Fortune dresse un long portrait de Timothy "Tim" Cook ("le génie derrière Steve") le patron des opérations chez Apple, véritable bras droit de Steve Jobs et souvent cité comme son éventuel sinon plus probable successeur.
Une perspective que Cook (qui n'a pas répondu aux demandes d'entretiens pour l'article) n'imagine même pas. On lui prête ainsi d'avoir déclaré récemment "Enfin, remplacer Steve ? Il est irremplaçable. C'est une chose à laquelle les gens vont devoir se résoudre. Je vois bien Steve à 70 ans avec des cheveux blancs, toujours ici et longtemps après que j'aurai pris ma retraite."
Remettre de l'ordre
Tim Cook est arrivé chez Apple en 1998, juste après le retour aux commandes de Steve Jobs. Il fut débauché de chez Compaq où il n'était en poste que depuis six mois, après avoir passé 12 ans chez IBM. Sa mission était de remettre de l'ordre dans le système de production, de livraison et de vente d'Apple.
Cook, au visage toujours impassible, est décrit comme un drogué de travail, de ceux qui arrivent les premiers le matin et repartent les derniers le soir de chez Apple. Celui qui touche le plus gros salaire d'Apple (700 000$ par an, sans compter ses stock options qui lui ont déjà rapporté quelques 100 millions de dollars) vit dans une maison en location à Palo Alto et a comme loisirs le vélo (il admire Lance Armstrong), la gym et la randonnée.
L'homme envoie des e-mail à ses collaborateurs à 4 heures et demie du matin et il eut longtemps l'habitude de tenir des conférences téléphoniques le dimanche soir en prévision de réunions pour le lendemain matin.
Un jour, raconte Fortune, se tenait une réunion autour d'un problème dans une usine en Chine "C'est vraiment mauvais" annonça Cook à son équipe "Quelqu'un devrait être là-bas en train de gérer ça" et au bout d'une demi-heure il se tourne brusquement vers l'un de ses lieutenants "Qu'est-ce que vous faites encore là ?". Et le cadre, qui travaille toujours aujourd'hui à ses côtés, de prendre immédiatement la route de l'aéroport avec un billet open pour la Chine.
Le chasseur de coûts
En arrivant chez Apple, Cook a réorganisé toute la chaîne de fabrication et de distribution, fermant des usines et des entrepôts et renforçant ses relations avec les sous-traitants. Avec pour effet de faire fondre de plusieurs mois à quelques jours l'inventaire des produits, amenant Apple au niveau d'efficacité de Dell "Vous devez gérez ça comme si vous vendiez du lait. Si ça dépasse la date de péremption, vous avez un problème", a-t-il un jour expliqué.
Pour Fortune, il y a principalement deux façons de dégager des marges confortables : vendre ses produits chers ou réduire les coûts de production. Apple elle fait les deux. Des produits pour lesquels les gens sont prêts à payer un prix fort pendant que Cook s'attache à en diminuer les coûts.
En prévision du lancement du premier iPod nano et tablant sur son succès Apple a par exemple passé une commande faramineuse de mémoire flash. Mettant sur la table 1,25 milliard de dollars pour s'assurer un stock suffisant jusqu'en 2010.
"C'est le genre de choses auxquelles ils n'auraient pas pensé avant que n'arrive Tim Cook" estime un analyste.
Au fil des années et des circonstances - par exemple quand Jobs fut quelques semaines en convalescence - Cook a vu s'ouvrir son éventail de responsabilités : support clientèle, force de vente, distributeurs et aujourd'hui les négociations avec les vendeurs.
Distant et dur à la tâche
Les gens qui ont travaillé avec Cook le décrivent comme émotionnellement détaché et implacable, ainsi l'un d'entre eux : "Il vous posera dix questions. Si vous répondez correctement à chacune il vous en posera dix autres. Si au bout d'un an vous répondez correctement il commencera à vous poser neuf questions. Trompez-vous une seule fois et il vous en posera 20 et puis 30."
De l'un de ses anciens camarades de fac "Tim n'est tout simplement pas quelqu'un de très social. Il n'est pas antisocial non plus. C'est juste qu'il ne paraît pas s'intéresser aux autres".
Un trait de caractère illustré par un autre témoignage d'un ancien cadre d'Apple qui expliquait qu'il s'était préparé une phrase pour le jour où il se retrouverait peut-être seul dans un ascenseur avec Steve Jobs. Mais pour Cook, nul besoin "ça ne servirait à rien, de toute façon il ne vous parlerait même pas."
Sur son adéquation avec le poste de patron d'Apple, les avis divergent. Pour les uns il lui manque l'instinct créatif de Steve Jobs mais d'expliquer dans le même temps que ce n'est pas nécessairement une tare pour un patron d'entreprise. Pour les autres cette lacune pourrait être compensée par la présence d'autres personnes. De la même manière que Cook, aujourd'hui, s'occupe de domaines pour lesquels Jobs n'a pas de compétences affirmées. Autre piste celle d'une prise de fonction qui le verrait succéder à Jobs pendant que ce dernier devient président d'Apple, un poste qui n'existe pas dans cette entreprise.
Cook se fait néanmoins la main sur les thèmes du marketing. Il a reçu l'autorisation de Steve Jobs de prendre une place au conseil d'administration de Nike (où il croise une autre légende en la personne de Phil Knight le fondateur de l'équipementier sportif). Cook y discute avec ses pairs des questions de vente en ligne et "d'expérience du client" dans les boutiques Nike.
