney de TechCrunch, Apple a tout intérêt à se payer Infineon. Cette société fournit des puces radio pour l'iPhone et l'iPad. Pourquoi Apple devrait-elle faire l'acquisition d'Infineon ? Parce que l'intégration verticale est à la mode, parce que les synergies entre les deux sociétés sont fortes, parce qu'Apple se doit de posséder des compétences sur les puces radio en interne, et qu'Infineon est la proie parfaite pour la firme de Cupertino.
L'intégration verticale revient en effet en force : les grandes entreprises font de plus en plus d'acquisitions destinées à leur offrir la maîtrise de la chaîne de conception de leurs produits de A à Z. Si Apple sous-traite la production, elle se repose de moins en moins sur l'externalisation pour la conception des composants de ces produits : le processeur de l'iPad ou de l'iPhone sont désormais des créations maison conçues en collaboration avec Samsung, et elle n'hésite pas à s'associer à des spécialistes pour certains composants-clefs, comme cela a été le cas pour le processeur du MacBook Air, ou semble-t-il pour le gyromètre de l'iPhone 4.
Infineon a été au cœur de chaque iPhone et de l'iPad, c'est donc une société qu'Apple connaît bien. C'est surtout un des quatre seuls acteurs de l'informatique à posséder une licence sur l'architecture ARM : alors que la licence ARM classique offre des designs de processeurs prêts-à-produire, cette licence spécifique permet d'aller plus loin, et de rajouter des choses au design de base. Seuls Qualcomm, Marvell et Microsoft possèdent aussi une licence de ce type. En achetant Infineon, Apple renforcerait sa connaissance de l'architecture ARM, après les acquisitions de PA Semi et d'Intrinsity.
Si l'on combine ces deux premiers points, on obtient une combinaison qui semble logique. Apple pourrait maîtriser des technologies de haute volée (notamment sur les puces baseband 3G), ce qui la rendrait moins dépendante de ses partenaires, à la fois d'un point de vue matériel (conception de puces spécifiques à tel ou tel appareil plutôt qu'utilisation de puces génériques fabriquées par un sous-traitant pour plusieurs clients) et d'un point de vue financier (Apple aurait choisi Infineon plutôt que Broadcom pour équiper l'iPhone pour éviter de payer de très chères royalties à ce dernier). Indépendance technologique et financière et conception de produits uniques et maîtrisés de bout en bout, voilà qui sonne très Apple.
Cette acquisition est aussi à la taille d'Apple. Avec 45 milliards de dollars en réserve, et une action en état de grâce, Apple peut se permettre une acquisition d'envergure sans craindre la pression des financiers. L'étiquette est attractive : Infineon vaudrait environ 2 milliards de dollars — une grosse acquisition par rapport aux habitudes d'Apple, mais la firme de Cupertino a déjà affirmé qu'elle ne s'interdisait rien dans le domaine. Mais c'est en fait une petite acquisition : si la rumeur qui veut qu'Intel rachète Infineon finissait par se réaliser, Apple perdrait l'occasion de mettre un pied dans le secteur des puces radio, tous les autres acteurs du domaine étant bien trop gros et diversifiés pour être à la portée du porte-monnaie de Cupertino — c'est aussi un « petit » fournisseur de puces, dont le rachat par Apple pourrait être mieux accepté par les concurrents, qui pourraient toujours se fournir ailleurs, notamment chez Qualcomm.
Intel penserait à racheter Infineon pour combiner le savoir-faire d'Infineon dans les transmissions aux connaissances d'Intel dans le calcul, ce qui lui permettrait de développer des SoC (systèmes sur puces) complets. En effet, dans le monde du mobile, les composants sont de plus en plus intégrés les uns aux autres, et on retrouve maintenant sur une même puce plusieurs fonctions empilées : l'Apple A4 combine processeur central et mémoire vive. L'avantage d'avoir un tel sandwich est qu'Apple peut décider d'utiliser le processeur central de telle société et la mémoire de telle autre, puisqu'elle maîtrise la technologie.
