D’après Reuters qui cite trois sources différentes, Tesla aurait abandonné sa voiture plus petite et moins chère pourtant promise par Elon Musk dès 2020. À l’époque, il était question de sortir le véhicule dès 2023 avec un prix de base annoncé à partir de 25 000 $. La promesse initiale n’a évidemment pas été tenue, même si on ne parlait jusqu’ici que d’un retard. Aux dernières nouvelles, venant du milliardaire en personne, cette voiture taillée pour le marché européen devait toujours arriver, avec une production espérée pour la fin de l’année 2025, au mieux.
La rumeur lancée en fin de semaine dernière par Reuters viendrait remettre en cause ces plans. D’après les trois journalistes qui signent l’article, c’est Elon Musk lui-même qui aurait choisi de privilégier le projet « Robotaxi », nom donné par Tesla sur un concept de véhicule entièrement dédié à la conduite autonome, sans aucun volant ni pédale à son bord. Le constructeur avait indiqué préparer une nouvelle plateforme qui devait servir aux deux véhicules, la voiture moins chère qu’on nomme parfois Model 2 faute de mieux, et le Robotaxi. Si l’on en croit ces bruits de couloirs, seul ce dernier serait finalement produit.
Ce serait un énorme changement de stratégie pour Tesla, qui comptait pourtant sur cette voiture plus abordable pour faire tourner ses immenses usines à plein régime. Alors que le dernier trimestre est particulièrement mauvais en termes de ventes et alors que l’entreprise affronte une concurrence affutée notamment venue de Chine, l’abandon de la Model 2 serait un signe inquiétant pour l’avenir tracé jusque-là pour la firme d’Elon Musk, qui ambitionnait de concurrencer les plus gros constructeurs automobiles. D’ailleurs, la publication de l’article de Reuters a provoqué une chute immédiate de l’action TSLA.
Elon Musk n’a pas tardé de réagir à sa manière, en publiant deux messages sur son réseau social. Le premier suggère que Reuters meurt à cause de ses mensonges, sans préciser ce qui est faux. D’ailleurs, le deuxième semble au contraire donner raison aux journalistes, en annonçant la présentation du Robotaxi le « 8/8 », ce qui devrait vouloir dire 8 août1. En notant que l’année n’est pas précisée, on peut remarquer que l’effet souhaité pour ce message a été atteint, avec une action qui a repris des couleurs dans la foulée. Tant mieux pour les actionnaires, mais il faut rester prudent sur cette nouvelle promesse.
La conduite entièrement autonome est un prérequis indispensable au Robotaxi. Sauf si Tesla abandonne la vision au profit d’une toute nouvelle technologie, ce qui semble pour le moins improbable, alors le Robotaxi dépend du programme FSD, pour Full Self Driving (conduite entièrement autonome). En développement depuis plusieurs années maintenant aux États-Unis, ce programme a justement abandonné son statut de bêta récemment : une bonne nouvelle ? Pas forcément, car Tesla l’a renommé « FSD (Supervised) », soit la conduite entièrement autonome supervisée, ce qui ressemble tout de même fort à un oxymore. C’est en tout cas plus proche de la capacité réelle du programme, qui reste un outil d’assistance à la conduite, certes de plus en plus évolué, mais pas du tout autonome.
Autant dire que si l’on a bien une présentation du Robotaxi le 8 août 2024, ce sera au mieux pour découvrir un concept et certainement pas un véhicule entièrement autonome fonctionnel. Quoi qu’il en soit, il semble bien que Tesla a choisi au minimum de mettre la priorité sur ce nouveau véhicule au détriment de la Model 2. S’agit-il d’une annulation en bonne et due forme de cette dernière comme le suggère Reuters ? Cela semble difficile à croire, surtout face à des ventes en baisse et alors que le marché s’oriente de plus en plus vers des voitures électriques moins chères.
Tesla pourrait toujours changer de direction et se concentrer sur le segment haut de gamme, à l’image du Cybertruck qui est finalement sorti à un prix nettement plus élevé que promis. Est-ce la fin de la stratégie du constructeur de concurrencer frontalement ses concurrents généralistes ? Ou l’aveu d’échec d’une stratégie qui a favorisé ces dernières années un pick-up destiné à un marché de niche à l’échelle mondiale au détriment d’une voiture plus accessible ?
Difficile à dire, mais une chose est sûre : ne retenez pas votre souffle si vous comptiez sur une Model 2 autour des 30 000 € en Europe. Ce qui arrangera bien la concurrence, qui va pouvoir occuper ce segment sans s’inquiéter du constructeur américain et de son succès longtemps insolent, au point de prendre la tête des ventes européennes de voitures aux particuliers l’an dernier.
Une voiture électrique en tête des ventes européennes pour 2023
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Du moins, on l’espère. ↩︎