Tesla a annoncé hier ses résultats financiers pour le premier trimestre 2022 et ils sont excellents, c’est le moins que l’on puisse dire. Le constructeur spécialisé dans l’électrique a battu des records sur tous les plans : revenus, bénéfices, véhicules livrés ou encore sur la marge. Une bonne nouvelle pour les actionnaires, alors que les pénuries de composants continuent de poser des problèmes à toute l’industrie.
Dans le détail, ses revenus ont atteint 18,7 milliards de dollars sur le trimestre, pour 3,3 milliards de bénéfices. Le premier trimestre de 2021 était bien différent en comparaison, avec 10,3 milliards de revenus, mais seulement 438 millions de bénéfices. La différence se retrouve sur le nombre de véhicules livrés — 310 048, dont l’écrasante majorité de Model 3 et Model Y — et surtout sur la marge réalisée sur chaque vente, qui atteint ce trimestre 39,2 %. Une hausse liée notamment à un prix moyen sur chaque véhicule en augmentation.
Ces résultats financiers ont aussi été l’occasion de faire le point sur le futur de Tesla. L’usine chinoise, qui produit près de la moitié des véhicules vendus par le constructeur, a été fermée plusieurs semaines à cause d’un retour de la pandémie et elle n’a rouvert que cette semaine à petit régime. Un mois de production devrait être perdu, ce qui aura nécessairement un gros impact sur le deuxième trimestre. Et ce ne sont pas les deux nouvelles usines ouvertes récemment, au Texas et à côté de Berlin, qui feront la différence, elles tournent toujours au ralenti jusqu’à nouvel ordre. Malgré tout, Tesla prévoit de produire 1,5 millions de voitures sur l’année 2022.
À ce sujet, le constructeur note que la nouvelle batterie 4680 et le pack structurel, deux innovations majeures, ne s’imposeront pas avant un moment. L’usine texane a commencé à produire des Model Y avec ces caractéristiques, mais elle produira aussi rapidement des versions plus classiques, avec les anciennes batteries. Ce sera l’inverse en Allemagne, où la production a débuté avec des packs classiques et basculera très progressivement sur les nouvelles batteries d’ici la fin de l’année. Au Texas, la production de masse de ces batteries n’est pas prévue avant le troisième trimestre au plus tôt.
Ces compromis trahissent une difficulté maintenue pour la montée en production de ces batteries conçues en interne et annoncées en 2020. Les premières Model Y équipées prouvent en tout cas que l’avantage est d’abord pour le constructeur, qui pourra réduire ses coûts de production, davantage que pour le client qui ne devrait pas bénéficier au départ d’une baisse de prix ou d’une augmentation de capacité de la batterie à prix égal. Cela changera peut-être quand la production de masse des batteries 4680 sera atteinte, ce qui devrait prendre plusieurs années.
En attendant, Tesla continue de travailler avec des batteries fournies par des tiers, principalement Panasonic pour l’Amérique du Nord et LG pour le reste du monde. Les résultats financiers ont aussi révélé que près de la moitié des véhicules livrés sur le trimestre intégraient une batterie LFP fournie par le chinois CATL. Cela correspond à la Model 3 Propulsion d’entrée de gamme, qui reste l’un des plus populaires au catalogue.
Le futur de Tesla, c’est aussi la conduite autonome et Elon Musk n’a pas manqué d’en parler après les résultats financiers. L’entreprise a désormais l’intention de produire un tout nouveau véhicule, un « Robotaxi », qui sera uniquement pensé pour la conduite autonome et ainsi dépourvu de volant ou pédales et qui devrait offrir le coût de fonctionnement le plus faible, et « de loin », pour les utilisateurs. Ce modèle devrait servir à remplir des flottes de véhicules en libre-service dans les villes, plutôt qu’être vendu aux clients. Et Tesla compte lancer sa production de masse rapidement, puisqu’elle est prévue dès 2024, avec une présentation formelle l’année prochaine.
Un calendrier ambitieux que l’on prendra avec les grosses pincettes désormais obligatoires dès lors qu’Elon Musk promet quoi que ce soit lié à la conduite autonome. Faut-il rappeler que le patron de Tesla multiplie les promesses depuis 2016, repoussant les échéances année après année ? À l’heure actuelle, la bêta du FSD représente la version la plus avancée de la conduite autonome et elle est encore loin, très loin, de fonctionner sans intervention humaine, même sur les larges routes des villes américaines. Et depuis qu’Elon Musk a découvert l’Europe, il est devenu nettement plus prudent sur les dates de ce côté de l’Atlantique. La version finale reste toutefois prévue aux États-Unis pour 2022.
Cette idée d’un véhicule sans volant ou pédale n’est pas nouvelle chez Tesla, on en parlait déjà en 2019, mais avec une nuance de taille. À l’époque, c’étaient les voitures déjà sur la route qui devaient servir à créer ces flottes de véhicules autonomes et l’entreprise pensait les récupérer après les locations de longue durée, retirer les volants et les ajouter à la flotte. Le message semble avoir changé, comme si Tesla avait réalisé que le matériel installé dans les voitures vendues ces dernières années ne suffisait pas.
Autre interrogation, est-ce que Tesla a changé d’avis sur le plus petit modèle qui devait être conçu en Chine, être mieux adapté aux marchés chinois et européens et s’ajouter en entrée de gamme ? On n’en entend plus parler et on pourrait se demander si le futur Robotaxi n’a pas pris la place de ce modèle. Quoi qu’il en soit, les plans ont le temps de changer plusieurs fois d’ici à 2024.
Rappelons que Tesla a trois véhicules en attente, pour certains annoncés depuis cinq ans : le Cybertruck, le Roadster et le Semi. Si tout va bien, leur production devrait commencer en 2023, mais tout dépend en large partie de la capacité du constructeur à produire en masse ses nouvelles batteries.