La prochaine étape va être l'intégration des fonctions radio dans ses SoC : GPS, Wi-Fi, radio FM, Bluetooth, etc., toutes choses que sait faire Infineon. Si Intel rachète Infineon (Samsung serait aussi sur les rangs), et produit de SoC à tout faire, la firme de Santa Clara proposera à ses clients des systèmes propriétaires où l'on n'aura pas le choix des composants. On retombe dans le composant générique et dans la dépendance, chose qu'Apple déteste : on le voit avec le Mac mini resté bloqué au Core 2 Duo parce que la politique d'Intel interdit l'utilisation des chipsets NVIDIA avec les processeurs Core i. Apple ne voulant pas dépendre des chipsets Intel HD sur son entrée de gamme, et ne voulant pas non plus intégrer une carte graphique dédiée dans son Mac mini, elle a les mains liées. Laisser échapper Infineon augmente les chances pour Apple de se laisser dicter une partie de ses choix par ses fournisseurs.
Est-ce qu'Apple va acheter Infineon ? Rien n'est moins sûr. D'abord parce que d'autres sociétés seraient sur les rangs, mais Apple a les moyens de se battre avec Intel, qui n'a pas beaucoup plus d'argent en réserve, mais est peut-être plus prompt à manier des milliards pour racheter. Depuis l'acquisition ratée d'AdMob, Apple a cependant renforcé son équipe de spécialistes justement pour permettre ce genre d'acquisition au long cours.
Mais alors que certains se posent des questions sur la capacité d'Apple à contrôler sa croissance et constatent une véritable adéquation entre sa stature réelle (une multinationale ultra-influente de plus de 40.000 employés) et sa stature théorique (une startup, certes la plus grosse du monde), absorber Infineon sera peut-être une tâche difficile : on parle d'une société de plus de 30.000 employés, dont 6.000 en R&D. Le passage à une autre dimension pour Apple est peut-être à ce coût, et les connaissances qu'apporterait Infineon pourraient éviter de reproduire des erreurs comme celles de l'Antennagate.
L'intégration verticale revient en effet en force : les grandes entreprises font de plus en plus d'acquisitions destinées à leur offrir la maîtrise de la chaîne de conception de leurs produits de A à Z. Si Apple sous-traite la production, elle se repose de moins en moins sur l'externalisation pour la conception des composants de ces produits : le processeur de l'iPad ou de l'iPhone sont désormais des créations maison conçues en collaboration avec Samsung, et elle n'hésite pas à s'associer à des spécialistes pour certains composants-clefs, comme cela a été le cas pour le processeur du MacBook Air, ou semble-t-il pour le gyromètre de l'iPhone 4.
Infineon a été au cœur de chaque iPhone et de l'iPad, c'est donc une société qu'Apple connaît bien. C'est surtout un des quatre seuls acteurs de l'informatique à posséder une licence sur l'architecture ARM : alors que la licence ARM classique offre des designs de processeurs prêts-à-produire, cette licence spécifique permet d'aller plus loin, et de rajouter des choses au design de base. Seuls Qualcomm, Marvell et Microsoft possèdent aussi une licence de ce type. En achetant Infineon, Apple renforcerait sa connaissance de l'architecture ARM, après les acquisitions de PA Semi et d'Intrinsity.
Si l'on combine ces deux premiers points, on obtient une combinaison qui semble logique. Apple pourrait maîtriser des technologies de haute volée (notamment sur les puces baseband 3G), ce qui la rendrait moins dépendante de ses partenaires, à la fois d'un point de vue matériel (conception de puces spécifiques à tel ou tel appareil plutôt qu'utilisation de puces génériques fabriquées par un sous-traitant pour plusieurs clients) et d'un point de vue financier (Apple aurait choisi Infineon plutôt que Broadcom pour équiper l'iPhone pour éviter de payer de très chères royalties à ce dernier). Indépendance technologique et financière et conception de produits uniques et maîtrisés de bout en bout, voilà qui sonne très Apple.
