Volvo n’a aucunement l’intention d’abandonner CarPlay dans ses voitures et son CEO explique même dans une interview accordée à The Verge que c’est une erreur selon lui d’abandonner la solution d’Apple ou bien son équivalent chez Google. Jim Rowan répondait aux questions de Nilay Patel sur ce sujet qui semble désormais incontournable depuis que GM a annoncé au printemps dernier son intention d’abandonner CarPlay et Android Auto dans ses futurs véhicules. Rien de tel n’est au programme du constructeur d’origine suédoise, qui appartient désormais au groupe chinois Geely.
Jim Rowan ne vient pas du secteur automobile, il a été recruté par Volvo après avoir travaillé chez BlackBerry puis Dyson. Cela lui donne peut-être une perspective différente sur le sujet et il insiste particulièrement sur le fait que les conducteurs ont déjà pour la majorité un smartphone qu’ils ont choisi et auquel ils sont attachés. Un constructeur automobile peut s’efforcer d’offrir la meilleure expérience possible en intégrant ce smartphone, ou bien ne pas en tenir compte du tout et prendre le risque que le conducteur utilise son smartphone malgré tout en le prenant en main. Mieux vaut, selon le CEO, offrir la meilleure intégration possible avec le smartphone et le faire en toute sécurité.
Cela n’empêche pas Volvo d’imaginer de nouvelles sources de revenus liées aux services et à l’informatisation des voitures. C’est en effet l’argument principal de GM, qui entend bannir CarPlay et Android Auto pour vendre ses propres services dans la voiture et améliorer ainsi ses revenus. Selon le numéro un de l’automobile aux États-Unis, les smartphones empêcheront à l’avenir les constructeurs de bénéficier des revenus liés aux services, bien plus rentables que ceux générés par la vente de voitures.
Les smartphones sont des bâtons dans les roues des constructeurs automobiles
Jim Rowan n’est pas du tout de cet avis et il considère d’autres options pour générer des revenus sans empêcher ses clients d’utiliser leurs smartphones. Il explique dans l’interview qu’il entend se concentrer sur tout ce qui entoure la phase de conduite, où le conducteur est au volant et utilise son smartphone pour écouter de la musique, obtenir ses directions ou encore communiquer. Le partage de clés numériques pourrait être une voie ou encore les services d’assurance, qui intéressent tout particulièrement les constructeurs automobiles.
Grâce à l’informatisation des voitures et les données transmises en permanence, on pourrait avoir des assurances dynamiques, facturées selon le style de conduite et non pas des statistiques établies selon le profil du conducteur. Le patron de Volvo évoque notamment les jeunes conducteurs, qui payent très cher leurs assurances automobiles parce qu’en moyenne ils ont une conduite plus dangereuse. Avec une assurance liée à la voiture, un jeune conducteur avec une conduite sûre pourrait payer nettement moins cher qu’avec une assurance traditionnelle. À l’inverse, un conducteur dangereux serait pénalisé par son assurance.
Cette idée n’est pas de la science-fiction, elle existe déjà depuis quelques années avec des boîtiers que l’on installe dans les voitures. En considérant les voitures comme des ordinateurs sur quatre roues, on peut toutefois aller nettement plus loin et surtout offrir le service à tous les véhicules sur la route. C’est ce que Tesla a déjà fait aux États-Unis, en offrant une assurance basée sur un score de conduite mesuré automatiquement par ses voitures.
Tesla a lancé son assurance facturée en fonction des habitudes de conduite
D’autres services pourraient être offerts par les constructeurs, comme un changement automatique des pneus deux fois par an, pour basculer sur des modèles optimisés pour l’hiver puis l’été. Volvo envisage aussi d’offrir des services de location, par exemple pour un coffre de toit adapté à des skis pour rester sur le thème hivernal. Ce sont ces services annexes autour de la voiture qui intéressent l’entreprise venue de Suède, pas ce qui se passe dans l’habitacle. Jim Rowan souligne d’ailleurs directement qu’il ne croit pas que GM pourra obtenir des revenus importants avec sa stratégie, sauf si son homologue américain parvenait à créer son propre système d’exploitation pour smartphone capable de concurrencer ceux d’Apple et de Google.
Il ne voit pas non plus les abonnements pour des fonctions de la voiture comme une source de revenus intéressante. C’est un pied de nez cette fois aux constructeurs premium allemands, qui essaient depuis des années d’imposer les abonnements pour toutes les fonctions, y compris des sièges ou un volant chauffants, des roues directrices arrières et même brièvement pour CarPlay. La conduite autonome pourrait être une voie pour un abonnement régulier, mais le CEO n’est pas convaincu que ce serait une source de revenus importante et préfère ne pas compter dessus. Même Tesla ne semble pas vraiment parier dessus, avec un abonnement limité aux États-Unis depuis plus de deux ans et dont on n’entend pas tellement parler.
Tesla active l’abonnement pour la conduite autonome aux États-Unis