Plus de deux ans après son lancement, SNCF Connect donne toujours des boutons à de nombreux usagers. Même si la SNCF est revenue sur des choix et un partenariat plus que douteux, réserver un billet de train avec son application reste laborieux. Pourtant, il pourrait en être autrement. C’est ce que montre 1.2.Train, une plateforme d’achat de billets extrêmement simple.
1.2.Train est aux antipodes de SNCF Connect : son site web est dépouillé et sans publicités ni traqueurs. L’interface est tellement élémentaire que l’on pourrait douter de l’authenticité du service, mais il s’agit bien d’une agence de voyages agréée.
L’essentiel est là : choix des gares de départ et d’arrivée, date du voyage, catégorie, carte de réduction… Jean-Baptiste Marie, son unique développeur, promet une réservation de billets de train en 30 secondes chrono. Le pari est tenu à condition de créer un compte afin que les informations personnelles soient mémorisées.
1.2.Train fait tellement d’économie sur tout ce qui peut alourdir un site web que l’on se retrouve à certaines étapes face à une succession de lignes de texte qui nuisent un peu à la clarté. « Les conditions commerciales de la SNCF sont longues, font plusieurs lignes et prennent de la place. Afficher les choses simplement demande de faire un arbitrage entre ce qu'il est obligatoire d'afficher pour le client (les conditions d'échange et de remboursement) et ce qui peut être résumé en une seule icône par exemple », explique à iGeneration Jean-Baptiste Marie, qui compte faire évoluer l’interface de son service.
L’entrepreneur prépare, encore seul, une application Android sur le point de sortir ainsi qu’une application iOS prévue pour la fin de l’année. Cette dernière prendra en charge Apple Pay et l’ajout de billets dans Cartes dans un second temps. Toujours dans l’optique de fournir un service aussi léger que possible, il promet des applications codées avec les technologies natives de chaque plateforme.
Avec son approche minimaliste, 1.2.Train a des chances de convaincre ceux qui sont fâchés avec SNCF Connect et même les déçus de Trainline qui regrettent toujours le mythique Captain Train. Mais le service de Jean-Baptiste Marie a une lacune qui sera rédhibitoire pour certains : il n’intègre pas autant d’offres que les autres.
Une voie semée d’embûches
« 1.2.Train est connecté aux inventaires TGV, TER, Intercités, Eurostar (et Thalys, devenu Eurostar) et Lyria. Quelques trains vers l'Italie, le Luxembourg et l'Allemagne sont aussi disponibles », énumère le développeur. Parmi les offres manquantes figurent notamment les billets Ouigo.
« La faute à un contrat de distribution parfaitement déséquilibré qui rémunère 1.2.Train à hauteur de 1 % du prix du billet, explique Jean-Baptiste Marie dans un de ses posts sur LinkedIn. J'ai fait le calcul : 1 % de 19 € ça fait… 19 centimes reversés à 1.2.Train. Enlevez là-dessus les frais que la SNCF facture pour avoir le droit de vendre ses billets et vous vous retrouvez instantanément à vendre à perte. C'est tout simplement inenvisageable pour une toute petite société comme 1.2.Train. » C’est d’autant plus inenvisageable que le petit poucet se rémunère exclusivement sur la vente de billets.
Si d’autres agences plus développées parviennent à vendre des billets Ouigo, elles ne le font pas de gaieté de cœur. Dans un communiqué commun publié à la fin de l'année dernière, Trainline, Omio et Kombo se plaignaient « de taux de commission trop faibles (et en baisse ces dernières années) » et en appelait à une « réglementation nationale pour une concurrence équitable dans la distribution des billets de train. »
Trenitalia manque également à l’appel chez 1.2.Train, une absence justifiée par une intégration longue et coûteuse. La compagnie ferroviaire italienne pourrait toutefois être ajoutée l’année prochaine.
Malgré les nombreux obstacles, Jean-Baptiste Marie est déterminé à faire avancer ce projet entièrement financé sur ses fonds propres. S’il tire une certaine fierté de faire mieux tout seul que l’armée de développeurs de SNCF Connect sur certains points, recruter du personnel fait partie de ses objectifs. Et à défaut de pouvoir se payer des campagnes de pubs pour le moment, le challenger se paye la tête de la SNCF sur LinkedIn.