Cette acquisition est aussi à la taille d'Apple. Avec 45 milliards de dollars en réserve, et une action en état de grâce, Apple peut se permettre une acquisition d'envergure sans craindre la pression des financiers. L'étiquette est attractive : Infineon vaudrait environ 2 milliards de dollars — une grosse acquisition par rapport aux habitudes d'Apple, mais la firme de Cupertino a déjà affirmé qu'elle ne s'interdisait rien dans le domaine. Mais c'est en fait une petite acquisition : si la rumeur qui veut qu'Intel rachète Infineon finissait par se réaliser, Apple perdrait l'occasion de mettre un pied dans le secteur des puces radio, tous les autres acteurs du domaine étant bien trop gros et diversifiés pour être à la portée du porte-monnaie de Cupertino — c'est aussi un « petit » fournisseur de puces, dont le rachat par Apple pourrait être mieux accepté par les concurrents, qui pourraient toujours se fournir ailleurs, notamment chez Qualcomm.
Intel penserait à racheter Infineon pour combiner le savoir-faire d'Infineon dans les transmissions aux connaissances d'Intel dans le calcul, ce qui lui permettrait de développer des SoC (systèmes sur puces) complets. En effet, dans le monde du mobile, les composants sont de plus en plus intégrés les uns aux autres, et on retrouve maintenant sur une même puce plusieurs fonctions empilées : l'Apple A4 combine processeur central et mémoire vive. L'avantage d'avoir un tel sandwich est qu'Apple peut décider d'utiliser le processeur central de telle société et la mémoire de telle autre, puisqu'elle maîtrise la technologie.
La prochaine étape va être l'intégration des fonctions radio dans ses SoC : GPS, Wi-Fi, radio FM, Bluetooth, etc., toutes choses que sait faire Infineon. Si Intel rachète Infineon (Samsung serait aussi sur les rangs), et produit de SoC à tout faire, la firme de Santa Clara proposera à ses clients des systèmes propriétaires où l'on n'aura pas le choix des composants. On retombe dans le composant générique et dans la dépendance, chose qu'Apple déteste : on le voit avec le Mac mini resté bloqué au Core 2 Duo parce que la politique d'Intel interdit l'utilisation des chipsets NVIDIA avec les processeurs Core i. Apple ne voulant pas dépendre des chipsets Intel HD sur son entrée de gamme, et ne voulant pas non plus intégrer une carte graphique dédiée dans son Mac mini, elle a les mains liées. Laisser échapper Infineon augmente les chances pour Apple de se laisser dicter une partie de ses choix par ses fournisseurs.
Est-ce qu'Apple va acheter Infineon ? Rien n'est moins sûr. D'abord parce que d'autres sociétés seraient sur les rangs, mais Apple a les moyens de se battre avec Intel, qui n'a pas beaucoup plus d'argent en réserve, mais est peut-être plus prompt à manier des milliards pour racheter. Depuis l'acquisition ratée d'AdMob, Apple a cependant renforcé son équipe de spécialistes justement pour permettre ce genre d'acquisition au long cours.
Mais alors que certains se posent des questions sur la capacité d'Apple à contrôler sa croissance et constatent une véritable adéquation entre sa stature réelle (une multinationale ultra-influente de plus de 40.000 employés) et sa stature théorique (une startup, certes la plus grosse du monde), absorber Infineon sera peut-être une tâche difficile : on parle d'une société de plus de 30.000 employés, dont 6.000 en R&D. Le passage à une autre dimension pour Apple est peut-être à ce coût, et les connaissances qu'apporterait Infineon pourraient éviter de reproduire des erreurs comme celles de l'Antennagate.