Mais Cook semble apprécier l'ombre, récemment il déclarait à un proche "Pour moi une entreprise c'est faire en sorte de rassembler les pièces d'un puzzle, pas d'y obtenir une visibilité personnelle."
Une perspective que Cook (qui n'a pas répondu aux demandes d'entretiens pour l'article) n'imagine même pas. On lui prête ainsi d'avoir déclaré récemment "Enfin, remplacer Steve ? Il est irremplaçable. C'est une chose à laquelle les gens vont devoir se résoudre. Je vois bien Steve à 70 ans avec des cheveux blancs, toujours ici et longtemps après que j'aurai pris ma retraite."
Remettre de l'ordre
Tim Cook est arrivé chez Apple en 1998, juste après le retour aux commandes de Steve Jobs. Il fut débauché de chez Compaq où il n'était en poste que depuis six mois, après avoir passé 12 ans chez IBM. Sa mission était de remettre de l'ordre dans le système de production, de livraison et de vente d'Apple.
Cook, au visage toujours impassible, est décrit comme un drogué de travail, de ceux qui arrivent les premiers le matin et repartent les derniers le soir de chez Apple. Celui qui touche le plus gros salaire d'Apple (700 000$ par an, sans compter ses stock options qui lui ont déjà rapporté quelques 100 millions de dollars) vit dans une maison en location à Palo Alto et a comme loisirs le vélo (il admire Lance Armstrong), la gym et la randonnée.
L'homme envoie des e-mail à ses collaborateurs à 4 heures et demie du matin et il eut longtemps l'habitude de tenir des conférences téléphoniques le dimanche soir en prévision de réunions pour le lendemain matin.
Un jour, raconte Fortune, se tenait une réunion autour d'un problème dans une usine en Chine "C'est vraiment mauvais" annonça Cook à son équipe "Quelqu'un devrait être là-bas en train de gérer ça" et au bout d'une demi-heure il se tourne brusquement vers l'un de ses lieutenants "Qu'est-ce que vous faites encore là ?". Et le cadre, qui travaille toujours aujourd'hui à ses côtés, de prendre immédiatement la route de l'aéroport avec un billet open pour la Chine.
Le chasseur de coûts
En arrivant chez Apple, Cook a réorganisé toute la chaîne de fabrication et de distribution, fermant des usines et des entrepôts et renforçant ses relations avec les sous-traitants. Avec pour effet de faire fondre de plusieurs mois à quelques jours l'inventaire des produits, amenant Apple au niveau d'efficacité de Dell "Vous devez gérez ça comme si vous vendiez du lait. Si ça dépasse la date de péremption, vous avez un problème", a-t-il un jour expliqué.
Pour Fortune, il y a principalement deux façons de dégager des marges confortables : vendre ses produits chers ou réduire les coûts de production. Apple elle fait les deux. Des produits pour lesquels les gens sont prêts à payer un prix fort pendant que Cook s'attache à en diminuer les coûts.
En prévision du lancement du premier iPod nano et tablant sur son succès Apple a par exemple passé une commande faramineuse de mémoire flash. Mettant sur la table 1,25 milliard de dollars pour s'assurer un stock suffisant jusqu'en 2010.
"C'est le genre de choses auxquelles ils n'auraient pas pensé avant que n'arrive Tim Cook" estime un analyste.
Au fil des années et des circonstances - par exemple quand Jobs fut quelques semaines en convalescence - Cook a vu s'ouvrir son éventail de responsabilités : support clientèle, force de vente, distributeurs et aujourd'hui les négociations avec les vendeurs.
Distant et dur à la tâche
Les gens qui ont travaillé avec Cook le décrivent comme émotionnellement détaché et implacable, ainsi l'un d'entre eux : "Il vous posera dix questions. Si vous répondez correctement à chacune il vous en posera dix autres. Si au bout d'un an vous répondez correctement il commencera à vous poser neuf questions. Trompez-vous une seule fois et il vous en posera 20 et puis 30."
De l'un de ses anciens camarades de fac "Tim n'est tout simplement pas quelqu'un de très social. Il n'est pas antisocial non plus. C'est juste qu'il ne paraît pas s'intéresser aux autres".
Un trait de caractère illustré par un autre témoignage d'un ancien cadre d'Apple qui expliquait qu'il s'était préparé une phrase pour le jour où il se retrouverait peut-être seul dans un ascenseur avec Steve Jobs. Mais pour Cook, nul besoin "ça ne servirait à rien, de toute façon il ne vous parlerait même pas."
Sur son adéquation avec le poste de patron d'Apple, les avis divergent. Pour les uns il lui manque l'instinct créatif de Steve Jobs mais d'expliquer dans le même temps que ce n'est pas nécessairement une tare pour un patron d'entreprise. Pour les autres cette lacune pourrait être compensée par la présence d'autres personnes. De la même manière que Cook, aujourd'hui, s'occupe de domaines pour lesquels Jobs n'a pas de compétences affirmées. Autre piste celle d'une prise de fonction qui le verrait succéder à Jobs pendant que ce dernier devient président d'Apple, un poste qui n'existe pas dans cette entreprise.
Cook se fait néanmoins la main sur les thèmes du marketing. Il a reçu l'autorisation de Steve Jobs de prendre une place au conseil d'administration de Nike (où il croise une autre légende en la personne de Phil Knight le fondateur de l'équipementier sportif). Cook y discute avec ses pairs des questions de vente en ligne et "d'expérience du client" dans les boutiques Nike.
Mais Cook semble apprécier l'ombre, récemment il déclarait à un proche "Pour moi une entreprise c'est faire en sorte de rassembler les pièces d'un puzzle, pas d'y obtenir une visibilité personnelle."