Tesla a publié les résultats financiers du premier trimestre 2024 et comme prévu, ils ne sont pas bons. Si le constructeur ne revient pas dans le rouge, tous les indicateurs sont en baisse par rapport aux trimestres précédents et à l’année précédente. La confirmation que l’on attendait que l’Américain ne parvient plus à vendre ses voitures aussi facilement, même en réduisant ses prix comme cela est arrivé à plusieurs reprises tout au long de l’année dernière et encore sur le trimestre qui vient de se conclure.
Sur les trois premiers mois de l’année, Tesla a produit 433 371 véhicules et vendu seulement 386 810, deux chiffres en baisse même si le second est le plus inquiétant. Si le constructeur a quelques excuses pour la baisse de production (ajustement de l’usine de Fremont pour la nouvelle Model 3, incident à l’usine de Berlin, problèmes d’approvisionnement suite aux conflits dans la Mer rouge), il reste que ses voitures ne se vendent plus aussi facilement qu’à une époque. Malgré les baisses de prix, que l’on retrouve directement dans les marges, en chute libre depuis des mois et qui s’établissent désormais à 5,5 %. L’époque où Tesla frôlait les 30 % est bien loin de nous et rien ne semble indiquer son retour.
Conséquence directe, le chiffre d’affaires est en baisse de 9 % d’une année sur l’autre et surtout, les bénéfices sont en baisse de 18 %. Tesla reste bénéficiaire avec 3,7 milliards de dollars, certes, mais cela reste un mauvais trimestre, que le constructeur tente d’adoucir en multipliant les annonces dans tous les domaines. Le plus important peut-être concerne la voiture entrée de gamme, que l’on nomme Model 2 faute de mieux. La rumeur suggérait son abandon au profit du Robotaxi et si Elon Musk avait nié l’information, c’était pour mettre en avant le véhicule entièrement autonome dans la foulée, ce qui ressemblait davantage à une confirmation.
Tesla aurait mis de côté sa voiture moins chère au profit de l’hypothétique Robotaxi
Lors de la présentation de ses résultats financiers, le constructeur automobile change de discours. Tesla annonce au contraire que sa voiture entrée de gamme reste non seulement prévue, elle devrait même sortir plus tôt qu’annoncé initialement, c’est-à-dire un lancement de production fin 2025. Une bonne nouvelle a priori, même si la communication laisse entendre que l’entreprise a revu ses ambitions à la baisse. Cette nouvelle voiture devait inaugurer une toute nouvelle plateforme et surtout une toute nouvelle méthode de production, bien moins chère.
Pour accélérer son calendrier, Tesla a revu ses plans et utilisera un mélange entre les technologies actuelles éprouvées et de nouvelles idées. Ce qui veut aussi dire que les réductions de prix ne seront pas aussi importantes qu’espéré et donc que la voiture devrait être plus chère que prévu. Sachant qu’Elon Musk avait promis un prix de vente autour des 25 000 $ lors de sa présentation initiale en 2020, on imagine qu’il ne faut désormais rien attendre sous les 30 000 $ HT en prix de base.
Le Robotaxi devrait être le premier à exploiter ce nouveau processus de fabrication que Tesla juge révolutionnaire, ce qui laisserait entendre qu’il ne sortira plus en premier finalement. Au milieu de ce programme flou, le message de la part du constructeur aux investisseurs est assez clair : il va falloir faire avec une année 2024 difficile, avant le retour de la croissance en 2025, si tout va bien. Cette année, la croissance se fera avant tout sur tout le reste : stockage et distribution de l’énergie avec les batteries et panneaux solaires d’un côté et les superchargeurs de l’autre, et les services en particulier autour de l’IA.
Comme tout le monde de nos jours, l’IA est en effet un sujet important pour Tesla qui mise dessus pour la conduite entièrement autonome (FSD) et pour d’autres projets, dont le robot Optimus, qui pourrait être en vente dès la fin de l’année prochaine, si l’on croit encore les promesses d’Elon Musk. Plus proche de nous, le logiciel maison pour la conduite autonome pourrait être utilisé par d’autres constructeurs automobiles et le milliardaire a indiqué être en discussion avec un constructeur majeur dans l’industrie, sans préciser lequel.
Tesla travaille aussi sur l’intégration d’une fonctionnalité de VTC, similaire à ce que Uber propose, directement dans son app mobile. À terme, ce service pourrait bénéficier de la conduite entièrement autonome si elle devient une réalité. En attendant, on pourrait appeler une voiture gérée par un humain pour être conduit à la destination de son choix. C’est du pur logiciel, mais c’est un point fort de l’entreprise et ce service pourrait lui rapporter des revenus additionnels pour compenser les ventes en baisse. Tesla ne communique pas du tout sur un éventuel lancement, ni en termes de date, ni de lieux.
Pour finir le tour des annonces, Tesla a commercialisé hier une nouvelle Model 3. Pas un modèle moins cher, c’est le retour de la version Performance, vendue en France à partir de 55 990 €. Pour ce prix, vous aurez une version plus musclée de la berline, avec un 0 à 100 km/h annoncé à 3,1 secondes et une vitesse maximale de 262 km/h. Des chiffres qui n’ont rien à faire sur route ouverte et c’est pourquoi la voiture bénéficie aussi d’un mode piste de troisième génération, pour améliorer ses temps sur circuit. Le constructeur distingue aussi mieux ce modèle des autres Model 3, avec un dessin légèrement différent à l’avant comme à l’arrière, un amortissement adaptatif, de nouveaux sièges plus enveloppants ou encore du carbone à l’intérieur.
Cette nouvelle variante ne va certainement pas relancer les ventes, même si la gamme est de nouveau au complet. Au programme des nouveautés, on attend désormais surtout la nouvelle Model Y, sur le modèle de la mise à jour de l’automne dernier pour la berline. Tesla avait indiqué qu’il faudra attendre 2025 toutefois, ce qui confirmerait que l’année en cours sera particulièrement creuse. En attendant, la nouvelle variante de la Model Y devrait tout de même simplifier les ventes des prochains mois en Europe.