L’Union européenne compte bien simplifier l’expérience de millions d’automobilistes qui roulent dans des voitures électriques. Comme l’a rapporté le journal Le Point au début du mois1, le règlement Afir (Alternative Fuels Infrastructure Regulation) qui est toujours en cours de négociations et qui devrait entrer en vigueur l’année prochaine, prévoit quelques mesures pour les stations de charge rapide. Les bornes qui délivrent plus de 50 kW de puissance devront facturer l’électricité au kWh et non plus sur la durée et elles devront aussi accepter des paiements directement sur la borne, avec des cartes bancaires.
Ces deux exigences minimales qui s’appliqueraient à l’ensemble des 27 États membres peuvent sembler élémentaires, mais elles sont loin d’être une réalité à l’heure actuelle. Même si la tarification en fonction de la quantité d’énergie délivrée devient la norme, il reste des acteurs qui facturent au temps passé. Quant au paiement par cartes bancaires, il reste exceptionnel et l’écrasante majorité des bornes fonctionne soit avec une carte RFID fournie par un acteur tiers (Chargemap, Chargeront…), soit avec une app qui déclenche la charge (principalement Tesla).
Si ces deux dispositions entrent en vigueur, quasiment tous les acteurs devront mettre à jour leurs stations de charge rapide pour ajouter des terminaux de paiement. Les détails ne sont pas encore connus, mais on imagine qu’un seul terminal de paiement pourrait suffire pour toute une station de charge. Ce serait notamment utile pour Tesla, qui a conçu des bornes volontairement simplifiées à l’extrême et contrôlées par du logiciel. Il faudra toutefois attendre le texte final, attendu fin 2024, pour en savoir plus.
De l’autre côté de l’océan Atlantique, le connecteur NACS créé par Tesla pourrait bien s’imposer comme nouveau standard de la recharge. Pour rappel, le constructeur a proposé aux autres constructeurs automobiles ainsi qu’aux créateurs de bornes d’utiliser son connecteur gratuitement, dans l’espoir d’en faire le standard nord américain. Ford a été le premier à accepter la proposition et le géant américain a logiquement lancé un mouvement aux États-Unis.
Tesla propose que son connecteur de charge devienne un standard aux États-Unis
Ford va adopter le connecteur Tesla pour ses voitures aux États-Unis
GM, autre géant de l’automobile nord-américaine, a annoncé à son tour son intention d’équiper ses futures voitures électriques du NACS. Le plan de déploiement est identique à celui de Ford : un adaptateur CCS vers NACS sera fourni à tous les clients de GM à partir de 2024 pour qu’ils puissent accéder au réseau de superchargeurs. À partir de 2025, les véhicules électriques qui sortiront de ses chaînes de production intégreront directement le connecteur de Tesla. Pour les deux constructeurs, on ne sait pas encore s’ils comptent abandonner le CCS qui est l’actuel standard ou intégrer les deux connecteurs à leurs voitures.
Le plan de Tesla pourrait être contrarié par la Maison-Blanche, qui a indiqué en fin de semaine dernière que les financements gouvernementaux pour l’installation de nouvelles bornes restaient conditionnés à la présence du standard actuel, c’est-à-dire le connecteur CCS de type 1 pour l’Amérique du Nord. Mais si tous les constructeurs optent pour le NACS, à quoi bon ? Il reste toutefois quelques gros acteurs qui ne se sont pas prononcés en faveur du changement, même si on sent qu’ils surveillent tous la situation de près.
Stellantis, qui dispose de plusieurs grosses marques américaines dont Chrysler, Dodge et RAM, a ainsi indiqué à Reuters qu’il évaluait la possibilité de passer au NACS. Le constructeur attend peut-être la décision d’un ou deux autres acteurs historiques avant de se décider en faveur du connecteur imaginé par Tesla. Quoi qu’il en soit, rappelons que le changement ne concernera que l’Amérique du Nord, le CCS de type 2 est bien établi en Europe et le NACS n’y a aucun avenir.